Vu du Droit
Dérives folles
Régis de Castelnau
Vendredi 8 mars 2019
La phrase prononcée par Emmanuel Macron
est proprement hallucinante.
Qu’arrive-t-il donc à ce personnage ?
Une « violence policière », c’est une
violence commise par un policier dans
l’exercice de ses fonctions, en
violation du code pénal et des règles
qui organisent sa profession et ses
interventions. Vis-à-vis du code pénal,
les violences ne sont pas traitées de la
même façon si elles sont commises par un
particulier ou par un policier. C’est le
septième alinéa de l’article 221–5 du
code pénal qui aggrave les condamnations
des violences commises : « Par une
personne dépositaire de l'autorité
publique ou chargée d'une mission de
service public dans l'exercice ou à
l'occasion de l'exercice de ses
fonctions ou de sa mission ».
Lorsque l’on voit sur des vidéos des
violences incontestables et illégales,
commises par des policiers en uniforme
dans l’exercice de leurs fonctions, il
est inacceptable de parler de «
violences policières » ?
Lorsque l’IGPN, organe républicain de
contrôle de la police, enquête sur ce
qu’elle qualifie elle-même de «
violences policières », c’est
inacceptable ?
Lorsque le parquet poursuit des
policiers pour des violences commises en
violation du code pénal français, qui
qualifie spécifiquement les « violences
policières », c’est inacceptable ?
Lorsque des juges d’instruction mettent
en examen des policiers pour des
violences commises en violation de
l’article 221–5du code pénal, c’est
inacceptable ?
Lorsqu’un tribunal condamne des
policiers en application de cet article,
c’est inacceptable ?
Lorsque la presse ou n’importe quel
citoyen utilisent la liberté
d’expression garantie par la
constitution et la déclaration des
droits de l’homme pour qualifier de
violences policières les comportements
violents et illégaux de policiers dans
l’exercice de leurs fonctions, c’est
inacceptable ?
Emmanuel Macron est manifestement parti
dans une effarante dérive autoritaire.
Tous ses actes et ses paroles montrent
que les libertés républicaines sont
désormais gravement en danger dans notre
pays.
Où sont donc les
belles âmes, les professeurs de
maintien, les antifascistes estampillés,
les extrêmes centristes ? En rangs
serrés derrière lui, avides de cette
dictature qui les soulagera de leur
peur.
Comme d’habitude.
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