Actualité
Voitures brûlées à la Saint-Sylvestre ?
Quand Castaner devient muet
Régis de Castelnau
Mercredi 2 janvier 2019
Emmanuel Macron n’a pas finassé à
l’occasion de la présentation de ses
vœux. Que ce soit dans ses attitudes et
dans ses paroles le message était clair.
Au-delà des insultes habituelles
adressées aux six à sept Français sur
dix qui souffrent de sa politique et s’y
opposent, il a confirmé que la seule
solution à la crise légitimité qui le
frappe de plein fouet serait le recours
à la répression. Flanqué d’une police
qui a démontré sa capacité à la
brutalité et la violence excessive et
surtout une magistrature aux ordres, il
est fermement décidé à un tournant
autoritaire.
« Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est
bizarre. » Cette célébrissime
réplique de Louis Jouvet s’applique à un
des aspects significatifs de la
Saint-Sylvestre que les médias aux
ordres s’efforcent d’étouffer.
Effectivement, on
peut dire bizarre en apprenant que pour
la Saint-Sylvestre
les racailles de banlieues auraient
brûlé plus de 1000 véhicules.
C’est-à-dire largement 20 fois plus que
les « gilets jaunes » pendant toute la
durée du mouvement depuis le 17 novembre
dernier. On peut dire aussi bizarre en
apprenant le bilan des arrestations
suivies de procédure judiciaire pour ces
incendies volontaires dont il faut
pourtant rappeler qu’ils sont qualifiés
« crime » dans le Code Pénal. Zéro
arrestation de ce type dites donc ! En
effet bizarrement toujours, les 100 000
policiers récemment mobilisés contre les
couches populaires étaient invisibles,
voire d’une mansuétude étonnante. Il
fallait probablement qu’ils se reposent
car il faut reconnaître qu’ils n’ont pas
chômé quand il s’est agit de taper sur
le populo des ronds-points.
Malgré des
recherches dans la presse et sur les
réseaux, je n’ai vu, cette fois-ci
aucune photo ou vidéo des racailles
incendiaires à genoux et mains dans le
dos. Bizarre de chez bizarre quand même
?
Les illégalités commises à l’encontre
des lycéens de Mantes-la-Jolie, où
pour poursuivre moins de 20 personnes
responsables, on en avait coffré 150
pour ensuite monter une opération en les
photographiant et filmant illégalement
pour s’empresser de diffuser les images
tout aussi illégalement, ont pourtant
été largement acclamées. De mes amies
Élisabeth Lévy à
Céline Pina en passant par
Franck Crudo, ce ne fut qu’une
clameur : « bien fait pour eux ! ». Mais
dites-moi chères amies, et tout ceux qui
vous emboîtaient le pas, ne seriez-vous
pas un peu gênés aujourd’hui d’être à ce
point passé au travers et n’avoir pas
mesuré que cette mise en scène de
Mantes-la-Jolie n’avait sûrement pas
pour but de se mettre soudainement,
après un laxisme et une complaisance
plus que trentenaires, à faire la chasse
à tous ceux qui, à coups de violences,
d’agressions, de vols, de trafics divers
pourrissent la vie des gens qui sont
contraints de vivre dans leurs quartiers
? Non, l’objectif était tout simple :
intimider les gilets jaunes et habituer
l’opinion à un niveau de violence
répressive, policière ou judiciaire,
considérable à leur encontre ? Pour
retrouver une telle intensité dans la
répression, que celle qui s’est
déchaînée depuis deux mois, il faut
remonter à très très longtemps.
D’ailleurs on l’a bien vu que les
racailles dont on nous a baratiné qu’ils
étaient la cible de la pantalonnade de
Mantes-la-Jolie, n’ont pas été
impressionnées plus que ça.
Manifestement morts de peur, ces voyous
ont plutôt amélioré leur total des
années précédentes, en nombre de
véhicules brûlés. Et à Mantes-la-Jolie
même, lors des incidents de décembre une
seule voiture avait été incendiée, cette
fois-ci les incendiaires ont porté le
score à 10… Et pourtant, bizarrement
toujours, personne à genoux, pas de
photo, pas de film ! Christophe Castaner
le roi du calcul mental s’agissant des
participants aux manifestations des
gilets jaunes doit avoir cette fois-ci
des problèmes avec les additions : le
ministère de l’intérieur est muet sur un
bilan chiffré.
Avec ce pouvoir
d’Emmanuel Macron, le lumpen des
quartiers peut y aller tranquille.
D’ailleurs, comme on le sait puis Karl
Marx et ses « Guerres civiles en France
» le lumpenprolétariat est toujours
utilisé par les dominants. Si jamais,
par extraordinaire, un incendiaire ou
n’importe quel autre délinquant se fait
attraper par la police, il aura droit
d’abord à une visite du président de la
république dans sa chambre et ensuite à
une belle pétition « urgence la police
assassine » des « artistes » et des «
intellectuels », tous ceux qui sont
restés obstinément muets face à la
révolte des pauvres et la répression
violente qu’ils ont subie. Ensuite il y
a toutes les chances que la seule
conséquence judiciaire pour le
délinquant, soit une mention sur son
casier judiciaire qui figurera aux côtés
de la ribambelle de celles qui y sont
déjà. Pas un seul jour de prison,
celle-ci est réservée aux gilets jaunes
qui ont osé se promener avec des
lunettes de piscine.
« Classes
laborieuses, classes haineuses, classes
dangereuses ! » Macron nous l’a bien
expliqué dans ses vœux. La feuille de
route est bien celle-là, les couches
populaires après les avoir insultées, on
va leur taper dessus.
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