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Planète non violence
Guerre Aérienne
Secrète du Pentagon en Irak
Nick Turse
"Selon l'opinion d'experts, les
formes d'attaques aériennes employées en Irak par les US et la
coalition, quoique peu couvertes par nos médias, peuvent y être
responsables de la plupart des morts civiles irakiennes depuis
l'invasion de 2003...Alors que certains aspects de la guerre aérienne
restent un mystère, les responsables de l'armée de l'air
reconnaissent effectivement que les avions de l'armée US et de la
coalition ont largué au moins 50 000 tonnes de bombes sur des
cibles en Irak en 2006."
Lors d'une attaque aérienne menée au cours de la guerre en
Irak, il y a une semaine, deux missiles ont été tirés sur des
cibles quelque part dans la ville de Ramadi, capitale de la
province d'al Anbar, au cœur de la rebellion sunnite, dans le
cadre des combats menés avec les forces américaines qui y sont
stationnées. Selon le compte rendu d'un journal, « 18 rebelles
» ont été tués.
Utiliser la puissance aérienne est, depuis la seconde guerre
mondiale la manière américaine de conduire une guerre. Après tout, l'invasion de l'Irak a commencé par une démonstration de
force utilisant la puissance aérienne dans le but de suscité «
choc et frayeur » - c'est-à-dire, intimider – non seulement le
régime de Saddam Hussein, mais la totalité de « l'Axe du Mal »
et d'autres pays que l'administration Bush avait dans le viseur de
son fusil mental. Parmi les plus grandes méga bases «
permanentes » militaires des US en Irak il y a la base aérienne
de Balad avec le genre d'embouteillage au niveau du trafic aérien
identique à celui de l'aéroport O'Hare de Chicago. Et pourtant,
comme écrit à de nombreuses reprises ces dernières années sur
le site de Tomdispatch.com, les reporters en Irak refusent presque
avec détermination d'enquêter voire de rapporter quoi que ce
soit sur l'utilisation régulière sinon intermittente du pouvoir
aérien américain, spécialement sur des quartiers densément
peuplés des villes d'Irak.
Maintenant, « l'accroissement » de Bush commence officiellement.
Peu de chose nouvellement frappante ou qui n'ait pas encore été
essayée- excepté la possibilité non dite d'intensifier
l'utilisation de la puissance aérienne, la seule chose que le
Pentagon, dont les forces au sol sont désespérément surtendues,
puisse réellement engager dans cette porte ouverte à l'escalade
(comme ces derniers mois il a drastiquement augmenté
l'utilisation de la puissance aérienne en Afghanistan). Pepe
Escobar, le correspondant globe trotter pour Asia Times (quotidien
avec une version en ligne), a prévenu récemment que le nouveau
« plan » de l'administration Bush est le signal d'« une
perspective sombre…d'une guerre aérienne dévastatrice sur
Bagdad » au cours de laquelle « l'irakisation dans
l'intensification » se montrera être « un désastre
principalement pour tout habitant de Bagdad pris dans les tirs
croisés. »
Julian E. Barnes du Los Angeles Times a rapporté justement la
semaine dernière que l'armée de l'air US est touchée par une démangeaison
irakienne qu'elle s'apprête à gratter. Les commandants de l'armée
de l'air se préparent « à un rôle accru dans une région
volatile ». Ils « se préparent déjà », a-t-il rapporté, «
à un tel rôle dans le cadre de l'augmentation de troupes planifiée
par l'administration Bush » - une expansion de la puissance aérienne
qui «pourrait inclure des tactiques agressives nouvelles conçues
pour dissuader l'aide iranienne aux militants irakiens, (et) plus
de patrouilles énergiques par l'armée de l'air et les avions de
combat de la marine le long de la frontière Iran-Irak pour
contrer les approvisionnements en bombes venant de l'Iran. »
Jusqu'à présent, la puissance aérienne en Irak est restée de
l'histoire inconnue – si vous n'étiez pas un irakien. Dans les
mois à venir, elle peut s'imposer sur les couvertures de nos
journaux et lors des journaux télévisés du soir – mais pas si
le Pentagon a quelque chose à redire là dessus. En faisant un
travail de journaliste détective, Nick Turse a découvert à quel
point le Pentagon était resté secret sur les informations
significatives concernant l'ampleur, l'étendue, et les dommages
causés dans le cadre de ses opérations aériennes au dessus de
l'Irak. L'histoire de cette guerre aérienne secrète américaine
est maintenant racontée pour la première fois – sur le site de
TomDispatch.
Bombes au dessus de Bagdad
La guerre aérienne secrète du Pentagon en Irak - Nick Turse
Une guerre secrète est menée en Irak – souvent dans et autour
des centres résidentiels du pays – sur laquelle on ne peut
trouver grand-chose. L'armée US conserve secretes les
informations concernant les munitions utilisées lors de ses opérations
aériennes et refuse de donner des details sur l'ampleur de leur
utilisation, minimisant l'importance de la puissance aérienne
utilisée en Irak. Mais selon l'opinion d'experts, les formes
d'attaques aériennes employées dans ce pays par les US et la
coalition, quoique peu couvertes par nos médias, peuvent y être
responsables de la plupart des morts civiles irakiennes depuis
l'invasion de 2003.
Alors que certains aspects de la guerre aérienne restent un mystère,
les responsables de l'armée de l'air reconnaissent effectivement
que les avions de l'armée US et de la coalition ont largué au
moins environ 50 000 tonnes de bombes sur des cibles en Irak en
2006. Ce chiffre, au total 177 bombes, n'inclut par les missiles
guidés au laser et les roquettes non guidées tirées, ou les
obus de canon. Cela n'inclut pas non plus, selon le porte-parole
du commandement central des Forces Armées US (CENTAF), les
munitions utilisées par certains corps de Marines et d'autres
avions de la coalition ou les hélicoptères de combat de l'armée.
De plus, cela n'inclut pas les munitions utilisées par les hélicoptères
armés utilisés par les nombreuses compagnies privées de sécurité
qui conduisent leurs propres missions au dessus de l'Irak.
Guerre aérienne Irak : 2006
Selon les statistiques fournies par Tomdispatch, CENTAF rapporte
un total de 10 519 missions de soutien aérien raproché » en
Irak pour 2006, au cours desquelles ses avions ont largué 177
bombes et tiré 52 « Missile HellFire/Mavelick ». Ces attaques aériennes
sont supposées inclure de nombreuses missions rendues largement
publiques allant de l'attaque aérienne de janvier à l'extérieur
de la ville de Baiji qui a tué selon ce qui a été rapporté une
famille de 12 membres, dont au moins 3 femmes et 3 jeunes enfants,
à celle de décembre sur le refuge des rebelles dans la region de
Garma, pres de Fallujah, qui a tué selon ce qui a été rapporté,
2 femmes, et 1 enfant en plus de 5 guerilleros. Puis il y a eu les
événements dont on se souvient peu, tel celui du 28 juillet,
quand selon les rapports officiels, un avion sans pilote Predator
de l'armée de l'air a détruit avec des missiles Hellfire un véhicule
des « forces anti irakiennes », tandis que des avions de combat
F-16 de l'armée de l'air Falcon ont "étendu" une bombe
GBU -12 détruisant un abri des forces anti irakiennes, dans les
deux cas aux alentours de Ramadi.
La dernière arme mentionnée, la GBU -12, une bombe à guidage au
laser portant une tête conventionnelle de 250kg est la bombe la
plus fréquemment utilisée en Irak en 2006 selon les statistiques
de CENTAF fournies par Tomdispatch. En plus des 95 bombes GBU –
12 «étendues» 67 bombes à guidage satellite GBU – 38 et 15
bombes GBU -31/32 de 1000kg ont aussi été larguées sur des
cibles irakiennes en Irak l'année dernière, selon les chiffres
officiels de l'armée de l'air.
Une arme suspicieusement non mentionnée et ce en permanence, dans
le total de ces roquettes – c'est l'Hydra - 70 (2,75 inch), qui
peut être équipé de différentes têtes et est tirée fixée
aux ailes d'avion et de la plupart des hélicoptères. Le nombre
de roquettes tirées n'est pas communiqué à la presse pour,
selon un porte parole de CENTAF, ne pas « fausser les nombres et
présenter une image inexacte de la campagne aérienne. » Le
nombre de roquettes tirées peut être plutôt significatif selon
un communiqué de presse de 2005 du senateur Patrick Leahy ( D-VT)
qui a aidé General Dynamics a obtenir un contrat de l'armée de
900 millions de dollars pour les Hydra, « On a vu l'utilisation
extensive en Afghanistan et en Irak de la roquette Hydra -70 …
(et) elle est devenue le système le plus répandu d'arme lancée
d'hélicoptères. » Au début de l'année dernière, Sandra I.
Erwin du National Defense Magazine notait que l'armée US s'interessait
à l'Hydra pour servir comme arme bon marché pour les zones
urbaines en Irak. « L'armée achète déjà, stocke des milliers
de roquettes Hydra ( 2,75 inch) et cherche à en équiper au moins
73 000 avec des kits laser, dans le cadre d'un programme appelé
« système avancé d'arme de précision pour tuer « (APKWS
advanced precision kill weapon system). La marine en achètera
8000 pour les hélicoptères des corps de Marines ». écrivait-elle.
Le nombre de salves de canon tirées – certains modèles comme,
par exemple, l'hélicoptère de combat AC-130, ont un canon
Gatling qui peut tiré jusqu'à 1 800 coups à la minute – est
aussi un secret bien gardé. La raison officielle donnée c'est
que les « forces spéciales utilisent souvent les appareils de
vol tel que le AC-130 » et parce que » leurs missions et opérations
sont classées secret défense et par conséquent ces chiffres ne
sont pas divulgués ».
Des enquêtes répétées concernant les statistiques d'un autre
reporter sur les salves de mortier tirées des appareils de vol de
CENTAF ont provoqué une réponse rapide du même officier disant
emphatiquement dans un email que : « NOUS NE RAPPORTONS PAS LES
SALVES DE CANON » Son officier supérieur, le Lieutenant Colonel
John Kennedy, directeur adjoint des affaires publiques de CENTAF,
a poursuivi notant :
« Content de vous voir apprécié les efforts énormes que (mon
subordonné) vous a déjà consacrés. Faites moi confiance, cela
est beaucoup plus significatif que la recherche incessante du
nombre de salves de canon tirées. »
Mais le nombre de salves de canon et de roquettes tirées
d'appareil de vol US n'est pas un sujet insignifiant, selon Les
Roberts, ancien épidémiologiste pour l'OMS au Rwanda lors de la
guerre civile et un expert sur les coûts humains de la guerre en
Irak. Selon Les Roberts, qui a été en Irak pour la dernière
fois en 2004 (où, a-t-il dit , il a personnellement été témoin
de la démolition d'immeubles entiers dans Sadr City à Bagdad par
des tirs aériens de canon, « les roquettes et les tirs de canon
pourraient être responsables de la plupart des morts civiles
attribuées à la coalition. » Il ajoute « je trouve troublant
qu'ils ne veulent pas publier ces chiffres, mais encore plus
troublant qu'ils n'aient pas publié de telles informations aupres
des Sénateurs qui l'ont demandé. »
J'ai alors fait remarqué que justement le mois dernier, dans le
Natioanl Defense Magazine, le colonel Robert A. Fitzgerard, le
chef du plan et projet de l'aviation pour les corps de Marines, a
été cité disant que, en 2006, « les hélicoptères à ailes
rotatoires des Marines ont effectué plus de 60 000 heures de vol
de combat, et ceux équipés de plateformes fixes en ont complètés
31 000. Ils ont largué 80 tonnes de bombes et tiré 80 missiles,
3532 roquettes, et plus de 2 millions de salves de munitions plus
petites. »
Quand questionné sur le fait que d'admettre cela avait mis en
danger la sécurité opérationnelle, le porte parole a répondu
« je ne peut pas commenter sur les politiques ou sur l‘autorité
à dévoiler d'un colonel de Marine. »
Tandis que les statistiques des corps de Marine comprennent en
principe la totalité des munitions utilisées en Afghanistan, ou
la puissance aérienne a joué un rôle important dans les
combats, elles nous rappellent que les chiffres minimums livrés
par CENTAF ne donnent pas une image précise de la guerre aérienne
en Irak. Ces chiffres totaux sont, selon CENTAF, «séparés des
données fournies » à Tomdispatch sur les dépenses en bombes et
missiles pour 2006 en Irak.
« Poursuite incessante »
Depuis l'invasion US de l'Irak en 2003, la guerre aérienne en
Irak, ciblant souvent des zones urbaines, a reçu remarquablement
peu d'attention de la part des médias. En 2004, Tom Engelhardt,
écrivant à Tomdispatch, a attiré l'attention sur cette abscence
impressionnante. Un texte de reportage déterminant de Seymour
Hersh, « là haut dans l'air » publié dans le New Yorker fin
2005, a suscité une certaine attention médiatique sur le sujet.
Des articles par Dahr Jamail, un journaliste indépendant qui a
couvert l'occupation US et la guerre en Irak, avant et apres le
texte d'Hersh, font partie des rudiments de textes qui offrent des
aperçus de la campagne aérienne et son impact. A ce jour,
cependant, les medias de masse ne se sont pas, pour utiliser les
mots du lieutenant colonel Kennedy, « engagé dans une recherche
inlassable du nombre de salves de canon » tirés ou aucun autre
aspect de cette guerre aérienne ou de ses conséquences sur le
peuple d'Irak.
Alors que nous ne connaîtrons certainement jamais l'étendue des
coûts humains de la campagne aérienne US, simplement quelques
reporters obstinés, assignés à cette campagne aérienne
auraient pu tout du moins, offrir une explication de cette guerre
aérienne menée par un seul côté. Comme cela n'a pas été le
cas, nous devons nous appuyer sur les meilleures preuves
disponibles. Une source valable est une étude nationale de la
mortalité en Irak depuis l'invasion de 2003. Menée par des épidémiologistes
de l'école Bloomberg de santé publique de l'Université John
Hopkins, et des docteurs irakiens organisés par le biais de
l'Université Mustansiriya à Bagdad, cette étude a estimé à «
plus de 655 000 morts, conséquence de la guerre. » L'étude,
publiée dans le journal médical britannique The Lancet en
octobre 2006, a trouvé que de mars 2003 à juin 2006, 13% des
morts violentes en Irak étaient causées par les attaques aériennes
de la coalition. Si le chiffre de 655 000, dont plus de 601 000
morts violentes semble proche de la réalité – et l'étude
offre une échelle de morts civils allant de 392 979 à 942 636
– cela voudrait dire qu'approximativement 78 133 irakiens ont été
tués par des bombes, missiles, roquettes, ou des salves de canon
des appareils de vol de la coalition entre mars 2003 quand
l'invasion de l'Irak a commencé, et le mois de juin dernier quand
l'étude a été achevée.
Il existe des indications que la guerre aérienne US a eu tout spécialement
un effet cruel sur les enfants irakiens. Selon des statistiques
fournies à Tomdispatch par les auteurs de l'étude publiée par
The Lancet, 50% de la totalité des morts violentes des enfants
irakiens de moins de 15 ans entre mars 2003 et juin 2006, étaient
dues aux attaques aériennes de la coalition.
L'étude du Lancet utilise des méthodes statistiques bien rodées,
qui ont fait leurs preuves dans des zones de conflit comme au
Kosovo, au Congo, et les interviewers ont en fait inspecté les
certificats de décés de 92% des foyers inclus dans cette étude
là ou ils les demandaient (ce qu'ils ont fait dans 87% des cas).
Le Projet « Iraki Body Count » ( comptage des morts irakiens) un
groupe de chercheurs basé en Grande Bretagne qui maintient une
base de donnée publique des morts civils irakiens resultant de la
guerre, se restreint lui prudemment aux rapports peu nombreux
trouvés dans les médias des victimes civiles en Irak. Alors que
les chiffres sont bien plus bas que les résultats du Lancet
(actuellement l'échelle des données médiatiques sur ces morts
est comprise entre 55 441 et 61 133), une analyse de leurs données
soigneusement limitées offre aussi un aperçu des coûts humains
de la guerre aérienne.
Des statistiques fournies à Tomdispatch par le Projet « Iraki
Body Count » montre que depuis l'invasion US en 2003, les
attaques aériennes de la coalition ont , suivant les seules
sources mediatiques – qui comme nous le savons ont peu couvert
cette guerre aérienne – causé entre 15 593 et 17 067 victimes
civiles irakiennes, dont 3 625 6 4093 morts. L'année dernière,
des rapports des medias ont fait état d'entre 169-200 irakiens tués
et 111-112 blessés au cours de 28 attaques aériennes de la
coalition, selon le Projet IBC.
Ces chiffres semblent aussi être en augmentation. Dans un message
email de Tomdispatch du mois dernier, John Sloboda, le
co-fondateur et porte parole du projet IBC note que la « vaste
majorité (des attaques aériennes mortelles) a eu lieu dans la
dernière moitié de l'année dernière ».
Quand on lui a posé la question sur les chiffres modestes
concernant les victimes des attaques aériennes fournies par le
Projet IBC et si CENTAF les acceptait, le lieutenant colonel
Kennedy a éludé la question disant à Tomdispatch : « Nous ne
gardons pas trace de tels chiffres et nous ne pouvons commenter
les efforts et la validité du Projet. » il a fait une réponse
identique en ce qui concerne les résultats de The Lancet.
Quand on l'a questionné sur l'estimation faite que la deuxième
moitié 2006 a été beaucoup plus mortelle pour les irakiens à
cause des attaques aériennes US, et les raisons possibles pour
cela, Kennedy a répondu de façon éloquante « La guerre, de par
sa véritable nature a des hauts et des bas, et nous revoyons
constamment l'application de la puissance aérienne pour soutenir
au mieux les forces sur le theatre des opérations au sol. Nous
voyons cela simplement comme partie de notre contrat vis-à-vis
des combattants. Comme nous ne discutons pas les aspects opérationnels
des missions, je refuse de faire d'autre commentaire.»
Kennedy a continué en disant que les US font « tous les efforts
» pour minimiser les dommages collatéraux que l'ennemi soit en
terrain découvert ou à l'intérieur d'une ville. » Il y a
seulement quelques jours, dans le Los Angeles Times, le Lieutenant
Général Carrol H «Howie» Chandler, le chef d'état major
adjoint des opérations plans et demandes, s'est étendu sur cette
ligne de raisonnement et notait : « je n'excluerai pas systématiquement
l'utilisation de la puissance aérienne dans un environnement
urbain par crainte de dommages collatéraux… Nous avons la
capacité de cibler avec précision et de nouvelles armes pour
mener des opérations dans un environnement urbain. »
Sarah Sewall, qui a servi comme assistante adjointe au secrétaire
à la défense de 1993 à 1996 et est actuellement directrice pour
la politique du Centre Carr pour les Droits Humains à Harvard,
est d'accord que la puissance aérienne a un rôle à jouer dans
le cadre d'opérations urbaines et peut parfois limiter les
atteintes aux civils dans certains cas. Elle prévient cependant
que « je suis tres sceptique sur l'applicabilité de la puissance
aérienne pour tous types de problèmes et particulièrement pour
les types de problèmes qu'on voit communément, sur une base
quotidienne, en Irak aujourd'hui. » Comme elle l'a dit à
Tomdispatch, « le problème surgit quand on pense que c'est l'équivalent
fonctionnel de forces au sol. »
Le rythme augmente
En 2005, CENTAF a rapporté avoir utilisé 404 bombes et missiles
en Irak. En 2006, un ralentissement apparent (que ce soit en
attaques mortelles ou simplement sur le fait de les rapporter)
dans la première moitié de l'année semble avoir laisser place
à une augmentation des attaques mortelles lors de la deuxième
moitié. Dans les tout premiers jours de 2007, l'armée US avait déjà
conduit des attaques aériennes sur trois nations : Afghanistan,
Irak, et Somalie. Et en Irak, la guerre aérienne semble augmenter
en fréquence et férocité. Par exemple, le 9 janvier, les US ont
lancé leur puissance aérienne sur Haifa Street à Bagdad, une »
enclave en majorité arabe sunnite composée d'immeubles résidentiels
et de boutiques ». Selon le Washington Post « des avions de
combat F-15 ont mitraillé au canon les toitures, et les hélicoptéres
Apache ont tiré des missiles Hellfire. Ailleurs en Irak ce jour là,
selon les rapports de l'armée de l'air, des F-16 ont mitraillé
au canon des cibles pres de Bayji, tandis que d'autres larguaient
des GBU – 28 sur des cibles pres du village de Turki et que des
F-15 fournissaient « un soutien aérien rapproché » à des
troupes au sol pres de Basrah.
Ce même soir, aux US, une diffusion par la chaine TV Fox News
d'un « reportage spécial avec Brit Hume « offrait un bref aperçu
de la guerre aérienne au cours d'une histoire du reporter David
Macdougall qui, selon Hume « accompagnait l'armée de l'air dans
un endroit que nous ne pouvons pas identifié, où non seulement
des avions de combat mais aussi des bombardiers rugissaient dans
l'air se dirigeant vers d'autres cibles en Irak. »
Macdougall a rapporté que le B-1B Lancer, le bombardier longue
distance qui transporte les plus grandes quantité d'armes au sein
de l'armée de l'air, avait été utilisé pour la première fois
depuis plus d'un an, pour le combat en Irak.
« Ces bombardiers B-1 sont centraux pour mener ces raids. On nous
a dit qu'ils volaient pour des missions de 10 heures, et à la vue
de leurs soutes à bombes vides, ces avions ont largué des
centaines de tonnes de munitions. Ils ont bombardé 25 cibles en
Irak en profondeur, « a –t-il dit. A l'un de ces endroits, il a
rapporté que les troupes de l'armée envoyées sur place apres
l'attaque aérienne ont trouvé un « centre de commande et de
contrôle, un hôpital pour les rebelles et une pièce de la
grandeur d'un sanitaire couverte de sang. » Nous ne saurons peut
être jamais si cette « piece couverte de sang « était un
centre de torture, faisant partie de l'hôpital, ou si elle s'est
« couverte » de sang de la même façon que ce qui a fait 280
victimes civiles irakiennes lors d'attaques aériennes rapportées
dans les médias, et beaucoup d'autres qui n'ont pas été rapportées,
ignorées l'année dernière. C'est encore une face de la guerre aérienne
qui reste un mystère.
La guerre secrète aérienne.
Alors que couvrir la guerre aérienne n'a pas souvent été évident,
sauf à travers des bribes d'informations quotidiennes portant sur
les combats en Irak (qui s'appuient principalement sur les données
de l'armée ou des conférences de presse) les lacunes de notre
connaissance de la guerre aérienne ont été facilitées par l'échec
de l'armée US à être honnête et disposée à fournir à la
fois des données et une doctrine. De ce point de vue, l'armée a
été un soutien à l'inactivité des médias.
Sachant la connaissance qu'a CENTAF que, qu'aussi «élégantes »
que soient leur munitions et précises leurs cibles, des non
combattants, spécialement dans les quartiers urbains, sont sûrs
de mourir lors d'attaques aériennes, j'ai posé une question au
lieutenant colonel Kennedy : pouvait-il expliquer comment CENTAF décidait
le taux acceptable de victimes civiles qu'il était prêt à
sacrifier pour des objectifs militaires ? Sa réponse « pas d'une
manière suffisante qui vous satisfasse. »
La réponse de Kennedy fait écho à un thème récurant dans ses
réponses aux questions. A un moment donné lors de nos échanges,
il a en fait suggéré qu'un article sur la guerre aérienne en
Irak n'était pas « une histoire viable » et m'a dit de ne plus
le recontacter tant que je n'étais pas sous contrat pour produire
un article qui répondait à ses critères. Il a plus tard affirmé
que son commentaire sur la viabilité était du « à mon statut
apparemment d'indépendant » et le fait que je n'ai pas fourni
une « copie d'un quelconque contrat, ni d'un contact avec un éditeur.
»
« Quand vous fournirez une telle l'information, je serais heureux
de répondre à vos questions« a-t-il écrit. Apres avoir fournie
des preuves que j'étais en fait un journaliste, il a daigné à
nouveau me répondre, concluant : « c'est le dernier email auquel
je répondrai venant de vous. »
Kennedy est un parmi un certain nombre d'officiers de l'armée US
qui ont torpillé des tentatives pour découvrir la nature réelle
et l'extension de la guerre aérienne américaine et son impact
sur les civils irakiens. Mis à part les communiqués quotidiens
de l'armée de l'air type « résumés sur la puissance aérienne
» de qualité douteuse, l'armée a déployé des efforts pour
garder secret aux yeux des américains à la maison, tous les
aspects substanciels de la guerre aérienne.
Pendant la guerre du Vietnam, les Etats-Unis ont mené une guerre
clandestine aérienne au Cambodge, menti là-dessus à la presse,
et l'ont caché au public américain. En Irak, l'armée s'est, ces
dernières années, engagée dans un autre type de guerre aérienne
secrète, mais leurs méthodes pour le garder secret semble avoir
quelques similitudes. Il y a quelques années, lors d'une
rencontre à un événement organisé par la Fondation Carnegerie
Pour la Paix Internationale, Les Roberts co auteur de l'étude de
The Lancet et actuellement à la faculté de Colombia dans le
cadre d'un programme de l'Université sur les migrations forcées
et la santé, rappelle une déclaration du porte parole du
Pentagon que, en dehors de quelques sites dans Najaf et la
province d'al Anbar, l'armée s'était abstenue d'attaquer des
mosquées en Irak. Roberts a dit que la rhétorique du porte
parole différait visiblement des faits sur le terrain, rappelant
que « quelques semaines avant j'ai vu des canons d'hélicoptère
détruire une magnifique mosquée à environ une heure de Bagdad.
»
Quand j'ai demandé au lieutenant colonel Kennedy pourquoi CENTAF
ne répertoriait pas les chiffres concernant les victimes civiles
de la guerre aérienne, il a rejeté le blâme sur les échelons
supérieurs, c'est-à-dire le bureau du secrétaire à la défense.
« Allez leur demander, parce que nous ne décidons pas de la
politique à suivre ici » a-t-il écrit.
« Je pense qu'ils se defilent » a dit à Tomdispatch l'ancienne
fonctionnaire du Pentagon Sewall. « Ils dépensent une énorme énergie
en utilisant des modèles informatiques pour savoir où les bris
de verre vont se disperser, et puis ils ne se soucient pas en fait
si cet effort pour contrôler la direction des bris de verre a
pour résultat de tuer moins de personnes, parce qu'ils ne
prendront jamais la peine de chercher si , effectivement, cela a
permi de tuer moins de personnes. « Comme elle l'a fait remarquer
lors d'une interview téléphonique, c'est « plutôt une position
absurde. »
« S'ils le voulaient, ils pourraient certainement le faire,
l'incluant dans leurs procedures internes, » a dit Sewall
concernant le fait de repertorier les victimes. « Je pense que
c'est inexcusable qu'il ne fasse pas un meilleur boulot. »
Nick Turse 8 février 2007
Nick Turse est editeur associé the associate et directeur de
recherche de Tomdispatch.com. Il a écrit pour le Los Angeles
Times, le San Francisco Chronicle, la Nation, la Village Voice, et
regulièrement pour Tomdispatch.
Copyright 2007 Nick Turse
Source :http://www.antiwar.com/engelhardt/?articleid=10485
Traduction bénévole Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org
Planetenonviolence pour usage non commercial
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