Opinion
Conflit israélo-palestinien : sur place,
les ONG contribuent aussi à la paix
future
Pascal Boniface
© Pascal
Boniface
Mardi 25 mars 2014
Quatre ONG organisent en ce moment
conjointement des conférences sur
les tensions autour des colonies
israéliennes en Cisjordanie et ses
conséquences humanitaires pour la
population palestinienne.
Il s’agit des ONG israélienne et
palestinienne de défense des droits
de l’homme B’Tselem et Al Haq (bel
exemple de coopération
israélo-palestinienne) et des ONG
françaises Première urgence aide
médicale internationale et Médecins
du monde.
Ces ONG ne se lancent pas dans un
travail d’analyse géopolitique de la
question israélo-palestinienne.
Elles veulent simplement montrer les
faits qu’elles observent sur place,
ce que peut être au quotidien les
effets de l’occupation militaire.
Elles montrent l’incidence de ces
violences commises sur les civils
palestiniens que l’on ne voit jamais
à la télévision et qui sont parfois
brièvement évoquées dans les
journaux. On est dans le vécu de la
vie de tous les jours des adultes et
des enfants palestiniens qui, eux
aussi, subissent les effets de
l’occupation. On ressent un malaise
à l’écoute des interventions et à la
vision des courts documentaires
projetés.
Une occupation militaire, quel que
soit l’endroit où elle a lieu, est
forcément un rapport de force
défavorable pour l’occupé. Lorsque
vient se greffer dessus une
politique de colonisation de
peuplement, le problème est aggravé.
Au nom de la sécurité des colons,
des terres sont confisquées, l’eau
est mal partagée, des restrictions
de circulation sont fixées.
Pour compléter le tableau et le
rendre encore plus insupportable, il
faut ajouter une culture de
l’impunité dénoncée par les ONG. Les
vidéos montrent des violences
volontaires faites par des colons
(agressions physiques de
Palestiniens, incendies de terres
agricoles, pierres jetées sur les
écoles) qui sont faites sous l’œil
impavide de soldats israéliens qui
laissent faire, voire empêchent les
Palestiniens de se défendre. Des
colons qui viennent effrayer la
population en occupant par dizaines
le centre d’un village pour y faire
la fête, alors que les Palestiniens
sont obligés de se terrer dans leur
maison.
L’occupation a un coût économique,
humain, physique et psychologique.
On ne peut rester insensible face à
cette injustice. Il y a un sentiment
de supériorité chez l’occupant. Les
Palestiniens sont ramenés à un
statut inférieur de gens qui n’ont
pas ou peu de droits. On sait tout
cela, mais le voir est encore plus
saisissant car on ne le montre pas
d’ordinaire.
Qu’on ne vienne pas dire que les
Palestiniens sont le peuple le plus
aidé sur terre. S’il n’y avait pas
l’occupation militaire, si les
Palestiniens pouvaient produire et
vendre librement, ils n’auraient pas
besoin de l’aide internationale.
Cette dernière n’est qu’une modeste
compensation par rapport à la
privation des droits élémentaires
d’un peuple. Personne ne se fait
d’illusion sur les perspectives
diplomatiques à court terme des
négociations israélo-palestiniennes
menées actuellement sous l’égide des
États-Unis.
L’inégalité des acteurs et l’absence
de toute pression sur Israël ne
peuvent que conduire à l’impasse.
Vis-à-vis de cette impuissance
volontaire de la communauté
internationale, plus prompte à
prendre des sanctions dans d’autres
cas de violation du droit
international, que peut-on faire ?
Le rôle des O.N.G. devient
essentiel, si ce n’est central.
Elles jouent tout d’abord un rôle
capital dans l’allègement des
souffrances quotidiennes des
Palestiniens en leur apportant de
l’aide. Sans l’aide alimentaire,
humanitaire et médicale, la
situation des Palestiniens serait
pire encore.
Mais surtout elles ont un rôle
essentiel dans le fait d’alerter les
populations. L’organisation B’Tselem
fournit des petites caméras aux
Palestiniens qui leur permettent de
filmer les violences des colons.
Cela ne les empêche pas, mais cela
permet de les faire connaitre et
joue un rôle dissuasif. Le combat
par les opinions publiques est la
véritable alternative à l’impasse de
l’intifada armée et du blocage
diplomatique.
Israël en est d’ailleurs conscient,
lui qui fait beaucoup d’efforts pour
sa communication et la présentation
du conflit dans les médias. C’est en
montrant la réalité quotidienne de
l’occupation qu’elle paraîtra
insupportable à toute personne de
bonne foi. La démarche pacifique de
ces ONG est aujourd’hui l’une des
contributions les plus concrètes à
la paix future.
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sont réservés.
Publié le 25 mars 2014 avec
l'aimable autorisation de l'IRIS.
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