BDS
L’interdiction de BDS ne menace pas
seulement
les droits des Palestiniens mais
également
tous les mouvements pour la justice
Omar Barghouti
Omar
Barghouti, cofondateur du mouvement BDS
Vendredi 7 février 2020
Omar Barghouti a
averti de la menace plus générale que
représente l’adoption d’une
interdiction de
BDS par le gouvernement britannique pour
les mouvements de défense des droits
humains et de la justice.
M. Barghouti,
qui a cofondé le mouvement de Boycott,
Désinvestissement et Sanctions (BDS), a
déclaré hier que l’interdiction ne
restreindrait pas uniquement la défense
des droits des Palestiniens mais le
militantisme pour le climat, les droits
des LGBT+ et la justice économique.
Le Premier
ministre Boris Johnson a confirmé le
mois dernier que son gouvernement
prendrait des mesures pour interdire aux
institutions publiques de boycotter
Israël et d’autres régimes oppresseurs.
Alors qu’il
s’exprimait lors d’un événement au
Kings’ College à Londres, M. Barghouti a
comparé cette proposition de législation
à l’interdiction faite par Margaret
Thatcher aux conseils municipaux de
boycotter l’Afrique du Sud au temps de
l’apartheid.
« Soyons clairs,
s’ils parviennent à restreindre la
défense des droits des Palestiniens,
aucun autre mouvement pour la justice ne
sera en sécurité », a averti le
défenseur des droits humains.
Si cette
législation est adoptée, les organes
publics tels que les universités ne
seront pas autorisés à boycotter des
produits ou désinvestir d’entreprises
pour des raisons éthiques – y compris de
carburants fossiles.
L’interdiction
proposée est le dernier cas de « guerre
par la loi » visant à faire taire et
délégitimer le mouvement populaire qui
appelle à des boycotts économiques et
culturels d’Israël.
Elle fait suite à
des interdictions similaires promulguées
dans 27 états aux États-Unis et à une
motion adoptée par l’Allemagne l’an
dernier, qui qualifie le mouvement
d’antisémite, sous la pression d’Israël.
Mais M. Barghouti a
souligné l’hypocrisie d’Israël qui
accuse BDS d’antisémitisme alors qu’il
entretient des relations cordiales avec
des dirigeants européens antisémites
tels que le Premier ministre hongrois
Viktor Orban.
« Israël n’est
absolument pas en position de lancer de
fausses accusations d’antisémitisme »,
a-t-il déclaré à la foule rassemblée au
King’s College.
« Ses accusations
frauduleuses d’antisémitisme à
l’encontre des défenseurs des droits
humains actifs dans le mouvement
antiraciste BDS en particulier sont
aussi crédibles que la protection de
l’environnement de Donal Trump ou les
promesses de Boris Johnson de ne pas
vendre le NHS après le Brexit. »
M. Barghouti, qui
vit en Israël, a également été visé
personnellement par cette puissante
campagne de délégitimation de BDS.
Le parti d’extrême
droite du Likoud mène actuellement une
campagne pour que lui soit retirée sa
nationalité. L’an dernier, il s’est vu
refuser l’entrée aux États-Unis – puis
en Grande-Bretagne – alors qu’il était
en possession des documents de voyage
requis.
Un groupe de 25
membres de la Société israélienne de
King’s College a chahuté M. Barghouti et
agité un drapeau israélien.
Il s’est exprimé
aux côtés d’un panel de défenseurs des
droits de l’homme, dont le rappeur
Lowkey, la représentante des étudiants
noirs de la NUS Fope Olaleye et le
journaliste Dan Glass.
La manifestation,
« Constituer un front antiraciste »,
organisée conjointement par la Campagne
de solidarité avec la Palestine (PSC) et
l’association Action pour la Palestine
du King’s College (KCL Action Palestine
society), s’est également interrogée sur
la menace pour les mouvements de boycott
sur les campus.
Huda Ammori,
responsable des campagnes à PSC, a
mentionné les millions de livres
sterling que les universités
britanniques
versent à des entreprises complices
de l’apartheid israélien.
« En tant
qu’étudiants palestiniens, nous payons à
ces institutions des frais de scolarité
qui contribuent à l’oppression des
Palestiniens », a-t-elle déclaré.
« Alors comment les
universités peuvent-elles prétendre
défendre la diversité et prétendre avoir
des valeurs antiracistes quand elles
investissent dans des entreprises
impliquées dans l’oppression raciste des
Palestiniens ? »
Mme Olaleye a fait
le lien entre le combat des Palestiniens
et les combats du monde entier contre
l’injustice.
Elle a déclaré :
« Je ne me suis jamais demandé pourquoi
on devrait se préoccuper des
Palestiniens, ou pourquoi on devrait se
préoccuper de BDS. Parce que mes
libertés sont intrinsèquement liées à la
liberté du monde ».
Traduction : MUV
pour Campagne BDS France Montpellier
Source :
The Morning Star
Le
dossier BDS
Les dernières mises à jour
|