Opinion
Mayeur : ce n’est pas un lynchage
Olivier Mukuna
Vendredi 21 juillet 2017
« Je subis un lynchage
politico-médiatique. Je subis un
véritable bannissement, mon engagement
social, personnel, politique, dans les
hôpitaux publics, partout, ne mérite pas
le traitement que l'on me fait subir
aujourd'hui » (Yvan Mayeur, RTL-TVi, 19
juillet 2017).
Non, Yvan.
Définitivement, non. Si ta carrière ne
se résume pas au scandale des
rémunérations blindées du Samusocial,
celle-ci reste encombrée d'autres
dérives aux antipodes du social comme de
la simple humanité. A cet égard, en
première note, je renvoie à l'excellent
résumé qu'en a fait la militante
Isabelle Marchal (1). Une synthèse
qui ne risque pas de trouver place dans
les médias belges francophones, qui
pourtant, à t'écouter Yvan, seraient
soucieux de « lyncher » l'ex-Bourgmestre
de Bruxelles...
Pascale
Peraïta et Yvan Mayeur devront-ils
rembourser les « jetons de présence »
touchés alors qu’ils étaient membres du
bureau du CA du Samusocial ? «Oui, sans
aucun doute possible », répondait le
député bruxellois Emmanuel De Bock (DéFI)
dans Sudpresse, le 12 juin dernier. «
Non, j'ai travaillé pour cela » a jugé
au contraire Yvan Mayeur devant la
commission d'enquête sur le Samusocial.
Tu te prends pour
qui ? Un citoyen belgo-musulman ? Un
lanceur d'alerte ? Un activiste
anticolonialiste donc antisioniste ? Tu
te crois soupçonné de « terrorisme » ?
Tu crois avoir ramassé sur ta face une «
alerte de niveau 3 » ?
On ne va pas se
mentir, sale menteur : tu n'es pas «
nègre », ni « contestataire », ni «complètement
déshabillé » (2) et encore moins
véritablement sanctionné.
Aucun article dans
la presse belge francophone ne t'a
dézingué comme tu le méritais. C'est au
contraire, quasi partout, la valse des
retenues complaisantes, des gênes
protectrices et des sidérations muettes.
Le cercle renouvelé des pleureuses qui
ânonnent aux citoyens désabusés ou
furieux : « On ne s'acharne pas sur un
homme à terre »... Seule la presse
anglophone, souvent plus
professionnelle, t'a atomisé à la
hauteur de ta rapacité vénale et de ton
cynisme « socialiste ».
Yvan
Mayeur, ex-bourgmestre de Bruxelles,
devant la commission d'enquête sur le
Samusocial.
Non, tu n'as pas
été victime d'un « lynchage
politico-médiatique ». Et je dispose
d'une certaine expertise en la matière.
La couverture médiatique globale de ton
audition d'hier en commission ne risque
pas de me contredire. C'est tout juste
si les journalistes des JT n'étaient pas
en train d'applaudir ta « performance »
ou ceux du Soir en train de pleurer sur
ton annonce de « retrait du monde
politique ». Quel scoop ! A l'heure
d'écrire ces lignes, ça doit encore
faire pleurer dans les chaumières...
Non, tu n'as pas
été « lynché ». Tu as juste été dégagé,
sans même devoir rembourser, sans
perspective tangible de condamnation
judiciaire, sans doute et plus tard «
recasé » par quelques puissants aussi
immondes que toi. A une encâblure
annuelle des communales, tu as juste été
lâché par ton ex-parti, incapable de se
débarrasser de son imposture idéologique
comme de ses fonctionnements mafieux.
Bref, l'une des rares décisions
éclairées prise par le PS ces dernières
années. Trop tard et contraint par
l'optimisme d'endiguer la prévision d'un
« Waterloo électoral » au bénéfice du
PTB...
A ton tour, tu es
donc devenu « infréquentable », «
méprisable », « jetable ». Mais ce n'est
pas un lynchage, Yvan. C'est d'abord
l'une des règles tacites du milieu
politico-médiatique, qui te convenait
très bien lorsque tu bossais à tuer
professionnellement celles et ceux qui
te dérangeaient ou ne pensaient pas
comme toi... C'est aussi « le retour sur
investissement » de tes saloperies, de
tes injustices et de ton arrogance
infinie que tu « subis » aujourd'hui.
Mais oser déclamer que tu le « subis »,
c'est pour mieux cacher que tu le
mérites ?
Olivier Mukuna
(1) « Je m'en tiens
à ce que j'ai dit, à ce que je connais
(quand même pas trop mal, après tout ce
temps de vie citoyenne et de luttes
diverses , dans cette commune) du
personnage, du système qui a été mis en
place à Bruxelles et qui, tout en ayant
permis à l'aide aux sans-abris de se
mettre en place, a généré et entretenu,
par ailleurs, des pratiques et des
dérives inacceptables. Je constate aussi
que ce n'est pas la première fois que,
pour se défendre, Yvan Mayeur manie la
confusion entre les travailleurs
sociaux, qui ont les mains dans le
cambouis, et lui-même, une confusion
particulièrement puante. Puant aussi,
son plaidoyer pour lui-même, concernant
son action en faveur des réfugiés, quand
on sait que durant des années, le CPAS
dont il était président, leur a refusé
l'aide médicale d'urgence (ce qui avait
donné lieu à une carte blanche signée
par une quarantaine d'assoces), ou quand
on se souvient de l'évacuation illégale
des 350 Afghans de la rue du Trône, en
tant que président du Samusocial, avec
Me Uyttendaele pour en défendre les
"intérêts". J'habite depuis dix ans à
Bruxelles, j'assiste à de nombreux
conseils communaux, j'ai assisté de
nombreuses séances dont le degré
d'arrogance, de mépris pour le citoyen
("qui n'y connait pas grand-chose",
combien de fois l'a-t-on entendue,
celle-là !) ou pour les conseillers
communaux de l'opposition (plaisanteries
"fines", moqueries, insultes, ponctués
des rires de ses courtisans, quel
spectacle !), le déni (des réalités ou
des règles et lois, au choix) et le
narcissisme (pathologique) frisent la
nausée. Autant de "qualités" qu'on a pu
retrouver en filigranes, dans son
intervention d'hier à la commission »
(Isabelle Marchal, FB, 19 juillet 2017).
(2)
https://www.youtube.com/watch?v=bzO...
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