Opinion
Permis Internet, encadrement des réseaux
sociaux,
nouvelles lois contre les «cybermenaces»,…
Valls veut un flicage intégral du Net
Nicolas Bourgoin
Samedi 25 janvier 2014
L’affaire Dieudonné aura eu au moins un
mérite : montrer les véritables
intentions de Manuel Valls en matière de
libertés publiques. Après avoir restauré
la censure d’État et réduit la liberté
de parole humoristique, il s’attaque
maintenant à la liberté d’expression sur
Internet. Il a compris que le formatage
des consciences, pour être efficace,
doit être mis en œuvre le plus tôt
possible. Les élèves de fin de primaire
auront donc droit à un programme de
« sensibilisation » sur les dangers
d’Internet initié par la Gendarmerie
nationale et Axa prévention. Et
avis à ceux qui décident de passer outre
les barrières de la censure : comme si
la profusion des lois
anti-cybercriminalité
votées depuis 10 ans ne suffisaient
pas, le Ministre a annoncé la création,
d’ici à quelques mois, d’un « arsenal
juridique complet et solide » fortement
dissuasif.
« A partir de décembre 2013, les
gendarmes des 38 Brigades de prévention
de la délinquance juvénile (BPDJ) se
déplacent dans les écoles pour lancer
l’opération. Ces gendarmes, experts de
la prévention en milieu scolaire,
dispensent une sensibilisation en
préambule de la formation. Ils remettent
ensuite aux enseignants le kit
pédagogique complet pour qu’ils prennent
le relais de la formation.
A l’issue de ces sessions, le Permis
Internet est remis à chaque enfant afin
de marquer son engagement solennel à
être un internaute responsable, en
présence du Maire, des gendarmes, des
enseignants, des représentants d’AXA
Prévention et des parents : une chaîne
unie pour accompagner les enfants dans
un usage sûr et responsable d’Internet »
(Lancement du Permis Internet pour les
enfants, Axa prévention)
Infantilisation d’un côté, politique
du bâton de l’autre. Manuels Valls a
demandé à ses services (DGGN, DGPN) de
lui proposer dans les prochains mois « une
stratégie de lutte contre les
cyber-menaces, ainsi qu’un plan d’action ».
« Seule une démarche globale peut
nous permettre de prendre la mesure
d’une menace globale », a
considéré Manuel Valls. « Cela passe par
une démarche décloisonnée entre les
différentes matières et les services ».
Le message est clair : Internet ne doit
pas échapper à la surveillance de l’État
et doit être régulé, comme c’est déjà le
cas pour le réseau
Twitter. Et, comme le dit si
élégamment Christophe Barbier, « les
Chinois y arrivent bien».
Nicolas Bourgoin est
démographe, maître de conférences à
l’Université de Franche-Comté, membre du
Laboratoire de Sociologie et
d’Anthropologie de l’Université de
Franche-Comté (LASA-UFC). Il est
l’auteur de trois ouvrages : La
révolution sécuritaire aux Éditions
Champ Social (2013), Le suicide en
prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les
chiffres du crime. Statistiques
criminelles et contrôle social (Paris,
L’Harmattan, 2008).
Les dernières mises à jour
|