Opinion
Pourquoi la Ligue de Défense Juive
est-elle intouchable ?
Nicolas Bourgoin
Mardi 8 juillet 2014
Véritable milice paramilitaire au
service de l’entité sioniste, la Ligue
de Défense Juive court (et frappe)
toujours. En hiver dernier, elle joué un
rôle actif dans la chasse au dissident
en terrorisant les spectateurs de
Dieudonné ainsi que des passants lors de
véritables expéditions punitives devant
le Théâtre de la Main d’or sous le
regard complice des
forces de police. Idem quelques
semaines plus tard lors de la
manifestation au Trocadéro contre
l’antisémitisme, où la LDJ a nargué un
Manuel Valls
resté de marbre. Plus près de nous,
en juin dernier, une manifestation
organisée à l’appel de la Ligue de
Défense Juive (LDJ) et du BETAR en
faveur des trois jeunes israéliens
portés disparus en Cisjordanie,
a dégénéré en véritable ratonnade.
Comme d’habitude, les forces de l’ordre
sont restées étrangement passives face
aux extrémistes juifs et aucun de leur
membre n’a été inquiété. Cette milice
paramilitaire qui a déjà un lourd passé
derrière elle, parsemé de violences et
d’agressions en tout genre, semble
bénéficier d’une impunité permanente.
Pour services rendus ?
La Jewish Deafence League
est fondée à New York en 1968 par le
rabbin américain Meir Kahane. Son
homologue la LDJ en France est fondée
par Pierre Lurçat, un ancien membre du
Betar en octobre 2000 d’abord sous
le nom de Liberté Démocratie et
Judaïsme. Auto-dissoute en 2003,
elle se reforme sous le nom de Ligue
de Défense Juive. Son objectif :
défendre « la communauté juive
française » en luttant contre
l’antisémitisme, l’anti-judaïsme et
l’antisionisme. Politiquement proche du
Front National – elle soutient en 2012
la candidature de Marine Le Pen
considérée
comme une "amie d’Israël" et pour
qui le principal danger en France est "l’antisémitisme
des fondamentalistes musulmans" – la
LDJ revendique «une centaine
d’adhérents, des jeunes entre 18 et 35
ans, en région parisienne». «En cas de
menace grave sur la communauté, nous
pourrions mobiliser environ un millier
de personnes »,
déclare l’un des porte-paroles de
l’organisation. Ratonnades, actes de
vandalisme, agressions contre des
militants pro-palestiniens, menaces de
mort, expéditions punitives violentes,…
on ne compte plus les exactions commises
par cette milice paramilitaire (on en
trouvera
ici un recensement actualisé
jusqu’en novembre 2012). Citons
pêle-mêle : agression violente au
tribunal administratif de Paris contre
des étudiants d’une association
d’extrême-gauche de Nanterre (l’AGEN),
connue pour ses positions antisionistes
radicales en
décembre 2003, ratonnade devant le
lycée Janson-de-Sailly
en janvier 2009, saccage d’une
librairie pro-palestinienne
en juillet 2009 ; intrusions
violentes dans des réunions
pro-palestiniennes ou des manifestations
culturelles : dans une soirée
de l’association Génération
Palestine en
avril 2009, au Centre
International de Culture populaire de
la Mairie de Vitry-sur-Seine en mars
2009 qui s’apprêtait à faire citoyen
d’honneur Marwan Barghouti condamné à
la prison à vie en Israël, dans une
réunion de l’association
France-Palestine en
mai 2011, à l’occasion d’une soirée
de solidarité avec une coopérative
agricole Palestinienne en octobre 2011,
en novembre 2010 au Musée d’Art Moderne
de Paris lors de l’exposition du
photo-journaliste berlinois Kai
Wiedenhöfer, « Gaza 2010 »,
présentant des clichés de victimes
palestiniennes dans la bande de Gaza, à
l’Institut du monde arabe lors de la
projection d’un film
en septembre 2012 ;
agressions violentes contre de
nombreuses personnalités ou journalistes :
le président du MRAP Mouloud Aounit en
novembre 2003, Dieudonné en mars 2005,
l’écrivain essayiste Alain Soral en
septembre 2004 (la librairie dans lequel
il se trouvait fut saccagée et
plusieurs personnes molestées),
l’Israélien Ofer Bronchtein, président
du Forum international pour la paix en
avril 2012, Houria Bouteldja,
porte-parole du Parti des Indigènes
de la République en
octobre 2012, l’écrivain juif
antisioniste Jacob Cohen en mars et en
juillet 2012, le jeune reporter de
l’Agence Info Libre, Jonathan Moadab,
victime de
menaces de mort et d’une tentative de
meurtre en septembre 2012 et d’une
agression en mars dernier, Olivia
Zémor, présidente de l’association
CAPJPO-EuroPalestine,
en juin 2012 (à noter que cette
organisation fait régulièrement l’objet
de menaces de la part de la LDJ).
Aucun des auteurs de ces faits
n’a été inquiété par la Justice.
Certaines plaintes ne font l’objet
d’aucune enquête, même lorsque les
responsables – désormais bien connus
– sont formellement identifiés, comme ce
fut le cas lors de la première agression
de Jacob Cohen, en mars 2012. Le
sentiment d’impunité conduit d’ailleurs
les membres de cette organisation à agir
à visage découvert et
à faire la publicité de leurs exactions
sur les réseaux sociaux.
On peut s’étonner de la grande
tolérance de l’État français vis-à-vis
d’une organisation classée comme
terroriste et interdite en Israël et aux
États-Unis. Le MRAP demande
régulièrement la dissolution de cette
milice d’extrême-droite depuis 12 ans
sans aucun succès. « Nous avons
écrit de nombreuses lettres aux
autorités ou les avons alertées lors
d’entretiens, des parlementaires ont
fait de même, et aucun résultat n’a été
obtenu », déplore de son côté l’Union
Juive Française pour la Paix dans
un communiqué le
11 juillet 2012. La politique du deux
poids deux mesures a de quoi laisser
dubitatif quand on compare la totale
impunité de fait dont jouissent les
membres de cette organisation, sa
longévité en dépit de ses agissements, à
la rapidité avec laquelle l’État
français a dissout le groupe islamiste
Forzane Alliza dont le seul
tort était de
promouvoir la lutte armée ainsi que
les groupes nationalistes Jeunesses
Révolutionnaires et Troisième
Voie suite
à la mort de Clément Méric. Autre
fait troublant : une annonce publiée par
la LDJ sur un site français en septembre
2011, pour recruter des mercenaires et
aller casser du Palestinien en
Cisjordanie n’a pas suscité la moindre
réaction politique ni médiatique (à
l’exception notable du site Rue89).
Interrogée, une porte-parole du Quai
d’Orsay refusera de répondre au
journaliste, assurant qu’elle
ne connaît pas la LDJ. Les membres
de cette organisation sont en réalité
totalement couverts par les Ministres de
l’Intérieur et de la Justice (lire ici
la lettre de Jacob Cohen après son
agression). Ils bénéficient même pour
leurs séances d’entraînement au combat
d’un bâtiment officiel public prêté par
la Police Nationale ! Ils y suivent
des cours de krav-maga,
l’art martial de l’armée israélienne,
sous la direction de conseillers
techniques venus d’Israël.
Tout comme les CRIF,
appareil idéologique d’État et lobby
officiel du sionisme en France, son bras
armé la LDJ, dont elle couvre
régulièrement
les agissements est au service de
l’État pour briser la résistance
politique au sionisme en intimidant ses
opposants, notamment ceux qui critiquent
la soumission de notre pays aux intérêts
d’Israël : dissidents, militants
pro-palestiniens et anti-impérialistes.
Elle annonce d’ailleurs clairement la
couleur en prétendant
vouloir remplacer une police jugée
défaillante dans la répression de
l’antisémitisme, autrement dit faire
la loi en France en châtiant les
récalcitrants. Par son statut
extra-légal, la LDJ peut utiliser la
violence en toute impunité et constitue
une force supplétive au service du
gouvernement français dans sa politique
mondialiste.
Publié le 9 juillet 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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