De Gaza
Nous manquons de vie
Nariman Hijazi
Mercredi 6 juin 2018
Parce que j’ai besoin de respirer la
liberté
Et pour déchirer ce
silence qui me tue,
J’écris
aujourd’hui…
J’écris pour
chasser de ma tête ces pensées
conflictuelles qui me fatiguent…
Pour faire sortir
toute cette colère et ces sentiments
d’injustice qui m’envahissent
Mais avant tout et
parce que les mots m’échappent face à
ces émotions profondément tristes,
Est-ce que vous pouvez m’aider à trouver
la meilleure expression pour décrire une
personne qui manque de la vie…
Et oui… ici à Gaza
nous manquons de vie… C’est exactement
ce que nous ressentons quand on
ne voit plus le chemin, quand on
perd la boussole, quand on n’a plus
d’horizon.
A ceux qui
demandent, oui, on parvient malgré tout
à s’approvisionner en nourriture mais
pas en paix, ni en sécurité.
Ici à Gaza, nous
somme dans l’attente permanente du pire…
A chaque fois, on se dit qu’il n’y aura
pas de situation pire mais,
malheureusement on découvre toujours
qu’on a eu tort. « Le pire qui ne nous
plaisait pas était moins pire que le
pire présent. »
Je crains pour
l’avenir de mes enfants, des enfants de
Gaza… Que connaissent-ils dans cette vie
sinon les guerres, les bombardements et
les mauvaises nouvelles ? Leurs yeux
trouvent étrange la lumière, ils sont
nés où la coupure d’électricité est le
normal.
Ils sont nés où
regarder la télévision est un luxe… où
boire de l’eau potable est impossible…
Ils sont nés où
dans leurs jeux de rôles, ils
choisissent (tous) de jouer le rôle de
l’homme libre, courageux qui défend sa
patrie contre l’occupant.
Ici, à Gaza, nous
sommes dans une épreuve très difficile à
vivre, une épreuve où il n’y a pas de
bonnes réponses, où nous ne pouvons même
pas tricher car personne ne parle…
personne ne voit rien.
En dépit du sang de
victimes très foncés, en dépit des
massacres qui se déroulent devant les
caméras, en dépit des enfants, des
jeunes, des femmes et des personnes
âgées qui perdent la vie par balles
réelles en directe… oui en directe…
Personne ne parle…
personne ne voit rien.
Ici à Gaza, les
jeunes sont jeunes par âge mais ils sont
bien plus âgés par l’ampleur de leur
souffrance et de leur peine
Ici… on est jeune
seulement parce qu’on a 20, 30 ans mais
pas du tout parce qu’on vit notre
jeunesse qui a été effacée et qui a été
effacée, décimée par cette gomme atroce,
très atroce même qui s’appelle la
guerre.
Je me demande :
« Quand est-ce que je vais connaitre le
sens de la liberté ? … Quand est-ce que
je vais m’assurer que mes enfants
grandissent en sécurité ? »
Je rêve de ce jour
où je ne serai plus emprisonnée par ces
ondes violentes de guerre qui
bouleversent ma vie…la vie de tous les
Palestiniens.
Je rêve de ce jour
où j’arriverais à orienter ma plume vers
des mots plus doux, des mots de bonheur,
de paix, de liberté… surtout de
liberté …
Comme une jeune,
une femme, une mère et une Palestinienne
avant tout, je vous présente avec
beaucoup de chagrin les mots clés de ma
vie :
Difficultés
quotidiennes, inquiétude, avenir
inconnu, obscurité, souffrance, force
obligatoire pour continuer, peine, rêves
déchirées, cœur blessé… mais aussi et
surtout Espoir, espoir que le
lendemain meilleur que je cherche depuis
si longtemps ne tarde plus car j'en ai
assez d'attendre…
Nariman Hijazi
Gaza- Palestine
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