Syrie
Syrie : En quoi l’accord de
cessation des hostilités
conclu par la Russie, l’Iran et la
Turquie,
est-il différent des précédents ?
Walid al-Mouallem
Samedi 31 décembre 2016
Texte intégral de
l’entretien accordé par Monsieur Walid
al-Mouallem, Vice-Premier ministre et
ministre syrien des Affaires étrangères
et des Expatriés, à la TV nationale
syrienne.
1. L’État
syrien a annoncé un accord sur la
cessation des hostilités à partir de ce
jeudi 29 décembre à minuit. En quoi
est-il différent des accords
précédents ?
Cet accord
est arrivé après la victoire à Alep. Par
conséquent, il exprime premièrement la
confiance de l’État syrien et des Forces
armées syriennes en la victoire sur le
terrorisme et, deuxièmement, que la
situation après la libération d’Alep
n’est plus ce qu’elle était auparavant.
Il fallait donc investir cette victoire
militaire. La cessation des hostilités
est la première étape de sa mise à
profit du point de vue politique.
2.
Monsieur le ministre, nous aimerions en
connaître les détails, d’autant plus que
les accords précédents ont subi de
nombreuses violations.
Cet accord
présente une grande différence par
rapport aux accords précédents en termes
de garanties. Premièrement, nous avons
confiance en la garantie de la Russie
parce qu’elle elle a été notre
partenaire dans la lutte contre le
terrorisme et nous a assurés qu’elle
réagira à toute violation. Deuxièmement,
les factions n’ayant pas signé cet
accord sont considérées comme
« terroristes ». Troisièmement, il y
aura un mécanisme de surveillance des
violations. Les Russes ne permettront
donc pas que cet accord soit violé ni à
travers les frontières, ni à partir des
régions envahies par les groupes armés.
Naturellement, cet accord exclut les
organisations Daech, le Front al-Nosra,
les factions qui leur sont liées et
celles qui ne l’ont pas signé. Par
conséquent, nos Forces armées
poursuivront leur mission. Nous ne
cesserons pas notre combat. En même
temps, c’est là une vraie chance de
règlement politique de la crise qui
stopperait l’effusion du sang syrien et
établirait l’avenir du pays.
3.
Devons-nous comprendre que les accords
précédents manquaient de telles
garanties, d’où leurs violations ?
Oui. Les
garanties n’étaient qu’orales, ce qui
n’est pas le cas cette fois-ci, étant
donné que celui qui a déclaré la
cessation des hostilités est le
Président Poutine en personne. Et c’est
pourquoi nous avons confiance.
4. Mais
pourquoi l’a-t-il qualifié de fragile ?
Parce qu’il
n’a pas confiance en ces factions, à
moins qu’elles ne prouvent respecter
leur engagement.
5.
Y’a-t-il eu coordination entre la Syrie
et la Russie avant l’annonce de
l’accord ?
Oui, des
contacts ont eu lieu à différents
niveaux, entre le Président Poutine et
le Président Al-Assad, entre nous et nos
collègues russes, de telle sorte qu’il a
été conçu en commun pour être acceptable
du côté syrien.
6.
Monsieur le ministre, la Turquie ayant
annoncé cet accord, les Syriens se
demandent comment il est possible
qu’elle participe à une solution qui
arrêterait la guerre contre la Syrie
alors qu’elle s’est impliquée
directement dans le financement et le
soutien du terrorisme et des terroristes
en Syrie ?
Et même plus
que cela ! Je dis que la Turquie est un
État ennemi et un État qui a envahi
certaines régions du territoire syrien.
Devant cette réalité d’aujourd’hui, la
question qui se pose est : d’où sont
venus tous ceux-là [ces terroristes] ?
Ne sont-ils pas venus à travers le
territoire turc ? N’ont-ils pas été
financés, entraînés et armés en
Turquie ? C’est pourquoi nous avons
confiance en la garantie russe et le
rôle iranien, mais n’accordons
absolument pas confiance au rôle turc.
D’ailleurs, aucun des documents signés
pour cet accord ne mentionne la Turquie.
7.
Aujourd’hui, l’ambassade de Russie à
Damas a été ciblée par des tirs de
mortier. Est-ce un message adressé à la
Russie ?
Ce n’est pas
la première fois que l’ambassade de
Russie subit des tirs aveugles. J’estime
que cela devrait être internationalement
condamné, l’immunité des ambassades
interdisant de telles attaques.
8. Les
médias ont parlé d’amendements de cet
accord par la Syrie, alors qu’ils
avaient été négligés par la Russie.
Est-ce vrai ?
Il est normal
que tout document donne lieu à des
discussions, entre nous et la Russie,
avant d’aboutir à une entente sur son
contenu. C’est sur cette base que nous
l’avons signé. Rien, absolument rien, ne
nous a été imposé.
9. Est-il
vrai que le gouvernement syrien a refusé
d’inclure certaines factions qu’il
considère être des organisations
terroristes, alors que Moscou les avait
négligées afin de pousser les
différentes parties à respecter ses
échéances ?
Tout ce que
je sais est que sept factions ont signé
cet accord, les factions qui veulent un
règlement politique de la crise.
10.
Diriez-vous que cet accord offre un
terrain propice au dialogue ?
Sans me faire
des illusions, je dis que l’État syrien
offre une opportunité répondant aux
aspirations de son peuple et un moyen de
sortir de cette crise. C’est une vraie
chance. Celui qui veut agir dans
l’intérêt du peuple syrien devrait en
profiter pour aller vers un règlement
politique en toute objectivité, le cœur
et l’esprit tournés exclusivement vers
l’avenir de la Syrie.
11. Mais
le gouvernement syrien a refusé la
cessation des combats dans certaines
régions, notamment dans le rif de
Damas ; ce qui, selon certains,
entraverait cet accord.
Il n’empêche
que cet accord a été conclu et annoncé.
En tant qu'État, nous avons la
responsabilité de la sécurité de notre
peuple et quand nous pensons qu’un
danger la menace dans l’une quelconque
de nos régions, nous devons agir. Bien
que nous ayons tous célébré la
libération d’Alep, je vous dis
franchement que, militairement parlant,
Alep n’est actuellement pas en sécurité
à cause des groupes armés toujours à
l’œuvre près des quartiers ouest,
lesquels subissent toujours leurs
bombardements aveugles. Nous ne pouvons
tolérer une telle situation ni à Alep,
ni à Damas. Nous devons traiter ces deux
problèmes.
12. Il y a
donc des régions du pays non concernées
par cet accord ?
Oui. J’ai
bien dit que nos Forces armées
poursuivront leur mission.
13. Daech
et le Front al-Nosra étant exclus de cet
accord, comment le mettre à exécution
alors que ces deux organisations
terroristes sont répandues dans
plusieurs régions du pays ?
Les factions
qui ont signé cet accord doivent s’en
éloigner et l’annoncer, sinon ce serait
une duperie.
14. Dans
ce cas, permettez, Monsieur le ministre,
que je revienne sur le rôle turc. Nous
constatons que la Turquie joue sur tous
les tableaux à la fois. Un jour elle
s’entend avec la Russie, le lendemain
elle se tourne vers les USA. Comment
devons-nous comprendre ce fait
aujourd’hui ?
Nous avons
informé les amis russes et iraniens que
nous ne faisions pas confiance à la
Turquie et que si, comme nous l’avons
compris, certaines nécessités du moment
l’ont conduite à modifier son
positionnement, cela ne nous intéresse
pas. Notre confiance est grande en la
Russie et en l’Iran. Tant que la Turquie
occupe des parties de notre territoire,
agresse notre peuple dans plusieurs
régions tout en continuant à ouvrir ses
frontières aux terroristes, elle restera
un État ennemi de la Syrie.
15. Mais
la Turquie est désormais associée à cet
accord ?
Ce n’est pas
notre affaire. Elle n’est pas notre
partenaire. Nous n’avons pas dialogué
avec la Turquie.
16. Vous
avez dit que cet accord est venu après
les victoires à Alep. Comment les
victoires militaires vont-elles se
traduire politiquement ?
C’est une
question importante. En effet, c’est la
victoire à Alep qui a mené vers la
cessation des hostilités et a ouvert la
voie au dialogue à Astana. Comme je l’ai
dit, celui qui veut vraiment mettre un
terme à la crise et répondre aux
aspirations du peuple syrien devra se
rendre à Astana afin d’aboutir à une
solution, sans poser des conditions
qu’il sait inacceptables.
17.
Certains pensent que la vision russe de
la solution en Syrie n’est pas
confortable pour Damas et Téhéran. Que
devons-nous en penser ?
Tout d’abord,
je ne divulgue pas un secret en disant
qu’une heure avant cet entretien, j’ai
reçu un appel téléphonique du Dr. Jawad
Zarif qui m’a m’assuré que l’Iran se
tenait aux côtés de la Syrie pour tout
ce qu’elle jugeait conforme. L’Iran fait
donc partie de ce travail. Ensuite, il
arrive que des points de divergence
existent entre les États du fait d’une
différence de culture ou de situation.
Mais, finalement, j’affirme qu’il n’y a
pas de mésententes entre la Syrie, la
Russie et l’Iran. Nous sommes des
alliés. Nous sommes dans la même
tranchée face au terrorisme.
18. Et
qu’en est-il de ceux qui prétendent que
l’État syrien est en désaccord sur
nombre de points de vue russes
concernant la solution en Syrie ?
Je n’ai
entendu aucune déclaration de M. Lavrov
ou de M. Poutine cherchant à imposer une
quelconque solution au peuple syrien. Au
contraire, ils ont toujours affirmé que
la solution lui appartient et que
c’était à lui d’en décider.
19.
Pourtant, certains ont écrit que la
réunion tripartite de Moscou a eu lieu
pour régler leurs divergences quant à la
solution de la crise syrienne ?
Beaucoup
d’analystes et de pays n’étaient pas
tranquilles à l’idée de cette réunion à
Moscou entre la Russie, l’Iran et la
Turquie. Il n’empêche que cette réunion
a eu lieu avec, pour conséquence, la
cessation des hostilités et la
préparation d’une future réunion à
Astana.
20. Mais
dès la fin de la réunion, le ministre
turc des Affaires étrangères a déclaré
que toutes les « milices » qui se
battent sur le territoire syrien
devaient en sortir, y compris le
Hezbollah. Que pense l’État syrien de
cette déclaration ?
Je dis très
franchement au ministre des Affaires
étrangères du régime turc qu’il devrait
lire les principes du droit
international. Le Hezbollah est présent
en Syrie à la demande officielle du
gouvernement légitime syrien ; ce qui,
au regard du droit international, est
absolument différent de la présence des
milices terroristes venues de plus d’une
centaine de pays via le territoire turc.
21. Il a
aussi ajouté qu’il était impossible que
le Président Al-Assad reste au pouvoir.
Qu’en pensez-vous ?
Pensez-vous
que cette déclaration mérite réponse ?
Là aussi je réponds franchement que cela
n’est pas de son ressort. Désormais, ce
sujet fait partie du passé.
22. Mais
la Turquie est impliquée dans la
solution ?
Ce n’est pas
un sujet qui prête à discussion. Il est
du ressort du peuple syrien et de lui
seul. Nous ne permettrons à personne de
s’en mêler. Le Président Al-Assad a été
élu Président de la République arabe
syrienne, que cela plaise ou non au
ministre turc des Affaires étrangères.
C’est notre réalité. Nous la respectons,
comme nous respectons la volonté du
peuple syrien.
23. Il a
ensuite répété cette déclaration, mais
au nom des factions armées, lesquelles
n’accepteraient pas le maintien du
Président Al-Assad à son poste. Or,
l’État syrien se prépare à aller
dialoguer avec ces factions…
Que celui qui
n’accepte pas, ne vienne pas. J’ai dit
que le sujet du Président Al-Assad et de
la Direction syrienne sont affaire du
peuple syrien et que nous ne permettrons
pas qu’ils prêtent à discussion dans
n’importe quelle réunion.
24. C’est
entendu. Mais en exigeant un dialogue
sans conditions préalables, l’État
syrien n’impose-t-il pas une condition
préalable dans ce cas précis ?
La
souveraineté n’est pas une condition
préalable et fait partie de la
souveraineté du peuple syrien. Elle ne
prête ni à des discussions, ni à des
ententes, ni à des compromissions. Nous
ne faisons aucune compromission quand il
s’agit de la volonté du peuple syrien.
C’est désormais compris par le monde
entier. À ce propos, une anecdote
circule : au sein de la communauté
internationale, tous ceux qui ont
réclamé la destitution du Président Al-Assad
ont quitté le pouvoir et Al-Assad est
resté. Peut-être qu’il en sera de même
pour M. Oglu.
25.
Monsieur le Ministre, nombre de
questions nécessitent des réponses
franches de votre part. La menace d’une
partition continue à hanter les Syriens,
notamment parce que le droit
international stipule qu’en cas de
cessez-le-feu les lignes de contact
entre États belligérants peuvent se
transformer en frontières. Qu’en
pensez-vous ?
Premièrement,
il ne s’agit pas d’un cessez-le-feu,
mais d’une cessation des hostilités.
Deuxièmement, les lignes de contact sont
temporaires afin de surveiller la
cessation des opérations de combat.
Elles disparaissent dès que cessent les
combats.
26. C’est
donc pour une période déterminée ?
Oui. Il
n’existe pas de lignes de contact pour
une période indéterminée sauf dans le
cas où l’État subirait la volonté
d’autres états qui imposeraient la
partition. Laquelle partition était
l’objectif du plan ourdi contre la
Syrie. Mais, grâce à la résistance de
notre peuple et de nos Forces armées, ce
projet est désormais derrière nous.
27.
Parlons des États impliqués dans la
guerre en cours contre la Syrie et qui
ne font pas partie de cet accord. Tel
est le cas de l’Arabie saoudite et du
Qatar. Pourquoi la Russie a déclaré
qu’ils le rejoindront prochainement ?
Sans doute
parce que l’Arabie saoudite et le Qatar
n’ont toujours pas réalisé qu’ils ont
été vaincus sur la scène syrienne. Quand
ils mesureront l’étendue de leur
défaite, ils considéreront peut-être
l’intérêt de leurs deux peuples et
modifieront leur positionnement.
28. Mis à
part la Russie, on dirait que cet accord
se limite aux États régionaux. Qu’en
est-il de la France qui fut le fer de
lance de cette guerre sur la Syrie ?
Qu’en est-il de la Grande Bretagne ? Et
qu’en est-il des autres États qui ont
accueilli et organisé des Congrès sous
le vocable des « Amis du peuple
syrien » ?
Des amis
entre parenthèses ! D’abord et
objectivement parlant, l’Europe n’a pas
fait montre d’une dimension politique
proportionnelle à sa considérable
dimension économique et s’est contentée
de suivre les États-Unis. Ensuite, les
États européens prétendument « Amis du
peuple syrien » lui ont imposé des
sanctions économiques pesant lourdement
sur sa vie quotidienne. Enfin, la
libération d’Alep a dévoilé que l’Europe
faisait partie de la conspiration étant
donné que les armes saisies dans les
entrepôts des quartiers est étaient de
fabrication européenne. La Grande
Bretagne, par l’intermédiaire de son
ministre des Affaires étrangères, adopte
malheureusement des positions démentes
lorsqu’il s’agit de la situation
syrienne. La France sera, à mon avis,
l’une des premières à constater son
échec et se retrouve avec un peuple
insatisfait de la politique de Hollande,
ce qui l’a amené à se retirer de la
prochaine campagne présidentielle. Je
fais partie des optimistes qui
s’attendent à un changement radical de
la politique française.
29. Et où
en est Washington de cet accord ?
Quel
Washington ? Celui de l’administration
Obama ou de l’administration Trump ? Les
USA ont certainement le bras long dans
la conspiration contre nous et, bien que
l’administration Obama soit sur le point
de quitter, Dieu nous préserve des
malheurs qu’elle pourrait encore
nous réserver d’ici le 20 janvier
prochain.
30.
Acceptera-t-il de rester à l’écart de la
solution ?
Il est obligé
de rester à l’écart. Quand le Président
Obama signe pour la livraison d’armes
performantes aux factions de ladite
opposition en Syrie, cela signifie qu’il
veut prolonger la crise, non dans
l’intérêt du peuple américain, mais dans
l’intérêt d’Israël. En effet, seul
Israël avec probablement l’Arabie
saoudite et le Qatar ne souhaitent pas
que la crise prenne fin en Syrie.
31. Nous
n’entendons plus de commentaires et de
déclarations concernant la Syrie de la
part des Saoudiens, mais voilà que les
Qataris avouent que ce sont les
Américains qui les ont poussés à
s’impliquer en Syrie. Pouvons-nous
considérer cela comme la reconnaissance
de leur défaite ?
Reconnaître
sa défaite s’impose par la réalité et
sur le terrain. Ils ont été défaits et
doivent en tirer les leçons pour
eux-mêmes et pour ceux qu’ils ont
instrumentalisés. Aujourd’hui existe une
vraie chance de sortie de cette crise et
comme l’a déjà dit le Président Al-Assad :
nous ne parlons pas de victoire ou de
défaite individuelles, c’est le peuple
syrien et la Syrie qui doivent être les
vainqueurs.
32. Ces
bouleversements que vous soulignez
pourraient-ils les mener à reculer ?
Ainsi, nous entendons parler de
révisions importantes concernant les
Frères Musulmans en Égypte…
C’est
possible et cela dépend des intérêts du
peuple égyptien. Le programme des Frères
Musulmans en Égypte et ailleurs est
destructeur. C’est l’affaire des
Égyptiens. Nous, en Syrie, nous
continuerons à considérer les Frères
Musulmans telle une organisation
terroriste, comme c’est le cas depuis le
début des années quatre-vingts du siècle
dernier.
33. Où en
sont les relations égypto-syriennes
aujourd’hui ?
Elles n’ont
pas franchi le pas du retour à la
normalité.
34.
Verrons-nous un changement de positions
au niveau international ?
Il est encore
tôt pour en juger, mais je parie qu’il y
aura un changement positif.
35. L’État
syrien enverra-t-il une délégation à
Astana ?
Nous serons
présents à Astana, car notre principe
général est de ne pas adopter la
politique de la chaise vide pour
n’importe quel forum de dialogue entre
Syriens.
36.
Existe-t-il des conditions préalables à
cette participation ?
Nous
participerons avec un esprit ouvert
conforme aux données de la situation
dans la région et sur la scène
internationale.
37.
Avez-vous quelques réserves quant à ce
qui est susceptible d’être proposé ?
Il est
possible de discuter de tous les sujets,
sauf de la souveraineté nationale et du
droit du peuple syrien à choisir sa
gouvernance.
38.
Comment l’État syrien envisage de
traiter le dossier kurde ?
Commençons
par les constantes. Premièrement : il ne
fait aucun doute que les frères kurdes
font partie du peuple syrien.
Deuxièmement : ils disent avoir des
aspirations au sein de l’unité
territoriale de la Syrie et considèrent
que leurs aspirations sont légitimes.
C’est peut-être le cas. S’il s’agit de
demandes en rapport avec la vie
culturelle ou sociétale dans le cadre de
la République arabe syrienne, nous
pourrons les considérer favorablement.
Mais, actuellement, la priorité concerne
la lutte contre le terrorisme.
39. Qu’en
est-il des voix appelant à la création
d’un gouvernement au nord de la Syrie ?
Je dis à mes
frères kurdes : par le passé, vous avez
beaucoup parié sur l’étranger et les
grandes puissances et c’est pour cela
que la question kurde dure depuis plus
de cent ans. Pariez sur votre
citoyenneté syrienne et vous trouverez
en votre patrie le giron chaleureux qui
accueille tous les Syriens. Nous sommes
un pays fier de son vivre ensemble. Nous
refusons le confessionnalisme. Nous
sommes un seul peuple sans distinction
fondée sur la religion ou les ethnies.
Nos minorités sont diverses, mais nous
sommes tous syriens et fiers de cette
diversité religieuse et ethnique.
40.
L’émissaire spécial pour la Syrie,
Staffan de Mistura, a accueilli
favorablement la cessation des
hostilités et a offert ses services…
En vérité, je
m’attendais à ce que M. de Mistura soit
un intermédiaire impartial étant donné
sa fonction de représentant des Nations
Unies. Or, avant et pendant la
libération d’Alep ce ne fut pas le cas.
Toutes ses conférences de presse, ainsi
que celles de son assistant, faisaient
partie de la campagne médiatique
fabriquée contre la Syrie. Une campagne
fabriquée !
41.
Pensez-vous que l’accord tripartite
d’aujourd’hui peut aboutir à un accord
international ou entre les grandes
puissances ?
Il est encore
trop tôt pour dire que cet accord de
cessation des hostilités puisse aboutir
à une entente internationale.
42.
Pourrait-il aboutir à une réunion
internationale…
J’insiste
encore sur le fait que l’objectif de
toute réunion entre Syriens est
d’arriver à dessiner l’avenir de leur
pays, sans ingérences étrangères, et je
souligne : sans ingérences étrangères !
Et maintenant que cet accord a été
conclu, il serait normal que les Nations
Unies l’adopte et que beaucoup de pays
de la Communauté internationale
l’accueille favorablement, car c’est à
partir de là que nous passerons à
l’étape de la reconstruction.
43. Même
si les États-Unis restent absents alors
qu’ils dirigent le système
international ?
Ils sont
absents aujourd’hui. Peut-être
seront-ils présents demain. Qui sait ?
Il y aura un changement de
l’administration américaine, un
changement de cap…
44. Un
changement de politiques ?
Pas
nécessairement. Quoi qu’il en soit, ce
qui reste fondamental pour nous est le
dialogue entre Syriens, sans ingérences
étrangères. Nous trouverons un accord
entre nous. Celui qui l’adoptera à
l’avenir, sera le bienvenu.
45. Nous
sommes au seuil d’une nouvelle année.
Quelles sont vos prévisions pour 2017 ?
Je
commencerai par vous souhaiter une bonne
année. Et comme je suis d’un naturel
optimiste, je dirai que l’année qui
vient apportera les préludes de la
solution et de la victoire militaire que
nous investirons, nous diplomates, pour
aboutir à la solution de la crise en
Syrie.
46. Elle
n’apportera que les préludes de la
solution et non la solution ?
Elle
apportera certainement les préludes…
Merci,
Monsieur le Ministre
C’est moi qui
vous remercie.
Walid al-Mouallem
Vice-Premier ministre
et ministre syrien des Affaires
étrangères et des Expatriés
29/12/2016
Sources :
vidéo en deux parties / Al-Ikhbariya TV
M. Al-Mouallem est interrogé par Mme
Racha Kassar
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1285561024800247/
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1285584894797860/
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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