Syrie
Si vous avez une seule capitale,
mon pays en a deux :
Damas et Alep !
Bachar al-Jaafari
Mercredi 28 septembre 2016
Le Conseil de sécurité s'est
réuni ce dimanche, 25 septembre, à la
demande des États-Unis, de la
Grande-Bretagne et de la France. Inutile
de relayer les discours des
représentants de ces trois pays, les
médias aux ordres des meneurs de la
prétendue Coalition internationale de
lutte contre le terrorisme se sont, très
lourdement, chargés de la besogne.
Les trois
délégations des diplomates américains,
anglais et français, sont donc venus
solidaires, ont parlé d’une même voix,
puis se sont précipités pour quitter la
salle dès l’intervention du représentant
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies.
Par
conséquent, ils n’ont pas écouté ce que
le Dr Bachar al-Jaafari avait à leur
dire, à moins qu’ils n’aient jugé en
avoir suffisamment entendu lors de la
session précédente [*], réunie dans la
même urgence quatre jours auparavant, le
21 septembre.
Après
avoir retrouvé la vidéo, introuvable sur
les sites officiels, et avoir éliminé ce
qu’ils auraient pu considérer comme des
redites, le Dr Bachar al-jaafari avait
au moins une information excessivement
importante à leur offrir et dont il
faudra nous souvenir, au cas où… [NdT].
Monsieur le
Président
L’un des
collègues parmi les représentants des
trois États ayant appelé à la tenue de
cette session, le délégué permanent de
la Grande Bretagne auprès de l’ONU, a
parlé de mon pays, disant : « La Syrie
est brisée et sur le point de mourir ».
J’aimerais le rassurer, mon pays n’est
pas brisé et ne rompra pas. Ce sont là
des paroles qui évoquent Satan rêvant de
posséder le paradis, rien que des rêves,
et c’est un discours sans commune mesure
avec le poids d’un État membre permanent
du Conseil de sécurité.
Quant aux
trois délégués réunis, ils sont apparus
comme s’ils avaient redécouvert la roue,
pointant du doigt le gouvernement syrien
qui tenterait de reprendre Alep !
Imaginez
cette formidable découverte par ces
trois membres permanents du Conseil de
sécurité, comme si Alep était une ville
de Djibouti, d’Afghanistan ou du Brésil.
Je les rassurerai aussi. Le gouvernement
syrien reprendra Alep, car si les États
membres de cette organisation
internationale ont une seule capitale,
mon pays en a deux : Damas et Alep.
Monsieur le
Président,
Si
Shakespeare et les pionniers du théâtre
de l’absurde, Jean Genet, Adamov, Kafka,
Kierkegaard, Georges Schehadé,
revenaient à la vie, ils nous
offriraient des œuvres d’une absurdité
encore plus merveilleuse qu’à l’époque,
car contrairement au Roi Lear, ils n’ont
pas eu à entendre autant de mensonges et
d’hypocrisies. C’est dire qu’aujourd’hui
le meurtrier a rejoint le cortège
funèbre de sa victime et a versé ses
larmes de crocodile.
Les trois
États ayant demandé la tenue de cette
session d’aujourd’hui, ont fait échouer,
par treize fois, l’adoption d’une
décision présidentielle condamnant les
attentats terroristes par voitures et
ceintures piégées, ou les frappes « par
erreur » de leurs forces aériennes ayant
tué des civils et des militaires
syriens. Treize fois ! Et naturellement,
ils ont empêché les tentatives de nos
amis pour l’adoption, par ce Conseil, de
résolutions condamnant le terrorisme qui
sévit en Syrie.
Mais
lorsqu’un terroriste français du nom de
Mohamed Merah s’en prend à Toulouse, les
Forces d’élite françaises le tuent de
300 balles…300 balles… et ils ont bien
fait. Mais nul n’a entendu d’autres
pays, ou nous-mêmes, qualifier ce
terroriste français d’« opposant armé
modéré ». Tel est aussi notre
comportement à l’égard des terroristes
actifs aux États-Unis et ailleurs.
Même si
l’Espagne renonçait au Pays basque, la
France à la Corse, la Grande Bretagne à
l’Écosse, les États-Unis à la Californie
ou au Texas, le Gouvernement syrien ne
renoncera jamais à un seul pouce de
notre territoire conformément à la
Constitution et aux règles du droit
international.
Monsieur le
Président,
Nous voici de
nouveau réunis au sein de ce Conseil à
la demande de nombre d’États membres,
lesquels tentent de secourir les
organisations terroristes armées qu’ils
qualifient faussement de « modérées ».
Ceci, comme à chaque fois que les
signaux indiquent leur déroute sous la
pression ininterrompue de l’Armée
syrienne et de ses alliés. Ils font
semblant d’avoir oublié l’enfant
palestinien, Abdallah Issa, égorgé sous
vos yeux, par le Mouvement Nour el-Dine
al-Zinki, lequel contrôlait avec le
Front al-Nosra le camp des réfugiés
palestiniens de Handarat à Alep.
Par
conséquent, nous pensons que la
convocation de cette réunion par ces
trois États, membres permanents du
Conseil de sécurité, est un message
adressé au Front al-Nosra, et autres
organisations terroristes apparentées,
leur signifiant que leur soutien et leur
couverture politique ne sont pas
interrompus et ne cesseront pas, et que
le terrorisme utilisé comme arme de
pression politique sur le gouvernement
syrien est toujours en vigueur.
Partant de la
responsabilité qui incombe au
gouvernement syrien de par la
Constitution, tout autant qu’à vos
gouvernements, de protéger les citoyens
contre les agissements des groupes
terroristes, dont nos citoyens à Alep
ont tant enduré, une opération militaire
a été lancée il y a deux jours par
l’Armée syrienne et ses alliés ;
autrement dit, à la fin de la prétendue
« cessation des hostilités », sept jours
après l’échec de ladite trêve [le 12
septembre suite à l’accord
russo-américain du 9 septembre ; NdT].
Et, l’Armée
syrienne soucieuse de protéger les
civils les a invités à s’éloigner des
zones de regroupement des terroristes
armés dans les quartiers est de la
ville, facilitant leur sortie après
leur avoir assuré le logement et les
nécessités d’une vie digne ; facilités
offertes à tous, y compris aux « dupés »
qui ont dirigé leurs armes contre
l’État. En revanche, les groupes
terroristes armés ont continué à
empêcher la sortie des civils d’Alep
est, dans le but d’en faire des
boucliers humains.
Ceci, en
sachant que deux millions de citoyens
vivent encore à Alep, dont 1 725 000
dans les quartiers contrôlés par l’État
et 275 000 restés contraints et forcés à
Alep est, contrôlée par le Front al-Nosra
et ses alliés.
Mon
gouvernement condamne l’usage des armes
interdites en vertu du droit
international, et affirme que l’ensemble
des opérations miliaires menées par
l’Armée syrienne et ses alliés respecte
la Charte des Nations Unies et reste
conforme aux résolutions du Conseil de
sécurité concernant la lutte contre le
terrorisme.
Dans le même
ordre d’idées, mon gouvernement dénonce
les accusations mensongères, portées par
certains membres de ce Conseil et des
hauts fonctionnaires du Secrétariat
général, contre l’Armée syrienne et ses
alliés quant à leur prétendu usage
d’armes internationalement interdites ou
d’attaques délibérés contre des civils.
Ce genre de
faux témoignages de la part de hauts
fonctionnaires du Secrétariat général
ramènera cette organisation
internationale au triste sort de la
Société des Nations. Une telle conduite
irresponsable conduira à son échec et à
sa faillite.
Il est
vraiment étonnant que le Secrétaire
général et sa hiérarchie d’assistants
s’acharnent à formuler ces fausses
accusations fondées sur de faux
témoignages, pendant qu’ils continuent à
faire mine d’ignorer des faits
véridiques concernant l’utilisation, des
dizaines de fois, d’armes chimiques
contre les civils et les militaires par
les groupes armés terroristes, notamment
Daech qui a fait main basse sur une
usine de fabrication de chlore située à
quarante kilomètres d’Alep.
Je viens de
recevoir à l’instant des informations
excessivement inquiétantes. Elles se
résument à dire que les terroristes de
la mouvance « Ahrar al-Cham » ont
l’intention de mener des attaques au
phosphore jaune, pour ensuite accuser
l’État syrien de l’avoir utilisé contre
les civils. Ils porteront la tenue
régulière de l’Armée syrienne et
diffuseront photos et vidéos, exactement
comme ils ont procédé pour l’enfant « Oumrane »
et d’autres victimes de leur terrorisme,
afin de nourrir la propagande et vous
faire chanter, vous et l’opinion
publique internationale. L’essentiel est
que ces produits chimiques sont
entreposés dans six barils, cachés à une
profondeur de douze mètres sous un
enfouissement d’ordures au nord de la
ville de Sarakeb, elle-même située au
nord d’Alep et à vingt kilomètres de
Idleb. De plus, le 6 septembre dernier,
deux spécialistes américaines ont visité
les lieux avant de se rendre en Turquie.
Ce rapport
est à la disposition du Conseil de
sécurité comme les dizaines de lettres
concernant l’utilisation d’armes
chimiques par les groupes terroristes en
mon pays, que nous vous avons
transmises.
[…]
Monsieur le
Président,
Tous doivent
réaliser que la véritable guerre contre
le terrorisme n’a pas encore commencé et
que la victoire de la Syrie et de ses
alliés est devant nous. C’est
inévitable. Cette victoire versera dans
l’intérêt des résolutions adoptées par
ce Conseil pour la lutte contre le
terrorisme et la paix du monde.
Je voudrais
terminer en vous signalant
qu’aujourd’hui, les Forces aériennes
syriennes ont parachuté des aides aux
habitants de la ville de Deir ez-Zor,
laquelle est désormais la victime de
Daech, depuis que les Forces aériennes
américaines ont frappé les positions de
l’Armée syrienne protégeant cette ville.
Quant aux
terroristes invités aux réunions de
Genève, lesquels ont été écartés après
les réunions précédentes parce que tout
le monde s’est rendu compte qu’ils
étaient des terroristes, il faut savoir
que le gouvernement syrien se rendra à
Genève, mais pour un dialogue entre
Syriens et non pour un dialogue entre
Syriens et terroristes.
C’est
pourquoi nous aurions besoin que
l’Émissaire spécial de l’ONU réunisse
« toutes les oppositions » en une
délégation unique, laquelle pourrait
alors négocier avec la délégation de la
République arabe syrienne. Nous ne
sommes pas disposés à négocier avec des
terroristes, ni avec les centaines de
factions terroristes armées et
génétiquement modifiées pour la
circonstance.
En tant que
gouvernement, nous sommes prêts à
dialoguer avec une délégation unique
d’opposants patriotes qui veulent une
solution entre Syriens, sans aucune
ingérence étrangère. Car nous ne
considérons absolument pas que tous les
opposants et toutes les oppositions sont
des terroristes, comme l’a suggéré
Monsieur l’Émissaire spécial. Nous
voulons dialoguer avec ceux qui ont foi
en notre pays et en leur identité
syrienne.
J’affirme,
encore une fois, que le gouvernement de
la République arabe syrienne est
toujours disposé à retourner à Genève
pour poursuivre le dialogue, mais pas un
dialogue avec des aveugles, des sourds
ou des muets. Nous voulons poursuivre le
dialogue avec des Syriens patriotes,
comme nous ; des Syriens qui ne
travaillent pas pour des agendas
étrangers et qui ne logent pas dans les
hôtels cinq étoiles, encaissant leurs
salaires de mains étrangères qui les
utilisent pour exécuter leurs basses
besognes.
Merci,
Monsieur le Président.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué permanent de la
Syrie auprès des Nations Unies
25/09/2016
Source :
Vidéo / Al-Fadaiya [Syrie]
https://www.facebook.com/seyasi/videos/1140445206031495/
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
[*] Nous sommes passés d’une guerre par
procuration à une vraie guerre !
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.mouna_alno-nakhal.250916.htm
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|