Syrie
Astana 6 : Aux garants russe et
iranien de
tester l’engagement du garant turc…
Conférence de presse du Dr Bachar
al-Jaafari
Samedi 16 septembre 2017
Bonsoir à vous tous,
Aujourd’hui,
la sixième session des réunions d’Astana
s’est conclue avec succès. Nombre de
documents ont été approuvés, notamment
le document relatif à la création d’une
zone de désescalade dans la province
d’Idlib [*].
Après
consultation du gouvernement syrien par
les parties russe et iranienne, les
« garants » se sont mis d’accord sur les
modalités permettant d’inclure cette
région en tant que quatrième zone de
désescalade [les trois autres étant
situées dans la province de Daraa, la
province de Homs et la Ghouta orientale
autour de Damas ; NdT].
En Syrie,
nous approuvons toute initiative pouvant
arrêter l’effusion du sang des Syriens
et soulager leur souffrance, où qu’ils
se trouvent.
Ici, je ne
peux que rendre hommage aux victoires de
nos forces armées à Deir ez-Zor assiégée
par les terroristes depuis trois ans,
victoires remportées avec le soutien des
forces amies et alliées. En effet, la
percée du siège de cette ville
résistante et la libération des nôtres
sont d’une importance capitale,
militaire et humaine à la fois, étant
donné que les convois affluent
maintenant vers ses habitants inondant
ses marchés de toutes les denrées et
médicaments susceptibles d’atténuer leur
souffrance.
Les victoires
de nos forces armées contre
l’organisation terroriste Daech sur de
nombreux fronts en territoire syrien
confirment la détermination de la
République arabe syrienne à libérer
toute la terre syrienne de toutes les
organisations terroristes armées, où
qu'elles se trouvent.
Si vous avez
des questions je suis à votre
disposition.
Question
1 : Quelles sont les garanties avancées
pour que cet accord se concrétise ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Merci pour
avoir posé cette importante question.
Les trois pays [Russie, Iran, Turquie]
qui se sont mis d'accord sur le
communiqué final d’Astana 6 se désignent
en tant qu’« États garants »,
c'est-à-dire que leurs gouvernements
sont les garants de l’exécution de cet
accord. Naturellement, comme l’a déclaré
le ministre kazakh des Affaires
étrangères, le communiqué démarre par
leur engagement à respecter l'intégrité
territoriale, la souveraineté et
l'indépendance politique de la Syrie.
Ce ne sont
pas seulement des mots, mais des
expressions légales avec une connotation
politique sur le terrain. Autrement dit,
chacun de ces trois gouvernements est
concerné par l’application de ces
termes, exactement comme ce fut le cas
pour le communiqué final d’Astana 1
officiellement adopté à New York.
Ce communiqué
est un test pour toutes les parties qui
continuent à parier sur le terrorisme en
l’utilisant comme arme politique afin de
faire pression sur la Syrie. Nous
verrons qui le réussira et qui le ratera
en fonction de son application pratique
sur le terrain.
Question
2 (difficilement audible) : Concernant
Idlib, comment les États garants
pourraient-ils assurer la sécurité des
civils alors que nombre d’opposants
armés et de groupes terroristes liés à
Al-Qaïda y opèrent ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Les
groupes de l’opposition armée ayant
rejoint cette réunion d’Astana 6 seront
dans l’obligation de combattre Daech, le
Front al-Nosra et les autres groupes
terroristes apparentés, à l’intérieur et
à l’extérieur des zones de désescalade.
Par
conséquent, la réponse est que les trois
garants ainsi que les groupes de
l’opposition armée ayant accepté de se
joindre à cette réunion et à son
communiqué final sont tous requis pour
continuer à combattre les terroristes de
Daech, du Front al-Nosra et des groupes
terroristes apparentés ayant refusé le
cessez-le-feu proposé par les trois
garants.
Question 3
(difficilement audible) : Concernant la
sécurité des civils dans ces zones de
désescalade, il sera très difficile de
distinguer entre zones civiles et zones
terroristes. Pourriez-vous nous
expliquer comment vous relèveriez ce
défi ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Durant
sept années, nous avons tous été
confrontés à cette tragédie… à cette
dure réalité. Néanmoins, il revient aux
militaires de décider des mécanismes de
mise en œuvre de cet accord, parce
qu’ils connaissent les cartes et peuvent
nous dire comment distinguer les civils
innocents des terroristes.
À ce propos,
j’aimerais attirer votre aimable
attention sur le fait que pendant tout
ce temps, avec les Russes, les Iraniens
et tous nos amis, nous n’avons cessé de
demander à la partie américaine de nous
aider à séparer entre ces deux
catégories. Nous avons sollicité cette
aide pendant des années sans jamais
l’obtenir.
Maintenant,
comme je viens de le dire, ce test
montrera le niveau de détermination de
chacun à respecter l’engagement contenu
dans le communiqué final d’aujourd’hui,
y compris les Américains, les Turcs, les
Saoudiens, les Qataris, les Jordaniens,
les Israéliens… [ce qui n’est pas
précisé dans le communiqué final ; Ndt].
Tous devront faire en sorte que cet
engagement devienne réalité. Telle est
ma réponse à votre question.
Question
4 : Cette fois-ci, avez-vous constaté un
engagement plus sérieux de la part de
certains États ? Concernant les zones de
désescalade, si le sujet des frontières
avec la Turquie n’a pas été abordé,
comment rester confiant quant à son
engagement à respecter ce contrat ?
Avez-vous une idée précise sur vos
frontières avec la Turquie ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Je vous
remercie de poser cette question. Elle
est importante.
Les forces
étrangères présentes sur le sol syrien
sans le consentement du gouvernement
syrien sont illégitimes dans tous les
sens de ce terme. Cela est clairement
affirmé dans les textes des résolutions
adoptées par le Conseil de sécurité,
dans le communiqué final d’Astana 1, et
vient d’être réaffirmé par le communiqué
final commun, lu à l’instant par le
ministre kazakh des Affaires
étrangères ; lequel, une fois de plus,
s’engage à respecter l'intégrité
territoriale, la souveraineté et
l'indépendance politique de la Syrie.
Encore une
fois, il ne s’agit pas de littérature
mais de décisions politiques applicables
non seulement à la Turquie, mais à tous
les gouvernements qui envoient
illégalement des forces militaires ou
soutiennent les terroristes ou en Syrie.
Concernant le
gouvernement turc, ce sera aux deux
autres garants russe et iranien
d’évaluer son sérieux quant à
l’application des termes de cet accord;
lequel, comme vous le savez, n’est
valable que pour une durée de six mois
et n’est automatiquement renouvelable
qu’en cas d’accord entre les pays
garants. Le gouvernement syrien sera
vigilant 24h/24 et se prononcera sur
cette question en fonction de ce qu’il
observera sur le terrain.
Question 5
[inaudible, en rapport avec le dernier
discours du Président Al-Assad devant le
corps diplomatique syrien] ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Votre
question est contradictoire… Je répète
que toute présence militaire étrangère,
qu’elle soit américaine, turque,
britannique ou française, qu’elle vienne
de Vénus, de Saturne ou de Jupiter, est
illégale en vertu du droit
international. En Syrie, il n'y a pas de
place pour des bases militaires
étrangères sans le consentement du
gouvernement syrien.
Question
6 : Il a été dit que la Chine, le Liban,
l’Irak et les Émirats arabes unis
pourraient éventuellement se joindre à
la prochaine réunion d’Astana
[possibilité évoquée la veille
par le chef de la délégation russe à
Astana, M. Alexander Lavrentiev ; Ndt].
En quoi ce serait important et quels en
seront les effets?
Dr Bachar
al-Jaafari : Le
processus d'Astana a été couronné de
succès. C’est l’unique plate-forme qui a
réussi. C’est pourquoi certaines
capitales s’y intéressent et souhaitent
le rejoindre. Mais la question de
l'adhésion de plus de pays est à
discuter au sein de leurs capitales, non
ici. À chacune de ces capitales de
prendre la bonne décision à cet égard.
Je vous
remercie.
Dr Bachar
al-Jaafari
Chef de la
délégation du gouvernement syrien à
Astana
15/09/2017
Source :
vidéo Al-Akhbariya TV (Syrie)
https://www.youtube.com/watch?v=zlyrMMQUaeo&feature=youtu.be
[*] Pour
plus de détails, lire : « Moscou,
Ankara et Téhéran déploient des forces
de contrôle en Syrie »
https://fr.sputniknews.com/international/201709151033060500-russie-turquie-iran-syrie-zone-desescalade-idlib-forces/
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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