Syrie
Syrie /
Une autre étape transitoire
de la guerre terroriste
Bouthaïna
Chaabane
Vendredi 7 septembre 2018
En Syrie, ne pas spécifier la
religion d’un citoyen est une question
de tact et de coutume, sans doute parce
que, dans le subconscient collectif, la
citoyenneté syrienne est et doit rester
l’identité fondamentale. Il suffit de
remarquer que lorsque pour la nécessité
de l’information, un journaliste ou un
intervenant, quel qu’il soit, est amené
à la préciser, à la radio ou à la
Télévision, il présente systématiquement
ses excuses.
C’est
ainsi que nous entendons parler du
massacre des gens de Sweida, non des
druzes ; du calvaire des gens de Foua et
de Kafraya, non des chiites ; de
l’expropriation des gens de la région
d’Al-Jazira au nord-est de la Syrie, non
des chrétiens assyriens ; de l’exode des
villages frontaliers avec la Turquie,
non des chrétiens arméniens. De même,
les longues listes des victimes des
attaques terroristes ne précisent jamais
qu’il s’agit souvent d’une grande
majorité de musulmans sunnites ou
alaouites.
Aujourd’hui, les Syriens ont bien
compris que leur précieuse mosaïque
religieuse, considérée depuis des
siècles comme une source de richesse à
nulle autre pareille, dérange les
obscurantistes et les colonisateurs au
point qu’à défaut de pouvoir
l’exploiter, ils préfèrent la détruire.
Pour cela,
l’Occident humaniste et civilisé a
inventé les concepts de soutien dû aux
« minorités », de gouvernements
« inclusifs », de la nécessaire
fédéralisation en raison de la
« diversité ethnique ou religieuse »,
sans parler de sa sacro-sainte
« responsabilité de protéger » partout
où il compte diviser ou a déjà divisé,
cassé et détruit. Autant de concepts que
l’Occident ne songerait même pas à
appliquer dans les pays qui le composent
et certainement pas parce que la
religion y est devenu chose négligeable,
les néo-évangélistes américains étant
l’exemple le plus frappant lorsqu’il
s’agit de justifier les raisons de leur
sionisme militant.
À notre
connaissance, Madame Bouthaïna Chaabane
est l’une des rares personnalités
politiques syriennes à briser la règle
en parlant clairement de ces Syriens
assyriens et arméniens, massacrés ou
poussés à l’exode par cette infâme
guerre terroriste, que certains se
contenteraient de mettre sur le compte
des seuls « takfiristes ». Ce serait
oublier que les États-Unis sont les
premiers responsables de l’exode massive
des Chrétiens d’Irak et de la
destruction des vestiges de leur
civilisation datant de l’époque
pré-islamiste, avant de s’en prendre aux
Chrétiens de Syrie via leurs prétendus
rebelles radicaux ou modérés... [NdT].
À chaque
succès remporté par l’Armée syrienne et
ses alliés sur le terrorisme, à chaque
occasion susceptible de mettre fin à
l’agression terroriste contre la Syrie,
de favoriser le retour de l’État dans
toutes les régions du pays et la reprise
d’une vie normale par le peuple syrien,
la mentalité occidentale colonialiste
imagine de nouveaux scénarios et de
nouvelles attaques visant globalement à
exténuer le peuple syrien et à tenter de
modifier sa conscience et sa volonté ;
ce qu’elle n’a pu réaliser malgré les
milliers de terroristes qu’elle a
acheminés, financés, armés, dirigés, et
malgré tous les médias occidentaux et
saoudiens mobilisés en leur faveur.
C’est à
partir de ce constat que nous pouvons
comprendre les missions « pratiques »
confiées à James Franklin, l’ambassadeur
spécial des États-Unis en Syrie, pour
lequel le problème syrien se discute
avec la Turquie en tant que principal
soutien du terrorisme en Syrie, ainsi
que par la réaffirmation du retrait
obligé de l’Iran et de ses forces
alliées comme l’exige Israël.
Ceci,
pendant que les États-Unis consolident
leur occupation du territoire syrien par
la création de nouvelles bases et le
renforcement des bases déjà édifiées
dans la ville d’Al-Chaddadi et ses
environs, tandis que William Rupak, un
autre ambassadeur des États-Unis chargé
de soutenir le terrorisme, mène ses
tournées au sud de Hassaké dans le but
de recruter quelques nouveaux agents en
leur faisant croire que l'occupant
américain leur assurera l’aide et la
protection nécessaires. D’où ses visites
aux régions occupées par les Américains
à Raqqa, Manbej, Al-Tabaqa et ses
rencontres avec lesdits « conseils
civils » dans la région.
La lecture
attentive des déclarations du secrétaire
américain à la Défense, James Mattis,
révèle les véritables intentions
américaines derrière cet afflux
d'émissaires américains en Syrie. Une
véritable armée d'ambassadeurs, de
conseillers et de diplomates travaillant
à créer, sur le terrain, les conditions
de la prolongation de la guerre et du
recrutement de quelques traîtres, agents
et mercenaires susceptibles de réussir
là où des terroristes organisés,
soutenus, financés et armés par les
renseignements américains, israéliens,
saoudiens et turcs ont échoué.
En effet,
lors de sa conférence de presse au
Pentagone, le 28 août dernier, Mattis a
déclaré : « Notre objectif consiste à
modifier le cours de la crise syrienne
dans le cadre du processus de Genève,
afin que le peuple syrien puisse choisir
un gouvernement qui ne soit pas dirigé
par Bachar al-Assad ». Comme si
Mattis s'était auto-désigné tuteur du
peuple syrien et, par conséquent,
pouvait lui dicter le permis et
l’interdit, ses choix étant clairement
réduits à des diktats colonialistes
enrobés dans un langage signifiant le
contraire de ce qui est dit.
Mattis a
ensuite décidé de décrire la guerre
terroriste menée en Syrie par son pays
et ses alliés occidentaux et régionaux,
comme « une guerre civile là où Assad
ne doit avoir aucun avenir dans
n’importe quelle solution future »,
ajoutant que « si la population
locale réussit à assurer sa sécurité,
nous pourrons commencer à réduire nos
forces ».
Autrement
dit : si son envoyé spécial réussit à
recruter, parmi la population locale,
des mercenaires disposés à obéir de
telle sorte que les États-Unis puissent
mettre à exécution leurs projets avec
des outils locaux conférant à leur
ingérence un caractère civil plutôt que
terroriste, ils pourront se retirer en
comptant sur les nouvelles recrues
plutôt que sur les ex-recrues de chez
Daech et du Front al-Nosra [Al-Qaïda].
S’ajoutent à
tout ce qui précède la bassesse de la
campagne fabriquée de toutes pièces à
propos de prétendues intentions [du
gouvernement syrien] d’utiliser des
armes chimiques, ainsi que la frénésie
des déclarations orchestrées par le
Premier ministre de l'entité sioniste
sur le danger de la présence de l’Iran
venu soutenir le peuple syrien. L’Iran,
ennemi d’Israël, qui devrait
nécessairement quitter la Syrie pour
qu’Israël, l'Arabie saoudite et la
Turquie puissent disposer à leur guise
du peuple syrien et de la Syrie !
D’ailleurs,
c’est ce dernier contexte qui nous
permet de comprendre les véritables
motifs de la fermeture des écoles
enseignant les programmes du Ministère
syrien de l’Éducation dans la région
d’Al-Jazira [région nord-est de la
Syrie], et de la fermeture des églises
avec les tentatives poussant à l’exode
certaines composantes fondamentales du
peuple syrien, tels les Syriaques et les
Arméniens, les premiers habitants et les
propriétaires historiques de cette
terre.
Des citoyens
syriens dont la réponse à ces mesures
coercitives menées par des organisations
racistes, dirigées par les États-Unis,
fut décisive lorsqu’ils manifestèrent
massivement, brandissant le drapeau
arabe syrien, rouvrant les écoles,
risquant leur vie, affrontant ceux qui
les menaçaient de leurs armes de vendus.
Telle est la
réponse à cette « autre étape
transitoire » de la guerre terroriste
américaine contre la Syrie : ancrage
ferme à cette terre syrienne ;
attachement plus fort que jamais au
drapeau de la République arabe syrienne
et à l’unité du peuple arabe syrien ;
choix existentiel de rester libre,
indépendant, défenseur et résistant ;
refus de toute division sectaire,
ethnique, confessionnelle ou religieuse
sans aucun rapport avec la civilisation,
le passé ou le présent du peuple syrien.
L'attachement
des Syriens à chaque région de leur
pays, leurs choix nationaux, leurs
réponses individuelles à tous ceux qui
convoitent notre terre, notre histoire,
notre présent et l’avenir de nos futures
générations, sont autant d’actes de
résistance à l’ennemi sioniste et à ses
divers agissements. Qu’ils soient
soufflés par les Américains, leurs
agents saoudiens, turcs ou autres
membres de l’OTAN, leur principal
objectif est de faire en sorte que la
guerre terroriste contre la Syrie se
poursuive jusqu’à ce que les objectifs
israéliens fixés pour cette guerre, sale
et criminelle, soient atteints. Ce qui
n’arrivera pas, car l’équilibre des
forces de la Résistance alliées du
peuple syrien a fait échouer tous les
plans ennemis, cette guerre terroriste
ayant révélé leurs mensonges et leurs
convoitises qui ne trompent plus
personne.
Et voici
Mattis qui, dans la même conférence de
presse précédemment mentionnée, nous
éclaire sur les raisons de l’inquiétude
israélienne lorsqu’il dit : « L’Iran
a été prévenu que nous ne tolérerons pas
qu’il sème plus de problèmes
dans toute la région, que ce
soit ce qu’il fait avec Assad, que ce
soit les menaces de fermeture du détroit
d’Hormuz, que ce soit son soutien aux
rebelles Houthis au Yémen, lesquels
tirent des missiles sur l’Arabie
Saoudite ! »
Pour eux, le
meilleur indicateur du règlement des
problèmes dans la région est la
soumission à la volonté américaine et à
l’hégémonie israélienne. Ce qui est
désormais impossible devant la
résistance mythique du peuple arabe
syrien et sa victoire, avec le soutien
de ses alliés et amis, face à la pire
agression coloniale ourdie par ses
ennemis au cours de son histoire
moderne.
C’est
pourquoi, cette autre étape transitoire
de la furieuse guerre terroriste sur le
plan diplomatique se conclura, encore
une fois, sans réaliser les objectifs
qu’ils espéraient. La volonté du peuple
arabe syrien se révélera plus forte que
toutes leurs flottes et toutes leurs
tentatives de réprimer la liberté des
peuples par le terrorisme ou par le
recours aux vendus à pas cher et aux
traîtres.
Finalement,
tout ce vacarme qu’ils nourrissent
indique leur conscience du fait que la
réalité est désormais hors de leur
contrôle et de leur volonté.
Dr
Bouthaïna Chaabane
Conseillère
politique et médiatique de la Présidence
03/09/2018
Traduction
de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source :
Syria-Now
https://syrianownews.com/index.php?d=12&id=16737
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