Actualité
La Syrie face au défunt Droit
international
et à la défunte Charte de l’ONU
Bachar al-Jaafari
Lundi 3 août 2020
La Syrie face au défunt Droit
international et à la défunte Charte de
l’ONU ? C’est là un titre extrait de
l’intervention du Dr Bachar al-Jaafari,
mercredi dernier, devant le Conseil de
sécurité frappé de réunionite aigue,
maintenant que les visioconférences
permettent aux délégués des
gouvernements hostiles à la Syrie de se
hâter par un simple clic, pour plus de
vingt fois sur le métier remettre leur
ouvrage.
Un ouvrage de sape des règles
et des lois de l’humanité, désormais
démasqué par la résistance héroïque de
la Syrie, dont la charte souveraine est
celle de son indépendance rédigée et
défendue par son Peuple et son Armée.
Comment le dire autrement
lorsqu’en dépit de tous les crimes
commis contre le peuple syrien, les
représentants de certains États membres
du Conseil de sécurité passent, jour
après jour et à tour de rôle d’un projet
de résolution à un autre, pour
prétendument acheminer leurs aides
humanitaires vers des civils syriens
toujours étranglés par leurs propres
sanctions économiques coercitives
unilatérales ? Des sanctions arbitraires
imposées à tout un peuple faute d’avoir
obtenu ce qu’ils voulaient par la guerre
directe ou indirecte, allant jusqu’à
inclure récemment le fils du président
Bachar al-Assad, né en 2001 !
Ceux qui voudraient découvrir
les prétextes sans cesse exploités pour
nourrir les mensonges et prolonger le
calvaire des Syriens, pourront lire le
compte rendu du « document non
officiel » destiné aux organes
d’information sur le site de l’ONU en
langue française [1]. À l’heure où nous
achevons cette traduction en ce 3 août
2020, l’intervention ci-dessous du Dr
Bachar al-Jaafari, intégrale ou résumée,
n’est toujours pas incluse dans le
compte-rendu précté. Honni soit qui mal
y pense… [NdT].
Monsieur le Président,
Lors de nos précédentes
déclarations devant le Conseil de
sécurité, nous avons souvent utilisé une
expression diplomatique commune pour
attirer l’attention de nos collègues,
membres de ce Conseil, sur l’ingérence
étrangère flagrante dans nos affaires
intérieures ; celle d’« un éléphant
enragé qui écrase tout sur son
passage ».
Aujourd'hui, nous remplaçons cette
métaphore diplomatique par une autre
plus expressive dans l’espoir que le
Conseil se réveille et finisse par
réaliser qu'il s’agit d’un « monstre »
enragé qui a pour nom l'occupation
américaine dans la région d'Al-Tanf et
dans le nord de la Syrie, un autre
monstre turc infestant
le nord, ainsi qu’un monstre terroriste
coincé à Idleb et soutenu par certains
États membres de ce Conseil.
Autant de
territoires syriens
où les civils souffrent aux niveaux
humain, politique et économique, vu
qu’au dessus de tous ces monstres il y a
leur parrain à tous : celui des mesures
coercitives unilatérales européennes et
américaines.
Monsieur le Président,
Il n’a pas
suffi aux gouvernements des pays
hostiles à mon pays de commettre de
graves violations des principes du
défunt droit international et des
dispositions de la défunte Charte des
Nations Unies.
Il n’a pas
suffi à ces gouvernements de commettre
des milliers de crimes contre le peuple
syrien, tels l’occupation des terres, la
provocation d’une famine, le pillage des
ressources, l’imposition de blocus et de
mesures coercitives unilatérales en plus
du soutien accordé aux groupes de
terroristes barbares.
Il n’a pas
suffi à ces gouvernements hostiles de
soutenir les pratiques illégales,
immorales, sans foi ni loi du régime
d’Erdogan ; parmi lesquelles, les
agressions, l’occupation, les
déplacements de populations, les
changements démographiques, les
recrutements de mercenaires et de
terroristes. Nous savons tous ce qui se
passe actuellement quant aux forces
d’appui parties d’Idleb vers la Libye…
Pour
couronner ce qui précède, ces
gouvernements hostiles ont lancé des
attaques contre des avions civils
traversant l’espace aérien syrien, en
violation flagrante du droit
international, des règles régissant
l'aviation civile internationale et de
la Convention de Chicago. Ainsi, il y a
quelques jours [Jeudi 23 juillet], des
avions de combat américains ont attaqué
un vol civil transportant des voyageurs
de Téhéran à Beyrouth au-dessus de
l'espace aérien syrien.
Cet acte
d’agression pour « intimidation » n'est
pas le premier du genre, vu que c’est là
une simple réplique éhontée d’attaques
israéliennes répétées à plusieurs
occasions, comme ce fut le cas lorsque
des avions militaires israéliens se sont
protégés derrière des avions civils
russes ou syriens, alors qu’ils
attaquaient mon pays, totalement
indifférents au fait d’utiliser des
passagers civils comme boucliers humains
et au sort de ces passagers. Ils ont
aussi grandement menacé l'aviation
civile internationale, notamment dans
l’espace aérien libanais utilisé de
façon répétée par Israël pour lancer ses
attaques contre le territoire syrien,
comme cela est décrit dans des dizaines
de lettres officielles adressées
par le gouvernement de mon pays et le
gouvernement libanais à votre estimé
conseil.
Par
conséquent, ceux qui ont perpétré de
tels actes ont clairement échoué à
l’examen du droit international. Ceux-là
ne peuvent jamais être crédibles face à
un examen humanitaire et n’ont pas le
droit de parler de questions
humanitaires.
Dès le début
du mois de juillet, le Conseil de
sécurité a été témoin d’efforts fébriles
destinés à étendre la résolution 2165
(2014) portant sur les activités
transfrontalières dont l'adoption devait
être une procédure exceptionnelle,
temporaire, ne pouvant être maintenue
[pour les détails : [2]]. Ces efforts
ont été accompagnés de la tenue de
nombreuses sessions du Conseil de
sécurité ouvertes ou à huis clos,
lesquelles ont conduit à 9 tours de
scrutin [dont 2 double-veto sino-russes
portant à 10 le total des veto de la
Chine et à 16 le total des veto de la
Russie depuis 2011, contre des
résolutions particulièrement dangereuses
pour la Syrie ; NdT].
Bien sûr, le
motif de l’extension de cette résolution
2165 (2014) n'est pas d’acheminer une
aide humanitaire aux Syriens dans le
besoin. Le vrai motif est de trouver un
prétexte permettant de continuer à
violer la souveraineté de la Syrie et à
menacer l'unité et l'intégrité de son
territoire, en totale contradiction avec
la résolution de référence 46/182
de l'Assemblée générale. Et ce, en
tentant de créer de nouvelles réalités
sur le terrain par le soutien ainsi
accordé aux organisations terroristes,
aux milices séparatistes et aussi, aux
deux occupations territoriales
américaine et turque.
Concernant la
résolution précitée, ma délégation
réaffirme que le centre de l'action
humanitaire en faveur de la Syrie est la
capitale syrienne, Damas, la plus
vieille ville encore habitée en ce
monde, et non Gaziantep en Turquie,
Bruxelles en Belgique, Berlin en
Allemagne, Paris en France, ou ailleurs.
Ce sont principalement les institutions
étatiques syriennes, les alliés et les
partenaires humanitaires qui assument la
responsabilité de fournir soutien,
services et assistance humanitaire aux
Syriens.
Ma délégation
souligne le fait que l'aide
transfrontalière n'est pas parvenue aux
Syriens dans le besoin. Un minimum
d’aide a été acheminé vers les civils
syriens pour juste couvrir l’envoi de
l’aide humanitaire destinée au soutien
des organisations terroristes et des
milices séparatistes, obtenir des fonds,
s’assurer des allégeances et maintenir
le statu quo.
Vous avez
tous entendu parler -et mon collègue
britannique peut vous le confirmer- de
l’incident révélateur rapporté dans un
article publié par le quotidien
néerlandais de Volkskrant,
signifiant « le Journal du Peuple ». Il
a révélé que l’agent britannique James
Le Mesurier, fondateur de l'organisation
terroriste desdits « Casques blancs », a
dérobé 50 millions de dollars offerts
par des donateurs. Ceci est
naturellement la partie visible de
l’iceberg et l’un des modèles de
financement indirect du terrorisme sous
couvert d’actions humanitaires.
Monsieur le
Président,
OCHA [le
Bureau de la coordination des affaires
humanitaires de l’ONU] n’a pas réussi à
satisfaire aux exigences de son rôle
humanitaire, ni à assurer sa
transparence, son professionnalisme et
sa non-politisation. Et cela du fait
qu’il est devenu un outil au service des
agendas de certains gouvernements
hostiles à mon pays et a transformé ses
rapports en une plateforme pour la
promotion d’allégations trompeuses.
Je
vous ai informés à maintes reprises du
fait que le secteur de la santé en Syrie
souffrait d'une grave pénurie en
médicaments, fils de suture, matériels
chirurgicaux et matériels médicaux de
base, en raison des mesures coercitives
inhumaines imposées au peuple syrien.
Des mesures qui vont jusqu’à interdire
l’importation de poches de plasma
sanguin « vides ». Je répète : de poches
de plasma sanguin vides !
Et, les organisations des Nations Unies,
en Syrie, se sont abstenues de les
fournir malgré le besoin urgent des
hôpitaux et des centres médicaux
syriens, notamment en plein combat
contre la Covid-19.
N’est-ce pas
honteux ? C’est honteux. Que fait l’OCHA
à ce sujet ? Où se situe-t-il vis-à-vis
des appels du Secrétaire général et de
son envoyé spécial à lever les mesures
coercitives, alors qu’il prétend
toujours que sa seule préoccupation est
humanitaire ?
Les
délégations des pays occidentaux ont
empêché toute tentative cherchant à
inclure dans le projet de la résolution
2533 [adoptée le 11 juillet 2020 ;[3]]
une quelconque référence aux mesures
coercitives unilatérales et toute
demande au Secrétariat d'un rapport ou
même d'informations sur les effets de
ces mesures sur la vie quotidienne de
millions de Syriens et leur accès aux
besoins essentiels.
Comportement
qui prouve, une fois de plus, le
caractère mensonger des allégations
soutenues par les délégations de pays
occidentaux au sein de ce Conseil, selon
lesquelles les mesures coercitives
unilatérales ne visent pas les civils
syriens et prévoient des dérogations
humanitaires et médicales.
Monsieur le
Président,
Ceux qui revendiquent la défense de
questions humanitaires doivent regarder
les faits tels qu'ils sont, non tels
qu’ils sont présentés dans des agendas,
par définition, hostiles à mon pays. À
ce propos, permettez que je rappelle
brièvement les points suivants en
rapport avec les
efforts déployés par la Syrie en la
matière :
-
Le 14 avril 2020, le
gouvernement de mon pays a informé
les Nations Unies qu’il était
disposé à faciliter l’acheminement
d’un convoi d'aide humanitaire vers
la ville d’Atareb et ses environs
dans le nord-ouest de la Syrie.
Aujourd'hui, cent jours après, OCHA
n'a toujours rien entrepris pour la
livraison de ce convoi. Merci
Monsieur Lowcock ! [Secrétaire
général adjoint aux affaires
humanitaires et Coordonnateur des
secours d’urgence].
-
Le
gouvernement syrien a facilité la
livraison, par voie terrestre, d'une
cargaison d'aide médicale affrétée
par l'OMS, de Lattaquié vers le
nord-ouest de la Syrie. Une deuxième
cargaison, présente en Irak depuis
un moment, est aussi récemment
arrivée en Syrie ;
le gouvernement syrien ayant
facilité son transport, par voie
aérienne, de l'aéroport irakien d'Erbil
vers l'aéroport international de
Damas, avant de l’acheminer par la
route vers la région de Qamichli
dans le nord-est de la Syrie.
Ce qui réfute toute allégation
concernant l’impossibilité de livrer
l’aide transfrontalière à toutes les
régions de la République arabe
syrienne.
-
Le
gouvernement syrien a informé l’OCHA
qu'il pouvait travailler en
inter-humanitaire sur le territoire
syrien et utiliser les points de
passage officiellement désignés, y
compris le passage d'Albou-kamal
ouvert sur l'Irak, le passage de
Nassib ouvert sur la Jordanie,
l’aéroport d'Alep et l’aéroport de
Qamichli. Ce qui réfute la
nécessaire obligation du travail
humanitaire transfrontalier et même
la nécessité d’une résolution du
Conseil de sécurité. Cependant,
l’OCHA n'a rien entrepris pour
profiter de cette proposition.
Monsieur le
Président,
Ma
délégation réaffirme le contenu de la
plainte officielle adressée le 31 mai
2020 par le gouvernement syrien au
Secrétaire général des Nations Unies et
au Président du Conseil de sécurité.
Elle dénonce les pratiques de certains
gouvernements d’États membres, en
particulier les États-Unis, la
Grande-Bretagne, la France et la
Turquie ; notamment celles concernant
les mesures coercitives unilatérales
imposées par ces mêmes pays à la Syrie
et à d’autres pays, l’occupation
illégale de notre territoire, la
répression et l’assassinat délibéré de
nos citoyens.
Trois mois après, nous attendons
toujours une réponse officielle. Et à ce
propos, nous regrettons que le
porte-parole du Secrétaire général,
interrogé à trois reprises sur l’action
entreprise par son secrétariat suite à
notre plainte, ait toujours refusé de
nous répondre.
Merci, Monsieur le Président.
Dr Bachar al-Jaafari
29/07/2020
Envoyé spécial de la Syrie auprès des
Nations Unies
Traduit par Mouna Alno-Nakhal
Source : vidéo en
langue anglaise
https://www.youtube.com/watch?v=Ok_wNo3t1Sw
Notes :
[1][Syrie:
accusations « d’amoralité » et «
d’hypocrisie » au Conseil de sécurité à
propos du renouvellement du mécanisme
d’aide transfrontalière et des
conséquences des sanctions]
[2][Syrie :
Les conférences de Bruxelles ne sont que
pure propagande…]
[3][Syrie
: le Conseil de sécurité renouvelle pour
un an le mécanisme d'acheminement de
l’aide transfrontalière]
[4][Résolution
2533 (2020)]
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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