Syrie
Syrie / L'année 2018 a été
généreuse
du feu révélateur de certaines vérités…
Bouthaïna Chaabane
Jeudi 3 janvier 2019
Alors que nous faisons nos adieux
à chacun des instants, des jours et des
mois de l’année qui vient de s’écouler,
une distinction s’impose entre les
évènements qui resteront à jamais dans
nos mémoires et ceux qui tomberont
rapidement dans l’oubli comme s’ils
n’avaient jamais eu lieu.
En cela, les
événements vécus par un pays ou une
région sont comme les événements vécus
par tout individu ; certains restent
ancrés dans les mémoires à travers les
générations, jusqu’à faire partie des
déterminants qui font les patries ;
d’autres sont dispersés par les vents,
pour ne laisser aucune trace dans les
écrits et les mémoires.
Quant à nous,
bien que nous accueillions une nouvelle
année avec des sentiments mitigés de
tristesse et d’espoir, nous devrons
prendre le temps de jeter un regard
attentif sur les événements vécus, afin
de comprendre ce qui s’est réellement
passé, d’en extirper la morale et d’en
retenir les leçons. Par conséquent, à
l’adage qui dit que le temps est le vrai
guérisseur, nous pouvons ajouter que le
temps est le vrai juge ; car les
événements d’une tempête ne
s’éclaircissent jamais au moment où elle
se produit, et il n’est possible de
distinguer le futile du sérieux qu’une
fois que le temps en a découvert les
mobiles et les objectifs.
En tout cas,
une tempête de guerre terroriste menée
par les États d’une Coalition maléfique,
dans le but de détruire les Arabes au
profit d’Israël et de sa domination sur
leurs potentialités, avec le concours
financier des pays pétroliers « frères »
alors qu’elle a ciblé la Syrie, le
Yémen, la Libye, après l’Irak.
Puisse-t-elle servir à distinguer le
vrai du faux dans les actes et les
paroles et à découvrir enfin la vérité
immuable, en dépit de tous les moyens
mis à la disposition des médias pour la
déformer en inversant les réalités.
Concernant la
Syrie de ces dernières années, elle a
vécu une histoire qui devrait être
enseignée aux générations futures,
l’histoire d’un peuple inébranlable et
d’une armée héroïque face aux forces
d’une coalition de corrompus.
Et concernant
la corruption, nous nous contenterons,
ici, d’évoquer les récits des événements
sciemment falsifiés ; les fatwas des
cheikhs de la discorde wahhabite ; les
rapports quasi-quotidiens de centres du
renseignement publiés au nom de
prétendues organisations concernées par
les droits de l’homme et les sondages
d’opinion ; les soi-disant témoins
oculaires ; voire, les déclarations de
personnalités officielles, en Orient et
en Occident, que nous pensions
respectueuses de la parole donnée et
incapables de se prononcer, avec
préméditation, tels l’ignorant, le
haineux ou le menteur habitué à
sous-estimer l’Histoire des peuples et
leur intelligence innée, accumulée au
fil des siècles.
En effet, la
principale caractéristique de l’année
2018 est probablement d’avoir révélé la
nature des talents et des capacités des
gouvernants, au point que les
contemporains de grands dirigeants d’une
époque pas si lointaine n’arrivent pas à
croire que le niveau ait autant baissé,
à un moment où justement le monde entier
aspire à être dirigé par des personnes
crédibles et conscientes de leurs
responsabilités.
D’où,
probablement, le sentiment prédominant
qui laisse à penser que les personnes
ordinaires sont désormais plus attachées
que les gouvernants aux principes et aux
valeurs de leur nation. Pourquoi pas,
alors que le premier de tous les États a
réduit sa politique à l’argent, et à
rien d’autre que l’argent, se comportant
comme si aucune valeur, aucun
engagement, aucune voix ne valent plus
que le Dollar ?
Que d'autres
dirigeants aient été influencés ou non
par cette optique, nul doute qu’elle a
influencé les hommes politiques avant
d’influencer les hommes d’argent ; ce
qui l’a rendue acceptable et même
naturelle chez certains politiciens.
Mais c’est
justement cette perversion qui subira
l’épreuve du feu du temps, lequel
distingue le métal précieux de sa simple
imitation. Une épreuve qui fait qu’elle
ne peut durer que quelques années, tout
au plus, l’humanité reprenant ses
esprits, retrouvant son jugement
rationnel, donnant à chaque parole et à
chaque action leur vraie valeur. D’où
les évènements qui passeront sans
laisser de trace et les événements qui
deviendront des valeurs ajoutées,
précieuses pour l’humanité qui cherchera
à les préserver.
En d'autres
termes, ceux qui sont enracinés dans le
savoir et la terre attendent le jugement
de la Justice et de l’Histoire sur ce
qu’ils ont accompli, tandis que les
succès du moment ne satisfont et ne
motivent que les esprits faibles. Tel
est le cas de certaines déclarations
récentes, suite à l’annonce du retrait
américain de l'est de l'Euphrate, puis
aux rumeurs sur l’entrée imminente de
l'Armée syrienne dans la ville syrienne
de Manbij.
Ainsi, de
l’avis d’un membre du Congrès des
États-Unis : « L’entrée de l’Armée
syrienne dans Manbij suscite la
tristesse et constitue un désastre pour
la Turquie et Israël » ! Déclaration qui
s’accorde avec le dicton qui dit : « Si
tu sais, c’est un désastre. Si tu ne
sais pas, c’est encore plus
désastreux ». Car c’est à se demander si
cet éminent membre du Congrès sait que
Manbij est une ville syrienne et qu’il
est très naturel que l’Armée syrienne la
libère comme elle libérera, tôt ou tard,
chaque ville, chaque village et chaque
pouce du territoire syrien occupés par
des terroristes, des mercenaires et
leurs parrains respectifs ? Sait-il que
l'entité sioniste est une entité
d'occupation de la terre arabe ? Sait-il
que les forces turques présentes sur le
sol syrien sont des forces d'occupation
étrangères dont le destin est de se
confronter à la Résistance syrienne et
de quitter le pays un jour ou l’autre ?
Comment se
fait-il que des responsables américains,
installés dans leurs confortables
bureaux au-delà de l’Atlantique, se
mêlent de causes dont ils ignorent tout
et de territoires dont ils ne
connaissent rien ? Telle est la
superficialité à laquelle nous sommes
aujourd’hui confrontés. Superficialité
comparable du côté français, lequel
s’est opposé à la décision du retrait
des États-Unis avec l’espoir d’occuper
leur place, inconscient du fait que la
réalité est d’une complexité qui lui
interdit de revenir à ses rêves
coloniaux et de traduire ses paroles en
actes.
En effet,
avec le temps, les héritiers du régime
de l'après Deuxième Guerre Mondiale sont
dépassés, bien que certains ne réalisent
pas que ce régime a commencé à se
désintégrer, pensent toujours qu’ils
détiennent les facteurs de la puissance,
croient encore qu’ils sont les
vainqueurs et les colonialistes avec
lesquels le monde doit compter ; tandis
que le monde s’est libéré de tous leurs
fantasmes et que les peuples de l’Est se
sont mis en mouvement de telle sorte que
la Chine, l’Inde et la Russie devraient
se trouver au premier plan des pays de
ce monde dans les prochaines décennies.
L'année 2018
a été généreuse du feu révélateur de
certaines vérités et l’observateur
attentif pourrait facilement anticiper
les événements de l’année qui commence.
Une nouvelle année au cours de laquelle
les peuples n’accorderont peut-être plus
le même intérêt aux paroles creuses,
mais modifieront leurs critères pour se
concentrer sur les faits réels et les
personnes ayant prouvé la crédibilité de
leurs actes et de leurs paroles, ainsi
que leur respect de l’intelligence
d’autrui. Les autres tomberont telles
les feuilles des arbres en plein hiver.
Bonne année
2019 que je vous souhaite porteuse de
joie, de bien-être, de réussite et de
mille bienfaits.
Bouthaïna
Chaabane
La fille de la Terre
01/01/2019
Traduit de
l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Al-Watan
(Syrie)
http://alwatan.sy/archives/181187
Madame
Bouthaïna Chaabane est conseillère en
politique et communication du Président
Bachar al-Assad
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