Algérie Résistance
Jeffrey Blankfort: « Le principal
bénéficiaire de la désintégration de
l’Irak et de la Syrie et de l’émergence
d’ISIS a été Israël »
Mohsen Abdelmoumen
Jeffrey
Blankfort. DR.
Dimanche 31 mai 2015
English version here:https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/...
Mohsen Abdelmoumen :
Quel est le poids réel des organisations
sionistes, telles que l’AIPAC (American
Israel Public Affairs Committee) et
l’ADL (Anti-Defamation League)
dans la vie politique américaine ?
Jeffrey Blankfort :
Il est à la fois considérable et
incommensurable et leur influence se
fait sentir, sinon voir, dans chaque
secteur critique de la société
américaine. L’AIPAC et l’ADL sont
seulement les plus connus au sein d’un
réseau d’organisations politiques
puissantes qui fonctionnent pour le
compte d’Israël et définissent
efficacement les paramètres de la
politique américaine au Moyen-Orient,
bien que pendant la majorité de ses
soixante ans et plus, l’AIPAC a préféré
limiter son profil public à la classe
politique et à ceux qui la financent. Il
n’y a pas un groupe de lobbying ou une
combinaison de groupes aux États-Unis ou
ailleurs qui puissent être comparés avec
le réseau sioniste en termes de pouvoir
politique pur à tous les niveaux de
gouvernement, y compris les tribunaux.
Ce à quoi je fais allusion est,
essentiellement, l’establishment
politique juif, religieux aussi bien que
laïque, plus un certain nombre de
« think tanks » et des fondations qui ne
sont pas tous officiellement identifiés
comme juifs ou pro-Israël, même s’ils le
sont. Ils comprennent l’American
Jewish Committee, branche de la
politique étrangère de l’establishment;
le Jewish Council for Public Affairs
(JCPA); le Jewish Community
Relations Councils, branche
nationale des Conseils juifs pour les
relations communautaires à travers le
pays; le Washington Institute for
Near East Policy (TWI), qui a été
fondé par l’AIPAC en 1985 pour assumer
un rôle plus direct afin d’influencer le
Congrès et l’élaboration de la
politique; le Jewish Institute for
National Security Affairs (JINSA),
un bastion néo-conservateur que l’ancien
secrétaire d’État Colin Powell a plus
tard blâmé pour la guerre en Irak;
Foreign Policy Initiative (FPI) et
la Foundation for Defense of
Democracies (FDD), les
organisations qui ont succédé au
Project for a New American Century (PNAC)
et le Saban Forum of the Brookings
Institution, initié et financé par
l’israélo-américain Haim Saban, le plus
gros contributeur des deux Clinton, et
The Israel Project (TIP) qui
organise la propagande des médias et
comporte 25 membres du Congrès américain
à son conseil consultatif (12 sénateurs
et 13 parlementaires), pour ne citer que
les plus importants.
La plupart d’entre eux sont basés à
Washington alors que l’ADL a son bureau
principal à New York City, en face de
l’Organisation des Nations Unies. Tous,
cependant, tirent leur force de la
« base », les organisations juives qui
existent dans les villes où les Juifs
peuvent être trouvés en grand nombre,
surtout les Conseils des Relations
communautaires juives susmentionnées, et
des hommes d’affaires et des femmes
juifs fortunés, où qu’ils vivent, et qui
fonctionnent comme ambassadeurs ou
agents d’Israël au sein de leurs Etats
respectifs et des communautés locales.
Alors qu’ils constituent une minorité
de six millions de Juifs en Amérique,
soit 20 à 30 % au maximum, leurs
capacités organisationnelles, leur
dévouement à la cause sioniste et leur
empressement à utiliser leur richesse
considérable pour promouvoir ce qu’ils
perçoivent comme les intérêts d’Israël,
compensent plus qu’il n’en faut
n’importe quelle infériorité numérique
dans une nation de 300 millions
d’individus.
Le rôle de l’AIPAC est de rédiger une
législation favorisant les politiques
israéliennes et s’assurer qu’il a le
soutien à la fois des Démocrates et des
Républicains. En retour, l’AIPAC guide
des Juifs individuels et une série de
communautés d’action politique axées sur
Israël ou PACs vers les membres du
Congrès ayant le plus besoin de leurs
contributions au moment des élections,
avec un accent particulier sur ceux qui
siègent dans les comités impliqués soit
dans l’établissement des niveaux de
l’aide étrangère ou dans le conseil sur
la politique étrangère à la Maison
Blanche.
Chaque année, la conférence nationale
de l’AIPAC à Washington DC est le plus
grand événement de la saison politique.
Entre la moitié et les deux tiers des
membres du Congrès y assistent
habituellement et leurs noms sont
mentionnés comme s’ils étaient sur un
tableau d’honneur afin d’attirer
l’attention des bailleurs de fonds
potentiels. En outre, les branches de
l’AIPAC dans les grandes villes
organisent des déjeuners et des dîners
huppés pour les politiciens locaux, tels
que des maires, des superviseurs, des
membres du conseil municipal, des chefs
de police, des responsables de l’école,
etc., où un grand orateur prend la
parole, généralement un gouverneur ou un
sénateur d’un autre Etat, ce dont la
presse n’est ni avisée ou invitée.
Au cours des mois suivants, les JCRCs
locales ou d’autres organisations juives
vont envoyer en voyage de groupe, tous
frais payés, certains de ces
responsables locaux en Israël où ils
rencontreront le Premier ministre, le
Président, le chef d’Etat-major, où ils
visiteront le Musée de l’Holocauste Yad
Vashem, et feront un tour des colonies,
accompagnés de riches hommes d’affaires
juifs dont ils peuvent attendre plus
tard de l’ »aide » dans la poursuite de
leurs carrières politiques.
Les voyages en Israël par les membres
du Congrès sont payés par la Fondation
American Israel Education (AIEF), une
organisation exonérée d’impôt gérée par
l’AIPAC qui prétend être un organisme de
bienfaisance, mais est simplement une
organisation de façade conçue pour
contourner les lois anti-lobbying qui
empêcheraient directement l’AIPAC de
payer ces voyages.
Il n’y a aucun contrepoids réel à
l’AIPAC ou aux scores des organisations
judéo-américaines pro-israéliennes dans
la communauté arabo-américaine ou parmi
ses partisans. Mais plus important
encore, le mouvement de solidarité avec
la Palestine, dans sa majorité, se
comporte comme si ce Léviathan sioniste
n’existait pas.
Cet état de choses est dû en grande
partie au fait que les porte-parole
importants pour la cause palestinienne,
notamment Noam Chomsky, continuent à
minimiser le rôle joué par l’AIPAC et
d’autres organisations sionistes pour
influencer la politique américaine au
Moyen-Orient. Plus récemment, le jour
avant l’apparition de Netanyahu devant
le Congrès américain, dont il a
sous-estimé l’importance, Chomsky a
insisté sur le fait qu’Israël demeure
une « base militaire américaine off
shore ». Malheureusement, il ne veut pas
débattre du sujet. Le rôle de l’ADL a
été d’incriminer les critiques
effectives et potentielles d’Israël en
les étiquetant « antisémites » ou « non
intentionnelles » provoquant
« l’antisémitisme ». Cela a été
exceptionnellement rapide d’utiliser les
deux termes dans l’attaque des critiques
afro-américaines à l’encontre d’Israël,
tout en gardant des politiciens noirs et
des dirigeants communautaires dépendants
des contributions des donateurs juifs.
Depuis les années 1930, on a
entretenu des fichiers, d’abord sur les
personnes qu’on considérait
« subversives » (procommunistes, etc.),
puis, après 1948, on a commencé à
espionner activement ceux qui
critiquaient Israël, labellisé « nouvel
antisémitisme », dont moi-même. En 1993,
une descente dans son bureau de San
Francisco a révélé que l’ADL a exécuté
une opération d’espionnage à l’échelle
nationale de son siège de New York et
qui a probablement été inégalée par tout
autre organisme privé.
L’opération d’espionnage impliquait
et exigeait des liens étroits avec le
FBI et les services de police à travers
le pays, liens qui ont été renforcés,
ironiquement, depuis le scandale
d’espionnage. Avec peu de publicité à
l’extérieur de la presse communautaire
juive, les chefs de police et les
shérifs de villes américaines font
régulièrement des voyages en Israël pour
la formation au « contre-terrorisme ».
L’ADL est également actif dans notre
système scolaire public, façonnant la
manière dont les manuels décrivent la
création d’Israël et assurant que les
nazis ont commis un génocide des Juifs
d’Europe pendant la Seconde Guerre
Mondiale, reçoit plus d’attention dans
les classes américaines que le génocide
beaucoup plus dévastateur des
Amérindiens, en termes d’effets sinon en
nombres, et les quatre siècles
d’esclavage américain et les décennies
de racisme légalisé contre les
Afro-Américains qui a suivi et continue
à ce jour.
Quelqu’un peut-il sérieusement faire
valoir que la connaissance de ce qui est
arrivé aux Juifs en Europe, quelles que
soient ses horreurs, est plus important
pour les jeunes Américains que
d’apprendre ce que leurs ancêtres ont
fait aux peuples dont nous avons volé
les terres, dont les populations ont été
décimées et leurs cultures détruites ?
Ou de l’esclavage et son héritage mortel
qui est en cours chaque jour dans les
villes de l’Amérique?
Vous êtes un intellectuel
engagé pour la cause du peuple
palestinien. Est-ce facile pour un
intellectuel américain aujourd’hui
d’être un opposant à la politique
israélienne aux USA ?
Ce n’est pas facile si l’on souhaite
avoir l’acceptation dans le milieu
universitaire et il est conseillé pour
tout professeur qui parle de manière
critique d’Israël ou en soutien des
Palestiniens d’être titulaire avant de
le faire. Sinon, il ou elle peut perdre
son poste, ce qui est arrivé à plusieurs
reprises. Dans les médias nationaux où
le récit israélien est dominant, la
porte est effectivement fermée aux
opinions dissidentes.
Personnellement, me mesurer à l’AIPAC
et au Léviathan sioniste a été plus
problématique, puisque mes premières
expériences à être censurés ne sont pas
venues de l’establishment sioniste,
ironiquement, mais de l’intérieur du
mouvement de solidarité avec les
Palestiniens dans lequel j’ai été
longtemps actif.
Cela s’est produit au milieu des
années 80, quand j’ai commencé à parler
du lobby d’Israël, un sujet tabou comme
je l’ai bientôt appris. Les juifs qui
étaient influents au niveau de la
direction du mouvement de solidarité ont
été clairement dérangés par ce que
j’avais à dire et 30 ans plus tard ils
le sont toujours.
Ils préfèrent souligner les cruautés
commises par Israël contre les
Palestiniens, faire des voyages
fréquents en Cisjordanie et à Gaza pour
prouver leurs références en matière de
solidarité tout en ignorant la
responsabilité des institutions juives
américaines, comme l’AIPAC et l’ADL –
sans jamais mentionner celles que j’ai
mentionnées plus haut – pour maintenir
le soutien américain à Israël et
permettre de tels malheurs.
La crainte « de la provocation de
l’antisémitisme » s’est avérée être plus
une préoccupation pour eux que
d’affronter les ennemis intérieurs
puissants des Palestiniens parmi leurs
pairs juifs. Je voudrais dire qu’il y a
eu une amélioration significative de
cette situation au cours du dernier
quart de siècle mais cela s’avère à
peine perceptible.
La plupart des Juifs qui prétendent
être antisionistes aujourd’hui, comme
alors, veulent définir les limites dans
lesquelles à la fois Israël et
l’establishment juif peuvent être
critiqués et Israël ciblé avec les
sanctions, etc. D’autre part, la plupart
des Américano-Palestiniens semblent si
heureux d’avoir le soutien juif qu’ils
les laissent écrire le script.
Pensez-vous que le mouvement
des BDS est en train de gagner du
terrain à travers le monde ou y a-t-il
encore beaucoup de chemin à faire ?
Il est réconfortant de voir le degré
auquel les BDS se répandent autour du
globe mais, malheureusement, aux
États-Unis, en dépit de diverses
résolutions soutenant les BDS adoptées
sur les campus universitaires et par une
grande église, il n’y a eu qu’un succès
substantiel à montrer. Puisque
Washington fournit le plus important
soutien politique et militaire à
l’Israël, la situation ici requiert
l’activité des militants
pro-palestiniens sur une plus large
variété de fronts que partout ailleurs
et avec quelques exceptions bienvenues
comme des panneaux d’affichage et des
signes sur les bus dans plusieurs villes
demandant la fin du financement U.S.
pour l’Israël, cela ne s’est pas encore
produit.
Un problème est que trop de partisans des BDS
aux USA agissent comme si le soutien aux
BDS était tout ce qui doit être
fait au nom des Palestiniens. Ainsi, la
campagne américaine pour le BDS est en
passe de devenir aussi contre-productive
que l’ont été ces demandes vagues « fin
de l’occupation ! » et « Deux Etats pour
deux peuples! « , qui ont fourni une
excuse pour des groupes à travers le
spectre pour éviter de saisir les
membres pro-israéliens du Congrès au
niveau local et les visages publics de
l’establishment sioniste dans leurs
communautés respectives.
Un signe que ce résultat n’est pas
impossible est que, depuis 2010,
apparemment en raison de la pression des
Juifs au sein du mouvement, les demandes
des BDS aux États-Unis ne ciblent plus
Israël comme dans l’appel d’origine,
mais sont limités aux marchandises
produites en Cisjordanie et les
entreprises qui y opèrent.
Quelle est votre analyse au
sujet de la situation au Moyen Orient
avec, par exemple, la montée phénoménale
d’ISIS ou le statu quo qui prévaut dans
le règlement de la question
palestinienne ?
Il y a eu beaucoup de spéculations
quant à qui est derrière la montée
d’ISIS, qui a gagné des points ces
derniers jours, avec la sortie de
documents autrefois classifiés du
Service de renseignements de la Défense
en 2012 qui parlent de l’apparition
d’ISIS comme d’une organisation
« établissant une principauté salafiste
déclarée ou non déclarée en Syrie
Orientale et c’est ce que les pouvoirs
de soutien à l’opposition veulent pour
Isoler le régime syrien. » Les pouvoirs
de soutien nommés dans le document sont
les pays du Golfe et la Turquie, dont le
rôle dans le soutien d’ISIS apparaît, à
distance, avoir été essentiel pour ses
succès jusqu’à présent.
Je tiens à souligner, cependant, que
le principal bénéficiaire de la
désintégration de l’Irak et de la Syrie
et de l’émergence d’ISIS a été Israël,
qui, depuis ses débuts, a dépendu de
l’existence d’ennemis, réels, potentiels
ou imaginaires, pour maintenir le
soutien critiquable des États-Unis et
occidental et le justifier en restant la
Sparte de la région.
La même chose peut être dite pour
l’establishment américano-sioniste qui
pourrait perdre son pouvoir politique,
le voir « s’évaporer », comme un
critique israélo-américain l’a dit, si
Israël était en paix avec ses voisins,
indépendamment de la façon dont le
conflit palestinien a été résolu.
Voilà pourquoi l’AIPAC et les autres
organisations sionistes ont longtemps
opposé, dans la pratique, toute
résolution de la question palestinienne,
y compris l’illusion de deux Etats,
ainsi qu’un traité de paix englobant
tous les Etats arabes. Ils sont aussi
ravis de l’existence d’ISIS et de
l’effondrement de l’Irak et la Syrie que
l’est le Likoud et, je pense, la plupart
des Israéliens.
Ce qui se passe au Moyen-Orient
semble suivre un plan défini par Oded
Yinon, un journaliste Israélien rattaché
au ministère des Affaires étrangères,
dans un article qu’il a écrit en 1982
intitulé « Une stratégie pour Israël
dans les années quatre-vingt
dix-neuf » :
‘A Strategy for Israel in the Nineteen
Eighties’. Yinon a suggéré que
l’objectif d’Israël devrait être de
briser les Etats arabes à travers leurs
factions religieuses, l’un tourné contre
l’autre. Comment pourrait-on mieux
décrire la situation en Irak et en Syrie
aujourd’hui ?
Vous êtes animateur de radio,
quelles sont les thématiques que vous
traitez ?
Mon programme bimensuel, Takes on
the World, a été diffusé sur la
station de radio publique où je suis
établi depuis Janvier 2001 et qui a
survécu à une petite opposition de
m’avoir à l’antenne. Les longues heures
de programme sont divisées en deux
parties, un commentaire d’introduction
d’environ 20 minutes, suivi d’une
entrevue avec un invité bien informé sur
un sujet international dans lequel les
Etats-Unis sont fortement impliqués ou
dont je crois que mes auditeurs
devraient être concernés.
Depuis quelques mois, ils ont porté
en grande partie sur l’évolution des
négociations avec l’Iran, sur le
Moyen-Orient et l’Ukraine. Alors que mes
commentaires ont tendance à traiter des
activités du lobby d’Israël et de son
influence sur le Congrès qui, pour la
plupart, ne sont entendus nulle part
ailleurs, ils sont rarement l’objet de
mes entretiens bien que le sujet se pose
dans beaucoup d’entre eux, tels que lors
de l’examen de la poussée pour plus de
sanctions contre l’Iran.
La raison pour laquelle je consacre
beaucoup de mes commentaires sur le
lobby israélien, ainsi que je le dis à
mes auditeurs, c’est parce que le sujet
est tabou, non seulement de la part des
radiodiffuseurs traditionnels, mais
aussi des alternatifs. Ce qu’ils
entendent de moi, ils ne l’entendront
sur aucune autre station de radio. Cela
représente moins une vantardise qu’un
commentaire sur la façon dont les
sionistes contrôlent les médias US.
Faire une telle accusation, bien sûr,
s’attire des condamnations »
d’antisémitisme ». Si c’est le cas,
alors la vérité est « antisémite ».
Quand je suis parfois questionné par
des auditeurs sur la façon dont je peux
m’en tirer avec mes propos au sujet
d’Israël et du lobby, je leur dis que
c’est parce que j’ai poursuivi l’ADL en
justice et que j’ai obtenu des dommages
et intérêts suite à son espionnage à mon
égard, et que je n’ai pas signé l’accord
de confidentialité standard destiné à
recevoir ces dommages et intérêts.
Cela me permet de parler de ce que
nous avons appris dans le cas, par
exemple, de l’homme qui m’a espionné
ainsi que beaucoup d’autres et qui a
également été payé par un agent des
services de renseignement sud-africains
pour espionner le mouvement
anti-apartheid et les noirs
sud-africains exilés aux États-Unis. En
outre, dans ses dossiers, la police de
San Francisco a trouvé un plan d’étage
et la clé au bureau d’Alex Odeh, le chef
du bureau du Comité américano-arabe
anti-discrimination de Californie du Sud
qui a été tué par une bombe terroriste
placée dans ce bureau en 1985. Aussi, je
dis à mes auditeurs que le comté où je
vis en Californie du Nord n’est pas un
territoire occupé israélien,
contrairement à presque toutes les
autres villes et les comtés dans le
pays.
Quel rôle peuvent avoir les
médias alternatifs face à la domination
des médias de masse aux mains des
lobbies de la finance et du complexe
militaro-industriel ?
À l’heure actuelle, l’Internet offre
les seules possibilités pour atteindre
de larges couches de la population de ce
qui se passe réellement, non seulement
au Moyen ou Proche-Orient, mais dans le
monde en général. Il faut lire tout sur
le net, en gardant cependant un œil
critique. Si une histoire semble « trop
belle pour être vraie », elle est
souvent fausse, soit par une fabrication
délibérée ou, plus souvent qu’autrement,
par un journalisme bâclé. Voilà pourquoi
il est important de différencier les
sources fiables et non fiables, même si
vous pouvez partager la vision du monde
de ces derniers.
Le média, par lui-même, a ses
limites. Son plus grand potentiel est
aussi un outil d’organisation, pour
atteindre les gens en colère et
transformer cette colère en action
concrète.
Interview réalisée par Mohsen
Abdelmoumen
Biographie
Jeffrey Blankfort est un journaliste
américain, animateur de radio et ancien
photographe documentaire. Témoin
privilégié des grands mouvements sociaux
des années 60-70 aux Etats-Unis, il a
côtoyé les figures emblématiques des
mouvements anti-guerre (dont Ron Kovic,
Tom Hayden, David Harris), des droits
civiques (dont Martin Luther King,
Angela Davis, Bobby Seale, Muhammad Ali
et Kathleen Cleaver des Black Panthers),
de nombreuses personnalités du monde
politique (Ronald Reagan, Richard Nixon,
Robert Kennedy, etc.), artistique
(Marlon Brando, Joan Baez, Pete Seeger,
Jim Morrison, etc.), intellectuel
(Eduardo Galeano, James Baldwin, Carlos
Fuentes, Nawal el Saadawi, etc.). Il a
visité de nombreux pays dont l’Irlande
du Nord, le Mexique, l’Italie et la
Palestine ainsi que les camps de
réfugiés palestiniens au Liban et en
Jordanie. Ses nombreuses photos sont
publiées sur son site :http://www.jeffblankfortphotography.com/index.html
Ses articles ont paru dans
CounterPunch, Dissident Voice,
Mondoweiss, Pulse Media, Left Curve,
Ramparts, Lies of Our Times, MERIP,
The Washington Report on Middle East
Affairs et dans l’Encyclopedia
of the Israeli-Palestinian Conflict.C’est
son premier voyage au Liban et en
Jordanie en 1970 pour prendre des photos
pour un livre sur la lutte palestinienne
qui l’a conduit à s’impliquer
intensément dans leur cause (Palestine:
the Arab-Israeli Conflict;
Ramparts Press, 1972).
Jeffrey Blankfort est devenu un
membre fondateur de la Coalition du 29th
Novembre sur la Palestine (November
29th Coalition) dans les années 80
et, en 1987, co-fondateur du Labor
Committee sur le Moyen-Orient et a été
rédacteur en chef de sa publication,
The Middle East Labor Bulletin
(1988-1995).
Ces deux dernières années, la plus
récente le 10 Avril, il a été
conférencier à des conférences all-day
au National Press Club à
Washington, consacrées à l’impact du
lobby israélien sur la politique
américaine.
Il anime actuellement un programme
deux fois par mois sur les affaires
internationales pour KZYX, la
station de radio publique de Mendocino
County en Californie du Nord où il vit
actuellement. Ses commentaires et des
entrevues peuvent être trouvés ici :
http://www.radio4all.net/index.php/contributor/1752
Published in Oximity, May 30;
2015:https://www.oximity.com/article/Jeffrey-Blankfort-Le-principal-b%C3%A9-1
In Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-usa/jeffrey-blankfort46548684.html
Reçu de l'auteur pour
publication
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