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Analyse

Algérie : la continuité des Bouteflika incarnée par Tebboune vs. la rupture prônée par le Hirak

Mohsen Abdelmoumen


Gaïd Salah et Tebboune s’enlacent et s’embrassent au bal des faux-culs. DR.

Samedi 21 décembre 2019

L’Algérie vient de connaître une farce électorale, véritable attentat à la pudeur contre l’Algérie et son peuple, caractérisée par une campagne inédite dans l’histoire du suffrage universel de toute la planète, et qui nous prouve que l’Algérie d’aujourd’hui vit dans une autre atmosphère que celle de la planète Terre, dans un autre écosystème que les autres pays, car on a jamais vu nulle part ailleurs des candidats à une élection présidentielle se présenter aux élections sans avoir au préalable recours à une collecte de signatures et tenir des meetings électoraux dans des salles vides plutôt qu’en drainant les foules. On les a vus au contraire pourchassés, caillassés, et fuir par des portes dérobées. Nous sommes tous témoins de situations tragi-comiques dans lesquelles se sont fourvoyés les fameux « candidats » qui n’avaient aucun programme, seulement des généralités. Et l’aboutissement a été, comme dit l’adage : « tout ça pour ça ». C’est la montagne qui a accouché d’une souris.

J’avais prédit dans des articles précédents que Tebboune serait président. C’est fait. L’Algérie est devenue une gérontocratie et Gaïd Salah a nommé Tebboune Cocaïne à la présidence par intérêt, parce qu’il en fera ce qu’il voudra, et par solidarité générationnelle. Cette génération devrait pourtant partir à la retraite car elle n’est pas indispensable, comme ils ont essayé de nous le faire croire. Hier, ils nous disaient « sans Bouteflika, l’Algérie connaîtra le sort de la Libye et de la Syrie » et on nous ressort le même refrain à chaque fois. Nous assistons à un remake de l’élection de Bouteflika en plus médiocre avec la même clientèle du système. La seule mutation de ce régime a été de se transformer en gang. Nous sommes donc aujourd’hui avec un président qui selon leurs propres chiffres, gonflés bien entendu, a été « élu » par moins de 5 millions de voix sur un corps électoral de 24 millions de votants. Le taux de participation selon eux s’est élevé à 39.93% avec une abstention record. Ils ont même fait voter les morts. C’est exactement la même chose que sous Bouteflika. Nous sommes dans l’ère Bouteflika sans Bouteflika avec un Tebboune en président illégitime, nommé par une minorité qui se croit sortie de la cuisse de Jupiter et qui s’octroie le privilège de placer qui elle veut à la tête de l’État algérien. La même clientèle qui acclamait les différents mandats de Bouteflika et qui vénérait un cadre a applaudi avec enthousiasme cette nouvelle mascarade. La religion du cadre a fait place à une nouvelle pathologie, la tebbounite dans sa phase aigüe. Nous nous trouvons de facto dans une situation catastrophique avec la nomination d’un sous-préfet des années 70 à la tête du plus grand pays d’Afrique. C’est tout simplement hallucinant.

Les manœuvres du gang visant à diviser le peuple ont ciblé la Kabylie qui, dans son ensemble, n’a pas voté, mais le gang a quand même maintenu les résultats des élections et a intronisé un président alors que toute une région a refusé de voter. Exclure la Kabylie du scrutin et la mettre à l’écart est très périlleux. Comment osent-ils attaquer la Kabylie qui a donné quatorze colonels à la Révolution algérienne ? Comment osent-ils traiter les Algériens de Kabylie de zouaves ? Qui est en train de détruire l’Algérie ? Ce n’est pas la main de l’étranger, c’est la poignée de malfrats sans scrupules qui tiennent les rênes actuellement. Tebboune, « président » sans programme comme Bouteflika, est le résultat du viol sauvage de l’Algérie par une bande de soudards. Comment expliquer son accession à la présidence alors qu’une poignée de généraux entourant Gaïd Salah ont orchestré une campagne de dénigrement contre lui, portant leur choix sur Mihoubi en utilisant des relais médiatiques poubelles qui sont légions tels que la chaîne télévisée d’Anis Rahmani, l’éternel laquais ? Nous avons pourtant vu le départ du chef de campagne de Tebboune, l’incarcération de l’homme d’affaire Omar Alilat qui a financé sa campagne, la sortie de l’affaire du fils Tebboune qui est en prison pour implication dans le dossier de la cocaïne et du blanchiment d’argent de Kamel El Bouchi, le retrait des représentants de Tebboune dans plusieurs wilayas au profit de Mihoubi. Ces différents épisodes nous montrent que le sort de l’Algérie s’est joué à la roulette russe. On a vu le comble de l’amateurisme et du bricolage dans cette affaire, avec ses mystères, ses milliards et ses diversions. L’argent de la campagne de Mihoubi a disparu. Où est-il passé ? On aimerait que ce pseudo el Mengel de khorti s’occupe de ceux qui ont détourné la caisse de campagne de Mihoubi de la même manière que ceux qui ont détourné l’argent de la campagne de Bouteflika et les envoie en prison. Mais ça ne se fera pas parce que cela concerne le premier cercle de généraux qui entourent Gaïd Salah ainsi que ses proches. Nous sommes dans un remake du film « Le bon la brute et le truand ». La chkara continue comme au « bon vieux temps ».

Dix mois de lutte du peuple algérien auraient pu aboutir à un processus ouvrant des perspectives meilleures pour l’Algérie, mais non, l’aboutissement de ce combat et de tout cet espoir porté par des millions de citoyens de tous âges et de toutes conditions, animés par la même énergie de rompre avec un système d’un autre âge, est l’avènement à la présidence de l’Algérie d’un ancien ministre et Premier ministre de Bouteflika, lié à la famille Bouteflika dont il est très proche, y compris sur le plan familial. Tebboune est l’enfant illégitime issu du viol de l’Algérie par une bande de mafieux qui se sont livrés sur elle à la fornication. C’est une véritable catastrophe qui nous montre combien il est urgent d’en finir avec un système qui permet de telles absurdités. Le mouvement citoyen doit continuer et s’organiser en conséquence, car si le peuple algérien rate cette occasion, il ne retrouvera pas de sitôt un tel élan et une telle conjoncture, et il perdra à jamais tout espoir de construire une nouvelle République, et de créer un processus constituant qui intégrera le peuple. Il est clair que ce système va nous refaire le même cinéma avec la même clientèle et les mêmes partis, il va nous pondre les mêmes assemblées, cette fois à la sauce Tebboune, avec un Parlement et un Sénat peuplés de chiyatines cachiristes, comme ce fut le cas à l’ère Bouteflika. Le slogan Yetnahaw-ga3 (qu’ils dégagent tous) est important parce qu’il est constituant, qu’il appelle à un changement, alors que les « sachants », les politicards et les intellectuels pédants qui ont soutenu Bouteflika d’une manière ou d’une autre se précipiteront à la table de la grande bouffe pour un prétendu dialogue que j’appelle le dialogue de la mangeoire (el hargma) et qui n’est jamais qu’une tentative de division du Hirak, opposant les dialoguistes et les non-dialoguistes. De plus, le dialogue n’engage à rien, c’est juste du blabla destiné à noyer le poisson. Ce serait bien autre chose de proposer des négociations, mais là, curieusement, il n’en est pas question. Le Hirak doit retenir les leçons du passé, notamment ce qui est arrivé au grand mouvement des Arouchs en Kabylie en 2001 qui a disparu suite à l’offre de dialogue d’Ouyahia. La feuille de route proposée naguère par Bouteflika avec la conférence nationale et le dialogue national nous est à nouveau proposée, ce qui revient à dire que nous sommes dans la prolongation du 4e mandat ou dans le 5e. Autrement dit, l’Algérie tourne en rond, comme un poisson rouge dans son bocal. Après des mois d’inertie du régime due à l’ampleur du mouvement citoyen, nous assistons à une accélération du gang qui, en deux temps trois mouvements, désigne cinq candidats, organise une « campagne électorale », planifie des élections truquées, fait prêter serment à son « poulain », met en place un nouveau « gouvernement ». On sent bien qu’ils sont pressés, non pas pour des raisons internes, mais bien externes, pour servir leurs maîtres en France, aux États-Unis, aux Émirats. Comme c’est triste de voir un grand pays à l’histoire millénaire comme l’Algérie devenir l’otage d’un pays ridicule, sans passé ni histoire, comme les Émirats qui est en train de se livrer à la rapine en Algérie, notamment par le biais de ses entreprises, grâce à Bouteflika, à Gaïd Salah ensuite et sans doute aujourd’hui à Tebboune qui prend le relais.

Ce 19 décembre 2019, nous, les patriotes algériens, avions le cœur lourd. On nous a imposé un président fantoche. L’Algérie est-elle maudite ? À l’investiture d’« d’Abdelaziz » Tebboune qui n’a même pas pu prêter serment convenablement, tous les Merkhess étaient là, en train d’applaudir dans une salle qui sentait le cachir et les pets. Klitou el blad ya sarakine (vous avez bouffé le pays, bande de voleurs). En voyant ce cirque, je ne pouvais m’empêcher de penser aux Immortels, à Krim Belkacem, à Ben M’hidi, à Amirouche, à Benboulaïd… Ô Amirouche, j’ai mal à ma patrie quand je vois cette cérémonie d’investiture arss bghal. Où êtes-vous, colonel Amirouche ? Si vous étiez là, vous les passeriez tous par les armes et vous soulageriez notre cœur rempli d’amertume. Pauvre Algérie ! Ils ont souillé notre patrie, la terre de nos ancêtres. Qu’ont donc accompli ces traîtres pour l’Algérie pour mériter leurs médailles en chocolat à part se goinfrer et piller pour eux et leurs rejetons ? Le peuple réclame leur départ depuis des mois mais ils s’accrochent au pouvoir comme des tiques sur la peau. La jeunesse est en prison et la vieillesse corrompue reçoit les honneurs et les médailles. Cette racaille pense-t-elle à la mort ? À la fin, tout le monde mourra, mais quelle gloire ces gens laisseront-ils derrière eux ? L’Histoire va-t-elle retenir leurs noms ? Les noms de ces voyous seront associés à la trahison et à la corruption jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans les poubelles de l’Histoire. Au moment où ce président illégitime prêtait serment en bafouillant sous les applaudissements des larbins de toujours, des activistes étaient incarcérés y compris des jeunes filles pour avoir posté des critiques sur Facebook, des pseudos procès ont eu lieu où des juges lâches et corrompus ont distribué de lourdes peines, et les prisonniers d’opinion en étaient à leur neuvième jour de grève de la faim. Mafikoumch rihet erajla, makoumch rjal (vous n’êtes pas des hommes), Hagarrines ! (oppresseurs). Les jeunes du Hirak qui subissent votre Hogra vous ont dit avec une grande lucidité Ntouma matahchmouch wa hna nahbsouch (vous n’avez aucune honte et nous on ne s’arrêtera pas). Si demain Tebboune libère les prisonniers d’opinion, et c’est ce qu’il doit faire, il ne s’agira pas pour autant d’une avancée, car le problème politique persistera et ces personnes qui ont été incarcérées injustement n’ont rien à faire en prison. Dès le début, il s’agissait d’un kidnapping voulu par le dictateur de poche Gaïd Salah – qui devrait rendre des comptes – et exécuté par ses sbires. En prêtant serment, Tebboune n’a pas dérogé à la règle en promettant un changement radical. Bouteflika l’a fait avant lui, Chadli aussi. Nous ne sommes pas dupes, on ne peut pas changer quoi que ce soit à 74 ans, surtout quand on a passé toute sa vie au service du même régime corrompu. Ce régime algérien transformé en gang est appelé à disparaître comme les dinosaures, car il est incapable de s’adapter à tout changement. En attendant sa dissolution, le pays s’affaiblit de jour en jour avec un président sans aucune légitimité, un Bensalah bis. Depuis dix mois, le peuple réclame un processus de changement radical qui pose les fondements d’un nouvel État, montrant ainsi qu’il veut participer à la vie politique et à construire son avenir. C’est lui, le peuple, qui est garant de la stabilité du pays et non pas l’armée ou X ou Y. L’histoire de l’armée algérienne est liée à son peuple et, pour ceux qui font des amalgames douteux entre les personnes et l’armée, je répète que Gaïd Salah la grosse bedaine et les quelques reîtres galonnés et corrompus qui l’entourent ne sont pas l’armée. Gaïd Salah est un voleur, un corrompu, un usurpateur, un traître, et sa place est en prison.

Nous subissons aujourd’hui les conséquences du règne calamiteux de la fratrie Bouteflika qui nous a amenés exactement là où nous sommes aujourd’hui, dans une sorte de spirale infernale dont il nous faudra des années pour sortir. Et ce n’est pas Tebboune qui va pouvoir réparer quoi que ce soit. L’Algérie dirigée par des octogénaires, des vieillards avides de pouvoir, de privilèges et de richesses, est en train de disparaître et ne pèse plus d’aucun poids sur la scène internationale. Ils sont en train de jouer avec la souveraineté nationale et ont laissé des pays comme les Émirats arabes unis, le Qatar, l’Arabie saoudite – sans parler de la France qui est pour beaucoup dans la désignation des présidents, même celui-ci -, s’ingérer dans les affaires internes du pays. N’oublions pas que Gaïd Salah, ce traître, visitait son maître Bouteflika aux Invalides et qu’il a participé aux accords du Val-de-Grâce sous le patronage des services français. C’est sans doute cela la Badissia Novembria ! La France continuera toujours à être l’acteur n°1 de ce qu’il se passe en Algérie. Alors on se demande à quoi rime cette pièce théâtrale entre Macron et Tebboune avec ce démenti de l’AFP au sujet des « chaleureuses félicitations » de Macron à l’égard de Tebboune, et des propos dédaigneux de Tebboune à l’égard de la France. C’est de la poudre aux yeux. Arrêtez de titiller la fibre patriotique, vous, les fossiles qui dirigez l’Algérie, vous n’êtes que les laquais de la France, tous ! Vous vous targuez d’être de grands patriotes, mais expliquez-nous donc pourquoi la France a continué à faire des essais nucléaires dans le Sahara jusqu’en 1967 ? Des clauses secrètes dans les accords d’Evian ont permis à la France d’effectuer treize essais nucléaires après l’indépendance en 1962, pas un, pas deux, non, 13 ! Avec toutes les conséquences désastreuses pour la santé des gens qui se hasardent dans ces sites sans savoir ce qu’ils risquent et pour l’environnement irradié pour des centaines d’années. Expliquez-nous aussi pourquoi Total impliquée dans le scandale des prisons secrètes au Yémen, est en train de polluer la nappe phréatique de l’Albien avec l’extraction du gaz de schiste dans le Sahara. La France ne veut pas polluer chez elle en exploitant le gaz de schiste sur son territoire, et elle a trouvé des scélérats en Algérie pour lui offrir son sous-sol. Notre pauvre patrie a été livrée à des requins – et encore ! les requins ne sont pas aussi voraces que ces bandits – qui ont permis à des entreprises étrangères de la piller. Ils ont confondu le pays avec leur propriété, le vendant au plus offrant. On a vu les commissions perçues par les uns et les autres. L’armée algérienne a atteint un tel taux de corruption que l’on peut parler d’oligarchie militaire qui a ravagé l’armée avant de s’en prendre au pays lui-même. L’armée n’a pas vocation à être exhibée comme elle l’est actuellement avec ce général de pacotille qui vient de recevoir des mains de son larbin reconnaissant Tebboune une distinction destinée aux chefs d’État, sous les louanges dithyrambiques d’un commentateur  exalté qui essayait de nous faire croire que Gaïd Salah, le zaïm incontesté, le dieu vivant, le pharaon, avait combattu comme un lion l’hydre colonial. On sait pourtant que ce couard avait été délogé d’une meule de foin par une patrouille de l’ALN qui l’avait emmené à la frontière tunisienne  à Garn Halfaya pour y occuper la fonction hautement glorieuse d’éplucheur de patates. Désormais, quand je vois la tronche de Gaïd Salah, la chanson de Mireille me revient en mémoire : «♫ Couchés dans le foin avec le soleil pour témoin, un p’tit oiseau qui chante au loin… ♫»

L’Algérie était forte par son armée, aujourd’hui des généraux sont en prison, d’autres en exil, l’armée est divisée, une clique de généraux corrompus trafiquent au grand jour, se remplissent les poches et font la pluie et le beau temps, les services secrets ont été foulés aux pieds, ils sont devenus un sujet de dérision alors qu’ils sont destinés à rester secrets dans l’intérêt du pays, tout est enchevêtré, mélangé, détruit, tout est noir à cause d’une poignée de cancres qui ont tout anéanti. Il faut un véritable processus révolutionnaire pour mettre tout cela à plat et recommencer à zéro en repartant sur des bases saines, après avoir éliminé la chienlit qui a tout perverti. Rakba mayla, rien n’était bien parti depuis le début. Le seul espoir réside dans ce grand mouvement populaire qui ne faiblit pas malgré toutes les tentatives de divisions qu’il a subies par le ciblage des Arabes, des Kabyles, des Chaouis, etc. Ce grand mouvement mérite mieux que de voir un recyclé du système prendre les rênes du pays, mais sans avoir la décision politique dans les mains. Il n’est qu’une ombre qui exécutera les ordres d’un général d’opérette selon les humeurs et les états d’âme de celui-ci. Il faut saluer l’honnêteté de Mouloud Hamrouche lorsqu’il a parlé de l’impossibilité pour quiconque de faire quoi que ce soit et d’opérer des changements, et lorsqu’il a déclaré qu’il ne pouvait rien faire et rien promettre dans un tel contexte. Combien il avait raison. La crise que traverse l’Algérie est multidimensionnelle et elle dépasse la personne qui se trouve à la tête de l’État quelle qu’elle soit. Ce n’est bien sûr pas dans l’intérêt de l’Algérie d’avoir un président faible parce que mal élu. Le monde est sans pitié et quand on voit que les Émirats, par leur lobby très puissant, deviennent décideurs en Algérie, il y a de quoi s’inquiéter, parce que les Émirats ont tout cassé là où ils sont passés comme au Yémen, en Libye, etc. N’oublions pas que les Émirats obéissent à un agenda international et qu’ils sont la plaque tournante de la normalisation avec Israël. Les  Émirats servent avant tout un agenda sioniste et israélien et leur implantation en Algérie est dangereuse pour sa souveraineté avec le risque d’une partition du pays. À Dieu ne plaise. En soutenant Gaïd Salah, les Émirats savent ce qu’ils font. Ils savent que cet abruti mène l’armée et le pays droit dans le mur, et c’est ce qu’ils cherchent.

Le Hirak doit garder le cap et rester une force de pression et de proposition. Des propositions, il y en a eu. Par exemple, constituer un comité des sages pour stabiliser le pays et ensuite une relève aurait pu se dégager pour effectuer une mise à plat et reconstruire sur des bases saines. L’armée aurait très bien pu y nommer des représentants. Le gang a refusé car il n’a pas intérêt à ce que l’Algérie progresse, allant ainsi dans la même optique que certaines puissances et pays qui ne veulent pas que l’Algérie soit un modèle démocratique à suivre. Tous misent sur l’échec du mouvement populaire. Ces vampires veulent presser le pays comme un citron et le laisser exsangue. Gaïd Salah a placé un paratonnerre à la tête de l’État pour qu’à la première bourrasque, ce soit lui qui encaisse. En cas de gros temps, toute cette clique fuira avec armes et bagages qui chez Fafa, qui aux Émirats, qui à Doha. Aujourd’hui, l’équation est simple : le combat se situe entre les patriotes intègres et les pillards corrompus, médiocres et incompétents.  Entre nous et eux, il y a un océan de sang, de vols et de pillages. Il faut persister dans la dissidence jusqu’à ce que les dinosaures disparaissent avec leurs commis. Comme je l’ai dit précédemment dans d’autres articles, le Hirak doit s’organiser et élire des représentants au niveau des communes et ensuite au niveau des wilayas. La scène politique est amenée à se recomposer, car tous les partis ont échoué. Le mouvement populaire a balayé tous les partis politiques. L’un des problèmes majeurs d’Abdelmadjid Tebboune, le président nommé,  c’est qu’il n’a aucune assise politique. Le FLN est mort, le RND aussi. À moins de les réanimer, et c’est ce qu’ils vont faire. Ils vont faire appel à l’ancienne clientèle et, avec elle, ils vont entamer un dialogue, comme ils disent, et faire le forcing pour faire passer des lois antinationales et vendre notre pays aux multinationales. D’ailleurs, ils l’ont déjà fait, le forcing, puisqu’ils ont imposé un pantin à la tête de l’État et qu’ils ont voté la loi sur les hydrocarbures et la loi des finances avec un Parlement croupion composé de coiffeuses et de maquignons. Le mouvement populaire, quant à lui, est jeune et au début de son combat. Il a déjà montré de quoi il était capable en remportant des victoires, et non des moindres. Il a fait tomber toute la façade civile d’un régime et précipité la chute de Bouteflika. Il ne reste que quelques troufions, un général d’opérette et quelques cloportes qui l’entourent. Le Hirak en viendra à bout également. Il a fait chuter Bouteflika et sa mafia, il peut faire chuter ce « président » coopté. Ce n’est pas un hasard si les mobilisations continuent et ce 44eme vendredi  est une belle illustration de la combativité du Hirak.

Je suis très en colère contre ce qu’il s’est passé à Oran. Le chef de la Sûreté d’Oran, Mohamed Chakour (la hache), a agi en fonction de son nom en ne faisant pas de quartier aux manifestants qui ont été tabassés, gazés, arrêtés, sans pitié pour les femmes et les enfants. Cette brute doit être punie pour les exactions qui ont été commises sur les manifestants pacifiques. Bien sûr, on ne peut pas demander au gang de sanctionner ses exécutants, de la même manière qu’il ne punira pas non plus ce ministre de l’Intérieur qui a traité les manifestants de pervers et de traîtres. Des citoyens ont été éborgnés volontairement par les mercenaires de ce gang aveugle. C’est une honte. Ils agissent comme jadis les colons. Le gang ne peut produire que du fumier. Le Hirak, lui, tire vers le haut et ouvre des perspectives. C’est au peuple qu’incombe la lourde tâche de libérer le pays de ces compradores. Le génie du peuple algérien se retrouve dans ses slogans qui sont d’une justesse inouïe. À chaque manifestation, le peuple scande « Atlkou wladna wa diw wlad el Gaïd Salah! » (Libérez nos enfants et prenez ceux de Gaïd Salah !), démontrant que la cause des détenus est une cause phare. S’il y a bien des personnes qui représentent le Hirak, ce sont les détenus. Ils ont été incarcérés pour avoir clamé haut et fort leur rejet d’un système qui broie des innocents et je salue leur courage. Les détenus d’opinion sont en grève de la faim et je connais bien ce sacrifice, je leur envoie toute ma solidarité. Ce sont de vrais révolutionnaires et ils sont l’avenir de l’Algérie. Ce mouvement populaire est quelque chose de fabuleux qui est en train d’écrire l’histoire du pays. D’un côté, on a un gang qui, d’après un journal allemand, mérite le prix Nobel de la fraude, et de l’autre, tout un peuple, mobilisé, créatif, pacifique, patient, qui mérite le prix Nobel de la paix. Quel contraste ! Depuis dix mois, après des années de tentatives de castration de la part du régime Bouteflika, le peuple algérien montre qu’il est grand, fier et courageux. C’est la raison pour laquelle Tebboune ou Gaïd Salah, ou qui que ce soit, échouera, car la photocopie ne peut pas réussir là où l’original a échoué. Ils sont tous des résidus du système Bouteflika et ils sont condamnés à passer à la trappe comme Bouteflika.

J’éprouve parfois le besoin de me pincer pour me prouver que je ne rêve pas quand je vois la façon dont est géré ce pauvre pays depuis des années. C’est à croire que l’on s’est ingénié à trouver ce qu’il y avait de plus nul, de plus médiocre, de plus incompétent pour diriger l’Algérie. C’est tout sauf sérieux. Ce dernier carré de généraux me fait penser à du lait tourné : il est imbuvable et tout est bon à jeter. Comment ces hmir (ânes) – pardon pour les ânes qui ne m’ont jamais rien fait et qui ont droit à tout mon respect – et leurs laquais vont-ils faire pour sortir l’Algérie de l’impasse dans laquelle des années d’incurie l’ont placée ? Quelle recette miracle vont-ils nous sortir du chapeau ?  Comment vont-ils régler les problèmes économiques et politiques d’un pays exsangue ? Ce sont de parfaits imbéciles, incapables et ignorants, uniquement préoccupés par leur propre ego. Le pire, c’est qu’ils ont la destinée d’un grand pays entre les mains et qu’ils menacent sa stabilité ainsi que celle de toute une région, voire du monde, parce que si l’Algérie tombe, à Dieu ne plaise, tout le monde s’en mordra les doigts. Quand on vit dans un pays étranger, on voit ce qu’il s’y passe, on voit la façon dont les gens vivent, comment fonctionne ce pays, l’état des hôpitaux, des administrations, des infrastructures, des écoles et des universités, ce qui est mis en place par l’État au niveau social, sportif, associatif. Bien sûr, tout n’y est pas parfait, mais ils sont dans la modernité. Je rappelle à ce propos que nous sommes stigmatisés parce que nous vivons à l’étranger, nous ne sommes plus considérés comme des Algériens. Non satisfaits de vouloir diviser les Algériens entre eux à l’intérieur du pays, ils ont cherché à diviser les Algériens entre ceux de l’intérieur et ceux qui vivent à l’étranger. L’Algérie est le seul État qui a légiféré contre sa diaspora. Nous ne l’oublierons jamais. Quand on compare les pays européens, par exemple, avec l’Algérie, on a mal au cœur en voyant à quel point notre patrie, si grande, si riche, si pleine de potentialités, est flouée. Des gens compétents, sérieux, responsables, auraient pu en faire un vrai paradis – pourquoi les Français ont-ils eu tant de mal à la quitter ? – mais non, on l’a sucée jusqu’à en extraire tout le jus et puis on l’a jetée aux ordures. La fratrie Bouteflika a accouché de ce gang et nous a menés dans cette ornière boueuse. Il va falloir déraciner ces mauvaises herbes, toutes, et libérer tous les détenus qui sont incarcérés injustement. Et je pense à Ali Ghediri que j’ai interviewé et dont personne ne parle, pas même les « intellos » qui l’entouraient et qui l’ont renié, et qui blablatent pour ne rien dire. Je pense au général Benhadid oublié lui aussi dans sa cellule. Lakhdar Bouregaa, un commandant de l’ALN, est en prison alors que des sous-fifres qui ne savent même pas ce qu’était la Révolution prennent des airs de matamores et reçoivent des médailles. Des patriotes algériens sont en grève de la faim dans les geôles de ce gang pourri comme le système qui l’a engendré, d’autres ont été éborgnés par les nervis de ce pouvoir assassin constitué de pervers et de jouisseurs sans honneur. Seuls comptent leurs familles, leurs villas et leurs comptes en banque offshore.  Ce « président » peut être déchu, comme le précédent. Mais il n’est rien dans la réalité, il n’est qu’un pantin télécommandé. Si on ne l’arrête pas, le gang continuera jusqu’à ce que le bateau coule. Il n’a ni feuille de route, ni projet, ni plan, rien. Juste tenir, gagner du temps, vendre les bijoux de famille et se remplir les poches. Combien Gaïd Salah et ses acolytes prennent-ils de pourcentages et d’intérêts sur les achats d’armes, combien d’argent placent-ils aux Émirats et dans les paradis fiscaux ? Ils ont mis Tebboune à El Mouradia pour garantir leurs intérêts et ils tiendront jusqu’à ce que le pays s’effondre. Après tout, ils s’en foutent de l’Algérie.

L’indépendance reste à conquérir. J’espère vraiment que la solution viendra du peuple. Il faut stopper l’hémorragie. L’Algérie ne pourra bâtir son avenir qu’avec ses fils et filles authentiques. La lutte ne fait que commencer et doit continuer. L’avenir est à cette jeunesse qui sort dans les rues chaque mardi et chaque vendredi et qui refuse de se soumettre à une poignée de vieillards cupides qui souillent notre belle patrie. Parions que cette jeunesse libérera le pays et se construira un avenir radieux. Restons mobilisés. Le peuple triomphera.

Mohsen Abdelmoumen

Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour publication

 

 

   

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Source : Mohsen Abdelmoumen
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/...

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