Tunisie
La farce des deux
partis : Ennahdha & Nida Tounes !
Mohamed Hafayedh
Mohamed
Hafayedh - Photo D.R.
Mardi 26 novembre 2013
Ou, n'est pas Bourguiba qui veut !
Après l’assassinat de Mohammed Brahmi et
la grande mobilisation qui l'a suivie
durant l’été 2013, un coup de théâtre
politico-médiatique d’une main de maître
se reproduisit sur la scène politique
tunisienne, qui consiste à dire que la
solution de la crise politique passera
par le rapprochement des
deux grands partis NAHDHA-NIDA.
Les dés étaient jetés par Nabil Karoui
patron de NESSMA TV, avec la complicité
du journaliste Sofiane Ben Hmida, relayé
par le journal électronique Leaders.
L’idée fait mouche ! Son bourdonnement
fait vibrer les portes closes des hôtels
parisiens, où se tenaient des
pourparlers insolites, parrainés au
grand jour par le « grand frère algérien
», au nez et à la barbe du quartet qui
peine à trouver une solution non
partisane.
S’il est vrai que des sondages plaçaient
les deux partis au-devant de la scène,
la donne a changé depuis l’assassinat de
Mohamed Brahmi sonnant l’heure de vérité
pour les acteurs politiques.
L’heure n’est plus aux enchères
démocratiques mais au croisement de fer
entre patriotes et ceux qui prétendent
l'être.
En l’état, personne ne peut garantir
l’issue de la compétition entre
l'opposition et NAHDHA, dans un pays où
la guerre civile est devenue une réelle
psychose, avec des cargaisons d’armes
supplantent les urnes.
La théorie de l’hyper puissance des deux
partis politiques devient surréaliste
après la mobilisation populaire de l’été
2013 contre le terrorisme ! Le parti
NAHDHA aux abois, craignant plus la
chasse à l’homme que son maintien au
pouvoir, jette l’éponge; contraignant
Ghannouchi à accepter l’arbitrage de son
principal ennemi, historique et
idéologique; seul capable de lui barrer
la route du Califat, à savoir l’UGTT.
Quant à NIDA, au moment même où une
cohorte de journalistes homériques se
dressent pour couvrir les entretiens de
Béji Caïd Essebsi avec Rached Ghannouchi;
est traversé par des divisions de
leaderships au niveau national ; sans
parler du niveau régional, qui le moment
venu, seront plus évidentes !
Car NIDA n’a pas encore subi l’épreuve
des urnes. Il lui faut d’abord réussir
ses primaires et montrer sa capacité à
former des listes électorales parmi les
partis le composant, pour prouver
l’union de ce mouvement ! Ce qui est
loin d’être évident.
Au jour d’aujourd’hui, aucune évaluation
de la popularité des partis n’est
fiable, tant que l’épreuve du terrorisme
dans lequel le parti NAHDHA est
impliqué, ne serait-ce que
politiquement, n'est pas surmontée.
Les candidats pour un rapprochement avec
NHADHA ne sortiront pas indemnes.
Les élections ne seront pas pour demain
! Même si NAHDHA finira par "lâcher" sur
la présidence du gouvernement, elle se
réservera dans une guerre de tranchée
dont elle est coutumière, les rouages de
l'Etat où les islamistes ont fortifié
des lignes dans tous les ministères et
dans tous les secteurs publics.
La lutte pour se libérer de la nébuleuse
islamiste, sera menée comme toujours par
la société civile non assujettie aux
accords partisans, car les partis
politiques hésiteront à s'y engager
toujours pour des petits calculs de
boutiquiers.
D’ici les prochaines élections, d'autres
sondages viendront confirmer la mort
d'un bon nombre de partis.
Cette supercherie d’hyper puissance des
partis NAHDHA-NIDA médiatisée, n'est
qu'un brouillage entretenu par le "Hiwar
watani" (dialogue national), qui n’aura
servi que les intérêts de Ghannouchi,
qui du statut d’ennemi public numéro un
de la Tunisie hérité de Bourguiba,
devient une représentation nationale de
poids, un interlocuteur privilégié, reçu
comme un leaders national tunisien par
le Président Bouteflika, le grand frère
algérien « soucieux de la sécurité de la
Tunisie » !
N’en déplaise aux angéliques et aux
romantiques des fraternités à la gomme
arabique, même si les affinités entre
les deux peuples sont indéniables,
l’Algérie est avant tout un Etat avec un
pouvoir à sa tête, qui détermine sa
position en fonction des intérêts des
algériens, de ses problèmes intérieurs
et du pouvoir des généraux en place.
L'Algérie se préoccupe avant tout de la
paix à ses frontières et craint la
contagion de la "révolution" tunisienne
! C'est pourquoi les algériens préfèrent
avoir des relations d’Etat avec les
islamistes tunisiens, plutôt que de les
voir dans le maquis formant une base
arrière pour les islamistes algériens.
La démocratie, les acquis de la
modernité, la justice sociale, resteront
toujours des affaires internes à la
Tunisie ! Ils ne concerneront ni les
algériens et encore moins les français
et les américains.
Béji Caïd Essebsi a été plébiscité
par une majorité de tunisiens quand il
avait lancé NIDA TOUNES, pour sauver la
Tunisie moderne et l’œuvre bourguibienne
menacée par les hordes salafistes. Œuvre
pour laquelle, au prix d’un
autoritarisme affirmé et revendiqué,
Bourguiba n’avait jamais fait de
concessions à l’obscurantisme ni avait
accepté de partager le pouvoir avec les
religieux.
Il a fait sortir les lieux communs,
l’espace public de l’emprise du
religieux tout en améliorant les
conditions de la pratique religieuse.
Sa conviction sincèrement patriotique ne
pourra être mise en cause puisqu'il a
généralisé l’éducation, garantit la
santé publique et libéré la femme.
Bourguiba avait créé les forces sociales
qui composent aujourd’hui cette belle
société civile tunisienne qui a fait la
révolution et qui est encore capable de
la défendre sans attendre de mot d’ordre
de quelque parti politique que ce soit !
Beaucoup de destouriens prétendent à la
succession de Bourguiba, mais rares ceux
qui ont compris que la révolution du 14
janvier 2011 est le produit historique
de l’œuvre de Bourguiba grâce à
l'éducation et à l'instruction qu'il a
généralisé pour tout un peuple !
C'est lui qui a créé une société civile
capable de construire la nouvelle
Tunisie démocratique et de montrer le
chemin à ses voisins puisque la Tunisie
est devenue un exemple pour beaucoup de
pays du monde dit "arabo musulmans" et
du Tiers-monde ... tout en ayant des
avancées par rapport à son partenaire
historique, la France, et ce dans bon
nombre de questions sociétales (vote des
femmes, avortement, contraception ... )
!
Il est grand temps de faire le tri entre
« le bon grain et l’ivraie » chez NIDA,
entre les vrais disciples et les
courtisans, car n’est pas Bourguiba qui
veut.
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