Sputnik
Les exportateurs africains et
l’eldorado russe
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik
. Vladimir Pesnya
Vendredi 27 avril 2018
Source:
Sputnik La crise entre
l’Occident et la Russie ouvre des
perspectives prometteuses à d’autres
acteurs économiques. La place laissée
libre par les producteurs occidentaux,
notamment dans l’agroalimentaire,
pourrait ainsi bénéficier aux pays
africains.
La Russie
représente encore un
marché clé pour de nombreux
exportateurs européens, qu'ils
soient français, allemands, italiens,
grecs ou autres. Pourtant, les pays de
l'UE ont perdu pour très longtemps,
voire pour toujours, de larges parts de
marché dans le secteur agroalimentaire.
Les producteurs
nationaux russes ont parfaitement su
tirer leur épingle du jeu, au point
qu'au-delà de l'autosuffisance dans
plusieurs secteurs-clés, la Russie est
devenue une puissance exportatrice de
premier plan: elle s'est même hissée en
2017 à la première place mondiale des
exportations de blé, devant les
États-Unis, son principal concurrent à
l'export.
Mais il serait
également juste de rappeler que
plusieurs pays non-occidentaux ont su
profiter des occasions que représentent
les contre-sanctions russes aux
sanctions occidentales, y compris dans
le secteur agroalimentaire. Parmi eux et
hormis des pays voisins d'ex-URSS —hors
Ukraine et pays baltes-, on retrouve la
Turquie, l'Égypte, le Maroc, l'Afrique
du Sud, la Chine, le Vietnam, le Brésil,
l'Argentine, entre autres. L'Algérie
voit aussi s'ouvrir des perspectives
intéressantes et l'Afrique
subsaharienne, en plus de l'Afrique du
Sud, y aurait toute sa place.
De plus, commercer
avec la Russie ouvre potentiellement les
portes d'un marché encore plus vaste,
celui de l'Union économique
eurasiatique, qui comprend déjà la
Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie,
l'Arménie et le Kirghizistan. Le
Tadjikistan, lui, est candidat officiel
à l'adhésion et la Moldavie est quant à
elle membre observateur. Au total un
marché de plus de 180 millions de
personnes.
L'Afrique dispose
d'un climat unique, propice notamment à
la production de fruits
exotiques —appréciés des consommateurs
russes. Et à condition de créer des
conditions favorables, les producteurs
d'Afrique subsaharienne auraient toutes
les chances de réussir. Et si jusqu'ici
les exportateurs africains étaient
surtout focalisés sur les pays européens
ou du Moyen-Orient, il serait
probablement temps aujourd'hui de penser
à tisser des liens avec des partenaires
russes. À cet effet, une intensification
de contacts d'affaires entre les
producteurs et entrepreneurs des deux
parties, avec le soutien de leurs
autorités respectives, serait sans aucun
doute la solution.
Et à l'heure du
retour de la Russie sur le continent
africain, les opportunités mutuellement
bénéfiques vont se multiplier, et pas
uniquement dans l'agroalimentaire. Les
voyages de délégations africaines en
Russie, comme russes en Afrique, se sont
multipliés au cours de ces derniers
mois, des contacts facilités par
plusieurs facteurs. Tout d'abord,
l'Afrique dispose d'un nombre conséquent
de cadres ayant été formés en URSS et en
Russie. De plus, de tels échanges
bénéficient du soutien des opinions
publiques respectives de chaque pays:
on sait par exemple que la Russie,
notamment grâce à sa politique actuelle,
est grandement appréciée dans
pratiquement l'intégralité du continent
africain.
Côté russe, les
élites libérales de l'ère Eltsine, ayant
crié et juré que l'avenir de la Russie
est «uniquement avec l'Europe et
l'Occident», ayant été écartées, le
temps des illusions est bel et bien
terminé. La Russie coopérera avec ceux
qui respectent sa souveraineté, ses
intérêts et ses valeurs —comme la Russie
respecte et respectera les leurs.
Tout cela pour dire
qu'il ne faudra pas s'étonner que la
Russie et l'Afrique multiplient dans un
avenir proche leurs échanges bilatéraux.
De l'aveu des intéressés, il est
aujourd'hui évident que la Russie peut
beaucoup apporter à l'Afrique, comme
l'Afrique peut beaucoup apporter à la
Russie. Et cela concerne notamment les
domaines sécuritaire, technologique,
agroalimentaire, énergétique, minier,
éducatif, culturel, du nucléaire civil.
L'essentiel étant que la Russie, tout en
pensant évidemment à ses intérêts, saura
indéniablement aussi respecter et tenir
compte ceux de ses partenaires
africains. Ce fut le cas lors de la
période soviétique, cela restera le cas
avec la Russie contemporaine.
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Publié le 30 avril 2018 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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