Sputnik
Monde multipolaire contre vents et
marées
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Grigori Sysoev
Mercredi 27 janvier 2016
Source:
Sputnik
Le ministre russe
des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
s’est exprimé lors d’une conférence de
presse mardi et a notamment répondu aux
questions des journalistes, russes comme
étrangers.
Les thèmes
mentionnés étaient variés. Une attention
particulière a été évidemment accordée à
la Syrie, Sergueï Lavrov n'ayant pas
manqué de rappeler que les actions des
Forces aérospatiales russes ont permis
d'inverser la situation dans le pays.
« Suite à cela, le tableau de ce qui se
passe dans le pays est devenu beaucoup
plus clair, permettant de voir qui lutte
contre les djihadistes, qui les soutient
et qui essaie de les utiliser pour
atteindre ses objectifs unilatéraux et
égoïstes ».
En effet, depuis la
participation de l'aviation militaire
russe dans la campagne antiterroriste en
Syrie, tout le monde a pu noter une
intensification pratiquement immédiate
de la « lutte » côté coalition
étasunienne, ou du moins une tentative
de montrer des résultats. Car il est
vrai qu'après maintenant un an et demi
de « campagne anti-terroriste », la
coalition occidentalo-golfiste dirigée
par les USA est bien loin des résultats
de la coalition
Syrie-Russie-Iran-Hezbollah (sans
oublier l'Irak qui coordonne activement
la lutte avec la dernière), obtenus en
un temps bien moins important. D'autre
part, ce n'est plus Daech qui avance
mais bien l'armée syrienne, et ce sur
plusieurs axes du territoire de Syrie.
Les terroristes sont forcés de reculer.
A certains endroits la débandade est
telle qu'ils sont forcés d'utiliser les
civils comme boucliers humains. D'autre
part, et cela est également un résultat
direct de la participation russe, les
revenus de Daech issus de la vente
illicite de pétrole volé ont été divisés
par plus de deux, et continuent de
diminuer, forçant les extrémistes
takfiristes non invités en Syrie à voir
fondre leurs propres revenus
journaliers. Côte occidental, il n'est
plus fait mention d'un départ du
président syrien Bachar el-Assad comme
condition obligatoire à tout processus
politique, ou en tout cas beaucoup moins
ardemment.
Lors de la
conférence il a été également fait
mention de la Corée du Nord, des
relations de la Russie avec la Chine, la
Turquie, la Bulgarie, la Grande-Bretagne
et les USA (et plus globalement avec
l'Occident), le Japon et la liste n'est
pas exhaustive… Les journalistes
internationaux voulaient avoir l'avis du
chef de la diplomatie russe sur
pratiquement toutes les questions de
l'actualité internationale, ou du moins
liées aux relations bilatérales de leurs
pays avec la Russie. Assez étonnant pour
une « puissance régionale », notion que
certains tentent encore d'utiliser
lorsqu'ils font mention de la Russie.
Non… La Russie est bien une puissance
globale et personne ne pourra désormais
dire le contraire. En parlant des
relations avec l'Occident, le ministre
Lavrov a souligné un point fort
important: la Russie est ouverte aux
relations d'égal à égal avec le monde
entier, dont bien sûr les pays
occidentaux, mais la Russie ne va pas
dépendre des caprices de l'Occident…
En parlant de
caprices, il fallait voir et entendre la
question de la correspondante du
quotidien espagnol El Pais, qui n'a pas
manqué d'humour (bien qu'étant
vraisemblablement stressée par la
tournure de la conférence) en demandant
au ministre russe quand la Russie
rendrait la Crimée à l'Ukraine… Sergueï
Lavrov, dans le style qui lui est
propre, n'est pas lui aussi passé aux
émotions, se contentant juste de
rappeler que la Crimée fait partie
intégrante de la Fédération de Russie à
tous les niveaux et que pour s'en rendre
compte il faudrait y faire tour, comme
l'ont d'ailleurs fait et font plusieurs
hommes politiques européens. On peut
bien sûr comprendre le ton hautain
néocolonial de certains représentants de
l'Espagne, pays qui possède jusqu'à
aujourd'hui des colonies sur le
continent africain, plus précisément en
terre marocaine: Ceuta et Melilla (sans
oublier les Iles Canaries) et le stress
subi par Madrid à l'idée de perdre à
terme la Catalogne, le poumon économique
du pays, mais faut-il quand même garder
un minimum de sérieux. Probablement
difficile lorsqu'on a encore des
tendances coloniales.
En tout cas, pour
revenir au thème du monde multipolaire
dont Sergueï Lavrov a fait également
mention aujourd'hui encore, est qu'il
est bien une réalité malgré les défis
qui lui sont lancés par les restes de l'unipolarité.
Nous nous trouvons effectivement dans
une période de transition, lorsque les
partisans du monde unipolaire et
néocolonial veulent à tout prix mettre
des obstacles au monde multipolaire,
récemment devenu réalité et soutenu par
la majorité de l'humanité.
Et à ce sujet,
j'aimerai partager une réflexion
personnelle du jour:
Le monde
multipolaire c'est un peu comme une
course de 100 mètres. On peut la courir
avec ou sans haies.
Supposons que le
monde multipolaire c'est nous (tous ses
partisans), le coureur. Quant aux haies,
ce sont les obstacles que les élites
occidentales placent sur notre chemin.
Mais du moment que
le coureur est un bon professionnel et
qu'il sait ce qu'il fait, même en ayant
des haies en face de lui, il finira la
course. Certes, ce ne sera pas aussi
rapide que si la piste était sans haies,
mais il y arrivera quand même.
La victoire sera à
nous!
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Publié le 28 janvier 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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