Sputnik
Syrie et Donbass, quand l’ingérence US
se grippe
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Irina Gerashchenko
Lundi 22 mai 2017
Source:
Sputnik
Le chaos est un instrument de
prédilection de certaines élites
occidentales, notamment étasuniennes. La
seule différence entre les années 90 et
maintenant, c’est qu’aujourd’hui la
résistance est plus déterminée que
jamais. Les exemples de la Syrie et de
l’Ukraine l’illustrent parfaitement.
Certains diront que
le conflit dans l'Est ukrainien, plus
précisément dans le
Donbass et en Syrie sont deux moins
différentes qu'il n'y paraît de prime
abord. Si les régions, les mentalités,
les rapports ethnico-religieux n'ont
effectivement rien à voir, on y retrouve
pourtant beaucoup de similarité.
Parlons-en.
Tout d'abord, la
Syrie et l'Ukraine, à laquelle
appartenait dans un passé encore récent
le Donbass, son poumon industriel et
économique, ont connu des tentatives non
voilées de destitution violente des
dirigeants légitimes, reconnus par la
communauté internationale. Les
instigateurs de ces tentatives sont bien
connus : États-Unis et leurs soutiens.
En Syrie,
l'objectif n'a pas été atteint, malgré
un pays à feu et à sang et un très grand
nombre de victimes, militaires comme
civiles. En Ukraine, par contre, la
fameuse « révolution
du Maїdan » a fonctionné : Viktor
Ianoukovitch, le président
démocratiquement élu, a été écarté du
pouvoir par un coup d'État armé, réalisé
principalement par des forces
extrémistes, néonazies et
ultra-nationalistes. Ianoukovitch a
évité de peu l'élimination physique pure
et simple, d'où son exil en Russie.
Les fameuses
révolutions de couleur sont devenues, de
notoriété publique, une spécialité
étasunienne. Un certain nombre
d'organismes américains prennent une
part active dans ce processus malsain :
département d'Etat, CIA, Fondation Soros,
entre autres.
Selon le propre
aveu de l'ex porte-parole du département
d'État, Victoria Nuland, (la même qui
avait « envoyé l'UE se faire foutre » à
propos de la crise ukrainienne), les USA
ont déboursé 5 milliards de dollars pour
que l'Ukraine choisisse « la bonne
voie », en d'autres termes pour
organiser le coup d'Etat.
En ce sens, qu'il
s'agisse de la Syrie, de l'Ukraine ou
plus récemment du Venezuela, les
étasuniens adoptent à peu près les mêmes
méthodes, en les adaptant au contexte
local.
Qu'en est-il de la Russie, que tout ou
presque oppose aujourd'hui aux
Etats-Unis, y compris en Syrie ou dans
le Donbass ?
Moscou a soutenu le
gouvernement légitime syrien et a
répondu favorablement à l'appel lancé
par ce dernier pour l'aider à mener la
lutte antiterroriste, notamment contre
des sectes salafistes telles que Daech
ou Al-Qaida. Une intervention qui a
permis de stopper l'avancée des groupes
terroristes et de rendre l'initiative
aux forces gouvernementales.
Dans le Donbass,
les chancelleries occidentales et le
mainstream médiatique affirment voir une
« présence russe » aux côtés des
« séparatistes pro-russes », selon leurs
termes. Pourtant, ni les uns ni les
autres n'ont à ce jour présenté la
moindre preuve de l'implication russe
dans les combats en faveur des
républiques populaires de Donetsk &
Lougansk. On attend toujours. La Russie
accorde par contre effectivement un
soutien humanitaire et diplomatique à
ces régions, ce qui est peu surprenant,
compte tenu du fait que la population
concernée est russophone et très
généralement prorusse.
On le voit, dans un
cas comme dans l'autre, le leitmotiv
étasunien consiste essentiellement à
semer le chaos pour déstabiliser des
pays insoumis. Examinons maintenant des
différences.
En Syrie,
l'Occident, USA en tête, mais aussi
plusieurs régimes du Golfe et Israël,
soutiennent ouvertement ceux qu'ils
appellent « l'opposition modérée ».
Pourtant, depuis le début de la guerre
civile, la plupart de leurs pupilles ont
montré qu'ils n'avaient rien de modéré.
Exécutions sommaires, massacres des
populations soutenant le pouvoir syrien,
exécutions barbares filmées,
décapitation des militaires syriens et…
attaques terroristes, visant aussi bien
l'armée gouvernementale que les civils.
En ce sens, les prétendus « opposants »
que l'Occident soutient ouvertement,
n'ont souvent rien à envier en termes de
cruauté et de barbarie à leurs collègues
de Daech ou d'Al-Qaida.
A l'inverse, les
Résistants, désormais forces armées
officielles, des républiques populaires
du Donbass se distinguent par leur
retenue. A ce jour, ils n'ont commis
aucune attaque terroriste contre des
civils dans les parties ukrainiennes
plus ou moins pro-Maїdan. Pourtant,
pratiquement tous les territoires sous
contrôle de Kiev comprennent de nombreux
sympathisants de la DNR et LNR (les
abréviations des deux républiques du
Donbass), qui auraient pu déraper. Car
en face, l'armée ukrainienne putschiste
et des bataillons « punitifs » néonazis
et ultra-nationalistes ont, eux, commis
de nombreux massacres contre la
population civile du Donbass. La réponse
de Donetsk et de Lougansk a toujours
visé uniquement les adversaires au
front.
Quand j'ai posé
cette question aux représentants du
Donbass, leur réponse a été simple :
« Malgré la guerre, malgré les atrocités
subies, nous ne voulons pas devenir
comme eux. Nous défendons et allons
continuer à défendre notre terre. Les
séparatistes, ce sont eux (le pouvoir
kiévien, ndlr). Ceux qui ont réalisé le
coup d'Etat, pour diviser la population
sur une base ethnique et linguistique,
sous les ordres des atlantistes. Et à
chacune de leur attaque, y compris aux
actes terroristes, nous répondrons par
des victoires au front ».
Telle était leur
réponse.
Et c'est pourquoi,
que ce soit en Syrie ou dans le Donbass,
les forces obscures finiront
certainement par perdre. Et avec elles —
leurs maîtres.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 23 mai 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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