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Non, les États-Unis ne changeront pas
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AP
Photo/ Alex Brandon
Mercredi 29 mars 2017
Source:
Sputnik
Le temps passe,
les illusions s’effacent. Tous ceux qui
avaient espéré voir un changement
radical dans la politique américaine
avec l’arrivée de Donald Trump peuvent
clairement revoir leur enthousiasme à la
baisse. La politique étrangère des É.-U.
ne changera pas.
Pour de nombreuses
personnes, c'est enfin la désillusion.
Et heureusement! Car dès le départ
croire en la bienveillance de la
nouvelle administration américaine
envers le reste du monde et notamment
croire à un changement de cap dans la
crise syrienne était une approche
erronée. La toute récente attaque
étasunienne contre la base aérienne
syrienne de Shayrat, dans la province de
Homs, a de nouveau montré le seul et
véritable visage de la politique
étasunienne, à savoir une politique
ouvertement néocolonialiste. Sans
oublier évidemment la complicité avec
les terroristes, qui ont immédiatement
profité de l'attaque pour tenter de
passer à la contre-offensive. Une
contre-offensive de Daech que l'armée
syrienne a réussi à stopper.
Soyons clairs: la
pseudo-coalition commandée par les E. U.
n'a jamais eu, n'a pas et probablement
n'aura jamais pour objectif prioritaire
de lutter contre le terrorisme. Le but
était clair dès le départ: faire tomber
Bachar al-Assad. Après tout, se
débarrasser des leaders de pays
souverains qui dérangent les appétits
néocolonialistes étasuniens était et
reste une pratique habituelle au sein du
gouvernement américain. Sauf qu'avec
Assad, ils sont tombés sur un os, malgré
les énormes sommes engagées à cet effet
aussi bien par les élites occidentales
que leurs partenaires du Golfe,
notamment saoudiens et qataris. Sans
oublier évidemment la « contribution »
de la Turquie, qui a elle aussi
participé au chaos en Syrie, surtout
durant les premières années du conflit.
Et sans oublier non plus Israël, dont
l'aviation a plusieurs fois attaqué les
positions de l'armée gouvernementale
syrienne.
Les partisans de l'unipolarité
ne veulent pas s'avouer vaincus. Dans
cette optique, Donald Trump ne
représente rien d'autre qu'un énième
agent de l'establishment étasunien,
comme l'a rappelé à juste titre le
Premier ministre russe Medvedev. Rien de
nouveau donc à l'horizon: provocation
avec une attaque prétendument chimique,
gesticulations dans tous les sens des
élites occidentales et de leurs
suiveurs, puis frappe « ciblée ».
Cela ne vous
rappelle rien? L'année 2003? Sauf qu'à
la différence de la campagne irakienne,
la Russie se dresse entre les forces
étasuniennes et leurs projets. D'où
l'hystérie toujours plus grande des
Occidentaux et de leurs affidés, furieux
de ne pas pouvoir arriver à leurs fins
et de ne pas avoir de retour sur leurs
énormes investissements.
Maintenant, parlons
perspectives. Trump était probablement
un moindre mal face à Clinton, mais tout
le monde doit garder à l'esprit qu'un
moindre mal n'est certainement pas le
bien. Déjà, ses gesticulations hostiles
envers certains pays, dont l'Iran et
Cuba, deux alliés de la Russie, ne
présageaient rien de bon. Maintenant,
cette frappe contre la Syrie. Finies les
illusions de certains fans, Dieu merci.
La suite? Elle est encore incertaine.
Certains analystes
présagent que cette frappe restera
isolée, l'administration Trump, voulant
simplement montrer ses muscles, y
compris dans un but strictement interne,
pour faire plier ses adversaires
intérieurs et leur montrer qu'il n'est
pas « une marionnette de Poutine ».
D'autres pensent au
contraire que l'on risque d'assister à
un durcissement du conflit syrien,
notamment entre ceux qui se trouvent en
Syrie sur une base légale (Russie, Iran)
et ceux qui n'ont aucune légalité (la
pseudo-coalition étasunienne). Une chose
est néanmoins sûre: il faut se tenir
prêt à toutes les options. C'est
d'ailleurs en ce sens que le
gouvernement russe vient de déclarer que
désormais, il basera sa politique sur
l'imprévisibilité des États-Unis, avec
les conséquences qui en découlent.
Qu'en est-il des
autres membres de cette « coalition »?
Au vu des déclarations de soutien à la
frappe américaine du côté de Paris,
Riyad, Londres, Berlin et Tel-Aviv, ces
pays ne feront rien d'autre que d'être
des suiveurs de leur maître étasunien,
comme dans le passé récent. Quant à la
Turquie, dont on connaît l'animosité du
président envers le gouvernement légal
syrien, elle devrait néanmoins faire
très attention, car le processus de
normalisation engagée avec la Russie et
le retour annoncé du partenariat
stratégique entre ces deux pays pourrait
être ralenti, sinon stoppé en cas de
dégradation des relations entre Damas et
Ankara. Il convient en effet de rappeler
que si la Turquie est un partenaire
stratégique de la Russie, notamment au
niveau des relations
économico-commerciales, la Syrie, elle,
est un allié de Moscou. Et entre un
allié et un partenaire (même
stratégique), la priorité ira
indéniablement au premier. La Turquie
souhaitera-t-elle perdre les
opportunités qui s'offrent actuellement
à elles? Bien peu probable, mais
l'avenir le dira.
Entre temps, la
Russie a suspendu le mémorandum conclu
avec Washington sur la sécurité des vols
en Syrie. Cette annonce a été faite par
la diplomatie russe. La Russie et la
Bolivie ont également convoqué une
réunion d'urgence au Conseil de sécurité
de l'ONU. Igor Konachenkov, le
porte-parole du ministère russe de la
Défense, a pour sa part annoncé que la
Russie allait désormais renforcer le
système antiaérien des forces armées
syriennes. En effet, jusqu'ici, les
S-300 et S-400 se trouvant sur le sol
syrien étaient uniquement destinés à la
protection des militaires et des
installations russes en Syrie, ce qui
pourrait donc changer.
Sans oublier que ce
fameux mémorandum a été annulé. Le
message est-il passé? Enfin, le
président Poutine a convoqué une réunion
du conseil de sécurité de la Fédération
de Russie. Des mesures seront
certainement prises. Que les États-Unis
et leurs amis djihadistes en prennent
bonne note: la Russie poursuivra son
soutien aux autorités syriennes dans la
lutte contre le terrorisme et la défense
de la souveraineté nationale du pays.
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Publié
le 10 avril 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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