Le rapprochement
Bangui-Moscou, suscite inquiétude et
agitation dans les milieux politiques,
diplomatiques et médiatiques
occidentaux. La Centrafrique, longtemps
considérée comme partie intégrante du
«pré-carré» de l’Élysée, semble de plus
en plus en route pour prendre en main
son destin sans demander l’avis de
l’ancienne métropole coloniale.
Depuis déjà
quelques semaines, les principaux médias
mainstream, dont France 24, Le Monde,
RFI et d'autres ne cessent de commenter
le rapprocher russo-centrafricain au
grand dam des Occidentaux, notamment de
Paris:
Cette inquiétude
est d'autant plus justifiée que
l'opinion publique centrafricaine donne
largement raison aux instructeurs
militaires russes, venus former
les Forces armées centrafricaines
(FACA) au maniement des armes livrées
par la Russie. Dans un Vox Pop réalisé
par la chaîne TV panafricaine Afrique
Média TV dans la capitale de la RCA, les
langues des citoyens centrafricains se
délient:
Cerise sur la
gâteau, cette opinion clairement
anti-française et largement favorable à
la Russie est loin de se limiter à la
Centrafrique. Il suffit de poser ces
mêmes questions n'importe où en Afrique,
notamment francophone, pour s'en rendre
compte. De
Bamako à Abidjan, de Douala à
Conakry, de Brazzaville à Niamey —
partout, cette opinion est partagée.
Faut-il en être surpris? Aucunement.
Violation constante de la souveraineté
des pays africains, pillage des
ressources naturelles, soupçons de viols
sur mineurs — notamment en Centrafrique
par les soldats français de l'opération
Sangaris et la liste est loin, bien
loin, d'être exhaustive.
Et la Russie? Son
absence d'histoire coloniale en Afrique,
son ferme soutien durant la Guerre
froide aux mouvements africains de
libération nationale, la formation de
milliers de cadres africains dans le
cadre de l'assistance et les succès
récents de la politique extérieure
russe — tout cela facilite largement le
renforcement des relations
russo-africaines, à l'heure du plein
retour de la Russie postsoviétique en
terre africaine.
Maintenant, parlons
perspectives. Face à cette «révolte»
politico-diplomatico-médiatique
française face à «l'insolence» russe de
venir mettre à mal la politique
néocoloniale française et plus
généralement occidentale, que va
entreprendre la France? Il est assez
clair que les forces spéciales
françaises, tellement «efficaces»
lorsqu'il est question de violer la
souveraineté d'un pays africain, comme
ce fut le cas en Côte d'Ivoire,
n'oseront certainement pas attaquer
directement des forces plus
professionnelles qu'elles. Peut-on pour
autant dire que leur capacité de
nuisance est entièrement mise à zéro?
Certainement pas. Les élites françaises,
à l'instar des autres élites
occidentales, vont certainement miser
sur le financement de rébellions —
existantes et nouvelles pour maintenir
le chaos et entraver tout développement
durable.
Comment réagir face
à ces provocations? Le plus important
selon moi, c'est de ne pas reculer. La
Syrie, aujourd'hui un cas d'école, en
représente certainement la preuve
éclatante. Pour vaincre les forces
néocolonialistes nuisibles, il faut
rester debout, même lorsque l'ennemi
pense qu'il est arrivé à son but.
Évidemment, des alliés, et plus encore
des alliés fiables, sont aussi un
élément très important. Aujourd'hui, la
République centrafricaine s'en rend
compte chaque jour un peu plus. Les
néocolonialistes, eux, peuvent continuer
à fomenter de sales coups en prenant des
calmants pour réduire leur stress, le
fait est que face à des gens déterminés
et surtout qui comprennent désormais les
défis auxquels leurs nations font face,
ils ne sauront vaincre. Le cadre
multipolaire du respect de la
souveraineté et de la dignité de chaque
peuple s'impose. Et avec lui les
nouvelles réalités. Dernier point: la
rue africaine est aujourd'hui
géopolitiquement clairement plus
instruite que la rue européenne. Et cela
aussi, c'est une garantie de la victoire
à venir.
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