Turquie
Un scandale de
corruption éclabousse le gouvernement
Erdogan
Merzak Tigrine
Dimanche 22 décembre 2013
L’inculpation, hier, par la justice
turque, dans le cadre d'un scandale de
corruption sans précédent, des fils de
deux ministres proches du Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, risque
d’avoir des répercussions négatives sur
l’AKP à quatre mois des élections
municipales.
Le parti AKP de Tayyip Recep Erdogan
risque d’être sérieusement ébranlé par
la tempête politico-financière qui
s’abat sur lui à quatre mois seulement
des élections municipales. En effet,
l’inculpation, hier, par la justice
turque des fils de deux ministres
proches du Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan, dans le cadre d'un scandale de
corruption sans précédent, éclabousse le
gouvernement islamo-conservateur.
C’est au terme d'une longue nuit
d'auditions au palais de justice
d'Istanbul, que Baris Güler et Kaan
Caglayan, les fils des ministres de
l'Intérieur Muammer Güler et de
l'Économie Zafer Caglayan, ont été
emprisonnés samedi matin, conformément
aux réquisitions des procureurs en
charge de ce dossier. Outre ces deux
personnalités réputées proches de Recep
Tayyip Erdogan, une vingtaine d'autres
personnes ont été placées en détention,
dont le P-DG de la banque publique Halk
Bankasi, Suleyman Aslan, et l'homme
d'affaires originaire d'Azerbaïdjan Reza
Zerrab. Toutes ces personnes sont
soupçonnées de corruption, de fraude et
de blanchiment d'argent dans le cadre
d'une première enquête sur des ventes
d'or et des transactions financières
entre la Turquie et l'Iran sous embargo.
Le fils du ministre de l'Environnement
Erdogan Bayraktar, Abdullah Oguz
Bayraktar, le magnat des travaux publics
Ali Agaoglu, patron du groupe éponyme,
et le maire du district stambouliote de
Fatih, Mustafa Demir, membre du Parti de
la justice et du développement (AKP) au
pouvoir, ont été laissés en liberté
jusqu'à leur procès. Ce deuxième groupe
de personnalités est soupçonné de
corruption dans le cadre de deux
affaires distinctes de marchés publics
immobiliers. En dépit de ce scandale, le
gouvernement turc a poursuivi vendredi
sa vague de purges dans la police en
sanctionnant 17 nouveaux hauts gradés.
Recep Tayyip reproche à la cinquantaine
d'officiers démis de leurs fonctions
depuis mardi d’ “abus de pouvoir”», en
l'occurrence de ne pas avoir mis dans la
confidence leur tutelle politique de
l'enquête qui la vise. Comme il l'avait
fait lors de la fronde
antigouvernementale qui a secoué son
pays en juin, le Premier ministre a
brandi la théorie du complot et accusé
un “État dans l'État” d'être à l'origine
de cette “sale opération” destinée à le
salir. Vendredi soir, à la clôture des
débats au Parlement sur le budget 2014,
le vice-Premier ministre Bülent Arinç a
dénoncé, pour sa part, “une campagne de
lynchage contre le gouvernement”. “Nous
ne l'avons pas mérité. Qui d'autre que
nous a lutté d'une manière aussi
déterminée contre la corruption ?”
a-t-il lancé aux députés de l'opposition
qui l'interpellaient bruyamment. “Nous
sommes confrontés à une conspiration
dégoûtante”, a renchéri de son côté le
ministre des Affaires européennes,
Egemen Bagis, dont le nom a également
été cité par certains médias dans cette
affaire. Le chef du gouvernement, pas
plus que ses ministres, n'ont pas
précisé le nom des responsables de cette
“conspiration”. Mais tous les
observateurs ont reconnu dans leur mise
en cause la puissante confrérie du
prédicateur musulman Fetullah Gülen,
très influente dans la police et la
magistrature. Alliée de l'AKP depuis son
arrivée au pouvoir en 2002, cette
organisation est entrée en guerre contre
le gouvernement à cause d'un projet de
suppression d'écoles privées, illustrant
les failles qui lézardent désormais la
majorité.
Copyright
© 1998-2013
Tous droits réservés Liberte-algerie.com
Publié le 22 décembre 2013 avec
l'aimable autorisation de Liberté
Algérie.
Le sommaire de Merzak Tigrine
Les dernières mises à jour
|