Ecologie
NDDL et Barjac
délivrent un message clair :
la transition, c'est maintenant !
Maxime Combes
© Maxime
Combes
Mardi 1er mars 2016
Les dizaines de
milliers de manifestants du week-end
contre la construction de l'aéroport de
Notre Dame des Landes (NDDL) et contre
les hydrocarbures de schiste (Barjac)
ont délivré un message d'une grande
clarté à un gouvernement qui en manque :
il est urgent d'abandonner les
infrastructures et projets d'un autre
âge et de se tourner vers la transition
écologique et sociale.
Plus de 50 000 manifestant.e.s contre la
construction de l'aéroport de Notre-Dame
des Landes ce samedi. Près de 15 000 à
Barjac dans le Gard, contre les
hydrocarbures de schiste et pour une loi
d'interdiction. Le message est clair,
les exigences connues : les projets de
construction de nouvelles
infrastructures carbonées et
d'exploitation sans limite des
ressources naturelles doivent être
abandonnés pour laisser place à la
transition. Des exigences qui sont
autant d'engagements individuels et
collectifs pour se mettre en travers de
ce mal-développement.
A Notre-Dame des Landes, samedi
27 février
Une claque aux
projets climaticides
François Hollande, le gouvernement et
les collectivités territoriales ont le
choix : bifurquer, en modifiant leurs
décisions, leurs choix d'investissement
et les régulations actuelles pour
accompagner ce mouvement citoyen. Ou
bien, s'ils ne changent rien, ils
trouveront face à eux une population de
plus en plus déterminée à bloquer les
projets climaticides et inverser l'ordre
de priorité des politiques publiques :
la protection des écosystèmes plutôt que
l'exploitation sans limite de la nature,
l'abandon progressif de l'utilisation
des énergies fossiles et fissiles plutôt
que l'accroissement du pouvoir des
multinationales (Tafta and co), la
solidarité et la coopération plutôt que
la concurrence et la compétitivité, la
justice et la dignité plutôt que
l'arbitraire et la déchéance.
« Pour résoudre la crise climatique
(…), les bons sentiments, les
déclarations d’intention ne suffiront
pas, nous sommes au bord d’un point de
rupture ». Nous avons besoin « d’une
profonde mutation, nous ne pouvons plus
considérer la nature comme un vulgaire
et inépuisable réservoir de ressources
destiné à notre seul et plein
accomplissement ». « Notre plus grand
défi, c’est de passer d’une
mondialisation fondée sur la compétition
à un modèle basé sur la coopération ».
« Nous devons penser la planète comme un
espace unique, établir un pacte d’équité
entre le Nord et le Sud et un
partenariat entre l’homme et la
nature ».
Ces paroles, prononcées par François
Hollande en ouverture de la COP21, le 30
novembre dernier, pour faire bonne
figure devant les caméras du monde
entier, sont sur le point de passer aux
oubliettes de l'histoire : refus
d'abandonner NDDL, allongement de la
durée de vie des centrales nucléaires,
incapacité à penser et opérer une
transition agricole, décision autorisant
Alteo à rejeter des produits toxiques au
large des Calanques, soutien aux
négociations du Tafta ou encore à la Loi
travail. Faut-il être surpris alors que
le renoncement et le reniement sont
devenus monnaie courante à l'Elysée et à
Matignon ?
A Barjac, ce dimanche 28 février
Un souffle éthique
et politique
Nous, les citoyennes et citoyens
mobilisés à Notre-Dame des Landes et à
Barjac (et ailleurs), nous ne sommes pas
de celles et ceux qui changent d'avis en
fonction de l'attention des media. Nous
ne sommes pas de celles et ceux qui vont
laisser les multinationales telles que
Total ou Vinci accroître leur emprise
sur nos territoires et nos vies. Nous ne
sommes pas de celles et ceux qui vont
accepter de voir notre avenir hypothéqué
au nom de la compétitivité et du
productivisme promus par des élites
déconnectées du sens des réalités. Nous
ne sommes pas de celles et ceux qui
préfèrent incriminer le voisin et la
voisine plutôt que modifier leurs
politiques inefficaces.
Non. Nous, nous sommes celles et ceux
qui nous battrons sans relâche pour
opérer une véritable transition
écologique, sociale et démocratique.
Pour nous, ces mots ne sont pas sans
valeur : c'est notre horizon. Un horizon
d'émancipation et d'innovation, pour que
demain, nous puissions vivre bien,
toutes et tous, dans des territoires et
sur une planète aussi préservée que
possible. Face à l'état d'urgence
climatique, face à l'aggravation de la
crise écologique, face à l'impasse de
politiques économiques néolibérales qui
génèrent précarité et désespérance, les
mobilisations de Notre Dame des Landes
et Barjac peuvent contribuer à redonner
un cap collectif, un souffle éthique et
politique, visant à récupérer notre
avenir et mettre de côté les
demi-mesures et promesses vides qui
conduisent à perpétuer l'inacceptable.
Changeons le système,
pas le climat - Attac France
Ce week-end réussi donne le coup
d'envoi des mobilisations pour le climat
et la transition à venir : outre le
maintien de la pression contre ce projet
d'aéroport suranné et contre les
hydrocarbures de schiste, ces
mobilisations citoyennes viseront
notamment à
bloquer le Davos des pétroliers
qui se tiendra à Pau début avril, comme
un prélude aux actions prévues dans le
monde entier en mai prochain pour nous
libérer des énergies fossiles (campagne
BreakFree). Pour un futur
juste et vivable, c'est à nous de faire
respecter les lignes rouges à ne pas
franchir.
La transition écologique et sociale,
c'est maintenant.
Maxime Combes, économiste et membre
d'Attac France.
Auteur de Sortons de
l'âge des fossiles ! Manifeste pour la
transition,Seuil, coll. Anthropocène.
@MaximCombes sur twitter
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