Récit de séjour en Syrie, 3-17 octobre
2015
Damas à bâtons rompus
Marie-Ange Patrizio
Dimanche 3 janvier 2016
7ème épisode
Conversations, fanfares, percussions et
explosions.
Lundi soir 12 octobre, nous avons
été voir Dora, que j’avais rencontrée le
dimanche 13 novembre 2011, pour lui
remettre de l’argent à faire parvenir[1]
à la famille de R. pour les aider à se
chauffer pour l’hiver. J’écris ceci
après avoir eu ce matin des nouvelles de
Syrie : il a neigé hier, 1er janvier
2015, à Damas. Il a neigé aussi dans le
village où nous étions. Je réalise que
nous n’avions pas beaucoup souffert à
Damas des coupures d’électricité car à
l’hôtel des étoiles, comme dans les
restaurants, il y a un groupe
électrogène qui prend le relais à chaque
coupure. Mais chez les particuliers,
dans Damas comme ailleurs, ces coupures
rendent la vie quotidienne très
difficile. Au début du mois d’octobre,
les journées sont plus longues, et,
surtout, chaudes. Je vous laisse
imaginer l’hiver, maintenant… Je pensais
hier que pour Noël 2011 et le Jour de
l’an 2012 des amies à Damas m’avaient
écrit cette année il n’y aura pas
d’illumination, en solidarité avec les
familles en deuil des attentats. Qui
imaginait à cette date ce qui allait
suivre de deuils, attentats,
destructions, pénurie ? Et plus de
quatre années de guerre.
Nous avons passé un beau moment sur le
balcon de Dora, quartier résidentiel,
côté rue parce que coté jardin le balcon
est condamné : trous dans les volets
roulants baissés. « Il y a un an,
par ricochets des tirs d’un sniper
depuis le jardin […] des gens qui
dénoncent leurs voisins » chrétiens, ou
laïcs ou pro-Assad, « c’est des
collabos. Sinon les snipers tirent
n’importe où ». « Je le ferai réparer
après la guerre » !
Mardi matin, Marie, une consoeur
psychologue et amie de Dora, dont nous
avons fait la connaissance hier soir,
vient nous chercher pour nous amener à
la découverte de la vieille ville, à
l’intérieur des murailles. Mais je
raconterai une autre fois cette
déambulation, parce que je voudrais
d’abord vous faire part d’une visite qui
va prendre beaucoup de place dans ce
récit, comme dans notre séjour. Nous
avons rendez-vous à 16 heures avec le
Père Elias Zahlaoui, à Notre Dame de
Damas. Visite imprévue, elle fait partie
de ce qui s’organisé sur place au gré de
nos rencontres : celle-ci improvisée la
veille, à l’issue de notre conversation
avec la directrice du Centre Aamal[2].
Claudia T. nous avait dit « le Père Elias vit dans une petite
pièce, au milieu de ses livres », mais
c’est dans le salon d’accueil de la
paroisse qu’il nous attend. Rafqa et moi
connaissions le Père Zahlaoui par ses
textes : moi sa Lettre au Président
Hollande[3]
et Rafqa son intervention au Parlement à
Damas. Je rapporte ici, à partir des
notes de chacune de nous trois, la plus
grande partie de notre conversation à
bâtons rompus avec le Père
Zahlaoui et Thierry Meyssan, tous les
deux se saluant en disant, chacun, qu’il
avait envie depuis longtemps de
rencontrer l’autre sans avoir osé le
déranger.
m-a : « Heureusement qu’on est venues à
Damas ».
Peut-être à cause du lieu et de la
stature -à première vue carrée, la suite
confirme- de notre interlocuteur notre
entretien démarre dans une tonalité un
peu solennelle qui va cependant vite
changer : le Père Elias est quelqu’un
qui ne tourne pas autour du pot. Je vais
transmettre nos propos à peu près dans
l’ordre chronologique, mais aussi,
parfois, en les replaçant dans la
logique des deux thèmes principaux qu’il
a évoqués : la situation politique et
les phénomènes qui ont eu lieu à
Soufanieh pour lesquels il avait été
mandaté par sa hiérarchie, à partir de
1982.
Le Père Elias parle d’abord de la
situation politique et des rapports avec
le pays d’où viennent ses visiteurs :
« En France tout est à vendre […] Je
n’ai pas cessé dans mes lettres ouvertes
de provoquer l’Eglise d’Occident. "Que
faites-vous en Occident ? Que fait
l’Eglise ? Qu’est-ce qu’elle devient ?
Est-ce qu’elle est muette ?". Dans ma
dernière lettre j’ai traité les évêques
de momies. Ce sont des momies, c’est
pour cela qu’on m’a dit : Père il vaut
mieux ne pas venir, de peur de
compromettre la mission de Myrna
(tournée en Europe de Myrna Nazzour. à
l’automne 2015) ». Peut-être pourra-t-il
venir en mars avec sa chorale ?
A propos des phénomènes de Soufanieh et de Myrna Nazzour : « il faut que
je vous parle de cette icône, qui a
exsudé de l’huile. On était 2 prêtres à
s’en occuper, tous les deux très
récalcitrants avec ces phénomènes. En
fait cette icône c’est Notre Dame de
Kazan ». L’autre prêtre a écrit un
compte-rendu à ce sujet en 82. « On l’a
intitulé du nom du petit quartier de
Soufanieh [au-delà des murailles de la
vieille ville, à côté de la porte de Bab
Touma], où ça s’est produit ». Une
chrétienne, Myrna « entend des messages
du Christ et de la Vierge», « elle entre
en extase» et « de l’huile lui coule des
yeux, avant l’extase, de la tête, des
deux mains, du cou ; à chaque fois que
le Christ parle l’huile lui coule des
yeux et ça lui provoque des brûlures
atroces. Il faut la retenir de peur
qu’elle ne s’arrache les yeux. Des
médecins l’ont examinée, il y a eu des
rapports sur ces phénomènes, une
psychologue a fait une thèse sur elle au
Liban ».
Les dates des apparitions coïncident avec des fêtes
religieuses ; la dernière fois, en 2014
«le jeudi saint 2014, c’était le 17
avril, jour de la fête nationale de
Syrie, de l’Indépendance, il y a eu ce
message : "les blessures qui ont saigné
sur cette terre sont celles-là mêmes qui
sont dans mon corps. Car la cause et
l’auteur sont le même. Mais gardez la
conviction que leur sort est celui-là
même de Judas". En 2004, c’était le
jeudi de l’Ascension : devant un groupe
venu de France, d’Allemagne, d’Autriche,
du Canada, du Liban, de Damas, avec des
représentants de télévisions de divers
pays européens et américains et des
théologiens venus de France, Autriche,
Allemagne, Canada etc. Le message était
ceci : "Mon dernier commandement pour
vous : retournez chez vous mais portez
l’Orient dans vos coeurs. D’ici a de
nouveau jailli une lumière dont vous
êtes le rayonnement pour un monde séduit
par la matière, la concupiscence et la
célébrité au point qu’il en a presque
perdu ses valeurs. Quant à vous,
conservez votre orientalité, ne
permettez pas qu’on aliène votre
volonté, votre liberté, votre foi dans
cet Orient".
Tous ces messages je les ai rapportés dans un gros livre, avec les
rapports des théologiens et les
témoignages[4].
Ça fait trente-trois ans que je connais
Myrna, chaque fois que je l’entends
parler je ne la reconnais pas. C’est
bouleversant, de simplicité, de
transparence, d’humilité».
Ces messages je les ai notés tels que nous les a rapportés le Père Z.,
in extenso comme des fragments
cliniques.
TM dit qu’il n’a jamais entendu parler de Soufanieh et de Myrna, chose
qui mérite aussi d’être précisée ici
puisque TM vit à Damas depuis quatre ans
et qu’il est généralement bien informé.
Moi j’en avais entendu parler, par les
diffusions de celui qui organise les
tournées de Myrna en France, le Docteur
Jean-Claude Antakli, qui m’avait
contactée après avoir lu le récit de mon
séjour en 2011. Mais je ne savais pas
que le Père Zahlaoui s‘était occupé de
Soufanieh. Aucune de nous trois, ni
Thierry sans doute, ne pensait en venant
à ce rendez-vous entendre parler
d’extases, de stigmates, de visions et
de messages divins.
Et je dois dire mon embarras, d’abord, pour restituer, ou pas, cette
partie-là de notre entretien ; qui
détonne dans le reste de notre
séjour, et de ce récit. Désagréablement
bousculée par ce que j’avais entendu,
et, au moment de le relater, perplexe
encore sur la façon de le présenter.
Nous n’en avions pas reparlé avec Rafqa
et Dominique : embarrassées toutes les
trois par cette irruption de phénomènes
présentés si ce n’est comme miraculeux,
en tous cas comme surnaturels. Et
rompant la rationalité de nos analyses.
Taire ce passage m’aurait débarrassée
d’un malaise. Mais ç’aurait été trahir
un engagement de notre interlocuteur, et
censurer une partie non anodine de la
réalité à laquelle nous avons été
confrontées de façon très inattendue ce
jour-là : quel que soit son rayonnement
dans le pays, et du fait même de sa
teneur, pas des plus banales, le
phénomène rapporté par le père Zahlaoui
est un des aspects actuels, paradoxaux,
de la composante religieuse d’une
société qui paye cher, par ailleurs, son
choix de la laïcité au milieu d’une
région fanatique[5].
Ce qui nous tombait dessus dans ce moment-là, c’est la
confrontation avec « ce qu’on appelle
tout gentiment une mystique »[6]
comme disait le Docteur Lacan. « Ceux
qui croient au ciel » verront dans ce
qui touche Myrna l’effet d’une
intervention divine ; « ceux qui
n’y croient pas » sont bien embarrassés…
Et vont se reporter à ce que disent des
poètes et des psychanalystes de cette
« expérience vertigineuse, obscure et
indéchiffrable»[7].
Si vous êtes choqués par ce que vous lisez ici, c’est rassurant. Il faut
n’avoir jamais été confronté,
professionnellement ou dans la vie
courante, au délire d’un aliéné ou
aux paroles d’un(e) mystique pour
imaginer qu’écouter leurs propos (qui ne
sont pas du même registre), même
médiatisés comme ici par le récit d’un
tiers, n’est pas au moins déstabilisant
voire un tantinet angoissant ; y compris
quelques semaines plus tard, à tête dite
reposée. Soit on fait l’impasse sur ce
qui nous heurte, et tranche avec le
reste de la démarche, soit on prend ces
paroles confiées au sérieux, en
l’occurrence comme une séquence
clinique : «Moi je n’emploie pas le mot
mystique comme l’employait Péguy. La
mystique, ce n’est pas tout ce qui n’est
pas politique. C’est quelque chose de
sérieux, sur quoi nous renseignent
quelques personnes, et le plus souvent
des femmes (…) Ces paroles mystiques, ce
n’est ni du bavardage, ni du verbiage,
c’est en somme ce qu’on peut lire de
mieux (…)»[8].
Je vous en livre quelques fragments ici,
non sans avoir eu recours, parallèlement
à cette transcription, à la relecture de
ceux, psychanalystes et historiens de la
littérature, qui n’ont pas eu peur de se
pencher sur le récit de ces visions,
apparitions, spasmes, extases, stigmates
et leur cortège d’interrogations très
dérangeantes pour nos névroses
ordinaires et nos analyses rationnelles.
En se souvenant aussi qu’il y a eu à Damas au moins un précédent célèbre
en matière de vision, apparition et
inscriptions somatiques. Il y a deux
mille ans environ, Paul de Tarse,
collaborateur juif zélé de l’occupant
romain, a écrit comment il a été
terrassé et rendu aveugle à la suite
d’une vision -apparition du Christ- au
cours d’une mission contre les
chrétiens, puis recouvré la vue grâce à
l’intervention du chrétien Ananias près
de la Rue Droite de la Porte d’Orient,
pas très loin de l’actuel Soufanieh. Le
discours et l’expérience mystiques ne
sont pas déconnectés de la réalité
sociale, géographique, historique, et
politique[9].
T. Meyssan, que j’ai interrogé à ce
sujet, m’indique aujourd’hui : « Le
message de Soufanieh c’est de conserver
l’orientalité, c’est-à-dire la
perception qu’il n’y a qu’une foi et que
les religions authentiques sont autant
de chemins vers le même Dieu. C’est ce
qui justifie la Syrie laïque
d’aujourd’hui par opposition au projet
des Frères Musulmans porté par Daesh ».
Père Elias : «Sans les Russes et
les Chinois la Syrie aurait disparu, 140
pays contre la Syrie pour les beaux yeux
d’Israël et les dollars du Qatar et de
l’Arabie saoudite. […]
Le maire de Kazan, un
musulman, a envoyé ici son conseiller,
un chrétien de Kazan ; il est venu avec
un groupe, ils ont passé une semaine,
pris un tas de documents en 2005. Une
traduction russe a été faite ici. Et ils
l’ont apportée à Kazan ; et je compte la
faire imprimer pour l’offrir à
Poutine. A Kazan on m’a dit la
traduction est digne de Dostoïevski !
Les USA sont un hippopotame qui marche
sur un champ de tulipes ».
Rafqa me rappelle au moment où je rédige
cette visite que le Père Elias avait
parlé de voyoucratie pour cet
hippopotame (et certains de ses alliés).
[…]
Rafqa : j’ai lu votre intervention sur
la conception de l’homme syrien
[Internet, en arabe].
EZ : laquelle ?
m-a : au Parlement.
EZ : oui, ils m’ont sollicité pour cette
intervention.
TM : au Parlement ici ?
EZ : oui, le 2 février. On m’a fait la
surprise de venir, trois personnalités
du Parlement, pour me demander un mot.
On a échangé, ils m’ont dit "nous
voudrions que vous parliez de la
reconstruction de l’homme en Syrie" »…
Rafqa : ah oui, c’est ça !
EZ : et je leur ai présenté un texte, un
mois après. Il a été traduit en France,
et je l’ai [re]traduit moi-même après
parce que celle qui l’avait traduit
avait escamoté pas mal de choses.
m-a : c’est vrai ?!
EZ : oui, oui, moi je me sois permis de
faire la traduction intégrale !
Malheureusement je n’ai pas le texte ici
de la traduction mais je vous l’enverrai
si vous me donnez vos coordonnées. Je
l’ai en arabe, ici, vous lisez l’arabe ?
TM, m-a et D. : non…
Rafqa : moi je lis l’arabe !
EZ : Comment vous vous appelez, votre
nom de famille ? [Ils parlent tous les
deux en arabe]. Ah, il y a de beaux
lieux là-bas.
R. : Il connaît mon village !
EZ : [à nous] : la Vallée des Chrétiens,
vous connaissez ? C’est une très belle
région.
Rafqa : c’est chez moi !
EZ : Je vais vous raconter, j’ai
rencontré en 1990 un écrivain français
ancien parlementaire. Il m’avait donné
un de ses livres et ensuite on a discuté
ensemble. Il était anti-européen, contre
le Traité de Maastricht, depuis on est
resté en contact. Avant les événements
il a demandé à venir en Syrie, il a
passé 4 jours, il m’a demandé de
rencontrer des familles musulmanes,
moi-même je suis de Damas et j’ai
toujours refusé n’importe quelle
invitation de repas chez des amis :
après on ne peut plus fermer la porte !
Ce jour-là, pour lui, j’ai téléphoné à
des amis musulmans en leur disant est-ce
que je peux venir partager le repas chez
vous demain soir ? C’est la dame qui m’a
répondu et elle m’a dit bien sûr ! Ils
habitent près d’ici, ce sont des gens
extraordinaires. Durant toute la visite
et tout le repas il me regardait de
temps en temps et me disait "je n’en
crois pas mes yeux et mes oreilles :
c’est ça la Syrie ?" - oui c’est ça.
Ensuite je l’ai amené à Douma chez des
amis musulmans dont la fille est médecin
à Pontoise. Là encore il me disait "mais
ce n’est pas ce qu’on nous raconte…". Je
lui ai dit "mais vérifiez ce qu’on vous
raconte ! ». Et maintenant pendant les
événements il ne cessait de me
téléphoner. Un jour je lui ai dit :
"Monsieur Untel, qu’attendez-vous pour
écrire ?" il m’a répondu "je n’ose pas".
Je lui ai dit : "ancien parlementaire et
écrivain, vous n’osez pas ? Pourquoi
Thierry Meyssan ose ?" Vous savez ce
qu’il m’a dit ? "Mais Thierry Meyssan
est un iconoclaste, vous connaissez le
terme ? Un iconoclaste, c’est-à-dire
quelqu’un qui casse des barres [sic]".
Je lui ai dit "mais cassez des barres
vous aussi !" ll m’a dit "je n’ose
pas"…
TM : Oui mais si personne n’ose, tout le
monde va finir en prison. C’est une
prison intellectuelle.
EZ : Où va-t-on ?
D. de France : On se met soi-même en
prison.
EZ : On m’a envoyé dernièrement le livre
de Michel Raimbaud « Tempête sur le
grand Moyen-Orient »[10],
c’est un livre terrible. Je connais une
dame qui le traduit en ce moment,
l’ancienne ministre de la culture […]
c’est bien mené, un grand livre.
[…] Il faut lire aussi « Le dérèglement
du monde » d’Amin Maalouf, et « Les
identités meurtrières » en 97 : ce sont
des textes très actuels.
La Syrie a été exécutée mais elle
ressuscitera ».
Une jeune fille entre pour
demander quelque chose au Père Elias et
s’interrompt en s’exclamant (en
français) : «Vous êtes Thierry Meyssan
?! Je lis tous tes articles, merci,
merci, je peux faire une photo avec vous
?! ». Surprise de TM, séance photos,
sympathique, on en profite pour faire
les nôtres aussi ; le père Elias nous
dit ensuite « elle travaille à la
télévision », et fait partie de la
chorale.
Photo D. de France, 13 octobre
2015 à ND de Damas.
Dans la 2ème partie de notre
visite, la situation se renverse : c’est
le père Elias qui interroge TM ! Sur son
analyse de la situation dans toute la
région. On retrouvera cette analyse plus
rigoureusement dans les chroniques
hebdomadaires publiées dans « Réseau
Voltaire International » au cours des
semaines qui ont suivi.
TM : La semaine dernière, il y a eu une
réunion au Conseil de sécurité nationale
[à Washington] où tout d’un coup le
Conseil s’est divisé en deux : ceux pour
et ceux contre la guerre. Jusqu’ici tout
se faisait par dessous et on ne savait
pas qui était pour et qui était contre.
La personne qui a pris position contre
la Syrie est Samantha Power[11],
c’est elle qui a pris la direction de
l’opposition à la Syrie.
Ça montre que c’est bien à l’ONU que ça
s’est organisé contre la Syrie, avec
Feltman [adjoint au Secrétaire général,
pour les Affaires politiques[12]]
Ils ont essayé de gagner du temps pour
qu’il y ait une défaite militaire de la
Syrie. Ils ont commencé fin juin 2012.
En juin 2012 les USA et les Russes
s’étaient mis d’accord, et tout d’un
coup la guerre est repartie sous la
direction de la France. Le 7 juillet il
y eu une conférence à Paris des « Amis
de la Syrie »[13]
: tout est reparti contre ce qu’Obama
avait négocié. Il ne contrôlait plus
rien. Samantha Power et Feltman avaient
tout dirigé.
m-a : Elle est terrible Power…
TM : C’est un professeur de droits de
l'homme ! Il faut que les USA deviennent
la puissance qui empêche les génocides ![14]
[…]
EZ : et le lobby [sioniste] ?
TM : il tient le Congrès, pas
l’exécutif. [C’est bien décrit dans] le
livre de James Petras, non traduit en
français[15].
Le 15 septembre 2001, il y avait eu une
réunion à Camp David présidée par
Georges W. Bush. La guerre contre la
Syrie a été votée par le Congrès, puis
promulguée par le président Bush le 12
décembre 2003 (Syria Accountability
Act).
Maintenant en Israël Netanyahu est sur
la ligne coloniale originelle d’Israël.
Mais, mystère : pourquoi a-t-il été
réélu ? Car tous les grands chefs
militaires israéliens ont abandonné
cette ligne : c’est le mouvement
Commanders for Israel Security
[16]
: ils sont nés en Israël et ce qu’ils
veulent c’est continuer à vivre là, pas
conquérir le Moyen-Orient. Tous ont pris
position contre Netanyahu. La politique
israélienne ne peut pas durer très
longtemps.
[…]
Maintenant le défi pour la Syrie, c’est
liquider les djihadistes et commencer
immédiatement la négociation pour régler
le problème du Golan avec Israël.
EZ : comment voyez-vous les mois qui
viennent ?
TM : Normalement les bombardements
russes vont continuer jusqu’au 6
janvier, ils souhaitent que cette
campagne soit finie pour le Noël
orthodoxe. L’essentiel de la Syrie
habitable sera libéré.
Les djihadistes se retireront en
Jordanie, en Irak et en Turquie où il y
a un risque de guerre civile[17].
EZ : indépendamment des problèmes avec
les Kurdes ?
TM : non, mais même en dehors de ça : il
y a aussi le combat des laïcs contre les
islamistes, en Turquie. Actuellement il
y a trois camps d’al-Qaeda et
beaucoup plus de camps de Daesh, en
Turquie […].
EZ : et l’explosion il y a deux jours, à
Ankara…[18]
[…]
TM : Il y a un problème militaire, la
Russie a déployé des armes dont personne
ne connaissait l’existence.
En fait [avec] le tir de missiles de
croisière [missiles de croisière 3M14
Kalibr tirés le 7 octobre par des
navires russes depuis la mer Caspienne]
ils ont montré qu’ils avaient des
missiles plus précis que ceux des USA.
Et un rayon d’action de 1500 Km. [De ce
fait] ils ont complètement ruiné tous
les investissements financiers sur le
bouclier USA.
Quand les Russes sont arrivés ici, les USA ont dit "on ne sait pas
très bien ce qui se passe". Les Russes
ont installé une énorme station de
brouillage au nord de Lattaquié, avec un
rayon d’action de 300 Km. Tous les
systèmes d’interception, radio guidage,
tout est brouillé ! Y compris le système
satellitaire. Ils [USA] ne sont plus
capables de voir le fonctionnement des
avions. Ça a été une grosse surprise
pour le monde entier ! Et du nord de
Lattaquié ils brouillent la station Otan
d’Iskenderun en Turquie… Ils ne savent
pas ce qui se passe, personne ne sait ce
qui se passe en Syrie sauf par les
communiqués des Russes et des Syriens.
La France, quand elle bombarde à Raqqa
c’est qu’elle ne peut pas bombarder
ailleurs, à cause de ce défaut de
renseignements : c’est vraiment pour
montrer ses muscles.
Par contre les Russes n’iront pas à
Deraa, au Sud, parce qu’ils devraient
brouiller aussi l’Etat d’Israël. La
Russie voulait vérifier que le
brouillage fonctionnait aussi sur le
territoire turc[19].
Il y a trois jours les avions du Commandement Central [étasunien] ont
largué par parachutage 50 tonnes d’armes
pour les djihadistes. Qui a envoyé ces
armes ?
Ordre de la Maison Blanche ? Du
Pentagone ? Un général qui a dit il me
reste ça je le leur largue !? C'est un
désordre gigantesque, les Usa, une
machine énorme, il n’y a plus de
hiérarchie, plus de structures ; si les
USA étaient organisés la guerre ici
serait finie depuis longtemps.
[…]
EZ : Robert Dôle, « Le cauchemar
américain », dans l’introduction il dit
j’écris en français pour m’innocenter de
la langue anglaise des USA.
[…]
EZ : Donc d’après vous la Syrie va
échapper au nettoyage [planifié par les
faucons étasuniens] ?
TM : Tant qu’il reste aux USA des gens
comme Power et Feltman, il peut y avoir
un dérapage. Mais l’opération russe va
diminuer la force des jihadistes. Daesh
et al-Nosra ont des systèmes de
communication, des usines de fabrication
d’armes etc. mais ce n’est pas une
armée. Tout ça a été détruit.
[…]
EZ : Est-il possible que les Européens
ne sachent pas le nombre de gens qui
viennent ici [faire la guerre] ?
L’Armée Syrienne n’en a aucune idée.
Ceux qui sont arrivés de l’extérieur,
depuis 2011, on pense au moins 250 000…
Ils ont d’abord trois semaines
d’entraînement en Jordanie[20].
Il y avait des instructeurs français,
sans doute un encadrement militaire
français. Dans la première période la
France a envoyé environ une centaine de
militaires : Légion et soldats, et DGSE,
détachés de la Défense pour l’Elysée.
Certains sont morts ici, certains sont
prisonniers mais tous les autres se sont
repliés après la chute de Baba Amr
[quartier occupé par les terroristes à
Homs]. L’amiral Guillaud est venu les
reprendre à la frontière libanaise[21].
Mais quand Hollande a relancé la guerre
en juillet 2012, il y a eu à nouveau des
militaires français. Depuis le début de
la guerre le gouvernement syrien a
essayé d’établir des relations avec des
parlementaires français : qui ne font
rien.
m-a : Les parlementaires français le
savent ?
TM : il y en a qui savent ..!
La France est prisonnière de l’Arabie
Saoudite. Aujourd’hui ils [Arabie
Saoudite] ont au moins 10% de
l’industrie française, actions dans 40
banques et sociétés françaises… Si
l’Arabie Saoudite retire tout d’un coup
tout son argent, tout s’effondre. Les
Saoudiens ont vraiment un moyen de
chantage. Plus que le Qatar. C’est un
autre type de relations : l’émir Hamad
mettait son avion à disposition [de
Cécilia Sarkozy, ensuite Carla Bruni]…
m-a : Et Azmi Bishara maintenant est
conseiller de l’émir du Qatar…
TM : Tariq Ramadan y est aussi.
EZ : Azmi Bishara, en Syrie on le
considérait comme un héros !
[…]
TM : Mr Juppé est celui qui a négocié au
Royaume Uni, en 2010, que le Royaume-Uni
et la France attaquent ensemble le Syrie
et la Libye.
En mars 2011 [à l’époque ministre des
Affaires étrangères sous la présidence
de N. Sarkozy] il a signé un décret
secret avec le ministre des Affaires
Etrangères turc Davutoglu [toujours en
fonction], qui prévoyait tout ce qui
s’est passé depuis dans le nord de la
Syrie[22].
Il a participé à une réunion secrète de
certains Etats de l’Otan à Naples [Lago
Patria, Base du Commandement suprême
allié, toujours étasunien]
pour qu’ils attaquent la Libye. Il y a
eu 40 000 personnes tuées en trois jours
à Tripoli [TM était à Tripoli au moment
du siège : en novembre 2011 il nous
avait relaté les bombardements
incessants pendant ces trois jours,
déluge de feu].
Actuellement à Bordeaux il est en train
de construire une mosquée pour les
Frères Musulmans. Et en 94 au moment de
l’attaque au Rwanda, c’est lui qui était
aux Affaires Etrangères… En 2011, j’ai
été informé par le gouvernement iranien
que Juppé avait donné l’ordre de
m’assassiner à Tripoli.
Les USA, depuis 1954, utilisent les
Frères Musulmans pour des assassinats
politiques.
[…]
Les Allemands ont commencé, en secret,
des négociations avec la Syrie.
Pendant ces 5 ans la Syrie a vécu avec
l’argent de la Russie et de l’Iran ce
qui implique que ce sont des compagnies
russes qui vont exploiter le gaz [après
la fin de l’agression internationale
contre le pays].
[…]
EZ : C’est extraordinaire que Bashar al-Assad
reste aussi serein. Et confiant en
lui-même.
TM : Oui, il tient le coup ! C’est une
surprise pour tout le monde et pour lui
en premier !
EZ : il a une trempe !
Pendant que le Père Elias va
chercher des exemplaires de son ouvrage
sur Soufanieh, je fais remarquer le beau
lustre du salon, comme ceux en cristal
de Venise. TM nous raconte que ce sont
des verriers damascènes qui ont importé
les techniques en Italie : ils avaient
été enlevés par des Vénitiens au
Moyen-âge, emmenés sous bonne escorte et
enfermés sur l’île de Murano où la
Sérénissime les a priés sans ménagement
de transmettre leurs techniques à des
artisans locaux. Il semble que pas mal
d’autres artisanats ou techniques (y
compris agricoles) soient venus de
Syrie. Nous reparlerons des artisans
syriens.
Père Elias
Zahlaoui et Thierry Meyssan.
Mardi 13 octobre 2015, photo m-a
patrizio.
On se quitte en échangeant nos
coordonnées.
TM : je n’ai pas de carte…
Père Elias : mais vous avez mon numéro
maintenant !
En sortant on traverse un groupe
de jeunes, filles et garçons, avec des
instruments de musique : c’est la
fanfare de ND de Damas qui se met en
place pour répéter sur le parvis
éclairé. Il est tard, on ne peut pas
s’attarder car on doit longer une place
qui est une cible habituelle des
terroristes depuis Jobar. Avant que la
répétition ne démarre, je demande à ceux
qui sont près du portail si c’est eux
qui avaient joué à la fin de la
cérémonie avec le Patriarche Cyril le 13
novembre 2011 à la cathédrale de la
Dormition. Petit chahut pour me répondre
: mes interlocuteurs vont surtout caser
dans un français très approximatif les
quelques mots qu’ils connaissent, assez
décalés par rapport à ma question : ils
sont décontractés, ces jeunes. Et leur
musique saisissante, comme souvent les
fanfares, dans la rue…Mais plus encore
sur le parvis de cette église ; avec les
risques que tout le monde connaît. ND de
Damas va être touchée quelques jours
plus tard par les roquettes (dégâts
matériels seulement) de ceux dont nos
médias parlent en disant que « le
régime de Bashar » les bombarde avec des
barils de TNT. Mais pourquoi avec du TNT
?! A part que les « rebelles », eux, en
ont, de ces armes-là.
Il fait doux, nous redescendons à pied vers l’hôtel, une bonne
demi-heure. Il fait nuit rapidement,
mais il y a des gens dans les rues, même
si on y voit plus ou moins. Mais nous
avons pris l’habitude de Damas, en 48
heures et plusieurs rencontres peu
banales. Personne ne fait attention à
nous quand nous demandons notre chemin ;
ici on ne nous prend pas pour des
Russes. Ou bien c’est qu’on ne remarque
plus les gens de la communauté russe,
depuis le temps qu’ils vivent à Damas ;
la coopération a été importante avec
l’URSS, pendant la présidence de Hafez
al-Assad.
En arrivant vers l’hôtel nous entendons un grand bruit de percussions. On
entre dans une cour, pour voir, puis
jusque dans une salle où un groupe de
jeunes répète avec toutes sortes de
tambours, dans les locaux d’une
association culturelle arménienne. On
entre comme dans un moulin, d’ailleurs,
pas de plan Vigipirate ici…Ils font un
de ces bruits, on n’entend même plus les
bombardements.
Dans la chambre de l’hôtel des étoiles, on peut écrire grâce à une
connexion Internet sans problèmes. Je
relis ces messages aujourd’hui pour me
souvenir de cette ambiance.
A l’aube, j’entends des avions et une série de détonations très
fortes. La réception est en face de ma
chambre de l’autre côté du patio. Je
vais en vitesse demander au veilleur de
nuit ce qui se passe : « No problem,
Madam, it is our army, our aviation ».
L’aviation syrienne -des bombardiers,
pas les fameux hélicoptères trimballant
les barils de TNT de nos médias- cible
les repères des terroristes à Douma,
Ghouta et Jobar. Mercredi 14 octobre et
premier jour de l’annéee
1437 de l’Hégire, c’est le
début d’une grande offensive de l’Armée
arabe syrienne autour de Damas[23].
Je parle un moment avec le veilleur de nuit : étudiant en management,
d’origine bolivienne, parents immigrés
en Syrie où lui est né. Il ne parle pas
français, c’est dans son programme de
l’an prochain, mais, un peu d’anglais un
peu d’arabe pas mal de gestes et
mimiques, on bavarde. Je vais me
recoucher en écoutant le bruit des
avions et explosions. C’est la première
fois que je suis proche d’un
bombardement, pourtant ces détonations
font un bruit qui m’est familier. Je
vais mettre du temps à réaliser lequel :
les explosions des (très gros) feux
d’artifice. On m’expliquera plus tard
que les roquettes des « rebelles » font
un tout autre bruit : plus sec,
métallique, précédé d’une sorte de
sifflement (pour laisser le temps de
regarder où ça va tomber ? Braves gens
ces rebelles). Je n’en entendrai que
deux dans cette journée du mercredi.
Roquettes qui n’ont fait que des dégâts
matériels. Il semble que les terroristes
soient trop occupés par ce qui leur
arrive pour riposter.
Le matin en servant le petit déjeuner Karim me dit (en anglais)
«Aujourd’hui c’est une grande surprise
pour les rebelles » : lui, c’est un
rigolo.
Nous n’avons pas de rendez-vous prévu avant 18h (Nadia Khost et sa fille
Rania Massarani), nous devions sortir
pour aller visiter avec Marie le
quartier de la Porte d’Orient : c’est
justement là que les ripostes des
terroristes peuvent tomber. Les gens de
l’hôtel nous recommandent précisément
quels endroits éviter. Je reviens en
début d’après-midi, avant D et R. qui
vont flâner dans la Rue Droite.
Karim bavarde à la réception avec ses collègues ; en me voyant entrer il
me dit (en anglais) « oh madame, encore
en vie ?! ». Quatre années de guerre ne
sont pas venues à bout de l’humour et de
la vitalité de ces jeunes Syriens. Ça
fait du bien.
L’atmosphère est décidément plus légère aujourd’hui. Oui, le vent a
tourné.
marie-ange patrizio
Marseille, 3 janvier 2016,
Merci, une fois de plus, à mes
compagnes de voyage que j’ai quasiment
harcelées ces jours-ci pour vérifier et
compléter ce récit particulièrement
délicat à rédiger.
Je recommande post scriptum deux
interviews que me signale Dominique de
France, tout frais sortis -sans date des
interviews- sur Internet. Le premier
« date d’octobre 2014 », me dit l’auteur
interrogé à ce sujet. On peut penser,
d’après certains passages, que le second
aussi.
Syrie : les chrétiens
dans la tourmente,
entretien avec le Patriarche Grégoire
III Laham, et Dans l’ombre de Bachar
el-Assad, entretien avec Bouthaina
Chaabane.
Merci à Frédéric Pichon pour ces
précieux entretiens publiés « en février
2015 » : en effet je les retrouve dans
le n° 146 de Politique
Internationale. Diffusés les 30
décembre 2015 et 3 janvier 2016 par
Les Crises
[24].
[1]
Embargo bancaire, si vous allez
en Syrie, n’oubliez pas
d’apporter vos sous, vous ne
pourrez pas en retirer sur
place.
[2]
cf. « Damas des étoiles » et le
reportage « Vivre à Damas » de
France2.
[5]
Voir à ce sujet l’entretien
« conduit par Frédéric Pichon »
en octobre 2014 avec le
Patriarche Grégoire III Laham :
« la Syrie, dois-je seulement
le rappeler, est un État laïque...
Elle est même l'État le plus laïque
de la région ! Le Liban n'est
pas un État laïque,
Israël
non plus, nos autres voisins
guère davantage...Parmi les
rebelles, nombreux sont ceux qui
ne sont pas des Syriens, qui
n'ont pas une vision syrienne de
la société ; c'est la vraie
raison pour laquelle ont eu lieu
tous ces massacres de personnes
sur la seule base de leur
appartenance religieuse. C'est
quelque chose de profondément étranger
à la tradition
syrienne. Ici, en Syrie, on ne
parle jamais de sa confession :
le régime, malgré tous ses
défauts, est parvenu à faire émerger
un véritable
sentiment national. C'est cela,
l'exception syrienne ! »
http://www.les-crises.fr/syrie-les-chretiens-dans-la-tourmente/
[6]
Encore, Le séminaire,
livre XX, Jacques Lacan, Ed. du
Seuil, 1973, Paris, p. 70.
[7]
Portraits de femmes,
Pietro Citati, Ed. Gallimard,
Paris, 2001 pour la traduction
française, p. 24 et suivantes.
[9]
En précisant aussi que si les
stigmates sont apparus dès 1982
(et ont eu lieu six fois depuis)
les messages entendus par Myrna
commencent en 2004, donc bien
avant la période de crise puis
de guerre en Syrie.
[13]
Voir Discours de François
Hollande à la 3ème réunion des
amis du peuple syrien,
notamment les cinq points de
décision finale, et constat
(juillet 2012) : « une chose est
certaine, c’est que le régime de
Bachar Al-Assad ne tiendra pas »
http://www.voltairenet.org/article174994.html
.
Les « Amis de la Syrie » ont
compté 124 Etats et 16
organisations internationales.
[14]
Idem : « La face
cachée
de l’Administration
Obama »
[17]
Poursuivant cette analyse dans
un autre entretien le lendemain,
TM nous dira « le problème est
que les sponsors des terroristes
ne voudront pas perdre tout
l’argent qu’ils ont investi dans
ces mouvements : où les
enverront-ils ensuite pour les
utiliser ? Ukraine, Caucase..? »
[21]
« Alain Juppé n’est pas
seulement en conflit avec son
administration, mais aussi avec
ses collègues de l’Intérieur et
de la Défense. Claude Guéant et
Gérard Longuet auraient non
seulement négocié avec le
général Assef Chawkat
l’exfiltration des agents français
présents dans
l’Émirat islamique de Baba Amr,
comme le Réseau Voltaire l’a
relaté [2], mais aussi la
libération de trois commandos
français
détenus par la
Syrie [3].
Dimanche 18 mars, le quotidien
pro-syrien Ad-Diyar, édité à
Beyrouth, a confirmé que trois
prisonniers français ont été
remis au chef d’état-major des
armées (CEMA), l’amiral Édouard
Guillaud, lors d’un déplacement
au Liban, prétendument effectué
à l’occasion de la
réorganisation du contingent
français de la FINUL. Selon une
source syrienne de haut niveau,
l’amiral aurait en échange
personnellement veillé au
complet démantèlement de la base
arrière que les services
militaires français avaient
installée au Liban » :
http://www.voltairenet.org/article173169.html
.
Voir aussi :
« Pourquoi
la France veut-elle renverser la
République arabe syrienne ? »
T. Meyssan, 12 octobre 2015,
Réseau Voltaire, T. Meyssan :
http://www.voltairenet.org/article189002.html
[23]
Al Manar, 14 octobre : «Or la
grande surprise est que les
forces gouvernementales ont
lancé en même temps une
offensive à l'est de la
capitale, dans la Ghouta
orientale. Et il est question
d'une avancée à Harasta et Jobar.
Selon l'agence russe Sputnik,
citant une source militaire
syrienne, les troupes syriennes
ont repris le contrôle de
plusieurs bâtiments, dont
l'usine des eaux Rima. La Ghouta
orientale est sous le diktat de
la milice wahhabite pro
saoudienne Jaïch
al-Islam, dirigée
par Zahrane Allouche »
http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=263877&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1
Une rumeur à Damas avait
annoncé la mort du chef
salafiste Z. Allouche ce jour-là
; il a finalement été tué par un
bombardement de l’armée syrienne
le 25 décembre, dans un bâtiment
où se tenait une réunion de
chefs « rebelles » (comme disent
nos médias et « spécialistes »
politologues anciens expatriés à
Damas, qui ont débarrassé le
plancher au début de la crise).
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