Actualité
Laurent Fabius et
la France
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Samedi 30 novembre 2013
|
1 -
L'accord du 24 mars 2013 avec
l'Iran
2 - La résistance des juifs
de France
3 - Spinoza, Bergson, Freud
et Einstein
4 - Un Etat souterrain
5 - L'éthique du monde et les
barbares de la démocratie
6 - L'incohérence de la
politique contemporaine
7 - L'approfondissement de la
politologie
8 - M. Laurent Fabius et la
morale
|
1 -
L'accord du 24 mars 2013 avec l'Iran
La
semaine dernière, j'ai tenté d'aplanir
quelque peu les sentiers d'un géant de
l'histoire universelle, l'Evidence. Ce
mastodonte, disais-je, allait débarquer
en souverain sur la scène
internationale, ce monarque monterait
sur les planches sitôt que le rideau de
fumée de la guerre évitée de justesse en
Syrie placerait les relations d'Israël
avec l'Iran et avec le reste du monde au
premier rang des acteurs internationaux.
De surcroît les évènements n'ont pas
manqué de confirmer une autre évidence,
à savoir que Sa Majesté le Bon Sens
s'avance aux côtés de ses prophètes,
dont les serviettes débordent de
constats banals.
Mais puisque
l'accord que la Russie, la Chine, les
Etats-Unis, la Grande Bretagne,
l'Allemagne et la France ont conclu avec
l'Iran le 24 novembre 2013 déclenchera
fatalement une guerre titanesque, celle
qu'Israël déclarera au reste de
l'univers, il importe de passer en revue
les forces en présence et de décrire les
premières opérations militaires sur le
théâtre du destin de la planète tout
entière. Quelle sera l'issue de ce
conflit de Titans sous l'œil courroucé
d'Israël? Mais une question préalable se
pose aux belligérants : comment les
autres peuples de la terre se
résigneraient-ils confier la défense de
leurs intérêts nationaux à des
représentants cachés de l'Etat d'Israël?
Et si cette absurdité se trouvait exclue
sous la plume de tous les stratèges des
Etats souverains, n'auraient-ils pas un
intérêt vital à commencer par distinguer
clairement les thuriféraires
inconditionnels d'Israël campés sur
leurs deux jambes d'un côté de la
population de la judaïté nationale, de
l'autre, qui n'est nullement solidaire
ou complice des phalanges d'Israël au
sein de toutes les patries du globe
terrestre et qui, sitôt qu'on consent à
lui donner la parole, s'indigne haut et
fort de se trouver prise en otages par
Israël sur le sol de leur pays.
2 - La
résistance des juifs
de France
Exemple
: il y a deux ans, une phalange célèbre
de juifs français, dont MM.
Finkielkraut, Pascal Bruckner, BHL et
Olivier Nora, directeur de Grasset et de
Fayard, ont signé dans Le Monde une
déclaration d'allégeance
inconditionnelle à la défense des
intérêts territoriaux et guerriers
d'Israël, mais pour ajouter, aussitôt,
que l'intérêt supérieur, donc seul réel,
de l'Etat hébreu était justement de ne
pas encourager les juifs de la diaspora
à soutenir fanatiquement l'expansion
armée et cruelle d'Israël dans les
territoires occupés au Moyen Orient, et
notamment la colonisation sauvage de
Jérusalem et de la Cisjordanie.
Trois jours plus
tard, le Président du Conseil
représentatif des institutions juives de
France (CRIF) publiait dans Le Monde une
violente protestation contre une
défection des signataires aussi
traîtresse à ses yeux, parce qu'une
identité juive qui se fonderait sur les
principes abstraits, donc solennellement
universalisés de 1789 n'était jamais
qu'une construction superficielle et
artificielle - il ne s'agissait que d'un
panier vide et à remplir d'aliments
consommables, donc d'"identités fortes"
et nécessairement fondées sur la
possession d'une terre ancestrale, sur
des traditions ethniques et religieuses
multimillénaires et sur un sentiment
d'appartenance corps et âme à un peuple
déterminé et dûment reconnaissable en
tant que tel.
Mais
qui a-t-on vu monter sabre au clair à
l'assaut de Richard Prasquier? Un
hebdomadaire fondé par Jean-François
Kahn en 1997 et dirigé par Maurice
Szafran - Marianne. Deux ans plus tard,
qui a réussi, en quelques jours, à
placer M. Strauss-Kahn sur orbite
présidentielle? Un quatuor composé de
MM. Fabius, Elkabbach, Cohn Bendit et
Guetta. Mais qui a ri le premier d'une
opération à ce point cousue de fil
blanc? M. Jacob, alors président du
groupe parlementaire de l'UMP à
l'Assemblée nationale. Puis dans la
presse quotidienne, qui a pris la suite?
Libération,qui appartient aux
Rothschild. Puis, qui a photographié la
"Porsche tranquille" de M. Strauss-Kahn,
sinon Le Monde, dont les principaux
actionnaires s'appellent Bergé , Pigasse
et Niel? Bien plus: vingt-quatre heures
avant l'affaire de l'hôtel Sofitel de
New-York, Le Monde publiait sur une
demi-page une photographie assassine de
ce candidat à la Présidence de la
république française entouré de son
staff exclusivement composé de juifs
dévoués à sa cause? Qui a publié le 2
septembre 2013 une longue interview du
Président Bachar El Assad dont M. Fabius
avait déclaré "qu'il ne méritait pas de
vivre"? Le Figaro qui appartient à M.
Dassault, autrefois M. Bloch, qui a tenu
à donner à l'Etat une sévère leçon de
professionnalisme diplomatique. Qui a
publié, en 2013, une photographie de
tout le "gouvernement Fabius" sur les
dents et prêt à se ruer avec
enthousiasme sur la Syrie? Le Nouvel Obs,
dirigé par M. Jean Daniel. Qui organise
des concerts judéo-palestiniens dans le
monde entier? M. Barenboïm, qui a dirigé
l'orchestre national de France avant
d'accepter la direction de celui de
Chicago. Qui tire à boulets rouges sur
l'empire américain, sinon un Noam
Chomsky? Qui n'a été blanchi de
l'accusation d'antisémitisme qu'en appel
pour avoir condamné l'expansion
territoriale d'Israël, sinon M. Edgar
Morin, qui s'appelle Morin comme je
m'appelle Dupont?
Certes, M. Hollande
a qualifié "d'indigne" le boycott des
importations de produits israéliens par
des citoyens français qu'indigne
l'extension territoriale d'Israël en
Palestine. Mais qui a infirmé une
justice aux ordres - tant en première
instance qu'en appel - sinon une cour de
cassation attentive, depuis des
décennies, à encadrer étroitement le
concept vagabond d'antisémitisme? Certes
encore, M. Hollande a chanté son amour
inconditionnel "pour Israël et pour ses
dirigeants" à Tel Aviv : " Si on m'avait
dit que je viendrais en Israël, et que,
en plus de faire de la diplomatie,
j'aurais été obligé de chanter, je
l'aurais fait. Pour l'amitié entre
Benyamin et moi-même, j'aurais toujours
trouvé un chant d'amour pour Israël et
pour ses dirigeants." (François Hollande
en Israël - 20 Novembre 2013) Mais qui
l'a rappelé à la décence sur France
Inter? M. Patrick Cohen : "Où s'arrêtent
la diplomatie et la proximité ou la
connivence sans doute nécessaires entre
dirigeants étrangers? Et où commence la
complaisance avec ces mêmes dirigeants?"
3 - Spinoza,
Bergson, Freud et Einstein
Mais
il y a plus: depuis le XVIIe siècle, la
philosophie mondiale repose sur quatre
cerveaux juifs: Spinoza (1632-1717),
auteur du Tractatus theologico politicus
- ma théopolitique - et d'une Ethique
qui ont anéanti le mythe d'un Dieu
personnel et identifiable. On doit à ce
super logicien la noyade définitive du
créateur du cosmos dans un panthéisme
qui rend absurde toute théologie
ambitieuse de mettre en scène un acteur
reconnaissable à sa gestuelle, absurde
un gestionnaire qui gouvernerait
l'univers à la manière d'un chef d'Etat
talentueux, absurde un auteur capable
d'écrire en prose et en vers, de
s'exercer à l'éloquence et de se reposer
après un dur labeur. Puis Bergson, le
grand incompris de l'Evolution créatrice
qui, en bon spinoziste a transporté la
vie spirituelle de l'humanité au sein
d'un évolutionnisme où la distinction
entre les "sociétés ouvertes" et les
"sociétés fermées" est devenue plus
actuelle que jamais. Puis Freud, le
Christophe Colomb qui a ouvert la
politique et l'histoire à l'exploration
du continent caché de l'inconscient ; et
enfin Einstein, le navigateur du néant
qui démontra que tout corps en mouvement
dans le vide transporte son horloge avec
lui et que le temps est une matière en
cours de coagulation ou de liquéfaction
à une vitesse inversement
proportionnelle à la vélocité du mobile
qui transporte sa propre pendule sur son
dos.
4 - Un Etat
souterrain
La
question politique qui se trouve
désormais posée à tous les Etats par le
déclenchement planétaire de la guerre
entre la majorité des nations du monde,
d'une part et Israël d'autre part, est
de savoir comment empêcher que ce petit
Etat ne désigne en sous-main et n'impose
à ses hôtes des ministres des Affaires
étrangères dévoués corps et âme à l'Etat
hébreu et de mobiliser au besoin toute
la population juive du pays à soutenir
de ses louanges les Kouchner ou les
Fabius. Je rappelle que M. Sarkozy,
lui-même d'origine juive, avait osé
nommer M. Védrine à la tête du Ministère
des affaires étrangères de la France et
qu'il avait suffi de vingt-quatre heures
à M. Prasquier pour le faire revenir sur
son hérésie, parce que l'ancien
Secrétaire général de l'Elysée de M.
Mitterrand n'offrait pas de garanties
suffisantes aux yeux du Conseil
représentatif des institutions juives de
France.
Je rappelle
également que M. Kouchner,
précipitamment nommé en remplacement de
M. Védrine, a réussi à faire échouer le
projet-phare de la Ve République
post-gaullienne - l'alliance des nations
riveraines de la Méditerranée - parce
qu'il s'agissait de rendre Israël seul
maître de cette alliance. Je rappelle
enfin que M. Fabius a soutenu Israël
face à l'Iran au cours des négociations
de Genève du 10 et du 21 au 24 novembre
2013, et cela non seulement sans réfuter
en rien, mais sans jamais seulement
évoquer le mythe saugrenu selon lequel
la bombe nucléaire de Téhéran
détiendrait le pouvoir, aussi magique
que solitaire, de réfuter la doctrine de
la dissuasion nucléaire qui fonde la
stratégie de toute la planète depuis six
décennies - tout le monde sait que deux
nations armées de la bombe
thermo-nucléaire se neutralisent
réciproquement et qu'Israël entend
seulement perpétuer son hégémonie au
Moyen Orient , ce qui contraint cet Etat
à alimenter une diabolisation
mythologique et ridiculement
gesticulatoire de la Perse moderne.
Tout le monde sait
que M. Laurent Fabius est un homme
intelligent et qu'il ne croit en rien
aux sottises selon lesquelles l'Iran
serait dirigé par une horde de fous et
de sauvages décidés à pulvériser, Rome,
Madrid, Paris et Londres pour se faire
pulvériser en retour quelques minutes
plus tard. Du reste, le 20 novembre, M.
Fabius déclarait encore qu'il fallait
"dompter", l'Iran. Il faut donc
appliquer à M. Fabius la logique
universelle de Spinoza qui, le premier,
a soumis l'éthique mondiale au
raisonnement cartésien.
Qu'enseigne la
logique? Que Fabius fut un célèbre
général romain surnommé Cunctator, qui
signifie temporisateur, parce que, ne
pouvant croiser le fer sur le champ de
bataille avec l'invincible Hannibal, il
le suivait sur les collines d'alentour
afin de retarder sa marche et de
ralentir le rythme de ses victoires. Or,
M. Fabius prend l'Iran pour Hannibal le
Terrible; et il entend mettre en laisse
l'Attila des temps modernes. Sa logique
de l'imaginaire l'égare dans le
gesticulatoire israélien - décidément,
comme dirait Spinoza, l'illogique est
immoral, l'immoral est aveugle et
l'aveuglement est le frère aîné de la
sottise.
5 -
L'éthique du monde et les barbares de la
démocratie
M. Fabius a fourni
une démonstration éclatante de la
stratégie diplomatique d'un ministre des
affaires étrangères que les livres
d'histoire reconnaîtront pour
l'inventeur du gaullisme illogique - le
gaullisme au profit d'autrui, donc, en
l'espèce, à l'avantage immoral d'une
nation étrangère. En effet, le coup
d'éclat du 10 novembre, qui avait pris
tout le monde de court et qui avait
permis d'expulser provisoirement Mme
Ashton de la table des négociations,
n'avait d'autre objectif que de mettre
en place un piège à double détente,
celui de passer le relais fabiusien à
l'AIPAC (American Israël Public Affair
Committee) qui dirige, en fait la
chambre des représentants du peuple
américain.
Du coup, M. Obama a
dû éteindre l'incendie allumé à distance
dans son propre pays par un trompeur
étranger et supplier les sionistes du
Congrès de ne pas écouter la voix
d'Israël, ce qui illustrait une
nouveauté parlementaire inouïe. Car M.
Edward Kennedy avait tenté pendant plus
de trente ans, et en patriote lucide, de
faire reconnaître l'AIPAC pour un groupe
de pression de l'étranger installé sur
le territoire national et légitimé à ce
titre, donc pour une organisation
saugrenue et au service d'un autre Etat
que celui des citoyens américains.
Pour la première
fois, un président des Etats-Unis en
exercice traitait ouvertement l'AIPAC de
groupe de pression incongru et
abusivement lové sur le territoire de la
nation. Mais pour forcer le passage à
Genève, il a fallu faire accourir en
toute hâte M. Lavrov, M. Kerry et M.
Wang Yi, le ministre chinois des
affaires étrangères. On sait qu'à eux
trois, ces géants sont parvenus à forcer
le passage en accord avec la Maison
Blanche, qui travaillait déjà en
coulisses pour une entente avec l'Iran
du temps de M. Ahmadinejad. Mais M.
Barack Obama s'est vu contraint à
l'immoralité d'expliquer longuement à la
nation américaine que la pression sur
l'Iran se poursuivrait intensément,
alors que le problème de fond, celui
d'une vraie morale internationale, va
maintenant diviser la planète entre
Israël et le reste du monde: on ne
saurait fonder une civilisation durable
sur l'immoralité titanesque de
contraindre une nation de quatre-vingt
millions d'habitants à choisir entre la
famine et la capitulation diplomatique,
on ne saurait vivre dans les temps
barbares où le mythe démocratique met
vertueusement le canon de la Liberté sur
la tempe des nations souveraines.
On voit que si,
dans six mois, la France n'était pas
parvenue à imposer au monde entier un
traitement éthique, donc logique de la
question de fond, celle des paramètres
factices qui pilotent l'immoralité de la
diplomatie mondiale et qui maintiennent
toute la problématique de la
géopolitique à l'écart du vrai sujet, à
savoir la guerre entre l'Occident en
plein naufrage de sa civilisation et le
réseau nationaliste israélien, le monde
tombera entre les mains des barbares de
la démocratie. C'est ce sauvetage de la
vie ascensionnelle du genre humain et
cet appel à une spiritualité trans-théologique
qui scelle un accord en profondeur entre
le pape François et la Russie en chemin.
Mais comment se fait-il que Spinoza,
Bergson, Freud et Einstein soient
précisément à la source de la
souveraineté de la pensée logique, celle
d'une espèce capable de découvrir
qu'elle n'a pas de Dieu dans son dos et
que si elle ne pilotait pas l'éthique du
monde en souveraine, personne ne le fera
à sa place?
6 -
L'incohérence de la politique
contemporaine
Aussi la diplomatie
mondiale se trouve-t-elle face à un
obstacle proprement intellectuel à
franchir: comment résoudre une aporie de
nature anthropologique, celle de
féconder la postérité des cervelles
évoquées plus haut? Car si des docteurs
chevronnés du ciel des protestants
rencontrent des docteurs du ciel des
catholiques, jamais ces deux phalanges
de spécialistes locaux de l'éthique du
monde ne débattront de l'existence ou de
l'inexistence de Dieu, mais
exclusivement des rituels qui pilotent
les cérémonies du culte de l'une et de
l'autre mythologie religieuse. De même
les hommes politiques et les diplomates
ne se rencontrent jamais que pour
traiter d'une difficulté liturgique
située à mi-pente de la vraie question
et superficielle, parce qu'il est
impossible aux Etats de précéder
l'esprit public moyen et les mentalités
régnantes de leur temps.
Mais
il arrive également que le retard
cérébral qui paralyse une époque se
réduise à trois ou quatre ans seulement;
et, dans ce cas, le blocage des neurones
des acteurs de la pièce les conduit à un
échec coupable, parce que la clarté de
l'évidence se heurte d'ores et déjà à
une réalité bien trop visible pour
légitimer plus longtemps les exercices
de la lenteur et de la paresse d'esprit
des Etats du moment. Car ceux-ci sont
habiles à se placer sous le drapeau de
leur prétendue prudence politique et de
leur fausse habileté diplomatique. Mais
que faire si la démonstration, depuis un
demi-siècle, de l'irréalité de la bombe
thermonucléaire sur un champ de bataille
est proche de débarquer dans l'actualité
politique mondiale? Tous les
spécialistes de l'art de la guerre et
tous les connaisseurs de la science des
armes savent que la pulvérisation de
l'humanité est un mythe stupidement
calqué sur l'inconscient théologique de
l'Occident et sur la foudre de
l'excommunication majeure du XIe siècle.
Israël le sait mieux que personne, mais
il s'agit seulement, pour cet Etat, de
placer le globe terrestre tout entier
sous le joug d'une immoralité
intellectuelle digne du Moyen Age, afin
de conserver en vie le Lucifer illogique
des modernes.
On sait que
l'ignorance politique des peuples du
XXIe siècle est bien plus étrangère à
l'éthique que celle de l'humanité du
Moyen Age: les croyants savaient
globalement quel était l'enjeu
théologique de l'hérésie d'Arius, des
Cathares, des Luthériens et des
Calvinistes, tandis que, de nos jours,
la controverse sur la bombe
thermo-nucléaire ressortit à un blocage
de la pensée logique bien plus caché
qu'à l'époque de Spinoza. Pourquoi tout
le monde passe-t-il sous silence
l'argumentation irréfutable de la
dissuasion nucléaire, sinon parce que
cette doctrine fonctionne, en réalité,
sur le vieux modèle de la foi - celle
que la laïcité refoule dans
l'inconscient des peuples souverains;
car sitôt un Dieu dûment installé dans
les apanages et les prérogatives
solitaires d'une orthodoxie intouchable,
personne ne pèse plus ni son étiage
cérébral, ni les coordonnées
anthropologiques de la politologie qu'on
vient pourtant de lui fournir clés en
mains - et l'on relègue dans l'oubli
toute la construction du personnage dans
l'inconscient de la politique ainsi que
tous les mécanismes qui assurent le
fonctionnement psychopolitique d'un Zeus
immoral. De même, on ne débat qu'en aval
d'une bombe pourtant logiquement
neutralisée sur le modèle d'un Dieu
enfin privé de ses tortures souterraines
et l'on évite soigneusement d'observer
en amont les fondements d'une orthodoxie
falsifiée du nucléaire et celle d'une
divinité des marmites infernales dont le
cadavre a été autopsié par nos quatre
mousquetaires du génie juif.
7 -
L'approfondissement de la politologie
moderne
Pour préserver les
Etats fabiusiens, donc truqués, du
danger de désigner un guerrier masqué
d'Israël à la tête de leur Ministère des
affaires étrangères, la solution exigera
nécessairement l'approfondissement de la
réflexion anthropologique qu'appelle
notre époque sur l'immoralité
universalisée des théologies.
Pourquoi
M. Roland Dumas, ex-ministre des
affaires étrangères de François
Mitterrand et ancien Président du
Conseil constitutionnel a-t-il bien pu
exposer à la télévision et sans se
trouver censuré, que la politique
israélienne contre la Syrie était
préparée depuis longtemps à Londres et
au profit de l'Etat hébreu, que des
tunnels avaient été creusés depuis plus
de deux ans sous une autorité sioniste
mondialisée et qu'en cas de difficulté
dans l'exécution de ce plan, il était
prévu de faire appel à la puissante
communauté juive américaine et à la
diaspora internationale? On comprend
bien que le silence des médias français
et mondiaux face aux révélations d'un
haut responsable français et peu enclin
à s'exprimer à la légère, parce que
écoutées par des centaines de milliers
d'auditeurs, ne saurait s'expliquer s'il
s'agissait seulement d'un mot d'ordre
dont le secret aurait été aussi
mystérieusement qu'impérieusement dicté
à tout le monde. En vérité, il s'agit
d'une énigme polymorphe et qui tient à
la pauvreté des connaissances
anthropologiques du genre humain, donc à
l'ignorance de l'évolution cérébrale
d'une espèce viscéralement théologique
et tombée en panne depuis l'évasion du
genre humain de son statut zoologique
originel.
Qu'est-ce à dire?
Que seule une connaissance rationnelle
des origines animales communes aux
mythes théologiques et aux mythes
guerriers messianisés ouvrira la voie à
une radiographie de la politique
semi-simienne de notre temps.
Car
sitôt que l'accord du 24 novembre a été
connu à Ryad, l'Arabie saoudite a
demandé en toute logique au Pakistan de
lui fournir la bombe atomique clés en
mains. Naturellement, la noisette qui
sert de cervelle éthique et politique à
des chameliers enrichis ne leur permet
pas encore de comprendre que le rang des
nations sur la scène d'une prétendue
morale universelle n'a dépendu de leur
maîtrise de l'arme apocalyptique que de
1945 à 1947 ou 1948, le temps, pour
d'autres Etats, de partager le monopole
de l'immoralité. Le Pakistan actuel ne
menace en rien les Etats-Unis de sa
foudre inutile et Israël, qui possède la
bombe depuis 1966, n'était pas invité à
Genève - en raison de la petitesse de sa
taille - tandis que l'Allemagne, qui
demeure dépourvue de l'arme
mythologique, occupait à Genève en fait,
sinon en droit, le rang d'un membre
permanent du Conseil de sécurité. Il est
probable que les ressources autarciques
de Washington en pétrole lui permettront
bientôt de renvoyer Riad dans les sables
vertueux du désert - mais, ici encore,
seuls les progrès de l'anthropologie
scientifique permettront à une humanité
devenue pensante de connaître les
origines parazoologiques du mythe d'une
apocalypse internationale et de son
prolongement parathéologique dans le
nucléaire guerrier. Alors seulement les
nations auto-proclamées intouchables en
raison de leur éthique semi animale,
celle de leurs pulsions meurtrières
réciproques, permettront à la science
historique et à une science politique
trans-zoologique de conquérir une
profondeur nouvelle de leur connaissance
d'elles-mêmes. Car il est illogique,
donc immoral, d'ignorer que les guerres
de la bête renaîtront fatalement, et
cela précisément en raison du refus des
Etats vertueusement méta-suicidaires de
quitter le globe terrestre pour se
vaporiser définitivement dans la plus
haute atmosphère de leur éthique.
8 - M.
Laurent Fabius et la morale
L'immoralité qui
frappe l'illogisme politique de Laurent
Fabius renvoie à la pesée d'une
ambiguïté cérébrale enracinée dans une
zoologie déjà devenue schizoïde. Les
détoisonnés du IIIe millénaire sont des
mammifères cérébralement dichotomisés. A
ce titre, et à l'image de leurs ancêtres
des forêts, ils ont grand besoin de se
réclamer d'une provenance géographique.
Mais ce primate bipolaire a également
besoin de se domicilier dans des mondes
résolument cérébralisés et universalisés
par des langages qui sonorisent
diversement sa dégaine. Ni l'une, ni
l'autre de ces identités ne suffit à
l'animal biphasé. Il lui faut habiter à
la fois sur la terre et parmi des dieux
forgés par sa parole. Les religions
répondaient au modèle de dédoublement de
la domiciliation vocale et terrestre de
cette espèce. Il existait autant
d'Apollons tangibles que de temples de
ce dieu. Et pourtant, il existait
également et dans toutes les têtes un
personnage invisible, musicalisé et
unifié. On vénérait Apollon comme, de
nos jours encore, on rend un culte à la
vierge statufiée de Fatima, palpable de
Lourdes ou substantifiée de Medjugorge
d'un côté et, de l'autre, à une Marie
unifiée et logée dans le ciel. Les
catholiques qui ont perdu le Dieu
national des Capétiens ont rompu avec la
monarchie de droit divin; du coup, ils
ne savent plus où ils habitent. Qu'en
est-il de l'existence terrestre et de
l'existence théologique de Laurent
Fabius et quelle morale de la France
met-il en scène dans les nues?
Car aussi longtemps
qu'Israël n'avait pas retrouvé un
territoire à sacraliser, les juifs ont
paru confusibles avec les multiples
populations sans terre de la diaspora.
Mais la naissance d'un territoire
israélien pose à la géopolitique du
patriotisme la question anthropologique
et éthique avec laquelle M. Barack Obama
se collette d'ores et déjà concrètement
et jour après jour, parce que l'AIPAC se
veut à la fois domicilié dans
l'universalité du mythe biblique
d'Israël et au service des lopins de
l'Etat d'Israël sans perdre, pour
autant, son troisième habitat, les
Etats-Unis.
Aussi les années à
venir placeront-elles l'expansion
irrépressible de l'Etat juif au cœur
d'une histoire à la fois
anthropologique, politique et ethnique.
Ou bien le "Grand Israël" éradiquera le
peuple palestinien sur le modèle, devenu
paradigmatique, de l'extermination des
Indiens d'Amérique sur leurs arpents, ou
bien la planète de la science et de la
technique connaîtra des convulsions
patriotiques aux conséquences
imprévisibles, tellement il sera bien
impossible de jamais anéantir une nation
à l'âge du téléphone portable, des
satellites et des avions à réaction.
Cette réalité pose
aux juifs de France la question axiale
de leur statut psycho-politique
triphasé. Si, à la suite de la bataille
de Pavie et de l'emprisonnement de
François 1er à Madrid, l'un de mes
ancêtres avait bénéficié de la
nationalité française et si on lui avait
proposé de diriger la politique
étrangère de son pays d'adoption au
détriment de l'Espagne, il aurait refusé
une mission politique irrémédiablement
scindée entre deux identités
incompatibles avec l'exercice d'une
fonction de haut rang au sein de l'une
ou de l'autre nation. Ce n'est pas la
faute des juifs de France s'ils sont
scindés de naissance entre deux
éthiques, deux universalités et deux
logiques politiques. Mais comment les
historiens de demain raconteraient-ils
le passage de M. Laurent Fabius au Quai
d'Orsay s'il leur demeurait interdit
d'élever leur narration à la cohérence
interne qu'exige l'esprit de logique de
l'anthropologie critique de demain?
Pourquoi le
temporisateur des Romains s'est-il
opposé à Scipion l'Africain, qui voulait
poursuivre la guerre contre Hannibal
jusqu'à Carthage? Le Fabius français
refuse la présence d'un Iran nucléaire
aux côtés d'Israël, mais il ne s'étonne
pas de ce que l'on traite de chefs
d'Etat des dirigeants qui s'indignent
seulement de ce que l'étranger surveille
leur téléphone portable, mais non que
deux cents garnisons étrangères campent
sur leur territoire. Comme il est
difficile aux Fabius de poursuive
Hannibal jusqu'à Carthage!
Le 30 novembre 2013
Reçu de l'auteur pour publication
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