Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
Qui sera le de Gaulle de l'Europe?
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 26 mai 2017
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1 - La présidence
d'Emmanuel Macron : doutes et
espoirs
2 - A la croisée des chemins
3 - L'occupation éternelle,
fruit d'une gratitude éternelle
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1 - La présidence
d'Emmanuel Macron : doutes et espoirs
A quelque chose
malheur est bon: la maturation politique
du peuple français connaîtra
nécessairement une accélération
foudroyante du seul fait que l'apparence
d'un réveil économique signifiera à
chaque pas la pérennisation du joug de
l'OTAN et de son bras droit, à savoir
l'américanisation systématique du monde.
De toute façon, un américanophile à la
tête de la France pourrait en venir à
démontrer aux yeux de la majorité de la
population, qu'un homme d'Etat européen
ne saurait se libérer définitivement de
ses liens antérieurs avec la banque
Rothschild. Cette situation conduira les
vrais Européens à comprendre que, sans
l'aide de la Russie, jamais aucune force
politique ne pourra aider l'Europe à
retrouver sa souveraineté.
L'intermède
Emmanuel Macron est nécessairement un
temps mort, un passage à vide vers une
Europe enfin délivrée de sa mise sous la
tutelle de l'OTAN. Certes, Georges
Pompidou portait, lui aussi, les
stigmates du joug américain. Mais à son
époque, l'Angleterre ne nourrissait
qu'une seule ambition, celle d'interdire
l'unification politique de l'Europe face
à ses rivages. Mais les Iles
britanniques de ce temps-là n'étaient
encore que les héritières d'une histoire
marquée du sceau de l'empire romain et
des ambitions successives de Domitien,
d'Agricola, de Claude, de Charles
-Quint, de Napoléon et de Hitler.
Aujourd'hui, le
problème est fort différent: c'est de la
vassalisation sans retour d'un continent
qu'il s'agit. Et c'est de cette
histoire-là de l'Europe que la
présidence d'Emmanuel Macron pourrait n'etre
qu'un incident de parcours et, dans le
même temps, l'occasion d'une prise de
conscience décisive dun peuple français.
Peut-être
fallait-il cette apparence de calme plat
pour que l'histoire réelle nous montre
son vraivisage, qu'elle dissipe les
brumes d'un Vieux Monde placé sous
tutelle et qu'elle brise les chaînes du
traité de Lisbonne.
2 - A la croisée
des chemins
Dans la
République, Platon a soulevé une
question dont l'actualité se réenflamme
de siècle en siècle, celle de savoir
comment la lucidité politique d'une
nation s'éteint après une grande défaite
et pourquoi il faut attendre au moins
deux générations pour qu'une jeunesse
nouvelle observe de nouveau le monde
avec des yeux dessillés.
Si Platon remontait
de l'Erèbe, il nous expliquerait comment
et pourquoi, par exemple, la génération
de Marine Le Pen, née au cours des
années 1970 se trouve encore empêchée
d'observer la loupe à l'œil les moyens
par lesquels s'opère l'expansion
militaire mondiale de l'empire militaire
américain. Platon ressuscité répondrait
à la question de savoir si la génération
de Mme Marion Maréchal née seulement
vingt-cinq plus tard pourrait déclencher
un retour mondial de l'Europe à la
lucidité et à une sortie de
l'assoupissement actuel.
Mais Platon n'avait
pas prévu qu'une machinerie omnipotente
et omniprésente permettrait à un empire
étranger de façonner l'opinion publique.
Il est donc fort possible aujourd'hui de
dire que l'heure n'a pas encore sonné
pour une sortie de de l'ensommeillement
des esprits. Car, pour cela, il faudrait
que la victoire de 1945 de l'empire
militaire mondial des Etats-Unis
d'Amérique fût interprétée comme une
défaite, peut-être mortelle, de la
civilisation occidentale.
Telle était la
vision du Général de Gaulle.
Certes, quand
Emmanuel Macron précise qu'il ne suffit
pas de proclamer la primauté absolue de
défendre les intérêts supérieurs de la
France, mais qu'il s'agit de les
défendre partout, sait-il que ce
partout est décisif - le Général
disait "tous azimuts" - et qu'il
lui appartient désormais soit d'incarner
le de Gaulle du XXIe siècle, soit de
passer, comme une ombre fugitive, sur
l'écran des siècles qu'on appelle
l'histoire?
3 - L'occupation
éternelle, fruit d'une gratitude
éternelle
Hélas, le
partout du Président Macron semble
se révéler à géométrie variable, car la
question de fond à poser n'est autre que
celle de savoir si l'empire américain
s'incrustera à jamais en Europe sous la
chape de plomb du Pentagone
Or, la rencontre
entre la France et l'Allemagne du 15 mai
2017 n'a, du moins officiellement, en
rien abordé cette question. Cependant,
Paris et Berlin se sont exprimés dans
leurs langues respectives et non en
anglais. Mais, lors de ce sommet
franco-allemand, on n'a pas vu paraître
une ombre de résurrection d'un véritable
nationalisme alors que, sans la lecture
de la République de
Platon, la géopolitique actuelle n'est
pas déchiffrable.
Et pourtant, une
lueur semble commencer d'éclairer tout
le paysage: alors que, depuis le XVIIIe
siècle l'Europe semblait s'inscrire dans
la postérité de la raison voltairienne
du Siècle des Lumières, un autre chemin
pose les jalons d'un retour secret, mais
puissant, au "connais-toi" socratique.
Car, à la suite de la parution en 1859
de L'Evolution des espèces
de Darwin, il n'est plus possible de
nier que l'homme soit un animal d'une
espèce particulière et que l'avenir nous
impose de découvrir la nosologie
spécifique d'Adam.
Or, cette
animalité-là est de type onirique:
l'homme est une bête que ses songeries
transportent irrésistiblement dans des
mondes imaginaires. De plus, il les
croit plus réels que le monde livré à
ses cinq sens. Le Théétète
de Platon se demandait déjà ce qu'est la
science en tant que telle si l'âme de
toute science se cache nécessairement
dans une logique et une rationalité
trans-sensorielles.
La France peut-elle
continuer de s'avancer sur les quatre
tapis rouges de la Grandeur, de la Folie
et de la Noblesse de l'humanité que sont
la Liberté, l'Egalité, la Fraternité et
la Justice s'il lui est interdit
d'observer comment l'empire américain
s'y prend pour ficeler une à une les
nations européennes au traité de
Lisbonne?
Il s'agit donc de
savoir dans quel imaginaire politique
baignent les Français. Vivent-ils
toujours dans la croyance "qu'ils
nous ont délivrés" et que nous
devons aux Américains une soumission
éternelle?
Ou bien les
Français finiront-ils par acquérir la
lucidité d'un Général de Gaulle qui
voyait clairement que l'occupation
militaire de l'Europe portait le sceau
de l'expansion classique d'un empire.
Le 26 mai 2017
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