Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
Les
offertoires de Jahvé
racontés aux enfants (1)
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Samedi 25 janvier 2014
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Présentation
1 - Alice au pays des merveilles
2 - La mise à feu manquée de la
planète
3 - Ah !les enfants
4 - L'avènement des férocités
démocratiques
5 - Que sait votre classe
dirigeante ?
6 - Que savait M. Sarkozy?
7 - Que sait M. Hollande ?
8 - La nouvelle stratégie
d'Israël
9 - L'accusation de trahison
d'Israël
10 - Le sionisme de demain
11 - La géodomie de Jahvé
12 - Le contre-feu
13 - Les ailes de cire de la
Liberté
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Présentation
Il est devenu
impossible de rendre compte de
l'histoire du dernier semestre de l'an
2013 si les véritables acteurs de
l'histoire du monde ne sont pas
identifiés. L'heure est venue d'adresser
aux enfants en bas âge du XXIe siècle
une lettre circonstanciée, afin de leur
raconter les évènements que les autels
du mythe démocratique permettent
d'occulter. Mais ensuite, il faudra se
résoudre à quitter le genre épistolaire
et à préciser la nature et l'enjeu
planétaires de la conquête systématique
de la Palestine par Israël. Or, le récit
de cette conquête sous le drapeau de la
démocratie sacrificielle se révèle hors
de la portée des Thucydide et des Tacite
qui n'étaient pas des théologiens de la
Liberté. La narration messianisée ne
devient intelligible en profondeur qu'à
la lumière de l'histoire de la bête
depuis l'offrande d'Iphigénie au dieu
Eole.
Il faut une vision
eschatologique des évènements pour
s'indigner de la partialité des
Européens, qui prétendent non seulement
accorder les mêmes droits et la même
légitimité internationale au conquérant
et à ses victimes et qui soutiennent en
outre qu'un accord préalable aurait été
signé en secret entre les négociateurs,
selon lequel Israël cesserait de
progresser sur le terrain du moins au
cours des pourparlers.
Je défie la science
historique actuelle d'expliquer des
faits pourtant dûment constatés par les
huissiers d'une sotériologie qu'on
appelle maintenant des chroniqueurs et
des mémorialistes et qui enregistrent
des déclarations effectivement
prononcées par le chef de la diplomatie
du salut d'Israël; car si vous n'avez
pas une connaissance anthropologique des
mondes oniriques qui servent de casques
cérébraux à l'humanité, comment
ouvririez-vous les yeux des générations
futures sur "l'hypocrisie des
Européens", qui n'hésitent pas à "provoquer
des tensions diplomatiques à cause de la
construction de quelques maisons" et
qui, dans leur "partialité constante"
donnent le sentiment de "chercher à
faire peser la faute sur Israël"?
Mes deux textes des
24 et 31 janvier illustreront une étape
nouvelle de ma lecture anthropologique
de l'histoire évènementielle, mais
nullement en raison d'une mutation de ma
méthode d'analyse et de pesée des
circonstances, mais d'une modification
en profondeur du paysage inconsciemment
théologique qu'occupe la géopolitique
contemporaine. Aujourd'hui, comme hier,
il s'agit de tirer les conséquences
logiques de l'évolution de la boîte
osseuse d'une espèce dont les neurones
ne sauraient à la fois se trouver en
route et arrivés à bon port. Mais seule
la levée de cette contradiction
permettra à la science historique de
demain d'observer, non point seulement
d'un millénaire à l'autre, mais de
siècle en siècle les étapes de la
connaissance et de la réflexion que la
boîte osseuse de cet animal a parcourues
dans une durée mémorisée de ses
syllogismes inachevés.
L'encéphale d'un
contemporain d'Homère n'est pas le même
que celui des encyclopédistes français
du XVIIIe siècle, le Moyen Age
géocentrique et rédempteur n'habitait
pas la même caverne cérébrale que la
relativité générale d'Einstein, qui met
l'espace et le temps hors de la portée
des équations des ancêtres et qui réduit
le calculable au mutisme. La méthode
historique et la pensée philosophique
doivent désormais fonder l'objectivité
du savoir des modernes sur une
distanciation en avance sur la
subjectivité mal décodée de l'époque
dans laquelle leur discipline se trouve
immergée.
Je convie mes
lecteurs à débarquer dans le pays des
cuirasses mentales qui, depuis
l'éjection erratique de notre espèce de
la zoologie, ont rendu l'histoire du
monde schizoïde, je leur demande de
poursuivre à mes côtés la construction
de la balance à peser l'animalité
théologisée de l'histoire.
1 - Alice au pays
des merveilles
Sachez que, le plus
souvent, des évènement qui pourraient
aussi bien ne pas survenir viennent
tirer la corde du sonneur au clocher de
l'histoire: cent vingt ans après
l'affaire Dreyfus, qui envoya, en 1895,
un innocent à l'île du Diable, l'arrière
petit-neveu de la plus célèbre victime
de l'antisémitisme du XIXe siècle, M.
Bernard Stirn, juge unique et souverain
de cette cause nationale et président de
la 7e sous-section au contentieux au
Conseil d'Etat a décidé de faire
carillonner le campanile de son autorité
au beffroi de la liberté d'expression et
d'opinion des citoyens.
La finalité, sur le
long terme, de cette sonnerie d'un
bourdon solitaire est de ne pas entraver
l'expansion territoriale du clocheton
d'Israël au Moyen Orient par des
contestations locales de nature à ternir
l'image morale d'Israël aux yeux de la
sacristie du monde qu'on appelle la
démocratie; mais la signification
anthropologique de cette décision d'une
portée internationale réside dans
l'interprétation des motivations
classiques alléguées par tous les Etats
sur la scène de la mappemonde, à savoir,
primo, la défense traditionnelle
des "idéaux de la République", à
savoir, secundo, la sauvegarde
coutumière de la "dignité humaine"
censée se trouver soudainement menacée
sur tout le territoire d'une nation par
des profanateurs, à savoir, tertio,
la "protection patriotique de l'ordre
public", à savoir, quarto, le
sauvetage vertueux de la "cohésion
nationale", donc de l'unité
cérébrale du peuple gaulois .
Que tous les
enfants de chœur de l'histoire de la
France se réjouissent: ce jugement des
bedeaux du tricolore les délivre de
l'antisémitisme primaire, remâché et
ressassé de grand-papa, ce jugement de
Clochemerle de la géopolitique
contribuera à faire entrer dans l'âge
adulte la jeunesse sous-informée du
pays, ce jugement flamboyant de sottise
la contraindra à ouvrir un œil plus
averti sur l'histoire véritable de notre
astéroïde.
Finies les
gambades, les dérobades et les
gamineries: les Machiavel et les
Talleyrand vous appellent à retirer le
bandeau des idéalités vaporeuses ou le
voile de gaze qu'Alice vous contraignait
à vous mettre sur les yeux au pays des
auréoles verbales de la démocratie.
2 - La mise à feu
manquée de la planète
Voulez-vous que je
vous raconte l'histoire véritable des
tiares du langage dont notre astéroïde
se couronne? Sachez que la guerre entre
Israël et le reste de la planète a été
déclarée en juin 2013 et qu'elle bat son
plein depuis plus de six mois sans que
personne vous en ait jamais pipé mot,
sachez que Tel Aviv a échoué in extremis
à déclencher une guerre mondiale en
Syrie, alors qu'une intense accélération
de la conquête armée du "grand Israël",
inaugurée en 1948, était devenue
nécessaire à l'heure où la Palestine
accédait au rang spirituel d'un Vatican
de la démocratie mondiale, sachez, de
surcroît, qu'il s'agissait de rendre
irréversible l'interdiction fermement
signifiée à Téhéran depuis de nombreuses
années de jamais se doter à son tour de
l'arme nucléaire obsolète dont Israël
entend conserver l'exclusivité dans la
région, sachez enfin, que la résistance
à cette gigantesque entreprise guerrière
a soudainement jailli d'Angleterre, où
la chambre des Communes, actuellement
dominée par le parti conservateur, ainsi
que la Chambre des Lords unanime,
aidées, dans une circonstance aussi
extraordinaire, par une vingtaine de
députés du parti majoritaire, ont mis
soudainement le chef du gouvernement
tory, M. Cameron, dans l'impossibilité
diplomatique et au grand dépit d'Israël
de précipiter le royaume de sa gracieuse
majesté dans le piège d'une guerre
universelle.
3 - Ah !les
enfants
Ah !les enfants,
que de secrets d'Etat bien gardés, que
d'évènements conjurés de justesse, que
de drames évités par miracle! Jamais
vous n'auriez pu connaître ces mystères
si le Conseil d'Etat ne me contraignait
à vous les raconter au risque de vous
faire quitter précipitamment un hexagone
en bas âge et de porter tout
soudainement vos regards encore apeurés
sur le globe terrestre des adultes.
Apprenez que quatre-vingts représentants
du peuple américain au Congrès ont
également osé défier Israël, apprenez
sans trembler que, dans le sillage des
députés intrépides du bord de la Tamise,
ces députés ont eu l'audace d'avertir
crûment le Président des Etats-Unis, M.
Barack Obama, qu'ils engageraient rien
moins qu'une procédure de destitution
sauvage contre lui s'il persévérait à
servir d'otage épouvanté à une puissance
étrangère et s'il s'obstinait à céder,
dans l'effroi, aux ambitions guerrières
des prétendus descendants du roi David.
Que vous dire
encore? Apprenez que la Russie et la
Chine, plus étroitement alliées que
jamais, ont servi de boucliers de la
paix à une planète placée au bord du
gouffre par les matamores d'Israël,
apprenez que les missiles de longue et
de moyenne portée de Moscou et de Pékin
ont préservé Damas des dégâts qu'une
fantastique canonnade aurait provoqués
en Syrie et du massacre des habitants
qui en serait résulté sur tout le
territoire du pays. Une puissante flotte
de guerre américaine se trouvait
concentrée en Méditerranée, prête à
déclencher la tuerie réclamée par Israël
à cor et à cris. Mais le pape François a
réussi à alerter la conscience morale
d'un milliard et demi de chrétiens, tant
catholiques que protestants; et ces
croisés de la démocratie mondiale ont
aidé le monde à étouffer dans l'œuf la
guerre titanesque dont le renvoi sine
die a fait enrager Israël sur toutes les
ondes en France et en Europe.
4 - L'avènement
des férocités démocratiques
Prenez une longue
vue et observez de sang froid la
signification morale et la nouveauté
méthodologique de la science
anthropologique d'avant-garde dont on
vous cache les preuves et les
démonstrations: pour la première fois
dans l'histoire du monde, le Saint Siège
a lancé sur le front d'une guerre
secrète et sans merci contre Israël
quatre-vingts de ses ambassadeurs
accrédités dans toutes les grandes
capitales; et l'on a vu un Vatican hors
jeu sur la scène internationale depuis
le XVIIIe siècle débarquer à nouveau sur
les planches du vaste théâtre qu'on
appelle l'histoire universelle. Du coup,
il est devenu loisible à Moscou, à Pékin
et à une Maison Blanche aux abois de
desserrer quelque peu l'étau des
sanctions économiques que la planète de
la sainteté démocratique exerçait sur
l'Iran; et Téhéran a quelque peu échappé
à l'asphyxie, au grand dam de la
diplomatie française, dirigée par un fou
furieux, un certain Laurent Fabius.
Cette mutation en
profondeur de l'éthique d'un monde
ensauvagé par son vocabulaire de la
Liberté amorce un tournant décisif et en
profondeur de l'histoire du XXIe siècle;
car, depuis la tentative de blocus de
l'Angleterre par Napoléon 1er, deux
siècles de la morale internationale de
type démocratique avaient fait courir
l'humanité en direction d'une férocité
nouvelle des Etats, celle qui dotait le
sceptre du jus gentium du pouvoir
hallucinant d'affamer des peuples et des
nations de cent millions d'habitants. Le
Vatican a réussi à ressusciter l'éthique
évangélique antérieure à l'alliance de
Washington et de Tel Aviv avec le
meurtre idéalisé et au règne du
séraphisme carnassier des idéalités
carnassières dont ces deux Etats ont
fait leur drapeau au paradis des
abstractions.
Comment se fait-il
que vous n'ayez rien su du pain bénit
des démocraties, comment se fait-il que
l'histoire réelle des lions rugissants
dans les cages du dieu Liberté se trouve
entièrement soustraite à vos regards
d'enfants domptés dès le berceau? La
cause en est parareligieuse et
catéchétique: on vous contraint à lire
le bréviaire du salut qui vous raconte
les aventures angéliques d'Alice dans un
royaume enchanté, on vous contraint de
vous agenouiller sur le prie-Dieu
d'Alice au pays des hosties du langage
dont le credo a succédé à celui de feu
la civilisation du sang des ciboires.
5 - Que sait
votre classe dirigeante ?
Mais croyez-vous
vraiment que vos gouvernements ignorent
autant que vous-mêmes l'identité des
maîtres du jeu du monde et les cartes
majeures qu'Israël et l'Amérique
tiennent entre leurs mains? Pensez-vous
vraiment que les hautes fonctions des
dirigeants que vous avez élus sans
seulement connaître leurs attaches
doctrinales demeurent dans une ignorance
et une sottise puériles et que les vrais
ressorts de la politique des idéalités
confessionnelles de 1789 demeurent
cachés à leurs yeux d'enfants? Dans ce
cas, qui dispose du pouvoir fabuleux de
contraindre les marmots qui règnent sur
vos têtes à lire le gentil livre
d'images qu'Israël enseigne à la
planète? M. Sarkozy a réussi, cinq ans
durant, à brandir jusque dans le bureau
ovale de la Maison Blanche le mythe de
la menace nucléaire que l'Iran était
censé exercer sur tout le globe
terrestre. Dix ans plus tôt, en 2003, M.
Anthony Blair s'était illustré aux côtés
du célèbre roi des magiciens, le général
Powell, à agiter à son tour la fiole
ensorcelée d'Israël sous les yeux de
tout le genre humain, celle d'une
apocalypse imaginaire dont Saddam
Hussein aurait découvert la formule dans
les sables du désert.
Croyez-vous que ces
fabricants de vos horloges savent ce
qu'ils se racontent? Sachez que M.
Sarkozy s'imaginait avoir toute sa tête
quand, comme il rappelé plus haut, il
avertissait sans relâche M. Obama du
prétendu péril qu'une bombe nucléaire
iranienne - aussi inutilisable que
toutes ses consœurs - ferait courir à
Israël? S'il s'est fait aussitôt
rappeler vertement à sa pendule par le
Conseil représentatif des
institutions juives de France (CRIF)
pour avoir commis l'inexplicable
imprudence de confier un instant les
chronomètres du Quai d'Orsay à M.
Védrine, c'est qu'il ignorait
sincèrement l'évidence que l'arme
nucléaire n'est pas une arme de terrain
et qu'il s'agit seulement de l'affichage
international d'un cadran métaphorique
dont Israël contraint les Présidents de
la République française à mouvoir les
aiguilles.
6 - Que savait M.
Sarkozy?
Mais quel était le
sérieux de l'information diplomatique et
le degré de savoir de M. Nicolas Sarkozy
quand, à l'occasion solennelle du défilé
du 14 juillet 2008 sur les Champs
Elysées, il a installé le Président
Bachar Al Assad à ses côtés? Cet hôte
d'honneur de la France faisait-il de la
Syrie l'alliée réelle de l'Amérique et
de l'Europe? Le Président de la
République de l'époque se savait le
serviteur de Washington: il s'agissait
de détourner Damas du soutien à l'Iran
et au Hezbollah. Mais savait-il, pour
autant, que le combat du monde entier
contre Téhéran n'était que l'expression
de la volonté commune au Conseil
représentatif des institutions juives de
France (CRIF) et au Comité
israélo-américain des affaires
internationales (AIPAC), dont la
politique extérieure de Washington est
largement tributaire?
Sachez, les
enfants, que le recul intellectuel des
chefs d'Etat de la religion mondiale de
la Liberté est fort limité. M. Sarkozy
était piloté par un totem verbal à
l'usage des enfants de la politique, "l'équilibre
dans la région", mais sa réflexion
sur le concept d'équilibre demeurait
d'une pauvreté politologique atterrante
: il ne se disait en rien que tout "équilibre"
n'est jamais que l'expression du rapport
des forces entre tels Etats à tel moment
et à tel endroit de la planète et que "l'équilibre
au Moyen Orient" assurait
provisoirement à Israël un statut
dominant au détriment non moins
provisoire de Téhéran. M. Sarkozy ne
pesait nullement le vocabulaire de la
précarité qui fait le tissu des jours,
alors que les grands hommes d'Etat
savent où le char de l'histoire conduit
le langage des nations et des
civilisations. Inutile de citer à la
barre du tribunal du temps des figurants
qui ne connaissent ni l'auteur, ni le
sujet de la pièce, ni les planches du
théâtre sur lequel le drame se déroule
d'acte en acte.
7 - Que sait M.
Hollande ?
Vous me direz que
M. Hollande, lui, avait parfaitement
compris le décompte du temps que
Tel-Aviv adresse à la montre de poche
des Gaulois d'aujourd'hui et qu'il s'est
hâté, avant même de se trouver élu par
le peuple français, d'appeler M. Laurent
Fabius à tirer avant l'heure de son
gousset le même chronomètre de la
politique extérieure du pays qui avait
conduit M. Kouchner à faire échouer au
profit d'Israël le projet d'union des
pays riverains de la Méditerranée.
Sachez que votre classe dirigeante ne
feint pas d'ignorer, mais qu'elle ignore
réellement les véritables rouages de la
géopolitique et que les bras lui en
tombent d'apprendre quelquefois et tout
soudainement le nom de ses maîtres.
La preuve? Si M.
François Hollande était un connaisseur
des arcanes de la scène internationale,
il n'aurait pas, une fois de plus et
dans son allocution solennelle du 31
décembre 2013 aux Français, fait
allusion au prétendu gaz sarin qui a
failli déclencher une guerre pour rien
en Syrie; car il aurait lu le rapport de
Theodor Postol, professeur à la haute
école de technologie de l'Institut du
Massassuchett et de M. Richard Loyd,
ancien inspecteur de l'armement à
l'Organisation des Nations Unies, qui
ont ouvert les yeux au Président Obama
il y a plus d'un mois de cela et qui lui
ont démontré, preuves à l'appui, que les
services secrets américains avaient été
trompés par Israël et par l'Arabie
saoudite; et il saurait que la
déclaration de guerre des Etats-Unis à
la Syrie via le Congrès date du 12
décembre 2003. On y lit déjà que la
Syrie acquerrait "des armes de
destruction massive qui menaceraient la
sécurité au Moyen Orient et les intérêts
de la sécurité nationale des Etats-Unis".
8 - La nouvelle
stratégie d'Israël
Mais le verdict
d'un Conseil d'Etat décidément mieux
informé que l'Elysée fait prendre un
retard non moins involontaire que le
précédent à une classe dirigeante
française dont la candeur politique
garantit l'innocence. Car la perte de la
naïveté infantile conduit nécessairement
à une complicité voulue. Si l'élite au
timon des affaires de la France devait
demeurer en bas âge et persévérer à
ignorer qu'Israël s'engage maintenant
dans une stratégie de la dévotion
astucieusement adaptée à la situation,
elle ne comprendrait goutte au
déplacement subit et imprévu des pièces
du jeu sur l'échiquier du monde auquel
nous assistons, et l'on verrait une
République française noyautée du haut en
bas de son appareil d'Etat ignorer
comment Tel-Aviv raisonne sur la scène
internationale d'aujourd'hui.
Comment le Quai
d'Orsay apprendrait-il jamais que
Washington continuera d'exercer sa
domination sans partage sur une Europe
vigoureusement vassalisée sous le
sceptre de l'OTAN dès lors que la
découverte de la surveillance
téléphonique minutieuse de tous les
dirigeants européens par les services
secrets des Etats-Unis n'a pas suffi à
rendre le spectacle de la vassalisation
d'un Continent et d'une civilisation
entière plus visible qu'auparavant?
Aucun parti politique d'aucune nation de
l'Europe n'a décidé, pour autant, de
s'armer d'un embryon de regard sur
l'occupation militaire qui, depuis
soixante-dix ans, met le berceau de la
pensée critique sous tutelle et prive un
demi milliard de simianthropes des armes
de la souveraineté; et pourtant, la
donne a quelque peu changé, parce que
Washington déclare maintenant - et le
plus officiellement du monde - que la
surveillance des conversations privées
et publiques des chefs d'Etat étrangers
serait suspendue, mais que le principe
des écoutes demeurait légitime, parce
que "nécessaire à la sécurité des
Etats-Unis".
Comment plier
dorénavant l'échine sous le soleil de
l'histoire sans que la docilité commence
de s'étaler au grand jour? De plus, les
ressources financières des empires ne
sont pas illimitées. La dévalorisation
accélérée des montagnes de dollars en
papier doré que Washington ne cesse de
déverser sur un monde solidement
enchaîné à ses ambitions fondent comme
neige, ce qui interdira bientôt au
nouvel empire romain de payer le coût
vertigineux du maintien sur pied de
guerre d'une armée immense - un million
et demi de légionnaires répartis entre
plus de mille garnisons sur toute la
terre habitée , dont deux cents armées
jusqu'aux dents en Allemagne et cent
trente sept en Italie. Elle ne durera
que quelques années encore, la
domination dispendieuse de la flotte de
guerre américaine sur toutes les mers du
globe. Comment Israël répond-il d'ores
et déjà à cette situation nouvelle?
9 - L'accusation
de trahison d'Israël
Sachez, les
enfants, que, dans un contexte aussi
précaire, les stratèges du messianisme
politique songent subitement à se
rapprocher de l'Europe de demain, mais
le plus prudemment possible et seulement
à petits pas, parce que, dans le même
temps, Tel-Aviv veillera, pour longtemps
encore à garder les deux fers au feu.
Comment Ménélas hâterait-il la prise de
Troie si l'histoire de la planète
entière vire soudainement de bord? Dans
combien de temps Eole soufflera-t-il de
nouveau dans la bonne direction? Et
l'Achéen se dit: "Le moment est propice
pour un coup de main. Emparons-nous sans
coup férir de la vallée du Jourdain et
arrachons en hâte au Congrès américain
un triplement de son soutien financier
au titre des dommages et intérêts
immenses qui nous sont dus à la suite du
comportement hostile à nos intérêts de
la Maison Blanche en Syrie et en Iran."
Mais Israël se le
tient-il si peu pour dit qu'il est
revenu sans tarder et spectaculairement
à la charge. On sait, j'y reviens, que
le Comité des Affaires
Internationales Americano-Israéliennes
est le plus puissant géant diplomatique
de la planète et qu'il s'agit de rien
moins que d'un Etat dans l'Etat. Son
contrôle de l'exécutif, du législatif et
du judiciaire américains dépasse de loin
ceux de son allié européen, le
Conseil représentatif des institutions
juives de France. L'objectif actuel
de l'assaut de l'Aipac est de biffer
purement et simplement les clauses de
l'accord diplomatique solennellement
conclu entre le monde entier et l'Iran.
Pour cela, il lui faut contourner la
légitimité même du veto absolu que la
Constitution des Etats-Unis a placé
entre les mains du Président afin de
l'armer, au besoin, contre toute
tentative partisane de ruiner de
l'intérieur la confiance des nations du
monde entier en la fiabilité et le
sérieux des traités signés par l'Etat
américain avec tous ses partenaires sur
la scène internationale.
Mais il existe
également une commission parlementaire
expressément appelée à s'opposer, en cas
de nécessité extrême, à l'autorité
constitutionnelle d'un Président qui
trahirait le pays et le livrerait pieds
et poings liés à une puissance
étrangère. Certes, cette commission de
salut public se trouve prudemment
entravée du fait qu'elle doit rallier
les deux tiers de ses membres,
c'est-à-dire soixante sept représentants
et sénateurs patriotes, qui infirmeront
le veto d'un traître à la patrie. Le
crime est-il suffisamment criant? La
bataille fait rage. Le Titan sioniste a
déjà acheté cinquante deux voix. Il ne
lui en manque que quinze pour renverser
l'accusation et pour livrer le pays à
une puissance étrangère sous couvert
d'assurer son salut. Il ne reste au
Président insulté par ces soupçons qu'à
jouer la montre contre un groupe de
pression d'une puissance sans équivalent
dans le monde et seul en mesure
d'accuser froidement de trahison la tête
de l'exécutif d'une grande nation.
Quelles sont les
chances d'Israël de prendre une
revanche, glorieuse à ses yeux, sur tous
les autres pays démocratiques du globe
terrestre - alors que le pape François a
aussitôt compris l'immensité de l'enjeu
et déclare qu'il se rangeait résolument
du côté de Téhéran? Certes, quand M.
Biden, vice-Président des Etats-Unis ou
M. Kerry, chef du Département d'Etat,
tentent sans relâche et dans un
va-et-vient incessant entre Washington
et Tel Aviv, de retarder la colonisation
guerrière de la Cisjordanie, le monde
entier s'esclaffe au spectacle du hochet
ridicule que les hautes fonctions de ces
deux hommes les a réduits à brandir dans
le vide. Certes encore, le monde entier
les observe repartir et revenir avec,
sur les bras, une décision tranquille de
plus de Tel-Aviv de poursuivre la
construction de milliers de logements
nouveaux en Palestine.
Mais MM. Kerry et
Biden ne savent pas encore, semble-t-il,
que le Sénat et la Chambre des
représentants sont entièrement tombés
entre les mains d'Israël et que les
décisions du Congrès de financer ce pays
à fonds perdus sont payées depuis belle
lurette sur les sommes astronomiques que
le contribuable américain verse
aveuglément à Israël. MM. Kerry et Biden
n'ont-ils pas d'yeux pour les cahots de
la calèche américaine sur la route de
Montreux, ne savent-ils pas que le même
président qui avait conclu, trois mois
plus tôt, un accord avec Téhéran a fait
revenir M. Ban-Ki-Moon sur son
invitation de l'Iran à Montreux et que
M. Kerry a fait machine arrière sur les
bords du Léman. Qui tient les brides? Le
carrosse à deux cochers basculera-t-il
dans l'ornière ?
10 - Le sionisme
de demain
Sachez que, six
mois seulement après le revers
spectaculaire d'Israël en Syrie et en
Iran, le sionisme a trouvé son second
souffle à l'échelle du monde, parce que
les cartes du jeu obéissent maintenant à
un nouvel équilibre des forces au sein
de tous les Etats-enfants: car, d'un
côté, le capitalisme bourgeois
brinqueballe sur un échiquier
international en perdition, de l'autre,
une nouvelle classe dirigeante forge ses
armes à toute allure sur l'enclume
titanesque d'un sionisme en acier trempé
- la capitale en sera un Hercule. Quand
Jérusalem aura été reconquise maison par
maison, cette ville se placera au centre
de la toile.
La revanche
posthume de Karl Marx se dessine sur le
cadran des diagnostics de Chronos; si le
capitalisme résiste à l'évangélisme
médicamenteux qu'on appelle l'utopie, le
naufrage de ce système économique n'en
sera que retardé de quelques décennies .
Comment le sursaut du moribond sous
l'égide de la production massive de
biens à bas prix en provenance de la
Chine guérirait-elle une maladie
incurable ? L'avenir politique d'Israël
réside dans le no man's land économique
qu'ouvrira le second trépas mondial d'un
univers industriel et commercial broyé
dans les mâchoires d'un étau : le
machinisme n'échappera pas à la double
denture de la surproduction et de la
sous-consommation des masses .
11 - La géodomie
de Jahvé
Sachez, les
enfants, que les anthropologues de génie
dont dispose Israël ont approfondi la
science psychobiologique balbutiante
d'un genre humain encore privé de recul
intellectuel digne de ce nom. Sachez que
les laboratoires de psycho-biologie de
cet Etat viennent de mettre en pleine
lumière la dichotomie native qui
caractérise le cerveau embryonnaire de
cette malheureuse espèce depuis
l'apparition de ses dieux schizoïdes. Si
vous plongez dans la boue du temporel
l'animal branché depuis le paléolithique
sur des mondes merveilleux, mais
imaginaires, il périt d'asphyxie au ras
du sol, mais si vous lui administrez
l'antidote du fantastique religieux
biphasé qui l'habite, il tombe dans le
délire. C'est pourquoi, au XVIIIe
siècle, la bête théologique n'a oublié
un instant la démence de ses rêves
sacrés que pour leur substituer un
nouvel empire des songes diviseurs,
celui du rêve démocratico-républicain.
Mais l'engloutissement actuel de cette
ultime fantasmagorie politico-religieuse
livre l'humanité aux mythes artificiels
que sécrète désormais le fabuleux
chimique de la drogue.
Dans ce contexte,
seul Israël a conservé intacte la double
face de la vie onirique simiohumaine des
origines, celle qui s'enracine à la fois
dans un territoire arpentable et dans
les nues. C'est cela qu'ignorent les
sciences humaines sans recul
d'aujourd'hui et c'est cela qui permet à
Israël d'enraciner la topologie de son
"Connais-toi" distancié dans
l'arrière-monde d'un sionisme bicéphale.
Les deux autres monothéismes schizoïdes,
le chrétien et le musulman, mettent en
scène des dieux qui s'avouent
méta-territoriaux, donc ouvertement
scissipares, tandis qu'Israël transporte
partout un dieu autarcique et
indélocalisable.
Jahvé est né à tel
endroit précis du globe terrestre et il
a planté à jamais sa tente dans un sol
avec lequel il fait corps depuis
l'enregistrement de son acte de
naissance dans le livre de la
Genèse. Le fidèle bipolarisé par
ce dieu-là depuis trois millénaires
s'agrippe à son jardin et y cultive ses
légumes et ses fleurs, mais avec une
ténacité et un acharnement que rien ne
saurait terrasser. Un peuple capable de
véhiculer ses hectares célestes dans sa
tête se reconstruit en tous lieux la
demeure autochtone d'un dieu géodome,
celui dont la spécificité théologique ne
se trouvera décryptée que le jour où le
diagnostic de la schizoïdie viscérale
qui frappe les premiers évadés de la
zoologie connaîtra les causes
chromosomiques de la guerre entre les
dieux polychtoniens et le dieu chtonien
de la Judée. Telle est la source
semi-animale de l'élan nouveau qu'Israël
a pris sur la planète d'Eole.
12 - Le
contre-feu
Mais voici le
contre-feu: si l'Iran ne rencontre plus
d'obstacles à livrer au Hezbollah les
armes les plus modernes, puisque le
territoire de la Syrie a été libéré, si
le Brésil, la Russie, la Chine, l'Inde
et l'Afrique du Sud déplacent
progressivement, mais irrésistiblement
le centre de gravité de la planète en
direction de l'Asie, si l'Occident
civilisé, mais décérébralisé, n' a plus
d'autres armes de la pensée
civilisatrice que la Liberté de délivrer
des escrocs russes à leurs geôles au nom
du droit d'escroquer, que la Liberté de
glorifier les exploits urinaires des
pisseuses russes dans les églises au nom
du droit de pisser sur les autels, que
la Liberté de chanter le mariage
sodomite ou saphique au nom des droits
universels de l'humanité, que la Liberté
de convoler à titre fictif au nom du
droit à de justes noces, de quel côté
croyez-vous que la pensée rationnelle va
porter la hotte du monde? Ne voyez-vous
pas que la raison commence d'ouvrir les
yeux sur les pérégrinations mentales de
l'évadé des forêts, ne voyez-vous pas
que la décision du Conseil d'Etat de la
France jette un voile sur les véritables
rouages du globe terrestre?
Apprenez donc, les
enfants, à lire, avec des yeux dessillés
les aventures d'Alice au pays des
enchantements vocaux d'une démocratie
mondiale miraculée par son vocabulaire.
Que fait d'autre M. Valls, Ministre de
l'intérieur de la France quand, d'un
claquement des doigts, il convoque le
Conseil d'Etat et lui fait infirmer en
moins de temps qu'il ne faut pour le
dire un jugement rendu par le tribunal
administratif de Nantes, auquel la
France ne reproche que le blasphème
d'avoir été prononcé au détriment des
intérêts territoriaux d'Israël en
Palestine, que fait-il d'autre, dis-je,
que d'élargir la définition du
sacrilège dans le Littré
et de l'étendre arbitrairement à la
profanation de l'omnipotence et de
l'omniprésence du peuple de Jahvé en
Palestine? Prenez-vous vraiment M. Valls
pour une tête brûlée, croyez-vous
vraiment qu'il se serait rué les yeux
fermés dans le risque de voir son
orthodoxie réfutée de nouveau? Sachez
que ce lecteur assidu de Lewis Carroll
sait fort bien que le fantastique
démocratique est un conte rédigé à
l'usage des enfants d'un monde à
catéchiser de la tête aux pieds et que
le royaume des abstractions miraculées
et hissées dans le ciel du langage ne
sert qu'à masquer le spectacle du
noyautage confessionnel des Etats par
les agents du surnaturel pseudo
démocratique israélien.
13 - Les ailes de
cire de la Liberté
Pour la première
fois, un juge siégeant au Conseil d'Etat
détient le pouvoir fabuleux de dicter à
toute la justice administrative de la
nation et au nom de la plus haute
juridiction du pays les sentiers sur
lesquels la liberté des citoyens de
juger la politique de leurs dirigeants
se trouvera restreinte chaque fois que
les conquêtes d'Israël en Judée se
révèleront menacées de délégitimation
aux yeux des Etats démocratiques - ce
qui renverse le fondement même des
Républiques. Car, disait Montesquieu,
toute décision du pouvoir exécutif qui
s'impose de force à l'ordre législatif
et à l'ordre judiciaire leur retire, en
fait, leurs compétences
constitutionnelles propres - et cela
sous les prétextes angéliques à souhait
dont le despotisme use depuis le fond
des âges, à savoir la feinte protection
de l'ordre public et la défense simulée
d'une liberté aux ailes de cire.
Il y a deux ans, M.
Régis Debray et d'autres intellectuels
de renom ont tenté de débattre à l'Ecole
Normale supérieure de la rue d'Ulm du
blocus aux yeux de la terre entière
d'une ville d'un million sept cent mille
habitants ; et l'on a vu le même juge du
Conseil d'Etat interdire ce débat à la
plus prestigieuse de nos grandes écoles
et cela, une fois de plus, au nom des
relations étroites que ce creuset des
agrégés de Lettres et de philosophie
entretient avec le seul affranchi des
règles du droit international de la
planète.
J'approfondirai
la semaine prochaine la signification
anthropologique de mes allusions
énigmatiques aux embarras de la flotte
des Achéens devant les murs de Troie et
aux efforts de Ménélas de se rendre le
dieu Eole favorable.
Reçu de l'auteur pour publication
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