Europolitique
Le suicide de
l'Europe 2
Entre la servitude et la dissolution
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Samedi 20 septembre 2014
"Interroger
les grands philosophes, c'est
transformer les questions qu'on leur
pose en instruments d'approfondissement
de la connaissance du genre humain."
Jaspers
|
1 - La justice du
lion
2 - Zeus serait-il le lion du
cosmos ?
3 - Le sort des sciences
humaines au coeur des
démocraties vassalisées
4 - L'Ecole des chefs d'Etat
5 - Le Zeus des barbares
6 - Le message des grands
profanateurs
7 - La vocation de la raison
mondiale
8 - Les blasphèmes ascensionnels
des prophètes
Post scriptum
|
1 - La justice du
lion
L'effondrement des
liens traditionnels qui s'étaient tissés
entre les législations locales et les
abstractions angélisées qui pilotent la
démocratie mondiale, cet effondrement,
dis-je, défie à ce point la réflexion
des philosophes, des historiens, des
psychologues et des anthropologues
d'aujourd'hui, qu'il convient
d'interroger les plus grands écrivains
qui, dans le sillage de Platon, avaient
déposé le concept de "justice idéale"
sur la balance d'une anthropologie
critique. Certes, cette discipline était
demeurée flottante dans leur esprit,
mais elle se méfiait déjà du piège de la
fausse alliance que l'universel conclut
avec la profondeur d'esprit. Slobodan
Despot, écrivain français d'origine
serbe (Le Nid, Gallimard)
écrit: "Le problème, avec
l'approche occidentale de la Russie,
n'est pas tant dans le manque de volonté
de comprendre que dans l'excès de
volonté de ne rien savoir."
L'Occident paiera cher d'avoir tourné le
dos à Tolstoï , Pouchkine ou Dostoïevski
pour James Bond ou John Wayne.
Qu'en est-il, de
Sophocle à Shakespeare, de la plongée de
la plume dans la connaissance des
ressorts de la bête si l'idée de justice
qui inspire les Titans de l'écriture
refuse décidément de jouer le rôle d'un
simple hochet religieux ou d'un jouet
idéologique pour se révéler la pierre
d'angle de la condition simiohumaine?
Demandons-nous donc quel regard le génie
littéraire porte sur l'animalité
spécifique de la justice faussement
vaporeuse que notre espèce sécrète au
quotidien, observons de plus près ce
qu'il en est de l'articulation entre les
justices locales d'un côté et, de
l'autre, la justice d'un jus gentium
qui tente désespérément d' échapper à
son rôle de mannequin des Etats.
2 - Zeus
serait-il le lion du cosmos ?
Qu'aux yeux de la
raison politique et pratique, le droit
du plus fort paraisse légitime par
nature et par définition, la justice
banalisée dans l'enceinte de
l'arbitraire au jour le jour des
démocraties rend, hélas, cette évidence
fort difficile à faire reconnaître
franchement aux peuples auto-proclamés
souverains d'aujourd'hui - car toutes
les Républiques de notre temps dressent
encore leurs autels à une Liberté idéale
et feignent de former une jeunesse
demeurée avide de servir une justice
transcendante aux "grandeurs
d'établissement" de Pascal.
Mais si, au regard
des enfants eux-mêmes, les Etats
s'illustrent par leurs forfaitures et
s'ils voient de leurs yeux et dès le
plus jeune âge leur propre pays abaissé
et conduit à l'infirmité politique sur
la scène internationale, s'ils passent
jour après jour sous le joug des
idéalités aux dents longues d'une
démocratie universalisée à l'américaine,
ce sera à l'échelle planétaire que les
gouvernements nationaux verront
invalider une législation censée émaner
du suffrage universel. On n'éduque pas
une nation à l'école de ses
prosternations devant le lion d'une
démocratie mondiale à la fois puérile et
carnassière. Il faudra donc se résigner
à analyser les conséquences politiques
aux yeux de la jeunesse française, de
l'asservissement du pays à un ordre
judiciaire dicté par l'étranger et qui
place, en fait, sous le joug de
l'Amérique le concept même de légitimité
censé valider ses institutions.
Voyez le ridicule
des petits Etats européens broyés par
les mâchoires du fauve américain:
rassemblés sous son sceptre à Newport,
ces poussins savaient fort bien qu'ils
n'avaient aucun titre, aux yeux du droit
international, de se mêler des relations
que la Russie entretient depuis des
siècles avec l'Ukraine. Il s'agissait
seulement d'un artifice pseudo
démocratique destiné à élever un conflit
régional au rang du centre de gravité de
la planète, il importait seulement de
placer l'Europe sous la houlette de
l'angélisme démocratique mondial dont
Washington figure le Saint Siège.
Mais si vous
n'observez pas le formalisme
international du culte américain de la
"justice" et si vous n'éclairez pas ces
autels à la lumière des liens qu'ils
entretiennent avec la vassalisation du
monde sous le sceptre d'une démocratie
léonine, vous ne placerez pas la
géopolitique antirusse dans l'optique
d'une simianthropologie générale, donc
d'une méta-zoologie prospective vous
ignorerez également que M. Hollande
n'est délégitimé par des sondages
désastreux que parce que ces derniers
sont un symptôme de la maladie: ils
expriment le sentiment confus du peuple
français que le Président de la
République n'est pas un homme d'Etat,
mais un manœuvre placé par hasard et des
années durant aux commandes d'un parti
majoritaire. Ce type de cerveau peut
ignorer le premier mot des relations que
les grands Etats entretiennent avec
l'histoire du monde.
C'est pourquoi, dès
le 20 mai 2012, je soulignais le
burlesque du rassemblement des Etats
européens autour de M. Obama à Chicago.
Voir :Caligula
et son cheval à Chicago , Le messianisme
démocratique, 20 mai 2012
Deux ans plus tard,
l'Amérique se place tellement au cœur
des relations que l'Europe entretient
avec la Russie que le Vieux Monde est
conduit au suicide politique par les
sanctions économiques que lui dicte
Washington à l'égard de l'ex-empire des
Tsars.
Voir:
Le suicide de l'Europe, 13
septembre 2014
3 - Le sort des
sciences humaines au cœur des
démocraties vassalisées
Certes, donner de
l'élan à une raison politique forgée par
un siècle d'asservissement aux griffes
angélico-démocratiques d'un empire
étranger exigera un approfondissement
sacrilège de nos sciences humaines.
Certes, il faudra esquisser une
spéléologie de la bête assoiffée de
justice politique, mais condamnée,
depuis des millénaires, à se construire
seulement les balances d'une législation
enchaînée à une théologie. Mais les
gouvernements européens proclamés élus à
l'école du suffrage universel - donc à
l'écoute d'une instance censée
séraphique - pourront aussi bien se
placer en aveugles sous le joug d'un
souverain étranger, parce que seuls les
chefs d'Etat savent qu'un peuple
pieusement vassalisé en sous-main et dès
ses premières enjambées par la
judicature de son maître se trouvera
désarçonné par les fausses dévotions de
ses dirigeants; et ces derniers auront
beau perdre toute autorité morale sur
les populations et invalider la vocation
civilisatrice de leur propre nation,
elles demeureront en service - à titre
formel - faute qu'un vrai chef d'Etat
parvienne à se porter à leur tête.
Pour l'instant, la
logique interne du droit international
public ne connaît encore, du moins
officiellement, aucune législation
résolument asservie à l'étranger au
point qu'elle validerait un Etat
tellement ritualisé qu'il plierait ses
citoyens aux ordres censés vertueux d'un
tyran. Mais comment une classe
dirigeante ferait-elle respecter "l'esprit
des lois" si elle n'en est ni
l'inspiratrice ni le rédactrice et si la
barbarie abstraite des démocraties
auto-sanctifiées par leurs idéalités
verbales porte les griffures d'un lion
importé?
Car, en 1962, les
institutions de la Ve République ont été
expressément conçues à l'usage d'un vrai
chef d'Etat. Si les mœurs politiques
municipalisées du pays conduisent un
maire de province au sommet de l'Etat,
faudra-t-il le maintenir au pouvoir par
respect de la lettre de la Constitution
? Mais comment faire passer le fond
avant la forme si vous avez affaire à
une stature rebelle au changement de ses
paramètres? Afin de tenter de desserrer
cet étau, demandons-nous quel est le
calibre politique du chef d'Etat
imaginaire du cosmos et pourquoi ses
vassaux apeurés se cachent dans son dos
depuis deux millénaires. Le Sauvage de
là-haut ne trônerait-il plus dans les
nues, n'attiserait-il plus le feu des
tortures infernales de sa sainte
justice, se serait-il lové dans le
palais du souverain actuel des idéalités
doctrinales de la démocratie américaine
et mondiale, se serait-il campé à
quelques encablures seulement de votre
maison? Si "Dieu" se révèle le chef
d'Etat fantastique des temps primitifs,
sa politique sera un pédagogue
instructif des chefs d'Etat de notre
temps, qui n'ont plus ni le Déluge, ni
les tortures infernales pour les servir.
4 - L'Ecole des
chefs d'Etat
L' Ecole de guerre
ne fait pas double emploi avec Saint
Cyr, parce que les champs de bataille
ont une histoire et qu'il n'est pas
inutile d'enseigner la stratégie aux
futurs généraux. En revanche, on ne
saurait fonder une Ecole des chefs d'
Etat, parce que la conduite des peuples
exige une science innée des personnages
qu'on appelle des nations.
Et pourtant, le
seul fait que la classe dirigeante de
l'Europe actuelle n'autorise aucune
cervelle à s'étonner de ce que, trois
quarts de siècle après la capitulation
de l'Allemagne en 1945, cinq cents bases
militaires américaines quadrillent
encore le Vieux Continent, ce seul fait,
dis-je, constitue un phénomène
anthropologique de nature à nous
suggérer que la radiographie de
l'empereur fabuleux de l'univers pourra
nous initier à une science des hommes
d'Etat d'ici-bas. Car le César sublimé
des théologies se collète dans nos têtes
avec les embarras du Juste et de
l'Injuste d'ici-bas et avec les apories
nos châtiments trop durs ou trop légers.
La théologie est l'Ecole de guerre des
Etats et le centre d'apprentissage de
l'autorité politique.
La preuve: si vous
vous êtes promenés dans le jardin
d'enfants de Newport, où vingt huit
Etats européens ont tenté de voter une
quatrième salve de sanctions économiques
contre la Russie - tout en sachant fort
bien qu'elles leur retomberont
immanquablement sur la tête - vous
apprendrez qu'un vrai chef d'Etat joue
aux échecs dans le ciel de la politique
et qu'il n'obéit à personne. On naît
chef d'Etat comme Mozart naît musicien
et Victor Hugo poète. De même, personne
n'a appris son métier au Créateur - mais
nous ne pouvons feindre plus longtemps
d'ignorer comment il se l'est enseigné
et comment il s'y est pris pour imposer
la souveraineté de son autorité à sa
créature.
5 - Le Zeus des
barbares
M. Renzi a failli
se révéler un déclencheur de la question
la plus saintement sacrilège de toute la
théo-zoologie et de toute la politique,
celle des relations semi animales que la
justice américaine entretient avec la
pensée rationnelle de l'Occident. C'est
dire, une fois de plus, que la balance à
peser la justice de la bête politique
nous appelle à examiner les ressorts et
les rouages de l'âme du chef d'Etat
idéal que les Grecs appelaient Zeus et
les Romains Jupiter - on sait que les
juifs l'ont baptisé Jahvé, les
musulmans, Allah et les chrétiens Dieu.
Mais sitôt que les spéléologues et les
médecins de ces géants du cosmos
examineront à la loupe les récompenses
saugrenues et les châtiments éternels
dont usait le ciel des Etats
monothéistes de leurs ancêtres, il leur
sera impossible de progresser dans la
pesée anthropologique de leurs Olympes
respectifs sans apprendre, au préalable,
à peser les instruments
psycho-politiques cruels dont use la
morale des trois Jupiter encore en
service.
Observez le lion du
ciel américain. C'est sans seulement
s'en douter qu'il affiche les saints
déguisements des trois dieux proclamés
uniques et de leur justice de
tortionnaires vertueux. Exemple: on sait
que les religions monothéistes se font
une idée absolue, donc mythologique du
Bien et du Mal et qu'elles
sont manichéennes par nature. Mais
l'esprit latin a longtemps et fort
astucieusement déposé le fardeau du Mal
universel sur les épaules de Lucifer, ce
qui a permis aux trois monothéismes de
localiser, donc de focaliser l'ubiquité
mythique du péché, puis de l'exorciser
et enfin d'en confier la charge unifiée
à un bouc émissaire planétarisé.
Le dieu américain,
lui, est d'une autre extrace: il a rendu
le Mal immanent à la jungle du
monde extra-démocratique, ce qui lui a
permis de s'auto-innocenter à bon compte
et sur les cinq continents, puis de
pourfendre Lucifer exclusivement hors de
ses frontières - ce qui l'autorise, en
outre, à conquérir le monde entier sous
le masque de l'auto-sanctification de la
seule nation d'Abraham Lincoln. Le
manichéisme américain a tué le Démon
identifié et domicilié des ancêtres et
l'a immergé dans la masse des infidèles,
c'est-à-dire dans la multitude des
ennemis de l'Amérique d'Abel le juste.
Vous voyez que les
anthropologues du Dieu des animaux
radiographient d'ores et déjà et
expérimentent sur le vif la
psycho-zoologie des grands chefs d'Etat
et s'initient à leur évolution tant
morale que cérébrale. Si vous n'avez pas
d'anthropologie de la théologie, vous ne
comprendrez goutte aux coups de maître
de cette discipline. Voyez la
diabolisation magistrale de M. Chirac en
2003, dont l'hérésie l'empêchait de
comprendre que Lucifer se cachait dans
la fiole magique brandie par le général
Powell à l'Assemblée des Nations-Unies,
voyez la diabolisation actuelle de M.
Vladimir Poutine, censé être devenu, des
pieds à la tête, la même fiole satanique
de l'hérésie que le Président de la
République française en 2003.
6 - Le message
des grands profanateurs
Observez maintenant
le piédestal des idéalités retorses sur
lequel la politique des crinières et des
mâchoires de la démocratie mondiale
hisse les praticiens de la politique de
"Dieu" et de ses séraphins; puis
observez avec les yeux d'une justice
saintement blasphématoire la
responsabilité des anges aux crocs
léonins. Pour cela, recourons aux
blasphèmes d'un Zeus en devenir. Car
s'il existe une justice supérieure à
celle du tortionnaire des enfers,
comment la France présiderait-elle le
tribunal de la pensée rationnelle de
demain et comment citerait-elle le monde
à comparaître devant la juridiction de
sa logique transcendantale, celle qui,
des millénaires durant, a mis en marche
la cervelle endormie des hommes d'Etat?
En vérité, il y a
urgence à citer le Jupiter des Etats
démocratiques actuels à la barre du
tribunal appelé à juger ses massacres.
Car le message profanateur dont le
dramaturge grec et le buveur de la ciguë
d'Athènes goûtent en commun le poison
guérisseur, figurez-vous que l'homme
politique moyen en rejette encore le
nectar. Pourquoi M. Hollande se veut-il
le défenseur de la justice frelatée et
contrefaite des Etats, à commencer de
celle de son propre pays? Tout récemment
encore, on a entendu M. Alain Juppé
refuser à son tour et catégoriquement à
l'homme d'Etat proclamé responsable
le droit d'invalider les verdicts du
mythe démocratique, lequel salue la
fausse équité et l'indépendance
contrefaite dont témoigne la Justice des
nations. Et voici que, de son côté, une
France privée de chef d'Etat couronne de
la tiare de la légitimité - à son propre
détriment - une fausse justice que même
une Mme Merkel jugeait contrefaite -
elle refusait tout net de soumettre les
litiges à venir entre l'Europe et le
Nouveau Monde au miel et à l'ambroisie
démocratiques d'un tribunal américain
composé à seule fin de donner toujours
raison à Washington.
Mais puisque tout
juge terrestre se couronne des auréoles
verbales d'un sacerdoce truqué, sur quel
piédestal une France à l'écoute de la
politique d'un roi mythique du cosmos
s'est-elle dressée quand elle a fait, de
la vassalité judiciaire de BNP Paribas,
à la fois le baudrier de Porthos et la
toison d'or de la nation? Décidément, il
faut se demander à quelle responsabilité
supérieure des Etats devenus pensants
une justice et une raison dignes de ce
nom auront à rendre des comptes.
M. Renzi, lui,
osait rappeler à une Europe décérébrée
que la pesée des âmes et des cervelles
est le véritable ressort de la
responsabilité politique des vrais
hommes d'Etat et que le naufrage des
peuples n'est autre que celui de leur
l'esprit de justice, celle que Malraux
voyait appuyée sur la " lance pensive "
d'Athéna, la déesse de l'alliance de la
pensée avec l'histoire - celle que Renan
saluait en divinité née d'un coup de
hache sur le cerveau de Zeus.
7 - La vocation
de la raison mondiale
Quel triste sort,
direz-vous, que celui de la vérité "en
elle-même et pour elle-même" que les
philosophes et les vrais hommes d'Etat
se partagent si la raison prospective
qui inspire la science de la droiture et
des souffrances de l'esprit de justice,
si cette maïeuticienne, dis-je, se voit
fatalement frappée d'exil au sein des
Etats contrefaits!
Mais c'est
précisément dans son abaissement à la
vassalité que la pensée ascensionnelle
retrouve son élan. Car voici que
l'Europe décérébrée par une rationalité
étrangère à l'introspection critique et
à la pesée anthropologique de l'animal
parlant traite de terroristes et
d'association de malfaiteurs les croisés
du Moyen-Age ou les guerriers acéphales
qui, comme chacun sait, se sont si
dévotement entretués au cours des
guerres de religion du XVIe siècle.
Et pourtant, notre
éducation nationale commence de
s'effrayer de son échec, et elle ose
enfin s'étonner de ce que l'enseignement
laïcisé des religions n'ait pas immunisé
la jeunesse française contre les
djihadistes. L'Etat se risquera-t-il à
démontrer l'alliance de l'ignorance avec
la sottise? Car on n'immunise pas le
cerveau humain contre le fanatisme
religieux à enseigner les valeurs
morales de la laïcité, alors que c'est
des mêmes que se réclament Allah ou
Jahvé et la logique d'Aristote et qu'on
ne sait rien si l'on n'a pas de science
des prémisses mythologiques qui fondent
les jugements moraux sur des cosmologies
magiques - il y faut une science
anthropologique des chefs d'Etat
irrationnels des siècles primitifs dont
"Dieu" est demeuré le prototype
ensauvagé. Que "Dieu" soit une lente
création des civilisations, rien ne le
démontre mieux que la mobilisation des
Etats du Golfe contre "Isis", rebaptisé
"Daesch". Mais si vous ne savez pas
comment le cerveau humain se donne un
chef, renoncez à tout progrès des
sciences humaines, puisque lles progrès
du "connais-toi" moderne sont à ce prix.
8 - Les
blasphèmes ascensionnels des prophètes
C'est dire qu'une
Europe digne du XXIe siècle, mais qui
renoncerait à étudier et à tenter de
comprendre la dichotomie cérébrale qui
frappe depuis des millénaires les évadés
titubants de la zoologie, une telle
Europe, dis-je, se trouverait sans
défense face au lion du ciel américain
et à sa démocratie théologisée par ses
crocs, ses griffes et ses mâchoires. Ne
nous dérobons pas à la tâche d'étudier
l'histoire de l'encéphale du cerveau
léonin de l'homme d'Etat imaginaire
qu'on appelle Dieu.
Mais que se
passerait-il si la sainteté d'une raison
de feu prenait la relève de la foi et de
la justice des ancêtres, si un athéisme
ascensionnel devenait le fer de lance de
la vie spirituelle, si l'incendie
isaïaque de l'intelligence critique
s'allumait dans l'abîme de l'incroyance,
si le dieu des mystiques de demain
rendait des comptes aux suicidaires de
la pensée?
Pour l'instant,
quel sacrilège inspirant d'avoir du
moins fait débarquer la question de
l'âme de la justice dans la platitude de
la politique des anges pervers et des
séraphins retors de la Démocratie
mondiale, pour l'instant, quel blasphème
ascensionnel que de demander à la France
d'allumer le flambeau d'une justice
digne des grands profanateurs! Car
l'existence même de la raison politique
de demain dépend du pacte spirituel que
les Etats vassalisés de l'Europe
concluront avec l' esprit de justice des
grandes âmes de la politique - celles
que leur destin condamne à se colleter
dans l'arène du temps avec le tragique
d'une histoire de l'intelligence
entrecoupée de tragiques rechutes.
Post Scriptum
J'écrivais le 25
juillet:
"A partir de cette date, et
compte-tenu qu'on ne luttera
efficacement contre le naufrage de la
langue française que si le Président de
la République et le Premier Ministre se
voient nommément mis en cause, je
relèverai quelques-unes de leurs fautes."
- 1 - M. Valls
ignore qu'on peut tomber malade,
mais non tomber enceinte.
- 2 - M. Hollande
ignore qu'on dit ce matin ou
ce soir, mais non ce midi.
Reçu de l'auteur pour publication
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