Théopolitique
La pape François et la géopolitique (1)
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 7 mars 2014
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1 -
Qu'est-ce qu'un chef d'Etat
2 - L'exemple de l'empire
américain
3 - La bête auto-cérébralisée
4 - Les ventres affamés ont
maintenant des oreilles
5 - La nouvelle distanciation
anthropologique
6 - La bête masquée de sainteté
7 - La démocratie des barbares
et les mystiques de la lucidité
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1 - Qu'est-ce
qu'un chef d'Etat
Il arrive qu'un
chef d'Etat se révèle de surcroît un
administrateur de la politique locale.
Dans ce cas, on le juge à l'attention
qu'il veut bien porter à la misère du
peuple; mais sa tâche principale demeure
celle d'un ardent défenseur des intérêts
supérieurs de la nation. Seule la scène
internationale lui paraît un théâtre
digne de sa vocation.
Mais si l'essentiel
de sa mission n'est jamais de s'apitoyer
sur le sort des "humbles et des
opprimés", il faut néanmoins que la
pauvreté et l'ignorance de la population
n'affaiblissent pas outre mesure la
nation dans l'arène du monde - sinon il
court à vive allure au secours des
miséreux. Trois siècles après la poule
au pot d'Henri IV, Napoléon III a rédigé
un bréviaire intitulé De l'extinction
du paupérisme. Mais Bourguiba ou
Pierre le Grand ont mis toutes leurs
forces à délivrer leur pays des ténèbres
de la fossilisation théologique des
cerveaux et à faire couper aux illettrés
une barbe par trop ridiculement copiée
sur celle du créateur de l'univers.
2 - L'exemple de
l'empire américain
Et pourtant, ce ne
sont pas des théoriciens de la
prééminence d'un Etat conquérant, mais
trois présidents démocrates qui ont
conduit l'empire américain à la
surpuissance navale de ce temps,
Roosevelt, Truman et Kennedy. Quand un
président démocrate n'a pas la poigne de
fer d''un César du mythe de la Liberté,
on lui montre la porte. Carter a paru
faible des bras et des jambes. L'acteur
de cinéma qui lui a succédé à la Maison
Blanche avait appris son métier à
l'école des shérifs de Western et il est
allé bombarder Kadhafi dans son palais à
dix mille kilomètres du bureau ovale; et
l'on a vu un scénario de Hollywood
débarquer parmi les dorures et le
protocole des chancelleries du monde
entier -tandis que Jimmy Carter recevait
dans son coin le lot de consolation fort
recherché, mais qu'on réserve aux
catéchètes des démocraties, le prix
Nobel des anges de la paix. Certes, M.
Bush senior n'était pas un homme d'Etat
manqué; et pourtant, il a été remplacé
par un Bill Clinton qui allait siéger au
sein du gouvernement de Tel-Aviv. Mais
il faut chercher la cause de sa
disgrâce, non point dans l'échec de sa
politique, mais dans l' initiative
téméraire qu'il avait prise de défier
l'expansion territoriale illimitée
d'Israël en Palestine.
Vingt ans plus
tard, un autre démocrate, Barack Obama,
s'est cassé les dents sur ce petit Etat
de fer et acier. Mais la nature même de
sa fonction l'a contraint à se risquer
dans cette enceinte en béton armé, puis
d'y expédier, et inutilement, le
vice-Président des Etats-Unis et enfin,
une quinzaine de fois, le chef de la
politique étrangère du pays; mais ce
dernier échouera à faire plier Tel-Aviv.
Du coup, l'hôte de la Maison Blanche se
trouvera rayé de la liste des vrais
chefs d'Etat aux yeux de la postérité -
du reste, il s'est d'ores et déjà
résigné à sa rétrogradation perpétuelle,
puisqu'il se rabattra peu à peu sur le
volet social de son emploi.
Pourquoi les hommes
d'Etat dignes de ce nom et qui se sont
pourtant souciés du bien-être de leur
population se comptent-ils sur les
doigts d'une main? Parce que
l'officialisation du socialisme
nationaliste n'est pas pour demain. Mais
Kennedy a mieux asservi l'Europe que
Nixon ou Eisenhower et Truman que
Reagan. C'est qu'un homme d'Etat
qualifié de démocrate peut s'offrir le
luxe de s'envelopper dans le châle d'un
apostolat de la domestication
évangélique de ses adversaires et de
tout l'univers, tandis que l'homme
d'Etat républicain se trouve contraint
de jouer cartes sur table. On
n'évangélise pas le réalisme - seuls les
rêves sacrés sont de taille à se rire
des frontières.
3 - La bête auto-cérébralisée
Depuis les origines
de la mémorisation écrite du temps,
notre astéroïde s'est révélé le théâtre
d'une guerre tour à tour ouverte et
larvée entre les empires vigoureusement
présents sur la planisphère des
dévotions et des piétés musculaires de
leur époque d'un côté et, de l'autre,
les empires oublieux des glaives
glorieux que brandissait un mythe ou une
divinité. C'est pourquoi il est absurde
de peser les relations tempétueuses de
l'Iran avec les saintetés hérissées des
piques et des cierges de la démocratie
idéale sur la balance de l'enseignement
de la seule religion à exercer un
monopole sur le concept de Liberté. Ce
parfum de paroisse se nourrit désormais
d'un songe catéchisé à l'échelle du
globe terrestre. Une Eglise de la
laïcité dont l'argumentaire universel se
trouve étroitement calqué sur celui de
l'orthodoxie totalisante du Moyen-âge
n'est jamais qu'un masque sacré, donc
armé des crocs de la sainteté
d'aujourd'hui.
Hier encore,
Téhéran se trouvait cloué au pilori des
hérétiques et voué à la damnation
éternelle en raison de son refus
diabolique de confesser une vérité
doctrinale bien connue et dont
l'évidence était censée crever les yeux
à l'humanité tout entière. La vérité
n'avait-elle pas été révélée une fois
pour toutes et à tous les peuples
rationnels, donc armés d'avance du plus
élémentaire bon sens sur cette terre?
C'est pourquoi quatre-vingts millions de
descendants de Darius et d'Artaxerxes se
trouvaient hissés sur le bûcher par des
armées d'affameurs, tous bons apôtres de
la Justice et de la Liberté
universelles. Si la démocratie n'était
pas inquisitoriale, elle ne serait pas
convertisseuse et il serait impossible
de la magnifier à l'école des nouveaux
croisés du monde.
Aussi est-il
équitable, n'est-ce pas, que les anges
et les séraphins de l'apocalypse
thermo-nucléaire excommunient
l'ambitieux qui voudrait se donner, lui
aussi, le prestige d'une foudre
inutilisable par nature, donc
mythologique par définition. Toute
orthodoxie fonctionne à sens unique;
c'est pourquoi le Dieu tenu à la fois
pour vrai et pour armé de piquants
redoutables se trouve toujours et
exclusivement entre les mains du
propriétaire qui en tient le manche et
qui en allume la mèche, donc le mieux
armé. Mais songez que l'esprit de
charité est censé inspirer la démocratie
de la foudre majoritaire de l'atome.
4 - Les ventres
affamés ont maintenant des oreilles
Voyez l'esprit
évangélique avec lequel l'Eglise du
nucléaire s'affaire pour le salut du
malheureux hérésiarque: il s'agit,
n'est-il pas vrai, et le cœur sur la
main, de rétablir des relations saines
et vertueuses avec les saints détenteurs
du monopole de la pulvérisation
terminale. Le nucléaire démocratique se
veut apostolique et fulminateur,
pacificateur et apocalyptique. Au
demeurant, l'esprit sotériologique et
rédempteur qui inspire le mythe de la
Liberté ne veut jamais que le bonheur du
coupable: qu'il confesse seulement sa
pestifération, qu'il affiche seulement
sa repentance sur la scène de la
damnation internationale, qu'il renonce
seulement à l'arme diabolique dont il
est censé faire peser la menace sur les
épaules de ce pauvre monde - et l'enfant
mais la corde au cou.
Qu'attend ce
malheureux pour se confesser, se
convertir, passer aux aveux? Comment se
fait-il que les ventres affamés aient
désormais des oreilles et qu'ils
refusent tout net d'écouter les prêches
des dispensateurs de leur salut? Comment
se fait-il que le pauvre homme gémisse
sous la torture et proteste du
traitement qu'on lui inflige? Comment se
fait-il que les héritiers de la Perse
des ancêtres refusent les bienfaits
d'une sotériologie si profitable à celui
qui en tient seul le fouet entre les
mains? Qu'en est-il des vassalisations
tapies dans les outres de la sainteté
démocratique? Qu'en est-il de
l'asservissement des peuples sous le
sceptre du ciel de la Liberté? Que dit
de la bête son anthropologue
transcendantal, le spécialiste prodigue
sera tout subitement reçu à bras ouverts
par la communauté des fidèles. Le
paradis de la démocratie mondiale attend
le pénitent avec charité, des carapaces
mentales du simianthrope?
L'Iran est devenu
le laboratoire mondial d'une
anthropologie nouvelle, celle dont
l'onirisme pieux des démocraties
alimente les anges et les séraphins. On
y expérimente les cuirasses cérébrales
des évadés de la zoologie, on y examine
la dimension théologique du genre
simiohumain à l'école de son langage, on
y soupèse les neurones vaticanesques des
orthodoxies verbales, on y décode les
secrets psychobiologiques de la bête
auto-cérébralisée par le fantasmagorique
grammatical qui l'habite.
5 - La nouvelle
distanciation anthropologique
Un cours de syntaxe
de la géopolitique parareligieuse des
démocraties dont les prémisses et la
problématique seraient devenues
simianthropologiques donnerait enfin à
la politologie mondiale la balance qui
permettait à cette discipline de peser
les croyances et les mécréances en
promenade sous le crâne des descendants
d'un primate velu. Par bonheur,
l'intelligibilité de l'histoire des
détoisonnés n'a jamais été durablement
localisée et légitimée dans l'enceinte
d'une méthodologie rigoureuse. C'est
qu'une telle discipline s'égarerait à
recruter des informateurs qui
transmettraient des informations
inaltérables d'une génération à la
suivante. Mais il se trouve que la
frontière entre les simples chroniqueurs
d'un côté et les peseurs souverains des
problématiques-pilotes de l'autre n'a
jamais été clairement tracée. C'est que
les constats des huissiers de la mémoire
erratique du genre humain sont
irréfutables, mais aveugles, sourds et
muets, tandis que les interprétations
des philosophes de la durée sont
macroscopiques, mais d'une profondeur
désespérément inégale. Qu'en est-il du
recul proprement anthropologique de la
caméra, qu'en est-il de la distanciation
progressive du regard de la raison sur
ses propres savoirs depuis la découverte
du passé zoologique de l'humanité, qui
ne remonte qu'à un siècle et demi?
Par chance, pour
l'observateur du degré de
cérébralisation actuelle de notre
espèce, les mentalités théologiques
vainement refoulées depuis la Révolution
française ont rompu la digue des
idéologies évangélisantes qui avaient
pris le relais des orthodoxies révélées.
Pourquoi les idéalités s'étaient-elles
sacralisées sur le même modèle
dogmatique et mythologique que les
théologies doctrinales d'autrefois?
Pourquoi n'a-t-on pas remarqué que le
débarquement d'une sanctification
eschatologique de l'histoire et de la
politique ne date pas d'hier? Le nazisme
reposait sur une sotériologie, le
marxisme sur une recoction de la
rédemption judéo-chrétienne - un
réchauffement définitif du royaume de
Dieu allait débarquer sur la terre.
En 1945 la
démocratie mondiale a pris la relève des
anciens finalismes théologiques, ce qui
démontre qu'une raison durablement tenue
pour salvifique est devenue congénitale
au détoisonné adamique. Du coup, il sera
bien impossible de jamais construire une
balance à peser l'encéphale simiohumain
actuellement branché sur le mythe d'un
salut planétaire si l'on ne décrypte pas
au préalable quelques secrets
anthropologiques élémentaires du
fonctionnement cérébral des mythologies
religieuses ou idéologiques. Car la bête
au cerveau schizoïde se veut dominatrice
et conquérante, mais elle s'avance
masquée sous les auréoles de ses
auto-sanctifications langagières. Il
faut donc étudier la démocratie mondiale
en tant que masque parathéologique dont
la machinerie cérébrale tour à tour
déchaînée et crispée se trouve
étroitement calquée sur celle de
l'expansion guerrière et pseudo
apostolique du christianisme romain des
premiers siècles. La grâce démocratique
a substitué aux aigles des légions la
tiare et le sceptre d'une délivrance
désormais universellement transmise par
la médiation d'un mythe séraphique et
dentu nouveau, celui de la Liberté. Le
drapeau d'un salut garanti par un songe
flotte à nouveau sur la planète entière
d'un ressuscité.
C'est la mise en
évidence d'un camouflage du réel par le
discours des empires en guerre ou aux
aguets et la révélation de
l'enracinement d'un au-delà mythique
dans les chromosomes de la bête semi
cérébralisée, c'est la découverte du
défaussement originel de l'évadé des
forêts sur un langage révélé et auréolé
qui assigne au pape François une place
suréminente dans l'histoire d'un
dynamitage iconoclaste du christianisme
ecclésial des âges primitifs. Qu'en
est-il du songe démocratique démasqué à
l'école d'une psychanalyse encore
rudimentaire des idéalités politiques
communes à la religion de la Croix et à
la révolution de 1789?
6 - La bête
masquée de sainteté
Pour le comprendre
il faut plonger dans l'abîme où le
mystique porte sur l'animal évadé du
"jardin d'innocence" le regard d'une
lucidité visionnaire. Une pensée
religieuse fondée sur une symbolique
originelle de la condition simiohumaine
conduit tout droit à une spéléologie
anthropologique de la fable
cosmologique, donc au décryptage du
dédoublement collectif d'Adam entre
l'image socialisée qu'il se fait de
lui-même et qu'il transporte dans les
nues et le réel qui l'accable sur la
terre. Il faut comprendre que le pape
François puise dans la joie
intellectuelle, donc solitaire du
Poverello un feu et une lumière
spectrographiques dont il importe de
capter les sources transanimales. Quel
est le pont qui relie Socrate dansant de
joie dans sa prison et le saint qui vous
dit: "Je meurs dans l'allégresse"?
Comment se fait-il que ce soient la
flamme et le flambeau de l'intelligence
visionnaire qui réchauffent et éclairent
aussi bien les Isaïe que les François
d'Assise?
Quand le pape
François écrit à Vladimir Poutine pour
lui demander de l'aider à arrêter la
guerre de Syrie, c'est avec des yeux
d'anthropologue transcendantal qu'il
regarde la bête masquée de sainteté et
qui se hisse péniblement sur le
piédestal de ses idéalités spéculaires.
Le saint est un regardant. Il voit
l'humanité réfléchie dans les miroirs
qui la flattent. Si l'humanisme
occidental demeurait à l'écart des
leçons de la lucidité ascensionnelle qui
inspire les grands contemplatifs de la
condition simiohumaine, l'évolutionnisme
n'aurait plus de destin intellectuel.
Voir -
Mon Panthéon 2 , 18 janvier
2014 (Bergson).
Quelle est
l'identité cérébrale du singe blasonné
de la sainteté narcissique de type
démocratique ? Le mystique est le
blasphémateur suprême, celui qui dit,
avec Nicolas de Cuse et Jean de la
Croix, que " Dieu " n'est autre que
l'incandescence de sa raison de
visionnaire des arcanes, des rouages et
des ressorts d'un animal semi-cérébralisé.
7 - La démocratie
des barbares et les mystiques de la
lucidité
Pourquoi la
géopolitique contemporaine attend-elle
avec impatience une anthropologie dont
le regard se porterait enfin de
l'extérieur sur la condition cérébrale
de l'évadé des forêts, sinon parce que
la dégaine du récit historique le plus
banal résiste désormais à la narration
événementielle? A l'heure où la raison
des mystiques se révèle plus
explicatrice que les relevés de comptes
des mémorialistes et des chroniqueurs, à
l'heure où un pape campe hors des murs
du palais des somptueux successeurs de
Pierre, à l'heure où une raison
politique en marche surplombe le cirque
des idéalités mondiales et commence
d'observer la spécificité de la barbarie
de type démocratique, à l'heure où le
Vatican apostrophe la patrie des droits
de l'homme et rabroue vertement ses
dirigeants, à l'heure où le saint
d'Assise enflamme un milliard et demi de
chrétiens assoupis et fait débarquer
dans l'arène de la politique
internationale le spectacle d'une
gigantesque profanation, à l'heure où
l'audace d'une Curie branchée sur de
féconds sacrilèges s'en prend aux idoles
les plus vénérées d'une époque, celles
qui chapeautent son langage, à l'heure
où un faux culte de la Justice et
de la Vérité dévoile une
falsification mondiale de l'Eden des
démocraties, on voit subitement courir à
Rome M. Benjamin Netanyahou, M. Poutine
et demain une reine d'Angleterre âgée de
quatre-vingt huit ans, accompagnée d'un
duc d'Edimbourg de quatre vingt treize
ans, François ne se révélait-il
l'électrochoc que la nef des fous
attendait ? Croit-on que
l'historien-anthropologue, le
philosophe-anthropologue, le
politologue-anthropologue peuvent
persévérer à se mettre un bandeau sur
les yeux et feindre que rien ne s'est
passé dans le royaume de la mémoire
pensante du monde?
Quand le
"spirituel" tourne le dos à un mythe
politique fondé sur les défaussements,
les subterfuges et les mascarades de la
sainteté, quand Tartuffe se révèle le
Titan de la Liberté et le Cyclope
mondial de la justice, le feu de
l'intelligence et de la raison s'allume
au cœur du temps des peuples et des
nations et la mystique retrouve la
parole pour demander à la mémoire
ossifiée du monde: "Quel est le
télescope dont le miroir vous racontera
à nouveaux frais les secrets du temps
des Etats?"
La semaine
prochaine, je tenterai d'approfondir la
postérité anthropologique d'ores et déjà
déclenchée du pape François. Le 21 mars,
je tirerai les premières conclusions
d'une spectrographie de la condition
humaine - par une coïncidence
journalistique, La Croix publiera une
enquête sur ce sujet qui illustrera la
superficialité de l'humanisme semi
théologique de la démocratie mondiale.
Le 28 mars, j'observerai enfin la
question anthropologique qui se cachait
derrière les décors de la pièce en
représentation depuis deux mois en
Ukraine et qui fait salle comble sur la
scène internationale - la question de
l'occupation militaire américaine de
l'Europe depuis 1949. Que signifie le
terme Liberté dans l'arène de la
géopolitique contemporaine?
le 8 mars 2014
Reçu de l'auteur pour publication
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