L'art de la guerre
Manœuvres stratégiques
derrière la
crise du Coronavirus
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci - Capture
d'écran PalSol
Mardi 31 mars 2020
Tandis que la crise
du Coronavirus paralyse des sociétés
entières, de puissantes forces sont à l’oeuvre
pour tirer l’avantage maximal de la
situation. Le 27 mars l’OTAN sous
commandement USA s’est élargie de 29 à
30 membres, en englobant la Macédoine du
Nord. Le jour suivant -alors que se
poursuivait l’exercice USA “Défenseur de
l’Europe 2020”, avec moins de soldats
mais plus de bombardiers nucléaires- a
commencé en Écosse l’exercice aéronaval
OTAN Joint Warrior avec des forces US,
britanniques, allemandes et autres, qui
durera jusqu’au 10 avril y compris avec
des opérations terrestres.
En attendant, les pays européens de l’OTAN sont avertis par Washington
que, malgré les pertes économiques
provoquées par le Coronavirus, ils
doivent continuer à augmenter leurs
budgets militaires pour “conserver la
capacité de se défendre”, évidemment de
l’”agression russe”.
À la Conférence de Munich, le 15 février, le secrétaire d’état Mike
Pompeo a annoncé que les États-Unis ont
sollicité les alliés à débourser 400
milliards de dollars de plus pour
augmenter la dépense militaire de
l’OTAN, qui dépasse déjà amplement les
1.000 milliards annuels. L’Italie doit
ainsi augmenter sa propre défense
militaire, qui se monte déjà à plus de
26 milliards d’euros annuels,
c’est-à-dire plus que le Parlement n’a
autorisé à débourser ponctuellement pour
l’urgence Coronavirus (25 milliards).
L’OTAN gagne ainsi du terrain dans une Europe largement paralysée par le
virus, où les USA, aujourd’hui plus que
jamais, peuvent faire ce qu’ils veulent.
À la Conférence de Munich Mike Pompeo a
violemment attaqué non seulement la
Russie mais aussi la Chine, en
l’accusant d’utiliser Huawei et d’autres
compagnies comme “cheval de Troie de
l’intelligence”, c’est-à-dire comme
outils d’espionnage. Ce faisant les
États-Unis accroissent leur pression sur
les pays européens pour qu’ils rompent
aussi les accords économiques avec
Russie et Chine et renforcent les
sanctions contre la Russie.
Que devrait faire l’Italie, si elle avait un gouvernement qui veuille
défendre nos réels intérêts nationaux ?
Elle devrait avant tout refuser d’augmenter notre dépense
militaire, artificiellement gonflée avec
la fake news
de l’”agression russe”, et la soumettre
à une révision radicale pour réduire le
gaspillage d’argent public dans des
systèmes d’arme comme le chasseur USA
F-35. Elle devrait immédiatement
supprimer les sanctions contre la
Russie, en développant au maximum
l’échange avec elle. Elle devrait
adhérer à la requête -présentée le 26
mars à l’ONU par la Chine, la Russie,
l’Iran, la Syrie, le Venezuela, le
Nicaragua, Cuba et la Corée du Nord- que
les Nations Unies fassent pression sur
Washington pour abolir toutes les
sanctions, particulièrement nocives au
moment où les pays qui les subissent
sont touchés par le Coronavirus. De
l’abolition des sanctions contre l’Iran
dériveraient aussi des avantages
économiques pour l’Italie, dont les
échanges avec ce pays ont été
pratiquement bloqués par les sanctions
USA. Ces mesures et d’autres donneraient
de l’oxygène surtout aux petites et
moyennes entreprises étouffées par la
fermeture forcée, rendraient disponibles
des fonds à destiner pour l’urgence, en
faveur surtout des couches les plus
défavorisées, sans pour cela s’endetter.
Le plus grand risque est celui de sortir de la crise en ayant au cou le
noeud coulant d’une dette extérieure qui
pourrait réduire l’Italie aux conditions
de la Grèce. Plus puissantes que les
forces militaires, et qui ont aussi en
main les leviers décisionnels du
complexe militaro-industriel, sont les
forces de la grande finance
internationale, qui sont en train
d’utiliser le Coronavirus pour une
offensive à l'échelle mondiale avec les
armes les plus sophistiquées de la
spéculation. Ce sont elles qui peuvent
porter à la ruine des millions de petits
épargnants, et qui peuvent utiliser la
dette pour s’approprier des secteurs
économiques entiers.
Dans cette situation décisif est l’exercice de la souveraineté
nationale, pas celle de la réthorique
politique mais celle, réelle, qui,
garantit notre Constitution, appartient
au peuple.
Édition de mardi 31 mars 2020 de
il manifesto
https://ilmanifesto.it/manovre-strategiche-dietro-la-crisi-del-coronavirus/
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