L'art de la guerre
Le ministre Guerini sur les traces
de Saint François
Manlio Dinucci

Mardi 27 octobre 2020
Pour la Fête de Saint François, le
ministre de la Défense Lorenzo Guerini
(Pd) a envoyé les chasseurs des
Frecce Tricolore
(Flèches
Tricolores, patrouille acrobatique de
l’Aéronautique italienne italienne, ndt)
survoler la Basilique d’Assise. “C’est
le plus fort hommage que notre Italie
ait pu rendre au
Poverello, en qui des
milliers de personnes se remettent
alors que la pandémie aggrave la
pauvreté”, a écrit la revue des
Franciscains.
Hommage discutable : une
heure de vol des neuf chasseurs des
Flèches Tricolores coûte plus de 40.000
euro d’argent public, chiffre avec
lequel on pourrait payer 27 salaires
moyens mensuels nets. Pour survoler
Assise l’an prochain il y aura les
nouveaux, plus puissants, chasseurs
d’entraînement avancé T-345A produits
par la société Leonardo, dont
l’Aéronautique est en train d’acquérir
23 exemplaires pour une dépense
d’environ 380 millions d’euros. Ils
assureront une meilleure “efficience
instructive”, en préparant les pilotes à
l’utilisation des F-35 et autres avions
de guerre. “Notre merci va aux Généraux
et au Ministre de la Défense Lorenzo
Guerini -ont écrit les Franciscains
après le survol des Flèches Tricolores-
Ce soir nous irons tous dormir avec
l’espoir d’un jour meilleur”.
Paroles tranquillisantes,
prononcées pendant que d’autres
chasseurs italiens, les Tornado PA-200
de Ghedi qui sont sur le point d’être
remplacés par les F-35A, étaient déjà en
Allemagne pour participer au
Steadfast Noon,
l’exercice annuel OTAN de guerre
nucléaire sous commandement USA. Y
participent, avec leurs forces
aériennes, Italie, Allemagne, Belgique
et Pays-Bas, qui gardent sur leur propre
territoire, prêtes à l’emploi, les
bombes nucléaires USA B-61, sous peu
remplacées par les plus mortelles
B61-12.
Ces pays violent ainsi le Traité
de non-prolifération et refusent le
Traité ONU sur l’abolition des armes
nucléaires qui, ayant atteint les 50
ratifications le 24 octobre, entrera en
vigueur d’ici 90 jours. N’y adhèrent pas
cependant les neuf pays dotés d’armes
nucléaires et les trente de l’OTAN.
En Europe, le Traité ONU a été ratifié
seulement par Autriche, Irlande, Malte,
Liechtenstein, Saint Marin et Saint
Siège. Pour que puisse être réalisé
l’objectif vital du Traité, est
indispensable une vaste mobilisation de
l’opinion publique pour le désarmement
nucléaire, actuellement inexistante
puisque la menace de guerre nucléaire
est tue, aujourd’hui plus encore
qu’avant, par les appareils
politico-médiatiques car ils ne parlent
que de la menace du virus.
Ainsi se trouvent cachées
les étapes de plus en plus périlleuses
que l’Italie est en train d’accomplir
dans la préparation de la guerre et de
la croissance consécutive de la dépense
militaire. À la réunion des ministres de
la Défense OTAN, le 23 octobre, le
ministre Guerini a confirmé la
participation de l’Italie à un nouveau
Centre Spatial OTAN à Ramstein
(Allemagne) et à la potentialisation des
forces nucléaires nécessaire, selon le
secrétaire général de l’OTAN Jens
Stoltenberg, pour “garder sûre et
efficiente notre dissuasion nucléaire”,
face à au “grave défi du croissant
arsenal de missiles nucléaires de la
Russie”.
Le ministre Guerini a en
outre signé pour le compte de l’Italie,
avec neuf autres pays OTAN, une lettre
d’intentions pour la réalisation d’un
système de missiles avec base au sol,
formellement comme défense contre des
missiles nucléaires de portée courte et
intermédiaire, en réalité utilisable
pour le lancement de missiles nucléaires
à portée intermédiaire, analogues aux
euromissiles USA des années
Quatre-vingt.
Enfin, le ministre Guerini
s’est engagé à augmenter ultérieurement
la dépense militaire de l’Italie, des
actuels 26 à 36 milliards d’euros
annuels. Pour cet objectif ont déjà été
alloués 35 milliards supplémentaires,
surtout de la part du Ministère du
développement économique, plus 30 autres
milliards d’euros qu’on veut tirer du
Fonds de Relance. “Les ressources
destinées à la Défense -a déclaré le
ministre Guerini- représentent un levier
stratégique pour l’économie du pays”.
Il faut donc “mieux faire
comprendre à nos concitoyens que dans
l’industrie du secteur de l’Aérospatial,
de la Défense et de la Sécurité se
trouve une partie importante de la
compétitivité de l’Italie, qui pourra
garantir l’avenir des jeunes
générations”.
L’avenir n’est donc pas si
noir : pour paraphraser le célèbre film,
tant qu’il y a de la guerre il y a de
l’espoir.
Édition de mardi 27 octobre 2020
d’il manifesto
https://ilmanifesto.it/il-ministro-guerini-sulle-orme-di-san-francesco/
Traduit de l’italien par M-A P
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