L'art de la guerre
La réponse guerrière à la
négociation
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 24 juillet 2018
“Vous avez attaqué notre
démocratie. Vos dénégations de joueurs
de hasard invétérés ne nous intéressent
pas. Si vous insistez dans cette
attitude, nous la considèrerons comme un
acte de guerre” : voilà ce que Trump
aurait dû dire à Poutine au Sommet
d’Helsinki. C’est ce que soutient dans
La Repubblica Thomas Friedman,
éditorialiste célèbre du New York
Times, accusant le président russe
d’avoir “attaqué l’Otan, pilier
fondamental pour la sécurité
internationale, déstabilisé l’Europe et
bombardé des milliers de réfugiés
syriens en les faisant se réfugier en
Europe”.
Il accuse ensuite le
président des États-Unis d’avoir
“répudié le serment sur la Constitution”
et d’être “un membre du renseignement
russe” ou de vouloir en jouer le rôle.
Ce que Friedman exprime en
termes provocateurs est la position d’un
puissant front intérieur et
international (dont le New York Times
est un des principaux porte-parole)
opposé à la négociation USA-Russie, qui
devrait se poursuivre avec l’invitation
de Poutine à la Maison Blanche. Mais il
y a une différence substantielle. Tandis
que la négociation n’a pas encore
produit de faits, l’opposition à la
négociation s’exprime non seulement en
paroles mais surtout avec les faits.
Rendant vain le
climat de détente du Sommet d’Helsinki,
le système guerrier planétaire des
États-Unis est en train d’intensifier
les préparatifs de guerre de
l’Atlantique au Pacifique.
Après qu’a débarqué à Anvers une brigade blindée USA avec une
centaine de chars d’assaut et un millier
de véhicules militaires, est arrivée à
Rotterdam une brigade aérienne USA avec
60 hélicoptères d’attaque. Ces forces et
d’autres, toutes USA/Otan, sont
déployées au bord du territoire russe,
dans le cadre de l’opération Atlantic
Resolve, lancée en 2014 contre
l’”agression russe”. En fonction
anti-russe, la Pologne a requis la
présence permanente d’une unité blindée
USA sur son propre territoire, en
offrant de payer 1,5-2 milliards de
dollars par an.
En même temps l’Otan
intensifie l’entraînement et armement de
troupes en Géorgie et Ukraine,
candidates à devenir membres de
l’Alliance aux frontières de la Russie.
Pendant ce temps le Congrès USA reçoit avec tous les honneurs Adriy
Parubiy, fondateur du parti
national-social (sur le modèle du Parti
national-socialiste d’Adolf Hitler),
chef des formations paramilitaires
néonazies employées par l’Otan dans le
putsch de Place Maïdan.
Le commandement Otan de Lago Patria (Jfc Naples) -sous les ordres
de l’amiral étasunien James Foggo qui
commande aussi les Forces navales USA en
Europe et celles pour l’Afrique- est en
pleine activité pour organiser le grand
exercice Trident Juncture 18, auquel
participeront 40 000 militaires, 130
avions et 70 navires de plus de 30 pays.
Y compris Suède et Finlande, partenaires
Otan. L’exercice, qui se déroulera en
octobre en Norvège et dans les mers
adjacentes, simulera un scénario de
“défense collective” évidemment contre
l’”agression russe”.
Dans le Pacifique, est en tain de se dérouler du 27 juin au 2 août
le grand exercice naval Rimpac 2018
-organisé et dirigé par le UsIndoPacom,
le Commandement USA qui couvre les
océans Indien et Pacifique- avec la
participation de 25 000 marins et
marines, plus de 50 navires et 200
avions de guerre. L’exercice -auquel
participent aussi France, Allemagne et
Grande-Bretagne- est clairement dirigé
contre la Chine, que l’amiral Phil
Davidson, commandant du UsIndoPacom,
définit comme une “grande puissance
rivale qui mine l’ordre international
pour réduire l’accès des USA à la région
et devenir hégémonique”.
Quand Trump rencontrera le
président chinois Xi Jinping, Friedman
l’accusera de connivence non seulement
avec l’ennemi russe mais aussi avec
l’ennemi chinois.
Édition de mardi 24 juillet 2018
de i>il manifesto
https://ilmanifesto.it/la-risposta-bellica-alla-trattativa/
Traduit de l’italien par M-A P.
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