L'art de la guerre
Le “parti américain” dans les
institutions Ue
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 19 mars 2019
“La Russie ne peut plus être considérée
comme un partenaire stratégique et
l’Union européenne doit être prête à lui
imposer d’ultérieures sanctions si elle
continue à violer le droit
international” : c’est ce qu’établit la
résolution approuvée par le Parlement
européen le 12 mars avec 402 voix pour,
163 contre et 89 abstentions. La
résolution, présentée par la
parlementaire lettone Sandra Kalniete,
nie avant tout la légitimité des
élections présidentielles en Russie, en
les qualifiant de “non-démocratiques”,
et en présentant ainsi le président
Poutine comme un usurpateur.
Elle accuse la Russie non seulement de
“violation de l’intégrité territoriale
de l’Ukraine et de la Géorgie”, mais de
l’”intervention en Syrie et de
l’interférence dans des pays comme la
Libye”, et, en Europe, d’interférence
visant à influencer les élections et à
attiser les tensions”. Elle accuse la
Russie de “violation des accords de
contrôle des armements”, en lui
attribuant la responsabilité d’avoir
fossoyé le Traité FNI. Elle l’accuse en
outre d’ “importantes violations des
droits de l’homme en Russie, y compris
tortures et exécutions extra-judiciaires”,
et d’”assassinats perpétrés par des
agents de renseignement russes au moyen
d’armes chimiques sur le sol européen”.
Au terme de ces
accusations et d’autres, le Parlement
européen déclare que le Nord Stream 2
-le gazoduc destiné à doubler la
fourniture de gaz russe à l’Allemagne à
travers la Mer Baltique- “accroît la
dépendance européenne vis-à-vis de
l’approvisionnement en gaz russe, menace
le marché intérieur européen et ses
intérêts stratégiques […] et qu’il doit
donc y être mis fin”.
La
résolution du Parlement européen répète
fidèlement, non seulement dans ses
contenus mais dans ses paroles mêmes,
les accusations que les USA et l’Otan
adressent à la Russie. Et chose plus
importante, il répète fidèlement la
demande de bloquer le Nord Stream 2 :
objectif de la stratégie de Washington
visant à réduire les fournitures
énergétiques russes à l’Union européenne
pour les remplacer par celles provenant
des États-Unis ou en tous cas de
compagnies étasuniennes.
Dans ce même cadre
entre la communication de la Commission
européenne aux pays membres, dont
l’Italie, ayant l’intention d’adhérer à
l’initiative chinoise de la Nouvelle
Route de la Soie : la Commission les
prévient que la Chine est un partenaire
mais aussi un concurrent économique et,
chose de la plus haute importance, “un
rival systémique qui promeut des modèles
alternatifs de gouvernance”, en d’autres
termes des modèles alternatifs à la
gouvernance jusque là dominée par les
puissances occidentales.
La Commission avertit qu’il faut avant tout “sauvegarder les
infrastructures digitales critiques de
menaces potentiellement sérieuses contre
la sécurité”, dérivant de réseaux 5G
fournis par des sociétés chinoises comme
Huawei mise au ban par les États-Unis.
La Commission européenne répète
fidèlement l’avertissement des
États-Unis aux alliés. Le Commandant
Suprême Allié en Europe, le général
étasunien Scaparrotti, a averti que les
réseaux mobiles ultra-rapides de
cinquième génération joueront un rôle de
plus en plus important dans les
capacités guerrières de l’Otan : de ce
fait ne sont pas admises de “légèretés”
de la part des alliés.
Tout cela confirme
quelle influence exerce le “parti
américain”, puissant camp transversal
qui oriente les politiques de l’Union le
long des lignes stratégiques USA/Otan.
En
construisant la fausse image d’une
Russie et d’une Chine menaçantes, les
institutions Ue préparent l’opinion
publique à accepter ce que les
États-Unis sont en train de préparer
pour “défendre” l’Europe : les
États-Unis -a déclaré à CNN un
porte-parole du Pentagone- se préparent
à tester des missiles balistiques avec
base à terre (interdits par le Traité
FNI enterré par Washington),
c’est-à-dire de nouveaux euromissiles
qui feront à nouveau de l’Europe la base
et en même temps la cible d’une guerre
nucléaire.
Édition de mardi 19
mars 2019 de il manifesto
https://ilmanifesto.it/il-partito-americano-nelle-istituzioni-ue/
Traduit de l’italien par M-A P.
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