L'art de la guerre
Le Pentagone fait le tour du monde
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 13 décembre 2016
Aujourd’hui arrive en Italie le
chef du Pentagone Ash Carter qui, au nom
de l’administration sortante Obama, est
en train de faire « le tour du monde
pour remercier les troupes USA déployées
en Asie, Moyen-Orient et Europe et
rencontrer d’important partenaires et
alliés ».
Le tour a commencé le 3 décembre en Californie, où Carter a tenu le
discours de clôture au « Forum Reagan »,
qui lui a remis le prix « La paix à
travers la force ».
Carter s’est ensuite rendu au Japon, où il a passé en revue les troupes
USA et rencontré le ministre de la
défense Inada. Le Japon, qui contribue
avec 1,6 milliards de dollars annuels à
la permanence de 50 mille soldats
étasuniens sur son territoire, est
particulièrement important comme base
avancée des systèmes de missiles USA
dirigés contre la Chine dans un «but
défensif » et, précise le Pentagone, est
un allié « en mesure de défendre
d’autres pays qui puissent être
attaqués ».
Du Japon Carter s’est envolé pour l’Inde, devenue le second acquéreur
mondial d’armes étasuniennes après
l’Arabie Saoudite : un résultat de la
stratégie de Washington qui vise à
affaiblir les rapports de l’Inde avec la
Russie, minant le groupe Brics attaqué
en même temps par le putsch
« institutionnel » au Brésil.
Le chef du Pentagone est ensuite allé au Bahrein, où il a participé au
« Dialogue de Manama » organisé par
l’Institut international d’études
stratégiques, influent think tank
britannique financé par l’émirat avec
plus de 38 millions de dollars.
Intervenant sur la « logique de la
stratégie américaine au Moyen-Orient »,
Carter a précisé que dans cette région
sont basés plus de 58 mille militaires
USA, dont plus de 5 mille sur le terrain
en Irak et Syrie : « pas seulement pour
se battre contre des terroristes comme
ceux de l’Isis (Etat islamique), mais
aussi pour protéger nos intérêts et ceux
de nos alliés » (raison pour laquelle
les USA et les monarchies du Golfe,
comme il a été amplement documenté, ont
secrètement soutenu l’Isis, fonctionnel
à leur stratégie en Syrie et Irak).
Carter a accusé la Russie de ne pas
combattre l’Isis en Syrie, mais de
n’avoir qu’ « enflammé la guerre civile
et prolongé les souffrances du peuple
syrien ». Il a ensuite ajouté que, comme
« l’Iran continue à déployer des
missiles », les USA sont en train de
réaliser avec leurs alliés « une défense
de missiles régionale », comprenant un
puissant radar au Qatar, des missiles
Thaad aux Emirats et d’autres systèmes
de missiles (en réalité non pas de
défense mais d’attaque, étant donné que
les mêmes tubes de lancement peuvent
être utilisés pour des missiles
d’attaque y compris nucléaire).
Du Bahrein Carter est allé en Israël, où hier il a participé avec le
ministre de la défense Lieberman à la
cérémonie de l’arrivée des deux premiers
chasseurs F-35 pour l’aéronautique
israélienne, symbole du partenariat
militaire de plus en plus étroit avec
les USA, « porté à des niveaux sans
précédents par l’accord décennal
d’assistance signé en septembre
dernier ».
D’Israël le chef du Pentagone arrive aujourd’hui en Italie, pour une
visite de deux jours aux troupes USA
stationnées ici dans le but -déclare un
document officiel- de « soutenir les
opérations des USA et de leur coalition
à échelle mondiale, dont la dissuasion à
l’agression russe en Europe orientale et
le renforcement du flanc sud de
l’Otan ».
Le tour mondial, qui se conclura à Londres le 15 décembre par une
réunion de la « coalition anti-Isis », a
un but politique bien précis :
réaffirmer à la veille de le remise du
pouvoir la stratégie de l’administration Obama, qu’aurait dû poursuivre la
démocrate Clinton, pour que restent
ouverts les fronts de tension et de
guerre au Sud et à l’Est que le
démocrate Obama laisse en héritage au
républicain Trump.
Qui a au moins le mérite de ne pas être Prix Nobel pour la paix.
Edition de mardi 13 décembre 2016
de il manifesto
http://ilmanifesto.info/il-pentagono-fa-il-giro-del-mondo/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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