Opinion
"De nouvelles armes contre le bouclier"
Poutine répond aux Usa et l'OTAN
Manlio Dinucci
Jeudi 12 novembre 2015
Face au programme de défense
missilistique de l’Otan sous conduite
USA, la Russie déploiera de nouvelles
armes d’attaque capables de percer le
« bouclier » : c’est ce qu’a annoncé
hier le président Poutine, accusant
Washington de vouloir neutraliser la
dissuasion stratégique russe pour
acquérir une « supériorité militaire
décisive ». La décision russe, présentée
par nos médias comme inattendue et
menaçante, avait été pré-annoncée de
longue date. Nous l’avions écrit de
façon récurrente, depuis des années, sur
il manifesto. Même le New York
Times (10 novembre) le reconnaît :
« Pendant de nombreuses années le
Kremlin a protesté contre le bouclier de
missiles sous conduite étasunienne.
Washington a répondu que le bouclier
avait pour but de neutraliser les
missiles iraniens. Poutine objecte
cependant que les USA ont continué à
travailler au bouclier y compris après
l’accord qui a arrêté le programme
nucléaire iranien ».
Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Le Congrès USA a
alloué plus de 200 milliards de dollars
(acompte sur environ 1 000 milliards en
dix ans) pour potentialiser les forces
nucléaires avec 12 autres sous-marins
d’attaque (7 milliards l’un, le premier
est déjà en chantier), armé chacun de
200 têtes nucléaires, d’autres
bombardiers stratégiques (550 millions
pièce), chacun armé de 20 têtes
nucléaires.
En même temps les USA ont continué à potentialiser le « bouclier
anti-missiles », qui est un instrument
non pas de défense mais d’offensive :
s’ils arrivent à développer un
« bouclier » fiable, ils peuvent tenir
la Russie et d’autres pays sous la
menace d’un fisrt strike
nucléaire, en se fiant à la capacité du
« bouclier » de neutraliser les effets
des représailles. Le nouveau plan lancé
par le président Obama prévoit, par
rapport au précédent, un nombre plus
important de missiles déployés au bord
du territoire russe. Comme ce sont les
USA qui les contrôlent, personne ne peut
savoir si ce sont des intercepteurs ou
des missiles nucléaires.
Le 2 octobre, à la veille du grand exercice Trident Juncture, l’Otan a
annoncé l’arrivée dans la base navale de
Rota, en Espagne, du torpilleur
lance-missiles USS Carney, pour
« renfoncer la défense missilistique
Otan en Europe ». En plus des 24
missiles SM-3 du système Aegis installés
en Pologne et autant en Roumanie, le
« bouclier » de missiles comprend le
déploiement en Méditerranée de navires
de guerre dotés de radars Aegis et
missiles SM-3. Le USS Carney est
la quatrième unité de ce type, depuis
février dernier, à être transféré des
USA en Méditerranée, plus précisément en
Mer Noire en Roumanie. Il est probable
que le nombre de ces navires en
Méditerranée augmentera, étant donné que
la US Navy en a déjà une trentaine. La
marine espagnole dispose déjà de quatre
frégates dotées du système Aegis, qui
les rend inter-opérationnelles avec les
navires étasuniens. La même chose est en
cours avec les frégates Fremm de la
marine militaire italienne.
Un rôle d’importance croissante dans le « bouclier » se trouve joué par
les commandements et les bases USA/Otan
en Italie : c’est à Naples que se
trouvent les quartiers généraux des
forces navales étasuniennes et alliées,
en Sicile la base aéronavale de
Sigonella (qui assiste les unités Aegis
en Méditerranée) et le Muos de Niscemi
pour les communications satellitaires à
haute fréquence. Toutes les unités
navales Aegis en Méditerranée, informe
encore l’Otan, sont « sous commandement
et contrôle USA ». Cela signifie que la
décision de lancer les missiles
intercepteurs, ou présumés tels, est de
pertinence exclusive du Pentagone.
De plus, vont arriver en Italie les nouvelles bombes nucléaires
étasuniennes B61-12, qui remplacent les
précédentes B61. Comme documente le
scientifique nucléaire Hans Kristensen,
directeur du Nuclear Information
Project à la FAS (Fédération des
scientifiques américains), est en cours
l’upgrade de la base de l’U.S. Air Force
à Aviano (Pordenone, région Frioul) et
de celle de Ghedi Torre (Brescia). Des
préparatifs analogues sont en cours dans
la base allemande de Buchel, où on est
en tain de restructurer les pistes, en
les dotant de nouvelles
instrumentations.
Washington continue à répéter que les USA sont en train de
construire le « bouclier » pour défendre
les alliés Otan. En réalité l’Italie et
les autres pays européens membres de
l’Otan sont utilisés par les Etats-Unis
comme première ligne d’une nouvelle
confrontation nucléaire, par certains
aspects plus dangereuse que celle de la
guerre froide.
Edition de jeudi 12 novembre 2015
de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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