Accords signés sur
« la sécurité et la défense »
USA et Otan restent en Afghanistan
Manlio Dinucci
Photo:
D.R.
Samedi 4 octobre 2014
L’accord USA-Afghanistan voulu par
Washington, gelé pendant presque une
année par le refus du président Karzai
d’y souscrire, a été signé en grande
pompe à Kabul le 30 septembre, le jour
suivant l’investiture du nouveau
président Ashraf Ghani. L’ « Accord de
coopération sur la sécurité et la
défense » -comprenant, en plus d’une
préface et d’une annexe, 26 articles
subdivisés en 116 points- contient tout
ce que Washington voulait obtenir.
Sur la base de cet accord, qui
restera en vigueur de 2015 à 2024 et
au-delà, les Etats-Unis pourront
maintenir en Afghanistan, après la fin
formelle de la « mission de combat » le
31 décembre 2014, environ 10mille
militaires avec la mission officielle de
conseiller (lire commander), entraîner,
équiper et soutenir les « forces de
sécurité » nationales. Une grande partie
du contingent étasunien sera composée de
forces pour les opérations spéciales,
qui effectueront des « missions de
contre-terrorisme » en territoire
afghan. Même si cela n’est pas spécifié,
on utilisera à cet effet des drones
armés, hélicoptères et
chasseurs-bombardiers qui partiront de
bases terrestres et de porte-avions
déployés dans des zones limitrophes.
Les forces spéciales étasuniennes
se trouvent de fait autorisées à faire
irruption dans les maisons afghanes
(point contesté par Karzai), même si
formellement l’accord engage les USA à
avoir « un plein respect de la
sauvegarde et de la sécurité des Afghans
y compris dans leurs maisons ». Les
militaires USA restent de fait
soustraits aux lois afghanes, puisque à
l’article 13 l’Afghanistan consent à ce
que « les Etats-Unis aient le droit
exclusif d’exercer la juridiction » sur
leurs propres militaires qui
« commettent tout délit criminel ou
civil » en Afghanistan.
L’accord établit (à l’article 7)
que « l’Afghanistan autorise les
Etats-Unis à utiliser des installations
et des aires choisies de commun accord
et d’exercer tous les droits nécessaires
à leur usage opérationnel et à leur
contrôle, y compris le droit
d’entreprendre de nouveaux travaux de
construction ». En d’autres termes,
l’accord autorise les Etats-Unis
à conserver et potentialiser des bases
militaires en Afghanistan. Même si on ne
spécifie pas dans l’article 7 ce qu’ils
sont, on liste dans l’annexe, en tant
que « points officiels d’embarquement ou
débarquement » des forces étasuniennes,
7 bases aériennes (Bagram, Kabul,
Kandahar, Shendand, Herat, Mazar-e-Sharif,
Shorab) et 5 terrestres (Toorkham,
Spinboldak, Toorghundi, Hairatan,
Sherkhan Bandar). En outre l’Afghanistan
autorise les Etats-Unis à « positionner
des équipements, approvisionnements et
matériels militaires dans ces
installations et aires et dans d’autres
choisies d’un commun accord ». En
d’autres termes, les armements et
équipements nécessaires pour une guerre
régionale à grande échelle, comme
pourrait l’être celle contre l’Iran. En
échange, le gouvernement afghan recevra
des USA et autres « donateurs » (dont
l’Italie) une consistante aide
économique, quantifiée à 4 milliards de
dollars annuels, qui comme la précédente
finira en grande partie dans les poches
de la caste dominante, enrichie avec les
milliards de l’Otan, les dessous de
table et le trafic de drogue.
Immédiatement après celui entre
les USA et l’Afghanistan, a été signé
l’«Accord entre Otan et Afghanistan sur
les statut des forces », analogue au
premier. Il permet de conserver en
Afghanistan, en plus des militaires
étasuniens, 4-5mille militaires, en
majorité britanniques, allemands,
italiens et turcs. Ainsi l’Italie, en
continuant à dépenser des millions
d’euros soustraits à nos citoyens,
restera en Afghanistan, où notre
aéronautique continuera à opérer avec
des avions de transport C-130 J et de
guerre électronique EC-27 de la 46ème
Brigade aérienne de Pise et avec des
vélivoles à pilotage éloigné Predator du
32ème Escadron d’Amendola ;
où continueront à opérer encore plus
qu’avant les forces spéciales,
aujourd’hui potentialisées par la
naissance du commandement unifié à Pise.
La guerre continuera ainsi en
forme « couverte », en provoquant
d’autres victimes en Afghanistan qui
–situé au carrefour entre Asie centrale
et méridionale, occidentale et
orientale- constitue une aire encore
plus importante maintenant que la
stratégie USA/Otan est en train d’aller
à une nouvelle confrontation avec la Russie et, en fond, avec la Chine.
Edition de samedi 4 octobre de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/usa-e-nato-restano-in-afghanistan/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Le sommaire de Manlio Dinucci
Les dernières mises à jour
|