L'art de la guerre
La fiction du G7 affaires
étrangères à Lucques
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 4 avril 2017
Après Lucca Comics, festival
international de la bande dessinée, la
cité toscane accueille les 10-11 avril
un autre événement international du
genre fiction : le G7 des ministres des
affaires étrangères.
C’est la plus importante des 11 rencontres -à Florence, Rome, Lucques,
Bari, Bologne, Cagliari, Turin, Bergame,
Milan- par lesquelles le gouvernement
Gentiloni, dans l’année de la présidence
italienne du G7, prépare (sans regarder
à la dépense) le Sommet qui se déroulera
à Taormina les 26-27 mai. Le G7 est
formé des six plus grands pays de l’Otan
-Etats-Unis, Canada, Allemagne,
Grande-Bretagne, France et Italie- plus
le Japon, le plus important allié des
Etats-Unis et partenaire de l’Otan dans
la région Asie/Pacifique, où le
Pentagone est en train de déployer
contre la Chine de croissantes forces y
compris nucléaires.
Ce qui se passe à Lucques avec le sigle G7, pour examiner « les
actuelles questions de politique
étrangère et sécurité internationale »,
sera donc de fait une rencontre
USA/Otan. Elle confirmera ce qui a déjà
été dit par les ministres des affaires
étrangères de l’Alliance réunis à
Bruxelles le 31 mars : garantir la
sécurité de l’Europe, mise en danger par
« une Russie qui veut de plus en plus
s’imposer » et qui, après « l’illégale
annexion de la Crimée », continue à
« violer la souveraineté et intégrité
territoriale de l’Ukraine par ses
actions agressives ».
Par cette motivation la Russie a été suspendue en 2014 du G8,
c’est-à-dire du G7 élargi quand en 1997
il l’avait accueillie dans son club
exclusif. La raison de fond est que la
Russie d’aujourd’hui n’est plus celle en
profonde crise des années 90, quand sous
la présidence Eltsine elle était
assujettie aux intérêts des puissances
occidentales. Ayant reconstruit son
tissu politique et économique interne,
et créé sa propre sphère de relations
internationales en particulier avec la
Chine, la Russie sous la présidence
Poutine a réacquis le rang de grande
puissance. D’où la décision USA/Otan
d’amorcer -par le putsch de Place Maïdan
et l’attaque contre les Russes d’Ukraine
par des milices néo-nazies entraînées et
armées à cet effet- la réaction en
chaîne qui a ramené l’Europe à une
nouvelle guerre froide, avec une
toujours plus dangereuse confrontation y
compris nucléaire.
En même temps le G7 affaires étrangères réaffirmera que la sécurité de
l’Europe est mise en péril par ce que
l’Otan définit comme «turbulence et
violence en Afrique du Nord et
Moyen-Orient, en particulier en Libye,
Syrie et Irak » et par le consécutif
« terrorisme dans nos rues ». Voilà la
fiction.
La réalité est que ce sont justement les six puissances Otan,
représentées au G7 affaires étrangères,
les principales responsables de toute
cette turbulence et violence, provoquée
par la démolition de l’Etat libyen, par
la tentative de faire pareil en Syrie
(non réussie grâce à l’intervention
russe en soutien aux forces
gouvernementales) et par la réouverture
de la guerre en Irak. Offensive
planifiée dans laquelle -documentent des
preuves concrètes- a été utilisé le
terrorisme de marque islamique pour
attaquer de l’intérieur ces Etats
(dirigés par des gouvernements laïcs) et
pour répandre en Europe la peur
d’attentats. Finalisée, elle, pour
justifier « la projection de stabilité
au-delà de nos frontières » (rappelée à
la réunion Otan du 31 mars) :
c’est-à-dire la projection d’autres
forces militaires dans les zones
stratégiquement et économiquement les
plus importantes de l’Afrique et du
Moyen-Orient.
Conséquence de tout cela : le dramatique exode de millions de personnes
qui, déracinées de leurs terres,
risquent leur vie (et souvent la
perdent) pour rejoindre l’Europe.
Exode non imprévu,
mais lucidement planifié en tant
qu’instrument stratégique pour alimenter
tensions et conflits.
Pendant que le G7 affaires étrangères exprimera préoccupation et
émotion pour le drame des migrants.
Edition de mardi 4 avril 2017 de
il manifesto
https://ilmanifesto.it/la-fiction-del-g7-esteri-a-lucca/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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