LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Soft power (V) : la ʽguerre culturelleʼ
ou le côté obscur du ʽsoft powerʼ
américain
Luc Michel
Mardi 21 novembre 2017
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour
EODE/
Flash géopolitique
– Geopolitical Daily/
2017 08 26/ « Les USA sont
passés de la barbarie à la décadence
sans connaître le stade de la culture »
- Oswald Spengler
(Philosophe du ‘Déclin de l’Occident’,
1923).
Mais le ‘soft
power’ américain à un côté obscur : la «
guerre culturelle ». Menée avec les
instruments du ‘soft power’, des
décennies bien avant que le concept ne
soit théorisé …
La guerre coloniale
que les Etats-Unis mènent depuis plus
d’un siècle contre les Peuples du monde,
ce ne sont en effet pas seulement les
bombes et les missiles de l’US Air Force
ou les coups de force de la CIA et du
State Department. C’est aussi la «
guerre culturelle » – celle menée par
Hollywood, Mc Donald’s, Coca-Cola,
Disney et cie – conduite pour écraser
les cultures et les Peuples, et imposer
le néant consumériste de
l’anti-civilisation yankee, le « Mc
World » ou l’ « American way of life ».
Car, pour nous, et comme le rappelait
Spengler, les Etats-Unis sont passés
directement de la Barbarie à la «
Civilisation » décadente – celle du
Hamburger – sans connaître la culture.
PR. STEVE FULLER
(UNIVERSITE DE WARWICK) : LA MACDONALDISATION
DU MONDE EST « UN TERRORISME CULTUREL »
La guerre
culturelle yankee, dont Mc Donald’s est
le symbole phare, s’apparente, selon
Steve Fuller, professeur de sociologie à
l’Université de Warwick, à la « guerre
idéologique », « où les gens se voyaient
enjoindre de renoncer à leurs coutumes
traditionnelles et d’adopter celles de
l’Occident ». Fuller qualifie la «
Macdonaldisation » de « terrorisme
culturel ». George Ritzer, son collègue
de l’Université du Maryland, dénonce,
lui, dans « The MacDonaldization of
Society », le « pouvoir obscène » de la
multinationale de la Mal-bouffe et de
ses complices hollywoodiens.
« MARGARET WERTHEIM
» : L’AMERICANISATION
DU MONDE EST « UN SIDA CULTUREL »
L’Américanisation
du monde est un sida culturel, comme le
déclare la critique Margaret Wertheim,
Australienne installée à Los Angeles : «
la culture américaine ressemble à un
virus, de surcroit particulièrement
pathogène. A bien des égards, on
pourrait la comparer au HIV, le virus du
sida. Cette culture ne cesse de se
dupliquer, et se montre particulièrement
habile à parasiter la machinerie de
production de ses hôtes. S’il est si
difficile de venir à bout du HIV, c’est
parce qu’il prend le contrôle des
fonctions cellulaires de l’organisme
infecté pour produire de nouvelles
copies de lui-même, et retourne contre
son hôte ses propres défenses
immunitaires. Pareillement, la culture
fast-food, le rock, la télévision et le
cinéma américains infectent l’organisme
culturel des autres nations,
parasitant les capacités de production
locales pour réduire leurs efforts à de
simples contrefaçons. Ce processus de
réplication virale se répète dans le
monde entier, les normes de la culture
populaire américaine étouffant la flore
et la faune locale ».
Dans « Pourquoi le
Monde déteste-t-il l’Amérique ? »,
Ziauddin Sardar et Merryl Wyn Davies
analysent le rôle des hamburgers et
autres menus américains » dans la
destruction des repères culturels des
peuples agressés : « La mondialisation
dirigée par les Etats-Unis cherche à
remplacer ces repères par des produits
culturels américains. Le raz de marée de
cette culture consumériste est capable
de tout assimiler et d’exercer sur les
peuples d’énormes pressions pour qu’ils
changent de mode de vie, abandonnent
tout ce qui donne un sens à leur
existence, se débarrassent non seulement
de leurs valeurs mais de leur identité,
de leurs relations, de leur attachement
à l’Histoire, à des lieux, à des
manières d’être et d’agir. Le « pouvoir
obscène » de la « culture du hamburger »
place les cultures locales dans un étau.
Les multinationales américaines assurent
la promotion de leurs produits en
suivant une stratégie multiforme qui
fait appel au rock, à la télévision, à
des styles spécialement crée, et lui
permet d’occuper tout l’espace culturel
disponible ».
PR. STEVE FULLER
(UNIVERSITE DE WARWICK) : UN « BIOTERRORISME
», LE GENOCIDE PLANIFIE DES CULTURES ET
DES LANGUES
Le véritable
terrorisme est là ! Il est américain,
planifié, et vise au génocide des
cultures et des langues. Steve Fuller
explique que « pour bien comprendre
l’influence de l’Amérique sur le reste
du monde, il nous faut considérer ses
pratiques culturelles » comme un «
bioterrorisme »:
« En premier lieu,
le bioterrorisme n’a pas d’objectif
spécifique. On ne gagne pas une campagne
de ce genre ; on espère simplement que
la diffusion du virus perturbera au
maximum la société visée. Elle peut
aussi créer les conditions qui
permettront de parvenir à un but
différent. En second lieu, les
bioterroristes se contentent de lancer
la campagne ; le gros des « opérations
guerrières » est ensuite le fait des
victimes eux-mêmes, qui s’infectent
mutuellement lors de leurs interactions
quotidiennes. En troisième lieu, à
mesure que la campagne progresse, que
ces effets pathogènes se combinent à
d’autres, il devient virtuellement
impossible d’identifier un seul agent
responsable, toutes les victimes étant
alors devenues complices de cette
diffusion. McDonald’s illustre
superbement ce genre de terrorisme
culturel. Considérez le panneau placé
devant chacune de ses boutiques : « Des
milliards de gens servis ». Et non «
nourris ». Du point de vue du marketing,
c’est un slogan extrêmement frappant. Il
désigne un objectif qui n’est autre que
la simple prolifération des burgers,
sans référence aucune à la réaction de
ceux à qui ils sont destinés. Mais,
comme nous le savons, cette
prolifération à un effet dévastateur sur
la plus grande partie de la planète –
les autochtones sont contraints
d’adopter les pratiques de la culture
américaine, leur environnement, physique
ou culturel, est frappé. En fait, quand
ils commencent à se comporter comme des
géants de la restauration rapide, à
s’infecter mutuellement avec leurs
attitudes et leurs comportements
(obésité, problèmes cardiaques, etc.),
ils s’exposent davantage encore à
d’autres interventions américaines. Le
temps que les dégâts soient vraiment
sérieux, un nombre suffisant d’entre eux
aura bénéficié personnellement de ces
interventions pour qu’il soit difficile
de faire marche arrière ».
« Le « terrorisme
biologique » de la culture du hamburger,
le « Mc World », a réduit la géographie
culturelle du monde à un espace
américain totalitaire, tuant les
langues, l’architecture, l’industrie
cinématographique, la télévision, la
musique et l’art de la majorité des pays
», concluent Sardar et Davies.
QUAND HOLLYWOOD EST
UNE ANNEXE DU PENTAGONE
* Voir aussi LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ SOFT POWER (IV):
QUAND HOLLYWOOD,
PILIER DU ‘SOFT POWER’ AMERICAIN, S’EN
VA-T-EN GUERRE
sur
http://www.lucmichel.net/2017/11/20/luc-michels-geopolitical-daily-soft-power-iv-quand-hollywood-pilier-du-soft-power-americain-sen-va-t-en-guerre-2/
Dans la guerre
culturelle yankee, Hollywood et ses
dérivés médiatiques, comme MTV, jouent
un rôle décisif. Et font directement le
lien avec la guerre classique menée par
le Pentagone et le state Department,
notamment en assurant la propagande et
en préparant psychologiquement les
masses aux agressions militaires
américaines.
Le film de la série
« James Bond », « Die another day », en
est la parfaite illustration.
Après avoir cultivé
pendant quatre décennies l’esprit
anti-soviétique de la Guerre Froide, et
salué les islamistes afghans, James Bond
préparait cette fois les esprits à une
future agression contre la République
Populaire Démocratique de Corée (RPDC),
fleuron de l’ « Axe du mal » depuis
Bush, et l’une des cibles désignées du
bellicisme yankee après l’Irak.
Hollywood s’est
fait une spécialité des caricatures
racistes des ennemis des Etats-Unis.
Après le méchant Russe (qui avait
succédé au méchant Soviétique) ou le
psychopathe arabe, figures de style
déclinées dans des milliers de films,
dont les James Bond, le cinéma yankee
s’en était pris aux « criminels serbes »
(voir « Behind Ennemy Lines ») ou
africains (« La chute du Faucon noir »
sur la Somalie). Le nouveau James Bond
s’en prenait cette fois à un nouvel
ennemi de l’Amérique, promis à un avenir
certain : le psychopathe Nord-coréen,
dégénéré physiquement et mentalement.
Une caricature ignoble et raciste, que
l’on croyait jusqu’ici réservée aux
films de série B à destination des
admirateurs débiles des Chuck Norris et
autres Rambo.
Cette attaque
intervenait au moment où la RPDC venait
d’être inscrite à l’agenda du State
Department. Pyong-Yang, qui entend
préserver son système socialiste et son
indépendance nationale, démarait sa
politique néo-gaulliste de dissuasion
nucléaire. La RPDC venait aussi de
remplacer le Dollar par l’Euro dans ses
opérations financières, exemple
dangereux et contagieux. Tout cela était
intolérable pour Washington.
Lorsque l’on
connaît les rapports étroits entre
Hollywood et le Pentagone et leur
collaboration sans faille, il ne reste
guère de place au hasard. « Die Another
Day » est bien aussi une opération de
guerre, qui prépare psychologiquement la
prochaine agression yankee. Le clip
obsédant de la chanson de Madonna, qui
accompagnait le lancement de ce « James
Bond », véhiculait les mêmes clichés
racistes et participait directement à la
même opération.
L’Histoire révèle
l’imposture hollywoodienne. Car sur la
péninsule coréenne, ce n’est pas la RPDC
qui menace la Paix et viole le droit,
mais bien les Etats-Unis depuis la fin
des années 40 : massacre de civils
sud-coréens par l’US Army, guerre
chimique et biologique, accumulation
d’armes de destruction massive,
nucléaires notamment… Le clip de
Madonna, lui, présentait une exécution à
la chaise électrique par des bourreaux
nord-coréens en uniformes de l’Armée
populaire de la RPDC. Précisons que ce
mode d’exécution immonde est inconnu en
Corée du Nord. Mais largement utilisé
aux Etats-Unis !
N’OUBLIONS PAS LA
GUERRE CLASSIQUE
La guerre
culturelle ne doit pas nous faire
oublier la guerre classique. Celle où
les bombardements ne sont pas le fait du
déluge cathodique d’Hollywood, mais ceux
des bombardiers et des missiles de l’US
Air Force et de ses supplétifs de
l’OTAN.
Cette guerre, c’est
celle qui a frappé notamment les peuples
martyrs somali, afghan, irakien ou
libyen.
A LIRE SUR LE SUJET
:
- Ziauddin Sardar
et Merryl Wyn Davies, « POURQUOI LE
MONDE DETESTE-T-IL L’AMERIQUE », Fayard,
Paris, 2002.
- William Blum, «
L’ETAT VOYOU », Paris, Parangon, 2002.
- Georges Ritzer, «
THE MCDONALDIZATION OF SOCIETY »,
Thousand Oaks, Pine Oak Press, 1993.
- Eric Schlasser, «
FAST FOOD NATION », Londres, Allen Lane,
2002.
- Jolm Tomlinson, «
CULTURAL IMPERIALISM », Londres, Pinter,
1991.
- Peter Wollen, «
Cinema/Americanism/The Robot », in James
Naresnare et Patrick Brantlinger (éd.),
« MODERNITY AND MASS CULTURE »,
Bloomington, Indiana University Press,
1991.
VOIR :
* Voir sur EODE-TV/
LUC MICHEL:
SUR LE ‘SOFT POWER
AMERICAIN’
– (SOFT POWER
PARTIE 3)
sur
https://vimeo.com/242648562
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* PAGE SPECIALE Luc
MICHEL’s Geopolitical Daily
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* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
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