PCN-INFO
Guerre économique
contre la Russie :
un Poutine inflexible fait front !
Luc Michel
Jeudi 18 décembre 2014
Luc MICHEL pour PCN-Info/
Avec RIA Novosti - AFP/ 2014 12
18/
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel
Lors de sa grande
conférence de presse annuelle, Poutine
promet « une sortie de crise dans 2 ans
et accuse l'Occident de se comporter en
"empire". »
Le président russe
se trouve dans une situation paradoxale
à l'issue d'une année de crise
ukrainienne. Le retour de la Crimée à la
Russie l'a rendu plus populaire que
jamais, avec une cote de confiance
dépassant 80%, et incontournable sur la
scène internationale. Mais le pays sort
isolé de l’Europe occidentale par les
sanctions, qui ont affaibli le rouble,
ensuite coulé par la chute vertigineuse
des cours du pétrole, principale source
de revenus pour l'Etat russe. « Et la
crise actuelle, par son ampleur et
surtout sa durée prévue, est la plus
délicate qu'ait eu à gérer le président
depuis son arrivée au pouvoir en 1999 »
analyse l’AFP.
POUTINE FLEXIBLE
FACE AUX OCCIDENTAUX
Vladimir Poutine a
promis ce jeudi de « régler dans les
deux ans la grave crise monétaire que
traverse la Russie », sans toutefois se
montrer précis sur les moyens d'y
parvenir, et s'est montré inflexible
dans le dossier ukrainien estimant que
« les Occidentaux se comportaient en
impérialistes ».
Au moment où le
président russe prenait la parole devant
un millier de journalistes russes et
étrangers réunis pour sa conférence de
presse rituelle de fin d'année, l'Union
européenne, plus soumise et vassalisée
aux USA que jamais, annonçait une
nouvelle série de sanctions, interdisant
tous les investissements européens,
ainsi que les croisières, dans la
péninsule ukrainienne de Crimée annexée
en mars par la Russie.
Silencieux depuis
le début du tourbillon monétaire qui
touche de plein fouet son pays et menace
les piliers de l'économie russe, élément
central de la guerre économique que font
les USA et l’UE à la Russie
et qui vise à y provoquer un changement
de régime, Vladimir Poutine et ses
solutions étaient très attendus. "Dans
le scénario le plus défavorable pour la
conjoncture internationale, la situation
peut durer deux ans mais elle peut se
corriger avant", a-t-il déclaré, avouant
la difficulté à établir une quelconque
prévision face à "de nombreux facteurs
d'incertitude". "Nous allons utiliser
les mesures que nous avons employées
avec succès en 2008" lors de la crise
financière, a ajouté le président. Il a
simplement assuré qu'il ne prendrait
aucune mesure dirigiste pour encadrer le
marché et a qualifié les décisions
prises par le gouvernement et la banque
centrale d'"adéquates" malgré quelques
critiques. S'il a mis en cause les
"facteurs extérieurs" et en premier lieu
la chute des prix du pétrole, il a
reconnu que la Russie avait sa part de
responsabilité, n'ayant pas profité
suffisamment des années passées pour
diversifier son économie, très
dépendante des cours des hydrocarbures.
« Signe que le
marché n'est pas complètement rassuré,
le rouble, en hausse en début de
journée, reculait après son
intervention, malgré un net rebond des
cours du pétrole. Vers 13H10 GMT, il
était en légère baisse à 61,14 roubles
pour un dollar et 75,30 roubles pour un
euro. Les deux indices de la Bourse de
Moscou gagnaient, eux, plus de 5% »,
commente l’AFP. Même s'il a retrouvé des
couleurs par rapport aux heures les plus
noires de sa chute mardi, le rouble
reste en baisse de 40% par rapport à son
niveau au début de l'année et l'onde de
choc monétaire du début de semaine
promet de difficiles mois à venir pour
l'économie russe. La presse russe
rapporte que certains fournisseurs et
importateurs ont suspendu leurs
livraisons en attendant de voir
l'évolution de la monnaie ou ont déjà
augmenté leurs prix.
UKRAINE : « LA
RUSSIE A RAISON ET LES OCCIDENTAUX ONT
TORT »
Cette crise
monétaire clôt une année tumultueuse
pour la Russie engagée dans un bras de
fer sans précédent depuis la chute de
l'URSS avec les Occidentaux. Les
événements en Ukraine ont creusé un
fossé immense entre Moscou et Kiev, mais
également entre Moscou et Bruxelles et
Washington. Où les faucons, aussi bien
démocrates que républicains, l’ont
emporté et entendent imposer une
nouvelle guerre froide ! Dans un
entretien publié jeudi, le ministre de
l'Economie, Alexeï Ouiloukaïev a évoqué
des sanctions américaines appliquées,
"semble-t-il pour des décennies".
L’Ukraine n’étant qu’un prétexte …
Et alors que ces
derniers jours, des dirigeants
occidentaux lançaient des appels au
président russe « pour qu'il montre des
signes de désengagement du dossier
ukrainien » et « accepte sa défaite »
(sic), la réponse du président a été
cinglante: « la Russie a raison, les
Occidentaux ont tort et la stratégie en
Ukraine est la bonne ». Il a ainsi
accusé les autorités putschistes
ukrainiennes de mener une "opération
punitive" contre les rebelles de l'Est.
"J'estime que nous avons raison en ce
qui concerne la crise en Ukraine. Et
comme je l'ai déjà dit, nos partenaires
occidentaux ont tort", a par ailleurs
dit le président dans une formule
lapidaire.
LES OCCIDENTAUX
« RESPONSABLE DU NOUVEAU MUR » QUI
DIVISE L’EUROPE …
Interrogé sur
l'édification, 25 ans après la chute du
mur de Berlin, d'un nouveau mur entre la
Russie, la « seconde Europe » et
l'Europe occidentale, il a accusé les
Occidentaux d'en être responsables. "Il
s'agit d'un mur virtuel, mais il
commence déjà à être construit", a
déclaré le chef de l'Etat, rappelant le
précédent de l'élargissement de l'Otan
jusqu'aux portes de la Russie (pays
Baltes) et du bouclier antimissile en
Europe orientale.
"Nos partenaires
ont décidé qu'ils étaient les
vainqueurs, qu'ils étaient désormais un
empire et que les autres étaient des
vassaux qu'il faut faire marcher au
pas", a-t-il fustigé. "Le problème, ce
n'est pas la Crimée, c'est que nous
défendons notre indépendance, notre
souveraineté et notre droit à
l'existence", a-t-il martelé.
Très populaire en
Russie, en Eurasie, en Afrique et dans
la « gauche latino-américaine », mais
mis au ban des nations occidentales,
Vladimir Poutine a ainsi opposé une fin
de non-recevoir à l'appel du pied de
Washington. A Londres mardi, le
secrétaire d'Etat américain John Kerry
avait prévenu que les sanctions
occidentales pouvaient être levées "en
quelques semaines ou quelques jours, en
fonction des choix du président
Poutine". Au même moment, le polonais
Tusk, russophobe enragé et nostalgique
de la « grande Pologne », menaçait à
nouveau la Russie …
Luc MICHEL
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