Al Manar
Après Téhéran, Doha est le nouveau
souffre-douleur
de la politique
saoudienne
Leila Mazboudi
Mercredi 25 avril 2018
Les récentes
déclarations du chef de la diplomatie
saoudien Adel Al-Jubeir trahissent les
manœuvres qu’il déploie dans son
discours médiatique, et reflète la
politique de son pays dans les affaires
d’Etat.
«Le Qatar doit
payer pour la présence des troupes
américaines en Syrie et doit envoyer ses
troupes en Syrie avant que le Président
américain ne renonce à protéger le Qatar
par le biais de la base militaire des
États-Unis déployée sur son territoire»,
a-t-il indiqué, cité par le service de
presse de son ministère.
Si les États-Unis
cessent d’assurer la sécurité du Qatar,
le gouvernement de ce pays sera renversé
en moins d’une semaine, estime le
ministre.
Ces propos sont intervenus directement
après une récente déclaration du
président américain Donald Trump dans
laquelle il a dit que les pays arabes
riches devraient payer le prix de leur
protection.
« Les pays de la région du Moyen Orient
ne résisteront pas plus d’une semaine
sans la protection américaine », a-t-il
dit lors de la conférence de presse avec
son homologue français Emmanuel Macron.
Selon lui, son pays
a dépensé 7 trillions de dollars pour le
Moyen-Orient en 18 années et « les pays
riches devraient payer pour cela ».
Dans les déclarations du numéro un
américain, ce dernier ne précise pas les
pays concernés par ses sommations. Il
est clair qu’ils sont au pluriel et on
peut facilement en déduire que tous les
pays du Golfe le sont. Au moins.
Ces exigences n’ont
rien de nouveau de la bouche de Trump.
Il avait auparavant insisté sur le fait
que les pays arabes devaient contribuer
financièrement à financer la présence
américaine en Syrie. Avant d’ajouter
qu’il fallait qu’ils envoient aussi
leurs troupes au nord de ce pays.
Or, Jubeir se veut attribuer les
sommations américaines au Qatar
seulement, devenu son ennemi farouche.
Il les éloigne de son camp, tout en se
sachant pleinement concerné.
Cette manœuvre de
détournement sournoise et malhonnête qui
consiste à accuser les autres pour se
déculpabiliser marque souvent le
discours médiatique et politique
saoudien. Dans les questions régionales
surtout. Jusqu’à présent, c’était l’Iran
qui a été le souffre-douleur de cette
politique saoudienne.
Les exemples qui
l’illustrent sont innombrables.
On en retient entre autre que le royaume
qui s’ingère dans les affaires de
nombreux pays arabes et islamiques, la
Syrie, le Yémen, la Tunisie, l’Égypte,
…, ne cesse d’accuser l’Iran de
velléités expansionnistes régionales.
Quand bien même celles-ci ne sont ni
plus ni moins l’illustration de
relations consenties entre Etats.
Récalcitrant face
la politique saoudienne hégémoniste, le
Qatar devient son nouveau
souffre-douleur. D’autres pays
pourraient très bien lui emboiter le
pas.
Le sommaire de Leila Mazboudi
Le
dossier Arabie saoudite
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