Al Manar
En colère contre Doha pour avoir
critiqué l’hostilité contre l’Iran: Ryad
ne supporte aucune contestation
Leila Mazboudi
Mercredi 24 mai 2017
A l’heure de l’écriture de cet article,
la relation entre l’Arabie saoudite et
le Qatar est le moins que l’on puisse
dire bien empoisonnée et tous les sites
des médias qataris, dont la télévision
al-Jazeera ont été bloqués par Ryad Depuis la nuit de
mardi à mercredi, et par médias et
analystes interposés, l’Arabie mène une
campagne sans merci contre le prince
qatari, Tamim Ben Hamad, l’accusant
d’avoir exploité les capacités de son
pays pour soutenir les groupes
intégristes.
Le déclencheur
direct de cette campagne a été les
déclarations attribuées au prince
qatari, et dans lesquelles il a critiqué
l’hostilité qui a été affichée contre
l’Iran lors du sommet de Ryad, dimanche
dernier, après avoir répliqué aux
accusations de soutien au terrorisme
proférées contre son pays.
« L’Iran constitue
un poids régional et islamique qui ne
peut être ignoré », aurait-il dit selon
l’agence officielle qatarie QNA, lors
d’une cérémonie de remise des diplômes
des recrus de l’armée.
Le prince qatari
aurait ajouté aussi en parlant de l’Iran
: « c’est une grande puissance qui peut
garantir la stabilité de la région ».
Tout en assurant que son pays « veille à
collaborer avec l’Iran pour la stabilité
des Etats voisins..., et a réussi à
tisser des relations fortes aussi bien
avec les Etats-Unis qu’avec l’Iran en
même temps ». Durant le sommet de Ryad,
les deux dirigeants saoudien et
américain avaient consacré leur discours
pour critiquer violemment
Dans le discours,
cheikh Tamim répliquait surtout aux
accusations proférées contre son pays
d’avoir soutenu le terrorisme.
« Le danger réel
réside dans le comportement de certains
gouvernements qui ont causé le
terrorisme en adoptant une version
rigoriste de l’Islam qui n’illustre pas
sa nature clémente et qui n’ont pu que
décréter des classifications qui
condamne toute action juste », aurait-il
signifié, comme le rapporte la chaine de
télévision saoudienne Al-Arabiyat.
Estimant que «
personne ne doit nous accuser de
terrorisme parce qu’il a décidé de
classer les Frères Musulmans parmi les
organisations terroristes ou pour avoir
refusé le rôle de la résistance joué par
le Hamas et le Hezbollah », il a demandé
à des pays comme l’Egypte et les Emirats
arabes Unis de réviser les positions
hostiles au Qatar. Le prince a même mis
en garde qu’il se réserve le droit de
poursuivre en justice les Etats et les
organisations qui sont derriere cette
campagne.
Mêmes les démentis
publiés aussitôt n’ont pu apaiser le
tollé soulevé dans les médias saoudiens
(et émiratis par extension), ni les
déclarations qataries que le site de
l’agence a été victime d’un piratage et
qu’une enquête a été lancée.
« Les allégations
de piratage de l’agence de presse
qatarie ne sont pas logiques. Le fait
que cette information a été diffusée sur
toutes les tribunes qataries les sapent
», a soutenu ce matin le journal
saoudien Al-Watan.
« Nul doute que les
tentatives de déni de la part du Qatar
seront vaines. Le sujet est clair depuis
le début », a écrit pour sa part la
chaine saoudienne pro régime al-Ikhbariyyat.
Ces démentis sont
d’autant plus suspects pour les
saoudiens que l’agence qatari avait
aussi rendu compte que Manama
allait retirer ses ambassadeurs dans
cinq pays, l’Arabie saoudite, l’Egypte,
les EAU, le Koweït, et le Bahreïn, et
expulser les ambassadeurs de ces pays
chez elle.
En répliquant qu’il
n’a pas dit retrait ou expulsion des
ambassadeurs et que ses propos ont été
retirés de leur contexte, le ministre
qatari des AE Mohammad Ben Abdel Rahmane
Al-Thani n’a fait qu’attiser les
accusations.
« La magie s’est
retournée contre le magicien de nouveau
au Qatar, lequel a toujours mené des
campagnes contre plusieurs Etats, et
dont la plupart des victimes ont été ses
voisins », a ironisé le site d’al-Arabiyat,
fer de lance de la campagne contre
Manama depuis la nuit de mardi.
La télévision
saoudienne s’est surtout arrêtée sur les
menaces du prince qatari de vouloir
poursuivre en justice ceux qui sont
derrière la campagne d’accusation de
terrorisme contre son pays. Rappelant au
prince qatari que ces accusations ont
émané de la part de ses alliés, en
l’occurrence la Grande Bretagne et les
Etats-Unis, et l’accusant de servir les
agendas des organisations qu’il a
défendues dans son discours.
« Le Qatar s’est
consacré pendant de longues années pour
être la voix des groupes extrémistes,
dont Al-Qaïda, en transmettant ses
messages au monde, dont ceux qui sont
codifiés, en plus de sa contribution
dans le redistribution des cartes dans
la région après les révolutions qui ont
éclaté depuis 6 ans, en prenant position
au côté des groupes extrémistes ayant
des liens avec des organisations
islamiques armées ou en procurant de
l’aide aux Frères Musulmans pour accéder
au pouvoir aussi bien en Tunisie, qu’en
Egypte et en Libye », lui reproche aussi
le site de la télévision saoudienne,
dans ce qui semble être un réquisitoire
prononcé au nom des autorités
saoudiennes.
Sortie renforcée
d’un soutien américain sans faille, qui
lui a couté énormément cher d’ailleurs,
Ryad fait de plus en plus preuve d’une
irritabilité exagérée qui ne touche
pas seulement son adversaire iranien
proclamé, mais aussi ses voisins arabes
et islamiques. De part et d’autre, elle
ne saurait dissimuler ses velléités
hégémoniques, mais qui expliquent tout
son comportement, mais jamais avouées.
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