Al
Manar
Les Occidentaux et leurs alliés
posent leurs conditions pour le
règlement de la crise syrienne :
la
rupture avec l’Iran
Leila Mazboudi
Vendredi 14 septembre 2018
Malgré le fait que
les puissances occidentales et leurs
alliés arabes ont subi un revers
important dans la guerre contre la
Syrie, elles se comportent en gagnantes
et dictent leurs conditions pour
finaliser le règlement dans ce pays. Réunis dans le
cadre d’une coalition baptisée le groupe
restreint des 7, les Etats-Unis, la
France, la Grande Bretagne, l’Allemagne,
l’Arabie saoudite, l’Egypte et le
Jordanie, ont publié leur déclaration de
principe dans laquelle ils exposent leur
vision pour l’avenir de la Syrie. Une
vision qui, le moins que l’on puisse
dire, confisque la volonté politique du
peuple syrien.
La télévision
libanaise al-Mayadeen Tv l’a publié
intégralement sur son site.
Couper les
relations avec l’Iran et ses agents
L’une de leurs
conditions la plus significative est
qu’ils exigent à tout prix que la Syrie
coupe ses liens avec l’Iran.
Le gouvernement syrien « doit rompre ses
relations avec l’Iran et ses agents
militaires », stipule leur texte délivré
à l’émissaire de l’Onu, Stephan De
Mistura. Le Hezbollah et d’autres
groupes de résistance semblent visés par
cette clause.
Selon al-Mayadeen
Tv, la première feuille de route qui
avait été présentée par le même groupe
le 25 janvier dernier ne posait pas
comme condition la rupture des relations
entre la Syrie et l’Iran.
Le spectre
d’Israël
D’autres clauses
montrent bien que le spectre d’Israël
hantait l’esprit des auteurs de la
déclaration. Ainsi, elle stipule que le
gouvernement se doit aussi « de ne pas
menacer ses voisins », sans désigner
lesquels. De quoi laisser deviner que
c’est Israël qui est concerné, vu que la
Syrie est en état de guerre avec cette
entité qui a annexé une partie de son
territoire, en l’occurrence le plateau
du Golan. Sans oublier que la Syrie est
l’un des piliers de l’axe de la
résistance dans la région.
« Il ne devrait pas
parrainer les terroristes ni leur
procurer un environnement sécuritaire »,
ajoute le texte, sans désigner non plus
quelles parties sont englobées dans ce
terme qui pourrait très bien inclure les
mouvements de résistance contre l’entité
sioniste.Compte tenu de la politique pro
israélienne des pays qui l’ont rédigé.
La Syrie se doit
aussi être exempt d’armes de destruction
massive et mettre fin d’une façon fiable
à son programme d’ADM, figure aussi dans
la déclaration. Une revendication très
chère à l’entité sioniste, car
permettant d’affaiblir ses ennemis et
d’établir sa suprématie dans la région.
Vider la
présidence de ses pouvoirs
D’autres clauses de
la déclaration exposent les conditions
adressées au gouvernement syrien en vue
d’un règlement politique. Faute de
pouvoir renverser le président syrien,
Bachar al-Assad, le Groupe des 7 aspire
à lui usurper ses prérogatives.
Il est prescrit que
« le Premier ministre se verra accorder
des prérogatives complètes ». Plus
est-il qu’il ne devrait pas être désigné
par le président de la république. Ni
les autres ministres non plus.
Cette situation
devrait être instituée par l’élaboration
d’une nouvelle constitution.
Ainsi, il est question de la formation
d’une commission pour la constitution
qui aura pour mission de discuter la
réforme constitutive. Le tout devant
œuvrer sous la supervision de l’ONU.
Internationalisation de la crise
syrienne
En fait, c’est tout
le processus politique qui devrait se
faire sous l’égide de l’organisation
onusienne dans le cadre de la résolution
2254, dicte la déclaration. Ell aurait
pour mission de faire participer toutes
les forces politiques syriennes dans la
réforme constitutive, faire exécuter la
réforme politique et superviser les
élections dans toutes ses étapes
détaillées dans le texte.
L’Onu s’est aussi
vue accorder la supervision du retour
des réfugiés syriens, pour lesquels le
gouvernement syrien doit « créer les
conditions pour qu’ils retournent chez
eux d’une façon sécurisée, volontaire et
digne ».
Préserver le
statu quo actuel
A défaut d’un
véritable changement, pose comme
condition le groupe de 7, aucune aide
pour la reconstruction ne serait
accordée pour les zones contrôlées par
le gouvernement syrien.
En évoquant aussi
la présence de zones hors du contrôle de
l’Etat syrien, qualifiées de « zones
libres », le statu quo actuel devrait
perdurer, selon cette vision du groupe
des 7.
Entre temps, comme
le montrent d’autres requêtes, le
gouvernement syrien sera mis sous
pression continue : il se devrait de
traquer et sanctionner les criminels de
guerre et les auteurs de crimes contre
l’humanité ou bien de collaborer avec la
communauté internationale pour le faire.
Force est de
constater que tout est fait dans cette
déclaration du groupe des 7 pour saper
la souveraineté de la Syrie. En
réclamant la rupture des liens avec
l’Iran, elle a l’avantage d’afficher
ostensiblement le but ultime de la
guerre infligée à ce pays.
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