Le Saker
Les États-Unis vont sanctionner les pays
qui n’appliquent pas des sanctions de
l’ONU
qui n’existent pas
Moon of Alabama
Dimanche 23 août 2020 Par
Moon of Alabama – Le 21 août 2020
Hier, le
secrétaire d’État américain Mike Pompeo
a tenté de déclencher la
« réactivation » des sanctions de
l’ONU contre l’Iran. Il a échoué.
L’option de
réactivation des sanctions fait partie
du mécanisme de règlement des différends
prévu aux articles 36 et 37 de
l’accord nucléaire avec l’Iran. Le
Conseil de sécurité des Nations unies a
adopté l’accord dans sa résolution 2231.
Lorsque la décision américaine a été
annoncée pour la première fois, nous
avions
expliqué en détail pourquoi ce
serait un échec et résumé la situation
ainsi :
Seuls les
participants à l'accord peuvent
déclencher le processus de réactivation.
Les États-Unis ne sont plus reconnus
comme participant à l’accord.Avant qu'une
réactivation des sanctions ne puisse
avoir lieu, il existe en fait des
processus formels au sein de la
"Commission conjointe" et du Conseil
de sécurité des Nations unies qui
doivent être suivis. Ces processus
n'auront pas lieu parce que les autres
membres de la JCPOA et du CSNU
ignoreront simplement la tentative
américaine de les déclencher.
D'autres membres de
l'accord pourraient néanmoins le faire.
Mais il est peu probable que les
Européens prennent le parti des
États-Unis sur cette question.
L’argument
juridique que les États-Unis avancent
pour revendiquer le droit de réactiver
les sanctions est
bizarre et ne tient
pas la route.
Peu après l’annonce
de Pompeo,
la Russie,
la Chine et les pays de
l’UE3, la Grande-Bretagne, la France
et l’Allemagne, ainsi que l’Iran, ont
rejeté l’initiative américaine. Le Haut
représentant de l’UE, Josep Borrell, qui
coordonne la commission mixte chargée de
superviser l’accord nucléaire,
a déclaré que la décision américaine
était nulle et non avenue :
Je prends note de
l'annonce faite aujourd'hui par les
États-Unis concernant le "mécanisme
de réactivation" des sanctions de
l'ONU en vertu de la résolution 2231 du
Conseil de sécurité des Nations unies.Comme je l'ai
rappelé à plusieurs reprises, les
États-Unis ont unilatéralement cessé de
participer au JCPOA par mémorandum
présidentiel le 8 mai 2018 et n'ont par
la suite participé à aucune activité
liée au JCPOA. Ils ne peuvent donc pas
être considérés comme un État
participant au JCPOA aux fins d'une
éventuelle réactivation en matière de
sanctions prévu par la résolution.
La Belgique, qui
est le « facilitateur » du
Conseil de sécurité des Nations unies
pour les sanctions résiduelles des
Nations unies contre l’Iran en vertu de
la résolution 2231 du Conseil de
sécurité, a également
rejeté la position américaine.
Pompeux peut
encore tenter quelques
traquenards procéduraux aux Nations
unies pour mettre d’une manière ou d’une
autre la question à l’ordre du jour.
Mais les autres membres du Conseil de
sécurité trouveront probablement des
moyens d’empêcher cela.
C’est la deuxième
fois en une semaine que les tentatives
américaines contre l’Iran aux Nations
Unies ont été rejetées. La semaine
dernière, les États-Unis ont proposé de
prolonger l’embargo sur les armes contre
l’Iran. L’embargo actuel se terminera en
octobre. Cette proposition
a échoué :
Les États-Unis ont
subi une défaite humiliante aux Nations
Unies, car leur proposition de prolonger
un embargo sur les armes contre l'Iran
n'a reçu que le soutien de la République
dominicaine lors du vote du Conseil de
sécurité.
Toute cette
tentative de réactivation de sanctions
dans le cadre de l’accord nucléaire n’a
qu’un seul but :
L'administration
Trump ne cherche pas à rétablir les
sanctions de l'ONU parce qu'elle veut
préserver le JCPOA, car son objectif a
toujours été de tuer l'accord et de
trouver un prétexte pour engendrer un
conflit.
Les États-Unis
espèrent faire pression sur l’Iran
jusqu’à ce que ce pays déclare
officiellement l’accord mort. Cela
pourrait alors donner un prétexte pour
lancer une attaque plus importante
contre ce pays. Mais tant que les autres
membres de l’accord respectent leurs
engagements, l’Iran est susceptible de
s’en tenir à l’accord.
Les États-Unis
lancent donc le bulldozer qu’ils
appellent politique étrangère contre
quiconque soutient encore l’accord.
Les États-Unis vont
maintenant prétendre que leur geste
illégal a déclenché la période de 30
jours prévue par la résolution 2231
avant la réactivation des sanctions.
Dans 30 jours, ils prétendront que les
sanctions de l’ONU sont de retour. Après
cela, les États-Unis
sanctionneront les pays qui ignorent
les sanctions de l’ONU contre l’Iran,
sanctions qui n’existent pas :
Les États-Unis
n'hésiteront pas à imposer des sanctions
à toute nation qui s'oppose à leur
effort de "réactivation" des
sanctions des Nations Unies contre
l'Iran, a déclaré le secrétaire d’État
Mike Pompeo dans "Special Report",
mercredi soir."Lorsque nous
voyons un pays violer nos sanctions
actuelles, les sanctions américaines
actuelles, nous en tenons cette nation
responsable", a déclaré Pompeo à
l'hôte Bret Baier. "Nous ferons de
même avec les sanctions du Conseil de
sécurité de l'ONU."
J’espère que les
États-Unis vont poursuivre dans cette
voie. Plus ils sanctionneront à gauche
et à droite pour des raisons totalement
irrationnelles, plus les autres pays
seront incités à mettre en place des
mécanismes qui rendront les sanctions
américaines inefficaces et inutiles. La
Russie l’a déjà fait et la Chine dans
une certaine mesure. Les Européens
auraient dû le faire il y a longtemps,
mais ils n’y réfléchissent sérieusement
que maintenant.
Il existe également
des contre-mesures qui pourraient et
devraient être envisagées. Une taxe
européenne sur les produits numériques
nuirait gravement à Google, Facebook,
Ebay et à d’autres entreprises
américaines. Lorsque leurs bénéfices et
leurs actions baisseront,
l’administration de Trump pourrait
apprendre que ses actes entraînent des
conséquences.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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