Le Saker
Syrie : la Russie relève le défi du
bluff turc …
Moon of Alabama
Vendredi 21 février 2020 … Les sources de
l’opposition médiatique en Syrie sont
dirigées, et payées, par les services de
renseignement britanniques
Par
Moon of Alabama − Le19 février 2020
La Russie a
relevé le bluff de la Turquie
menaçant d’une attaque de grande
envergure contre les forces
gouvernementales syriennes. Le président
turc Recep Tayyip Erdogan devra
maintenant trouver un moyen de sortir du
piège d’Idleb dans lequel il s’est
enferré. Son excellente
aventure en Syrie touche à sa fin.
Entre-temps, nous
apprenons que les renseignements
militaires britanniques ont lancé une
autre grande campagne de désinformation
qui a fait entendre des «voix
syriennes» dans la presse
«occidentale».
Erdogan poursuit sa
rhétorique sauvage sur la Syrie :
#ERDOGAN: "#La
Turquie ne peut pas être confinée à
l'intérieur de sa frontière de 780 000
km2. #Misrata, #Alep, #Homs & #Hasaka
sont en dehors de nos frontières
actuelles, mais elles sont dans nos
limites émotionnelles et physiques, nous
affronterons ceux qui limitent notre
histoire à seulement 90 ans."
Les pourparlers
turcs avec la Russie ne se sont pas bien
déroulés. La Russie avait proposé les
points suivants :
1- Bande
frontalière de 16 km à Idlib sous
contrôle turc2- La Russie
contrôle le passage entre la bande
d'Idlib et Afrin
3- Ouverture des
autoroutes M4 et M5 sous supervision
conjointe russo-turque
4- Retraite des
points d'observation vers la bande
frontalière
Une dizaine de
points d’observation de la Turquie sont
actuellement encerclés par l’armée
syrienne. Si la Turquie commence à
intensifier la querelle, elle sera dans
une situation désastreuse.
La Turquie a rejeté
la proposition russe :
Le président Recep
Tayyip Erdoğan a déclaré le 19 février
que les pourparlers avec la Russie sur
la région nord-ouest de la Syrie d'Idlib
étaient loin de répondre aux demandes de
la Turquie et a averti qu'une opération
militaire n'était qu'une "question de
temps".
"Comme pour
toutes les opérations [précédentes],
nous disons que nous pourrions surgir
tout à coup en une nuit.
En d'autres termes, une opération à
Idlib est une question de temps", a
déclaré Erdoğan. Il faisait référence
aux trois précédentes opérations turques
dans le nord de la Syrie depuis 2016.
"Nous entrons
dans les derniers jours pour que le
régime [syrien] cesse ses hostilité à
Idlib. Nous faisons nos derniers
avertissements", a-t-il ajouté.
"La Turquie a fait tous les préparatifs
pour exécuter ses propres plans
d'opérations à Idlib."
La Russie a
qualifié l’attaque turque de
scénario du pire :
Le porte-parole du
Kremlin a ajouté que "s'il s'agit
d'une opération contre les autorités et
les forces armées légitimes de la Syrie,
ce sera certainement le pire des
scénarios".Selon Peskov, la
Russie poursuivra ses contacts avec la
Turquie afin d'empêcher que la situation
à Idlib ne s'aggrave encore.
"Nous sommes
déterminés à continuer d'utiliser nos
contacts de travail avec nos homologues
turcs pour empêcher que la situation à
Idlib ne dégénère davantage", a-t-il
déclaré.
Deux heures après
avoir publié ce qui précède, l’agence
russe TASS a également
publié ceci :
Deux bombardiers
stratégiques russes Tupolev Tu-22M3 ont
effectué un vol régulier au-dessus des
eaux neutres de la mer Noire, a annoncé
mercredi le ministère russe de la
Défense."Pendant le vol,
les équipages ont parcouru une distance
d'environ 4 500 km et sont restés en
l'air pendant plus de cinq heures",
indique le communiqué.
Des avions de
chasse du district militaire sud de la
Russie ont escorté les bombardiers
pendant le vol.
Le Tu-22M3 peut
tirer des missiles de croisière à
longue portée. L’armée turque comprendra
cet avertissement.
Les Russes
aiguillonnent également Erdogan avec des
informations sur des livraisons
d’armes américaines aux Kurdes du
PKK dans l’est de la Syrie :
«Le commandement
américain dans la région sature
intensivement le territoire à l'est de
l'Euphrate avec des armes et des
munitions. Depuis le début de 2020, 13
convois militaires sont arrivés d'Irak
en Syrie, qui incluaient plus de 80
véhicules blindés et plus de 300 camions
chargés de divers types d'armes, de
munitions et de matériel», a déclaré
le contre-amiral Oleg Zhuravlev dans un
briefing quotidien.
Les rapports
parlent maintenant de plus d’un million
de
réfugiés à Idleb, même si la
population d’avant-guerre du gouvernorat
d’Idleb n’a jamais dépassé 1,5 million.
Beaucoup ont déjà fui au début de la
guerre, soit vers des zones détenues par
le gouvernement, soit vers la Turquie et
au-delà. D’où sont censés provenir les
millions de personnes évoquées ?
Les médias
«occidentaux» cherchent à provoquer
de nouveau des épanchements lacrymaux à
propos de ces réfugiés à Idleb. Mais ses
rapports
oublient de mentionner qu’Al-Qaïda
gouverne Idleb et empêche les gens de
franchir la ligne vers les zones tenues
par le gouvernement syrien :
Dans une nouvelle
et longue histoire, étendue et richement
illustrée sur Idlib, le New York
Times n'a une fois de plus fait
aucune mention de la politique qui se
déroule dans cette enclave du nord-ouest
de la Syrie - à savoir, le fait que des
combattants djihadistes / takfiris bien
armés, provenant de partout dans le
monde, la contrôlent depuis plusieurs
années, tandis que les forces
gouvernementales syriennes se battent
pour reprendre le contrôle de leur
territoire.Dans ce dernier
article, comme dans tous les longs
plaidoyers larmoyants unilatéraux qu'il
a
publiés sur Idlib au cours de la
dernière année, le New York Times
n'a aucun journaliste ni photographe sur
le terrain qui rapporte l'histoire. Au
lieu de cela, il dépend entièrement des
«récits» et des images qu'il
recueille à partir de sources
invérifiables à l'intérieur de l'enclave
- sources qui, notamment, ne mentionnent
jamais les groupes armés djihadistes qui
contrôlent tous les aspects de la vie
là-bas.
Aujourd’hui, nous
apprenons que beaucoup de ces sources
invérifiables
émargent sur la liste de paie du
gouvernement britannique depuis au moins
2012 :
Un certain nombre
de documents fuités, consultés par
Middle East Eye montrent comment le
récit de propagande a commencé en 2012
et s'est accélérée l'année suivante, peu
de temps après que le parlement
britannique a refusé d'autoriser une
action militaire britannique en Syrie.S'appuyant sur des
fonds britanniques, américains et
canadiens, des entrepreneurs du
gouvernement britannique ont établi des
bureaux à Istanbul et à Amman, où ils
ont embauché des membres de la diaspora
syrienne, qui à leur tour ont recruté
des journalistes citoyens syriens.
...
En 2015, Free
Syria, Syrian Identity et
Undermine ont été financés en livres
sterling et en dollars canadiens,
l'équivalent d'environ 410 000 £ (540
000 $) étant dépensé chaque mois.
Ces «sources»
qui ont été embauchées et instruites par
le gouvernement britannique sont celles
citées dans les journaux
«occidentaux». Tout le programme,
comme les «Casques blancs»
organisés par les Britanniques, était
géré par des officiers du renseignement
militaire :
Des personnes
familières avec le projet [de
propagande] disent qu'environ neuf
entreprises ont été invitées à
soumissionner pour les contrats. Ils
comprenaient un certain nombre
d'entreprises créées par d'anciens
diplomates britanniques, des officiers
du renseignement et des officiers de
l'armée.Bien que les
contrats aient été attribués par le
ministère britannique des Affaires
étrangères, ils étaient gérés par le
ministère de la Défense du pays, et
parfois par des officiers du
renseignement militaire.
Ces sociétés ont
établi des bureaux à Amman, Istanbul et,
pendant un certain temps, à Reyhanli
dans le sud-est de la Turquie. À partir
de là, ils employaient des Syriens qui
recruteraient à leur tour des
journalistes citoyens syriens, qui
avaient l'impression de travailler pour
les bureaux des médias des groupes
d'opposition syriens.
Les services de
renseignement britanniques ont également
engagé des journalistes pour écrire
des articles de propagande sur les
«rebelles syriens». La
Grande-Bretagne a également
organisé et dirigé les porte-parole
de l’opposition :
Pendant ce temps,
d'autres documents fuités, consultés par
Middle East Eye montrent que le
gouvernement britannique a attribué des
contrats à des sociétés de
communication, qui ont sélectionné et
formé des porte-parole de l'opposition,
géré des bureaux de presse qui
fonctionnaient 24 / 24 et créé des
comptes d'opposition sur les réseaux
sociaux.Le personnel
britannique qui dirige ces bureaux a été
informé que leurs employés syriens
étaient autorisés à parler à des
journalistes britanniques - en tant que
porte-parole de l'opposition syrienne -
mais seulement après avoir reçu
l'autorisation des responsables du
consulat britannique à Istanbul.
L'une des
responsabilités des bureaux de presse
mis en place secrètement par le
gouvernement britannique en vertu de ces
contrats était de «maintenir un
réseau efficace de correspondants /
pigistes en Syrie pour rendre compte des
activités de la MAO [opposition armée
modérée]».
De cette façon,
le gouvernement britannique a pu exercer
une influence en coulisse sur les
conversations que les médias
britanniques avaient avec des individus
qui se présentaient comme des
représentants de l'opposition syrienne.
Ce ne sont pas
seulement les médias britanniques qui
ont cité ces personnes. Tout le
«mouvement d’opposition civile»
était, comme les «Casques blancs»,
un front du gouvernement britannique
bien organisé et rémunéré. Mais lorsque
la Turquie a accru son rôle en Syrie,
l’opération britannique de
désinformation a commencé à cesser :
L'enthousiasme du
gouvernement britannique pour une grande
partie du travail semble avoir commencé
à décliner, car il est devenu de plus en
plus clair que le gouvernement Assad et
ses alliés russes et iraniens gagnaient
la guerre civile, et le financement des
contrats a commencé à se tarir.Au début de 2019,
la Police syrienne libre, une
organisation soutenue par les
Britanniques, a finalement
cessé ses opérations après une prise
de contrôle par al-Qaida de la province
d'Idlib, au grand dam des civils et des
militants de la société civile.
Le gouvernement
turc serait également devenu moins
tolérant envers les initiatives de
propagande coordonnées à partir de son
territoire.
Un entrepreneur
britannique aurait été expulsé après que
les autorités turques ont découvert
qu'il était entrée dans le pays avec un
visa de touriste.
Le fait que le
gouvernement turc soit devenu moins
tolérant à l’égard de l’opération
britannique peut également
expliquer la mort de l’officier de
renseignement militaire britannique qui
dirigeait le groupe de propagande des
« Casques blancs » depuis son
appartement à Istanbul.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Hervé pour le Saker Francophone
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