Politique
Rapport de situation sur le
mouvement Gilet jaune.
Acte XXVI
Le Saker Francophone
Vendredi 17 mai 2019
Acte XXVI
Les Gilets jaunes à
nouveau
dans la rue pour leur 26e samedi de
mobilisation. Après les manifestations
de la semaine dernière marquées par une
faible mobilisation dans la foulée du
1er mai, l’épicentre s’est déplacé ce
samedi en province avec
Lyon et
Nantes comme pôles d’attraction.
Mais aussi
Lille et, bien sûr,
Paris.
Des
tensions à Nantes où les policiers
sortent leurs armes. Un journaliste de
la chaîne d’information CNews a
été touché par un tir de LBD au
niveau du bas ventre. Ce qui n’empêche
pas la
bonne humeur de certains
manifestants.
Comptage de 37 529
manifestants dans les rues sur 121
localités recensées à cette heure,
première estimation basse de la
mobilisation, selon le
Nombre jaune. Après six mois de
manifestations,
France Police-Policiers en colère
estime la participation à l’acte 26 des
Gilets jaunes à environ 60 000
manifestants partout en France. Cette
estimation tient compte des Gilets
jaunes présents sur les ronds-points ce
jour. Quant au gouvernement, il en est à
18 600.
On constate donc
bien, cette fois, un essoufflement du
mouvement dans la rue, sûrement dû en
grande partie aux violences policières
qui commencent à en effrayer plus d’un.
Macron ne peut pas pour autant crier
victoire car sa cote de popularité est
au plus bas (13% comme nous le verrons
plus bas).
Pour cette acte
XXVI moins de violences policières mais
plus de
fouilles, mises en
garde à vue et destructions
de stands sur les
ronds-points. La technique de
répression du mouvement passe de la violence
à
l’humiliation, voir au harcèlement
et à l’intimidation, comme pour cette Gj
youtubeuse qui est partie se
mettre à l’abri en Angleterre.
Arrestation de Franck Noury de
Radio Tongossa Info, Place de la
République à 19h. Identifié avec un
casque PRESSE. Toujours en garde à vue
dans le 5ème à cette heure.
Violences policières
On a quand même de
plus en plus de preuves que travailler
chez les CRS
rend con.
Amadou, un étudiant
de 23 ans, a
été frappé sans explication par
quatre policiers au sein même de sa
résidence universitaire.
Un jeune homme, la
tête recouverte d’un sac de tissu blanc,
menotté et plaqué contre la devanture
d’un restaurant par un policier. Cette
interpellation sidérante a été
enregistrée par une passante, le 9 mars,
dans le XXe arrondissement, à Paris.
Choquée et redoutant d’éventuelles
représailles des forces de l’ordre, elle
n’a pas souhaité s’exprimer mais a tenu
à transmettre cet enregistrement que
Mediapart
diffuse. Voici la réponse du
syndicat policier majoritaire
(c’est-à-dire financé par l’État,
c’est-à-dire par l’argent du
contribuable) face à cette affaire :
Il fallait vraiment
oser. Et bien ils le font et c’est a
cela qu’on les reconnait
« La balance ! »
L’injure prisée des voyous
est le titre d’un tract du syndicat
de police Synergie officiers. Et l’homme
qu’on accuse d’avoir trop parlé est un
colonel de gendarmerie, Michaël Di Meo,
qui a imprudemment répondu aux questions
de BFM, dans un long format
diffusé le 8 avril, « Police, au cœur
du chaos ».
Même BFMTv
est obligé de se fendre
d’un article sur l’incroyable
lenteur des enquêtes de L’IGPN pour les
240 enquêtes sur des violences
policières.
Selon un CRS
interviewé anonymement par France
3 Occitanie, si cette situation ne
s’arrête pas, il peut y avoir des
conséquences graves. « Là, chez nous,
on a atteint le point de rupture, il
faut vraiment que cela s’arrête parce
qu’on va tomber malade, il va y avoir
des burn out, des situations familiales
ingérables qui peuvent entraîner des
suicides », a-t-il averti.
D’ailleurs même des
journaux ploutocrates comme Le Monde
commencent à montrer des signes
d’inquiétudes envers cette violence
policière. Le 13 mai, pas moins de 4
articles sur le sujet sont publiés.
« Je ne l’excuse pas, mais je comprends
le craquage : les policiers face à leur
propre violence » ;
« Briser l’engrenage de la violence lors
des manifestations » ;
« Violences policières : quand des
‘gilets jaunes’ disent manifester ‘la
boule au ventre’ » ;
« Violences policières : Une même
blessure peut être le résultat d’une
violence légitime comme illégitime ».
Reconstitution, vidéos par vidéos
d’une agression policière typique par
tactique de nasse.
Une petite vidéo
pour comprendre un peu mieux le
dressage de CRS.
Une justice aux
ordres
« Il est bon de
rappeler que la garde-à-vue participe
des violences d’État. Cellules exiguës
et infectes qui puent la pisse ;
couvertures en laine incrustées de
poils, de peau et de sécrétions en tous
genres (quand il y a des couvertures) ;
souffleries froides ; lumières
éblouissantes en permanence ; bancs de
béton bouffe en gelée de
l’entreprise Bocage ; absence de kits
d’hygiène ; toilettes turques qu’il faut
quémander à des flics indifférents,
stupides, agressifs ou violents… C’est
sans compter la multitude d’abus et de
petites humiliations qui accompagnent la
fouille, les auditions et le temps passé
en cellule. »
Une Gilet jaune
handicapée
accusée de violences envers des
policiers « avec usage et menace
d’une arme ». Cette arme est son
fauteuil roulant.
Le verdict des quatre Gilets jaunes
accusés d’avoir mis le feu à une
barrière de péage à Narbonne est tombé.
Outre 288 000 euros d’indemnisation à
verser à Vinci Autoroutes, ils ont été
condamnés à deux ans de prison, dont 12
mois avec sursis.
« Gilets
jaunes » : comment la justice
freine les plaintes contre la
police.
Un gouvernement en
déroute
Paranoïa sécuritaire au menu des
commémorations du 8 mai. Des Champs
Élysées vides, un peuple empêché de
commémorer ce « jour de la liberté ».
C’est bien la première fois que l’on
voit un Président de la République
saluer des arbres et des
lampadaires…Cela n’empêchera pas Macron
de se
faire huer et
siffler au passage de son cortège
par les rares spectateurs présent. Cela
vaut tous les sondages de popularité,
Habitué aux
déclarations douteuses, Castaner rempile
: « Mercredi, à l’occasion des
commémorations du 8-Mai, le ministre de
l’Intérieur a loué l’action des
policiers engagés dans la Résistance ».
Un historien tient pourtant à
lui rappeler que « Dans le cadre
de la convention d’armistice du 22 juin
1940, s’est mise en place une
collaboration d’État, par laquelle le
gouvernement s’est engagé à mettre la
police et la gendarmerie françaises au
service des occupants ».
Le 9 mai, c’est 30
000 fonctionnaires qui sont descendus
manifester dans la rue contre la
destruction du service public par le
gouvernement.
Plus de cent
médecins appellent dans une tribune sur
L’Express au boycott du fichage
[des Gjs hospitalisés au fichier] SI-VIC
et à s’opposer à leur administration
afin de garantir aux patients leur
anonymat. Ils demandent l’ouverture
d’une enquête parlementaire. « Pour
nous, médecins, l’existence même d’un
fichier parallèle renseigné après
sélection de nos patients pour n’y
entrer que les ‘gilets jaunes’ est
parfaitement anti-déontologique. »
Nouvelle
« bavure » du gouvernement. Deux
touristes français sont pris en otage au
Bénin, dans une région pourtant classée
à haut risque. Des militaires français
sont obligés d’intervenir pour les
délivrer, deux sont tués pendant
l’assaut. Que fait alors Macron ? Au
lieu de recevoir les familles de
militaires tués à l’Élysée, il va
accueillir les deux otages lui-même
à l’aéroport. Provoquant l’indignation
de nombreux Français qui trouvent cette
récupération politique assez sordide.
Au menu de
la rencontre, le 10 mai 2019, entre
le président et Mark Zuckerberg, patron
de Facebook, un rapport veut imposer aux
réseaux sociaux des « obligations de
transparence ». Il semble que Macron
réalise l’importance qu’ont les réseaux
sociaux dans l’ampleur du mouvement des
Gjs et veuille faire quelque chose
contre en appliquant des
« obligations de transparence »
dignes d’une langue de bois dont il est
spécialiste. Nous verrons vite si
Zuckerberg obéira à Macron ou pas. Dans
la réponse très langue de bois de
Zuckerberg, on disingue quand même cette
phrase « While I am sure we won’t
agree on everything, it’s important to
get this right – people use lots of
different online services and the
internet should be one platform that
everyone can access on the same terms. »,
[même si je suis sûr que l’on ne sera
pas d’accord sur tous les points, il est
important de comprendre ceci – les gens
utilisent différents services en ligne
et internet doit être une plateforme a
laquelle tout le monde doit pourvoir
accéder dans les mêmes conditions].
Voilà ce dont
Macron
a parlé avec Zuckerberg :
« Toutefois, avec cette nouvelle
proposition de loi ‘contre la haine’,
qui vise précisément le type
d’infractions visées dans cette affaire,
Google ou Facebook devront
obligatoirement censurer en 24 heures
les contenus ‘manifestement’ illicites
qui leur seront signalés, sous peine de
sanctions allant jusqu’à 4% de leur
chiffre d’affaire. Dans ces conditions,
seront-ils vraiment capable de refuser
de censurer les contenus signalés par la
police ? ».
Samuel Laurent,
journaliste pour la rubrique « Les
Décodeurs » du Monde, est en train
de
mettre en évidence une énorme
campagne twitter de troll de la part des
équipes de La République en Marche. Des
faux comptes, avec notamment des photos
d’actrice porno, qui likes et retweet
des posts par milliers, tous pro LREM.
« On vit une époque formidable où un
compte LREM sous pseudo avec une fausse
photo
(remontez ce fil) [d’une
actrice du porno] nous parle des
manipulations des réseaux sociaux ».
Alors que le
gouvernement français
prétend que « le mouvement des
gilets jaunes a détruit plus d’emplois
et plus de richesses que la plupart de
ce que nous avons connus depuis les dix
dernières années », l’INSEE pense
que « Si le mouvement des ‘gilets
jaunes’ a pu avoir des conséquences
localement sévères, son impact
macroéconomique à court terme a, sans
conteste, été plus faible que son
retentissement politique et médiatique ».
Au terme
d’une enquête, le journaliste Marc
Endeweld a publié le livre « Le grand
manipulateur » où il revient sur les
liens que le président français aurait
établis en Algérie. Il s’agit notamment
de deux oligarques, les hommes
d’affaires influents Ali Haddad et Issad
Rebrab, arrêtés en avril dans le cadre
d’enquêtes sur des affaires de
corruption. Qui se ressemble s’assemble.
Selon le dernier
sondage BVA pour les deux ans de
présidence de Macron, le socle des
« soutiens » inconditionnels du
président s’est réduit à 13% et 65% des
Français se déclarent « plutôt
mécontents » de son mandat. Le
décrochage est particulièrement net chez
les jeunes de moins de 35 ans. Ceux qui
s’informent plus par les réseaux sociaux
que par la télé ou les médias
ploutocrates.
Des médias qui
désinforment
On dirait que les
médias se
préparent à remettre en question une
éventuelle défaite des partis classiques
aux européennes. « Les hackers russes
soupçonnés d’ingérence dans les
élections européennes ».
Actions des Gjs
Un groupe de Gjs
s’est
déplacé jusqu’à Londres pour
manifester son soutien à Julian Assange.
Le phénomène Gj
inspire de nombreux livres, qui se
vendent bien :
Cœur de boxeur.
Un livre d’Antoine Peillon sur
Christophe Dettinger, le fameux boxeur
Gilet Jaune qui fait reculer les CRS à
coups de crochet du droit.
Jojo le Gilet
Jaune de Danièle Sallenave en 3eme
position des ventes de livres de la
semaine.
Crépuscule,
de Juan Branco, reste toujours en tête
des ventes de livres pour la 6eme
semaine d’affilé, malgré la censure
qu’il subit de la part des médias grand
public.
Les Gilets jaunes
changent la France par un vrai progrès
politique et intellectuel. C’est
le constat que font ces invités de
France culture après six mois de
mobilisation des gilets jaunes, qui
signalent la fin du « néolithique »
(politique). Avec Pascale Fautrier, Loïc
Blondiaux professeur de science
politique à l’université Paris I
Panthéon-Sorbonne et Pierre Zaoui
philosophe, maître de conférences à
l’université Paris VII-Diderot, membre
de la revue Vacarme.
« Macron est à
la tête d’une bande de malfaiteurs qui
détruit le pays. »
Sud Radio est une « radio Gilet
Jaune » ou le politiquement correct
est proscrit. À écouter sans modération.
Prêt de voiture,
démarches administratives, solidarité
avec des personnes sinistrées, …
L’association « Les Ronds-Points du
cœur »
découle du mouvement des gilets
jaunes. Voici leur
site internet.
On parle beaucoup
de boycott des entreprises qui ne payent
pas leurs impôts ou de celles tenues par
les oligarques, parmi les Gjs. Hors,
L’action d’Iliad, la maison mère de
Free, société appartenant a Xavier Niel,
affiche un recul de 40% sur les
douze derniers mois après un exercice
2018 marqué par un repli du nombre de
ses abonnés fixes et mobiles et de son
chiffre d’affaires en France.
Le Conseil
constitutionnel a donné son
feu vert jeudi à la proposition de
référendum d’initiative partagée (RIP)
de parlementaires opposés à la
privatisation d’Aéroports de Paris. Mais
ce n’est que la première étape d’un long
processus qui montre bien que le RIP est
beaucoup moins démocratique que le RIC
demandé par les Gjs. La prochaine étape
sera pour ses initiateurs de recueillir
en neuf mois, par voie électronique,
l’approbation d’au moins 10% du corps
électoral, soit plus de 4,7 millions de
personnes.
Face à une
répression évidente de toute forme de
lutte, les auteurs de cette tribune
appellent à « la constitution
d’un large front commun contre
l’autoritarisme et la criminalisation de
la contestation ». Ils organisent
pour cela une « rencontre nationale
contre la criminalisation des luttes »,
samedi 11 mai, à Paris.
La vision du
mouvement Gj par une personne qui vit le
mouvement de l’intérieur et qui
explique ce qui se passe au delà des
manifestations hebdomadaires.
« Finalement, nous commençons à mettre
en place un monde parallèle ! Nous nous
réunissons, nous innovons, nous
partageons, nous inventons une nouvelle
façon de vivre en communauté. Nous le
faisons totalement pacifiquement et en
respectant le plus possible les lois de
cette société obsolète que nous laissons
dernière nous ».
Certains Gjs
participent a « Un geste pour tous »,
une association caritative qui distribue
des
repas gratuits à ceux qui en ont
besoin.
La liste des
artistes ou autres travailleurs du
spectacle soutenant les Gjs en est
maintenant à 22 000 signatures. Ils ont
aussi fait un
petit film pour l’occasion.
Un groupe de Gj
s’est invité aux cérémonies du
Molière, diffusée sur France 2. Ils ont
décerné « le Molière du déshonneur
incontestablement et à l’unanimité du
jury, à M. Macron et son gouvernement.
M. Franck Riester, nous vous remettons
le Molière du déshonneur parce que vous
participez à cette grande fête et en
même temps, vous coupez partout dans le
budget de la culture ».
« Techniciennes, techniciens et artistes
présents ce soir, ne nous regardez pas,
rejoignez-nous, le pouvoir du peuple,
par le peuple, pour le peuple », a
lancé une autre manifestante. Fidèle à
sa désinformation sur le sujet des Gjs,
France 2 a coupé la scène dans sa
retransmission de la cérémonie.
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