Le Saker
Les États-Unis regretteront
l’assassinat de Qassim Soleimani
Moon of Alabama
Samedi 4 janvier 2020
Par
Moon of Alabama − Le 3 janvier 2020
Aujourd’hui, les
États-Unis ont
déclaré la guerre à l’Iran et à
l’Irak. Ils l’obtiendront en retour.
Tôt dans la
matinée, un drone ou un hélicoptère
américain a
tué le général de division Qassim
Soleimani, le
célèbre commandant de la force
iranienne Quds (Jérusalem),
alors qu’il quittait l’aéroport de
Bagdad où il venait d’arriver.
La force Quds
est le bras extérieur du Corps des
gardiens de la révolution islamique
iranienne. Soleiman était responsable de
toutes les relations entre l’Iran et les
mouvements politiques et militants
extérieurs. Il a conseillé le
Hezbollah libanais pendant la guerre
de 2006 contre Israël. Son soutien aux
groupes irakiens leur a permis de
chasser les envahisseurs américains
d’Irak. Il était l’homme responsable de
la défaite de État Islamique en Irak et
en Syrie. En 2015, Soleimani s’est rendu
à Moscou et a convaincu la Russie
d’intervenir en Syrie. Son soutien aux
Houthis au Yémen leur a permis de
résister aux assaillants saoudiens.
Soleimani était
arrivé à Bagdad par un vol normal depuis
le Liban. Il n’a pas voyagé en secret.
Il a été récupéré à l’aéroport par Abu
Mahdi al-Muhandes, commandant adjoint de
al-Hashd al-Shaabi, une force de
sécurité irakienne officielle placée
sous le commandement du Premier ministre
irakien. Les deux voitures dans
lesquelles ils ont voyagé ont été
détruites lors de l’attaque américaine.
Les hommes, leurs chauffeurs et gardes
sont morts.
Les États-Unis ont
créé deux martyrs qui deviendront
désormais les modèles et les idoles de
dizaines de millions de jeunes au
Moyen-Orient.
Les Houthis au
Yémen, le Hezbollah au Liban, le Jihad
islamique en Palestine, les forces
paramilitaires en Syrie, en Irak et
ailleurs ont tous bénéficié des conseils
et du soutien de Soleimani. Ils
prendront tous des mesures pour le
venger.
Moqtada al-Sadr, le
religieux chiite indiscipliné qui
commande des millions d’adeptes en Irak,
a
donné l’ordre de réactiver sa
branche militaire «Jaish al-Imam
al-Mahdi». Entre 2004 et 2008, les
forces du Mahdi ont combattu
l’occupation américaine en Irak. Ils
recommenceront.
L’assassinat pur et
simple d’un commandant de la stature de
Soleimani exige une réaction iranienne
au moins à un niveau similaire. Tous les
généraux ou hauts politiciens américains
voyageant au Moyen-Orient ou ailleurs
devront désormais faire attention. Il
n’y aura aucune sécurité pour eux nulle
part.
Aucun politicien
irakien ne pourra plaider pour le
maintien des forces américaines dans le
pays. Le Premier ministre irakien Abdel
Mahdi
a appelé à une réunion d’urgence du
Parlement pour demander le retrait de
toutes les troupes américaines :
« L’assassinat
ciblé d’un commandant irakien est une
violation de l’accord. Cela peut
déclencher une guerre en Irak et dans la
région. C’est une violation claire des
conditions de la présence américaine en
Irak. J’appelle le Parlement à prendre
les mesures nécessaires. »
Le Conseil de sécurité nationale
d’Iran
rencontre le chef suprême Ali
Khamenei pour « étudier les options
de réponse ». Il existe de
nombreuses options de ce type. Les
États-Unis ont des forces stationnées
dans de nombreux pays autour de l’Iran.
Désormais, aucune d’entre elles ne sera
en sécurité.
L’ayatollah Ali
Khamenei a publié une déclaration
appelant à trois jours de deuil public,
puis à des représailles.
« Son départ
vers Dieu ne met pas fin à son chemin ni
à sa mission », indique le
communiqué, « mais une vengeance
énergique attend les criminels qui ont
sur les mains son sang, et le sang des
autres martyrs de la nuit dernière ».
L’Iran liera sa
réponse au calendrier politique. Le
président américain Donald Trump
entamera sa campagne de réélection avec
des troupes américaines menacées
partout. Nous pouvons nous attendre à ce
que des incidents comme les
attentats à la caserne de Beyrouth
en 1983 [241 soldats américains
tués] se répètent quand Trump sera
le plus vulnérable.
Celui-ci apprendra
que tuer l’ennemi est la partie facile
de la guerre. Les difficultés
surviennent après cela.
En 2018, Soleimani
a
répondu publiquement à un tweet dans
lequel Trump avait menacé l’Iran :
Monsieur Trump, le
joueur ! […] Vous connaissez bien notre
puissance et nos capacités dans la
région. Vous savez à quel point nous
sommes puissants dans la guerre
asymétrique. Venez, nous vous attendons.
Nous sommes les vrais hommes sur la
scène, en ce qui vous concerne. Vous
savez qu'une guerre signifierait la
perte de toutes vos capacités. Vous
pouvez commencer la guerre, mais c'est
nous qui déterminerons sa fin.
Depuis mai 2019,
les États-Unis ont déployé au moins
14 800 soldats supplémentaires au
Moyen-Orient. Au cours des trois
derniers jours, des éléments aéroportés
et des forces spéciales ont
suivi. Les États-Unis ont clairement
prévu une escalade.
Soleimani sera
remplacé par un officier de stature et
de capacité égales. La politique et le
soutien de l’Iran aux groupes étrangers
s’intensifieront. Les États-Unis n’ont
rien gagné avec leur attaque mais en
ressentiront les conséquences pour les
décennies à venir. Désormais, sa
position au Moyen-Orient sera fortement
limitée. D’autres vont emménager pour
prendre sa place.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Wayan pour le Saker Francophone
Le sommaire Le Saker
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|