Politique
Hollande, le «héros» des pétromonarchies
Kharroubi Habib
Photo:
Reuters
Vendredi 8 mai 2015
Disons-le crûment, le président français
François Hollande s'est rendu au Qatar
et en Arabie Saoudite pour encaisser les
dividendes de l'alignement politique de
la France sur les positions des
monarchies de la région que ce soit sur
le conflit syrien ou sur le dossier du
nucléaire iranien.
A Doha, il a empoché la commande ferme
par le Qatar de 24 exemplaires du
chasseur Rafale et de missiles pour 6,3
milliards d'euros et la promesse que
l'émirat ne s'en tiendra pas à cette
seule commande. Mais c'est à Ryadh où il
lui a été déroulé de façon spectaculaire
le tapis rouge que Hollande a reçu
l'assurance que la France va être
somptueusement récompensée pour son «
indéfectible » soutien aux monarchies
pétrolières. Il est question en effet
que les Etats qui composent le Conseil
de coopération du Golfe (CCG) vont eux
aussi passer commande du Rafale avec un
quantitatif plus grand que celui dont le
Qatar s'et rendu acquéreur et que
l'Arabie Saoudite ajoutera dans la
corbeille des récompenses une liste
d'une dizaine de contrats destinés à
booster les moribondes industrie et
économie françaises.
Que le chef de l'Etat français se démène
pour procurer à l'économie de son pays
des débouchés qui lui permettraient de
sortir de la crise dans laquelle elle se
débat, n'a rien en soi de réprouvable.
Ce qui l'est c'est qu'à l'égard de ces
Etats arabes où il a été faire le VRP de
l'industrie française, Hollande, qui se
pique d'être le président du pays ayant
enfanté les droits de l'homme et martèle
à qui veut le croire que la France base
sa relation et ses partenariats avec les
autres Etats sur le socle du respect de
ces droits, affiche le silence complet
sur leur nature liberticide. De quel
crédit la France peut se prévaloir en se
posant en intransigeant vigile de la
défense des libertés, de la démocratie
et des droits de l'homme quand elle est
dans le même temps dans la connivence
avec des monarchies qui foulent aux
pieds ces principes et valeurs ?
L'on ne peut faire l'injure au président
français d'être convaincu que le Qatar
et l'Arabie Saoudite sur lesquels il a
aligné la position française pour le
conflit syrien ont pour objectif
l'instauration à Damas d'un régime fondé
sur les principes et valeurs dont son
pays est censé être l'ardent et vigilant
défenseur. Il tait cyniquement ce qu'a
de totalement ignominieux cet alignement
de la France sur ces monarchies
rétrogrades, de même que leur
responsabilité dans l'émergence des
courants sectaires extrémistes qui ont
vu le jour dans le monde arabo-musulman
et auxquels il prétend mener une guerre
sans merci.
Hollande est à la recherche de tout ce
qui peut lui permettre de présenter aux
Français à la fin de son mandat un bilan
qui l'autoriserait à leur solliciter sa
réélection. Les pétromonarchies lui ont
fait miroiter qu'elles sont prêtes à lui
fournir les moyens d'y parvenir. Face à
cette perche tendue par aussi cyniques
que lui, les principes et valeurs dont
il est censé être le défenseur ne pèsent
guère et il les a totalement évacués en
engageant la France dans une alliance et
une coopération politico-militaire
stratégiques avec ces pétromonarchies.
Hollande n'en est pas à ce seul
reniement de ce qu'il prétend être et
vouloir pour la France. Il a renié la
plupart des engagements pris avec les
Français qui l'ont élu. Ses reniements
pèseront lourd en 2017, mais celui qu'il
a fait sur la position française
s'agissant du principe que la France est
sans concession avec les régimes
rétrogrades, antipopulaires et
sanguinaires dans leurs comportements
vaut aux peuples qui en payent le prix
de ne voir en la France qu'un Etat
indifférent à ce qu'ils endurent et non
le pays qui a enfanté les droits pour
lesquels ils se battent et se
sacrifient.
Le dossier politique
Les dernières mises à jour
|