Russie politics
Ukraine: du fantôme au fantasme de la
Crimée
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 29 juin 2017
Poroshenko
s'accroche au fantôme de la Crimée
ukrainienne avec toute l'énergie que
donne les causes perdues. Le
rattachement de la Crimée à la Russie,
suite au référendum populaire qui n'a
laissé aucun doute quant à la volonté de
la population, reste planté comme le
drapeau de l'échec du Maidan. Car sans
coup d'Etat, l'intégralité territoriale
ukrainienne n'aurait pas été remise en
cause. Poroshenko ne désespère pas de
récupérer ces territoires, même par la
force, le sang et les armes, même contre
la volonté des populations locales. La
Russie, elle, tranquilement, termine de
construire le pont sur le détroit de
Kertch, qui la reliera directement à la
Crimée.
Il y a quelques jours, P. Poroshenko
déclarait plein d'allant, que le
drapeau ukrainien flottera bientôt
fièrement à nouveau en Crimée. L'Ukraine
ne se remet pas de la perte de ce
territoire, qui a mis en berne le
drapeau du Maîdan, a gaché le goût de la
victoire, l'a rendue à jamais amère.
Surtout que sans toute cette hystérie
fascisante, l'Ukraine compterait
toujours la Crimée, Sébastopol, il n'y
aurait pas de guerre civile dans le
Donbass. C'est leur propre échec que les
sponsors de cette "grande révolution" ne
peuvent pardonner aux habitants de
Crimée.
Tenant compte
toutefois des réalités, et d'une
certaine manière reconnaissant que la
Crimée est perdue à jamais, Poroshenko
demande à la commission
constitutionnelle de modifier le
statut de la Crimée dans la
Constitution ukrainienne, comprenant
qu'elle ne peut plus être une autonomie
dans un Etat unitaire. L'idée est peut
être de rapprocher le statut de la
Crimée, pour le droit ukrainien, avec le
statut de territoire occupé pour le
Donbass.
Pour sa part, la
Russie, s'occupe de ses affaires. Le
porte-parole du
Kremlin déclare ne pas comprendre "de
quelle modification de statut d'une
région russe" il peut s'agir.
Par ailleurs, la construction du pont
qui passe sur le détroit de
Kertch avance très vite et plus de
la moitié des travaux a déjà été
réalisée. Il comprendra des voies de
chemin de fer et de routes. La partie
routière doit ouvrir fin 2018 et la
partie ferrovière un an plus tard.
Ainsi, la Crimée sera non plus seulement
juridiquement, mais aussi physiquement
une partie de la Fédération de Russie.
L'Ukraine se
retrouve dans la situation totalement
surréaliste de devoir légiférer sur un
territoire qu'elle a elle-même perdu. Et
qu'elle ne veut pas reconnaître. La
Crimée devient une image fantasmagorique
dans l'inconscient politique ukrainien.
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